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Revue en ligne CréAtions n°189 "Images séquentielles"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°189 -Publication : septembre 2008

Etudiants en BTS, Lycée Viette, Montbéliard (Doubs) - Enseignant: Michel Mulat, Professeur en Audio-visuel

 

 

 

" Couple, Fusion, Confusion "
D'après l’œuvre photographique de Jindrich Streit
Pédagogie Freinet en BTS Audiovisuel

Le projet Štreit est né de la rencontre entre un examen et un artiste.

Jindřich Štreit
Handi-cheval: un handicapé disant au revoir à son cheval qu'on emmène à la boucherie.
Ses voisins se cotiseront pour le lui racheter


Le contexte

Dans le cadre de l'examen de BTS audiovisuel, les cours sont arrêtés pendant six semaines, entre mars et mai, afin que les étudiants, réalisent leur film de fin d'étude. Étant évalués sur des compétences techniques, ils ne peuvent en aucun cas être responsables du scénario et de la réalisation du vidéogramme qu'il doivent produire. Selon le contenu du projet, les équipes peuvent comporter entre quatre et sept personnes prises dans quatre options différentes correspondant aux quatre métiers préparés :
- son,
- gestion de production,
- montage
- et ingéniérie.

Les sujets sont visés par une commission nationale et tenus secrets jusqu'au lancement de l'épreuve. Ils comportent des imposés permettant d'évaluer leur connaissance des machines professionnelles et des compétences de gestion. C'est ainsi que nous devons obligatoirement intégrer un multicaméra[1], ce qui suppose au moins un tournage avec un camion dans lequel se trouve la régie, mobilisant au total entre neuf et vingt personnes comme à la télévision ou au cinéma.

Le plus souvent, dans le cadre de l'examen, on se contente d'organiser un plateau mettant en scène deux ou trois spécialistes débattant d'un sujet d'intérêt régional. Chaque fois que je l'ai pu, j'ai préféré opter pour des vidéo-BT (une BT qui utilise la vidéo au lieu du papier), des fictions à caractère documentaires ou des présentations de la pédagogie Freinet. On peut déjà en voir un certain nombre sur le site [noe-tv.net] site avec lequel l'ICEM a passé un contrat en juin 2008.
Les deux derniers projets que j'ai réalisés avaient pour objet de confronter la photographie en noir et blanc et la vidéo, sachant que la première se plaît, depuis les origines du cinéma, à tourner le dos à la seconde qu'elle accuse de trop dévoiler du mystère.

Le photographe Jindřich Štreit


Jindřich Štreit commence comme instituteur et photographe amateur en Tchécoslovaquie. Il est profondément enraciné dans les villages dans lesquels il enseigne, et témoigne de la vie ordinaire avec son appareil photo. En 1982 il participe à une exposition d'artistes non officiels, présentée sur des cours de tennis, à Prague, seul photographe, mais toujours amateur. Il sera placé en prison préventive pendant trois mois avant d'être condamné à dix ans de prison avec sursis pour « outrage à la République et à son représentant[2] ». Ses photos, et tous ses négatifs sont confisqués ainsi que son appareil photo. On lui interdit de photographier et il doit répondre à un contrôle policier permanent. On le retrouve alors bibliothécaire dans une ferme d'État. L'interdiction dont il fait l'objet ne l'empêche pas de continuer clandestinement à pratiquer sa passion. Il devient photographe professionnel indépendant à partir de 1994 et enseigne la photographie à l'académie des films de Prague et à l'université d'Opava en Silésie (République Tchèque).


Nos motivations

Il est clair que nous ne prétendons pas donner une leçon de cinéma en disposant de moyens matériels et humains qui ne sont pas ceux des classes de nos lecteurs, d'autant plus que ces étudiants, qui peuvent être considérés comme de futurs professionnels, ne réussissent pas forcément tous leur BTS. Nous pensons cependant que la démarche est reproductible sur le plan du contenu comme par la pédagogie qui la sous-tend.
A noter que nombre de ces travaux à caractère documentaire sont utilisables en classe; tandis que ceux qui présentent la Pédagogie Freinet peuvent être commentés dans des formations.

Projet de la promo 2006 comportant un vidéo poème et un reportage sur « Les mineurs du bassin potassique alsacien »

Jindřich Štreit est venu en 1998 faire un reportage sur les mines de potasse de la région de Mulhouse menacées de fermeture. Avec ses images en noir et blanc, jamais recadrées, le photographe a montré, sur les pas de Cartier-Bresson, son maître, des instants non perceptibles à l'œil nu de la vie dans et autour des mines. Moins de dix ans après, les mêmes mines, victimes de la mondialisation ont fermé. Le défi proposé à nos étudiants a consisté, pour le vidéo-poème, à animer des images fixes en noir et blanc, en opposition à des images en couleur desquelles on attend le mouvement.

 

Fusion confusion est le travail d'un de mes étudiants pour la jaquette du DVD sur couple fusion confusion
( photo de gauche: Jindřich Štreit- Une institutrice retrouve son ancien élève et lui recommande d'arrêter de fumer)

Nous avons organisé une conférence, mais éclairé les mineurs spectateurs. Ce n'est pas le conférencier que nous avons filmé. Nous avons profité du dispositif pour faire des portraits. Ce sont des portraits comme ceux réalisés par Streit et que nous faisons commenter par les personnes correspondantes en voix off, de manière à provoquer un malais: ils sont hors de leur élément comme seraient des poissons sortis de l'eau. Le second reportage se donne pour ambition de fixer la mémoire que les propriétaires des mines ont décidé d'effacer, en rasant tout ce qui dépasse dans le paysage et en bouchant toutes les galeries.

Photogramme extrait du reportage sur les mines de potasse

 

"Tournage animation et animation " :
Un mineur présente le travail de la mine à une classe de collège

 

Portrait-Photogramme saisi sur les tournages sur les mines de potasse

 

Portrait-Photogramme saisi sur les tournages sur les mines de potasse

 

 

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