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Sculptures à la déchetterie

Mars 2006
détournement
 

 CréAtions N°121- RECUPERATION -  publié en mars-avril 2006

CP et CM2, Ecole élémentaire, Mens (Isère)
Enseignantes: en C.P. avec Michèle Giraud et en C.M.2, avec Marie-Claude Froment
Artiste Scénographe : Véronick Isnard.


Sculptures à la déchetterie

 

Mise en scène d’exposition, création de livres objets, adaptation de jeux du monde à échelle humaine dans les lieux publics, sentiers et livrets pédagogiques et ludiques, décors, mes formations en architecture d’intérieur et en design aux Beaux-Arts de Marseille, ainsi que mes rencontres, m’ont conduite à ce métier d’artiste scénographe.

La solitude est l’espace dans lequel prend naissance la création. Cette solitude dont j’ai besoin, ne me suffit pourtant pas, il me manque l’échange et la rencontre. C’est pour ces deux raisons qu’en parallèle de mon travail de création, je tiens à intervenir dans le domaine des arts plastiques auprès de tous les publics et dans des cadres très divers : écoles, bibliothèques, festivals, centres sociaux, etc. Il s’agit pour moi de faire découvrir ma passion pour le volume et l’espace et surtout de la partager. Mes interventions s’inscrivent très souvent dans le cadre d’un projet d’école. Elles sont un élément dans la globalité du projet auquel je me dois de m’intégrer. Chaque projet est alors unique.
Le projet dont je rends compte ici s’est déroulé en mai 2000, à l’école primaire de Mens, en C.P. avec Michèle Giraud et en C.M.2, avec Marie-Claude Froment. Le projet d’école étant axé sur l’éco-citoyenneté, ma proposition s’est portée sur la réalisation de quatre sculptures dans la déchetterie du village, avec l’idée centrale d’employer au maximum des objets de récupération. Les moyens humains ont été un élément essentiel pour réaliser ce projet. Sans la présence d’adultes à tous les stades (expérimentation en classe, mise en œuvre sur le site de la déchetterie), il n’aurait pas pu se réaliser. Les adultes ont aidé à la manipulation des outils (scie, perceuse, cutter, visseuse, soudure…) ainsi qu’à la concrétisation des idées et des envies des enfants. Une enseignante et un aide éducateur étaient présents pour chaque classe, à chacun des deux ateliers de trois heures réalisés à l’école. Les deux enseignantes, un aide éducateur, deux ou trois parents bricoleurs très motivés, encadraient les quatre groupes d’une dizaine d’enfants des deux classes, pour les trois séances de trois heures sur le site. L’autorisation ayant été enfin accordée par la communauté des communes, gestionnaire de la déchetterie, les quatre sculptures ont été installées pour une durée d’une année au terme de laquelle chaque élément des sculptures est retourné à son point de départ : la benne !
Les objectifs ont été fixés par les deux enseignantes et moi.

 


Complémentarité et communication


Pour la phase d’expérimentation en classe, un travail individuel consistait à réaliser un assemblage d’objets recueillis par tous, enseignantes et enfants : bouteilles, canettes, boîtes, ficelles, gaines électriques provenant d’un papa artisan et idéales pour créer un mouvement ondulatoire et un lien entre et au travers d’autres éléments. La consigne était de choisir des objets ayant un point commun: leur forme longue, cubique, ronde ou une caractéristique identique (transparence, rigidité, aspect lisse), de réfléchir à leur agencement les uns par rapport aux autres, puis d’y intégrer quelques objets ayant une seconde caractéristique.
Il s’en est suivi un travail de groupes, mêlant les deux classes, donc les différents âges, pour la mise en œuvre sur le site. Ce fut pour moi le temps le plus fort et le plus positif avec, bien sûr, la rencontre humaine. Je garde un formidable souvenir de ce travail en décloisonnement, avec répartition des tâches en fonction de l’âge et cette mise en valeur de la complémentarité. Voilà un mot que j’adore car il fait appel à la différence de l’autre et à son respect.

La salle de gym d’en fer



Nous sommes partis de la forme ronde et du mouvement circulaire, comme celle du tambour de la machine à laver ou de la roue arrière du vélo qui est entraînée par les pédales. Nous avons eu l’idée de faire tourner le tambour sur lui-même pour produire du bruit grâce à des boîtes de conserve que nous avons rajoutées à l’intérieur. Avec Gabi et Bruno, nous avons pu fixer, souder, coller, clouer les objets de récupération choisis. Et voilà la salle de gym d’en fer qui fonctionne à merveille ! Mode d’emploi : S’asseoir sur la chaise rouge, pédaler avec énergie et… vous aurez une surprise !

Eugénie, Alicia, Charlyne, Elodie, Céline, Claire, Nicolas


En classe, il y a eu les recherches collectives sur la langue : les adjectifs permettant de définir les matériaux récupérés : gros/petit, long/court, opaque/transparent/translucide, rigide/souple, rugueux/lisse…, les verbes d’actions liés aux différentes étapes de construction : percer, scier, couper, coller, transpercer, souder, etc.
Mais aussi l’expression orale individuelle : chacun, y compris les plus timides, était invité en fin de séance à expliquer le cheminement de son travail, ses choix. Et l’expression écrite collective : chaque groupe a rédigé un texte inspiré par la réalisation de sa sculpture à la fin du projet.

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 détournement d’objets, matériaux de récupération, Véronick Isnard, scénographe