L'Educateur n°11 - année 1957-1958 - Edition Technologique

Janvier 1958

Dits de Mathieu - La technique et l'esprit

Janvier 1958

La vieille forge artisanale avait été digérée par l'usine tentaculaire.

Les jeunes, que n'avaient pas encore irrémédiablement marqués les gestes ancestraux de la production, s'accommodent fort bien des nouvelles formules de travail. La machine s’est, chez eux, intégrée à une technique de vie qui n’est pas sans grandeur.

Mais les autres, ceux qui ont régné pendant trente ans dans l’atelier que leur marteau éclaboussait de gerbes d’étincelles souveraines ; ceux qui n'ont connu que le bruit du soufflet ou le chant de l'enclume, restent, quoi qu’ils fassent, les ouvriers de la vieille forge. Un rythme trop rapide les obsède, la multiplicité des opérations les désaxe, le cliquetis des machines leur est insupportable.

Si même ils s’y résolvent, par raison et nécessité, ils ne s’en imprègnent plus ; ils manœuvrent les machines selon les exigences techniques de l’entreprise, mais l’esprit reste artisanal. Ils ont compris peut-être, mais tout leur être proteste et aspire au paradis perdu.

Tel est le drame de l’éducation moderne.

Le maître aux vingt ans de service « fait » du texte libre, mais à la mode des rédactions d'autrefois ; il laisse les enfants dessiner mais non sans leur avoir donné au préalable des modèles de moulins à café ou de chapeaux du directeur ; il tolère la coopérative mais à condition d’en être l’ordonnateur ; il fera même un essai de journal mural mais accusent de mouchard l’enfant trop confiant qui osera une critique ingénue contre la souveraine autorité.

Il pratique une méthode moderne à la mode traditionnelle ; il en adopte, il en adapte à contrecœur la forme pour en pervertir l’esprit et faire victorieusement la preuve que nouveauté n’est pas forcément progrès et qu’il serait préférable, tous comptes faits, de s'en tenir aux bonnes vieilles méthodes « qui ont fait leurs preuves ».

Qui ont fait leurs preuves de l’impuissance où elles sont à résoudre les problèmes urgents que pose la vie au temps des « spoutniks » ; que, irrémédiablement tournées vers un passé qu’elles ont régenté, elles ne sauraient préparer l'audacieux et dynamique avenir.

 

XIVeme congrès de l'Ecole Moderne - Paris (30 mars - 5 avril 1958)

Janvier 1958

 

Pour une grande revue documentaire de l' Ecole et de la famille : Accélérons la propagande BT

Janvier 1958

L’idée de modernisation entre aujourd’hui dans le langage courant, même chez 1es hommes politiques ; modernisation des périodiques, des usines, des PTT, des trains. M. Mendès-France vient même de déposer un projet de loi pour la modernisation de notre enseignement.

Ne nous étonnons donc pas si, périodiquement, nous sommes amenés à reconsidérer nos réalisations même si nous ne réussissons pas toujours à 100 %. Ce souci que nous avons, d’adapter sans cesse notre effort aux besoins de notre éducation dans les conjonctures contemporaines, est une preuve de jeunesse et de dynamisme dont nous sommes fiers.

Voici donc les aménagements intervenus ou à prévoir pour nos périodiques :

Nous supprimons les ALBUMS D’ENFANTS. — D’aucuns vont s’en émouvoir en arguant que nous abandonnons une de nos plus nobles entreprises, celle qui avait suscité à sa naissance le plus grand enthousiasme. On peut bien croire que nous en sommes nous-mêmes les plus profondément affectés. Mais force est de nous rendre à l'évidence que nous étions trop hardiment en flèche, que nous nous y sommes essoufflés, et qu'il nous faut attendre que nous rejoigne le gros de la troupe, pour repartir, peut-être sous une formule quelque peu différente.

Malgré notre meilleure volonté, nous n'avons jamais pu dépasser 2.000 abonnés. Nous en étions maintenant à 1.400. Pendant dix ans, nous avons consenti un découvert de plusieurs millions par an, récupérable seulement plusieurs années après. Notre situation actuelle ne nous permet pas de continuer un tel sacrifice.

Augmenter le nombre des abonnés pour avoir un prix de revient plus acceptable nous parait difficile et aléatoire. Nous avons espéré, un moment, obtenir de quelques firmes la réédition des plus beaux de nos numéros, ce qui nous aurait permis de continuer. Rien à faire : on nous loue sur la beauté de nos albums, mais on trouve l'édition trop chère pour les prix actuellement pratiqués. Ou bien, alors, ou nous offre des formules techniques qui enlèvent à notre œuvre toute valeur artistique.

Il est certain que, comme pour La Gerbe dont nous allons parler, nous subissons les contrecoups d'une concurrence implacable dont les bazars et les « uniprix » assurent le succès.

Nous arrêtons donc l'édition des Albums d'Enfants avec le n° 37, dernier n° de l'abonnement 1956-57 qui va sortir, en nous excusant du retard. Les abonnés aux Albums d'Enfants (série de l’an dernier), vont donc recevoir incessamment l’album « Le pêcheur de lune ».

Pour ceux qui ont souscrit un abonnement pour l'année en cours, nous portons les 500 fr. reçus au crédit de leur fiche comptable. Nous pouvons, soit leur renvoyer la somme due, soit la garder en réserve pour de prochaines opérations.

LA GERBE. La Gerbe, non plus, n'est pas viable, par suite de la concurrence de tous les illustrés pour enfants dont nous n'avons pas à dire ici les méfaits. Quand nous l’avons créée, il y a près de trente ans, les journaux pour enfants n’existaient pas. C’est nous qui avons donné le branle par des formules qui ont eu, à l'époque, un succès exceptionnel. Il ne fait plus de doute, aujourd’hui, que, à choisir entre une Gerbe même excessivement belle et un journal illustré genre Comic dont on se contente souvent de regarder les images, l’enfant prend l'illustré.

Le fait, pour si déplorable qu'il soit, n’en est pas moins une réalité.

Et, pourtant, La Gerbe nous est indispensable, ne serait-ce que pour continuer à mettre en valeur les plus belles de nos œuvres d’enfants dont il nous reste encore à promouvoir la promesse. Nous savons que la masse des adhérents qui pratiquent le texte libre et éditent un journal scolaire nous resteront fidèles et que La Gerbe pourra continuer son histoire au service de l'Ecole Moderne.

Nous pensons, cependant, réaliser progressivement une formule moins rigide et qui pourrait être une sorte de combinaison : Gerbe, Enfantines, Albums d'enfants.

Le prochain numéro sera une histoire émouvante illustrée de superbes zincs gravés, réalisée par Jeannette Martinoli Debiève, à Maubeuge (Nord).

Le numéro suivant sera un numéro ordinaire de La Gerbe. Nous sortirons peut-être ensuite un genre d'Album Enfantines. Nous présenterons, en somme, dans cette publication rénovée, les divers aspects exaltants de nos productions, afin que La Gerbe joue vraiment, dans nos classes, le rôle que nous lui voudrions voir jouer.

Nous serions heureux que nos lecteurs nous donnent leur point de vue.

Les B.T. — C'est notre grand espoir. Là, nous sommes en plein dans la course. Nous réalisons une revue qui répond à nos besoins pédagogiques et qui, cependant, par son originalité et sa présentation, peut prétendre aujourd'hui à la diffusion des grandes revues à succès.

Il nous suffit de réussir la propagande qui nous permettra de toucher les milliers de lecteurs nouveaux qui, faisant boule de neige, nous vaudront pour l’an prochain un tirage confortable.

Si nous disposions d’un nombre suffisant de millions, le résultat serait facile à obtenir. Nous n’avons pas l’argent mais nous avons une autre richesse autrement précieuse : le dévouement sans limite de milliers d’adhérents qui s'apprêtent à tout faire pour que la revue connaisse le succès espéré.

Les Groupes départementaux sont, depuis longtemps, mobilisés, et quelques-uns d’entre eux ont réalisé des tours de force.

J’ai envoyé une première circulaire à 2 000 camarades en leur demandant de s’engager à recueillir des abonnements. L'accueil fait à cet appel est si encourageant que je vais envoyer cette même lettre à tous les abonnés Educateur qui n'avaient pas encore été touchés. Les abonnés Educateur sont nos fidèles coopérateurs compréhensifs, qui sauront, eux aussi, faire leur devoir.

On nous signale, d'autre part, des collègues susceptibles de s’abonner.

Le nombre va croissant des instituteurs qui souscrivent des abonnements multiples.

Cette campagne, menée sous des formes diverses, aura son plein effet dans quelques mois, au moment du déblocage des crédits Barrangé. Les lettres de sympathie nous arrivent nombreuses. Je crois que nos objectifs, 4 000 abonnés nouveaux, seront atteints avant la fin de l’année. Si nous y parvenons, la situation de la CEL et l'avenir de nos BT seront assurés.

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On loue, en général, les réalisations de cette année qui sont nettement supérieures à ce que nous avons fait jusqu'à ce jour. Nous ne dirons pas que tous les numéros plaisent également à tous nos lecteurs. Nous nous efforçons d’atteindre à une variété qui satisfasse l’éventail si divers de nos abonnés, du CP et E. jusqu'au FE. Nous pouvons sans doute faire mieux encore. Mais, pour cela, outre les collaborations, qui ne nous font jamais défaut — et c’est une grande preuve de vitalité, il nous faudrait en permanence l'opinion de nos lecteurs, élèves et maîtres. Ne vous contentez pas de nous écrire quand vous avez à nous louer. Vos critiques nous sont plus encore précieuses parce qu’elles nous permettent de corriger, à l'usage, les insuffisances qui nous seront signalées.

Mais, d'ores et déjà, nous faisons une constatation qui va nous orienter progressivement vers une formule quelque peu différente : nos BT Actualités connaissent un particulier succès. Au début, comme pour toutes nos réalisations, il nous a fallu nourrir à peu près seuls celle BTA, Mais, actuellement, les collaborations nous parviennent, de tous les coins de France. Nous en avons trop. Il nous faudrait doubler le nombre de pages de BT Actualités.

Dès que nous aurons nos 4 000 abonnés supplémentaires, nous pourrons réaliser cette première amélioration qui ferait de notre revue un grand périodique hebdomadaire pour l’enfance et la jeunesse.

Si nous arrivions à 20 000 abonnés, nous pourrions même, ajouter à ces BTA des documents d'enfants, genre Gerbe, peut- être même des travaux et bricolages du plus haut intérêt.

Alors, notre revue aurait sa place dans tontes les écoles de France.

Nous devons atteindre ce but. Jamais, depuis longtemps, nous n'avons senti à ce point la fraternité d’une telle mobilisation de nos efforts. Nos groupes, nos camarades, ont maintenant compris que les BT sont leur œuvre et leur propriété coopérative, et qu'elles doivent être, qu'elles peuvent être le coin susceptible de faire éclater, un jour prochain, l'édifice branlant d'une pédagogie dépassée.

 

 

Utilisation des BT actualités

Janvier 1958

 

Comment j'organise le travail dans ma classe

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Expériences et témoignages · La fiche d'entraînement pour le calcul vivant et pratique

Janvier 1958

 

Fiche individuelle de calcul pour la classe

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Toujours à propos du texte libre

Janvier 1958

 

Problèmes, difficultés, comment les résoudre?

Janvier 1958

 

L'Histoire à l'Ecole Moderne

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Sciences

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Fiches-guides de R. Finelle - Bétons et mortiers

Janvier 1958

 

Le journal scolaire - comment nous obtenons un beau journal

Janvier 1958

 

Comment je travaille dans ma classe de ville

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Musique naturelle

Janvier 1958

 

Pour une exposition complète des techniques Freinet

Janvier 1958

 

Notre maison de l'enfant

Janvier 1958