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Compte-rendu de la réunion du 7 mai

Chantier de Pédagogie sociale du 7 mai, à TRACES, à l’Usine Belleville

 
Étaient présents :
Sophie Nédorezoff,
Hélène, Laurent, Sophie, Marin, Gabriel, Aline, Caroline de Intermèdes Robinson,
Thierry Lavignon
Anne-Marie, Yves, Francine, Nadia, Jorge, Pascale
Kim Van Chien, étudiant ES, Intermèdes
Emilie Bebot, étudiante EJE 3
Marie Mennesson, étudiante EJE
Europe , étudiante EJE 3
Ewelina Cazottes de l'association Korczak
Aurore, étudiante EJE, IRTS
Emma, étudiante ES, EFPP 
Nous étions particulièrement nombreux ce jour, réunis pour un chantier qui allait nous faire partager l’activité d’un de nos plus fidèles membres, l’association TRACES.
 
  Après un tour de table, un « Quoi de neuf ? » nous a permis de connaître l’expérience réalisée par le groupe de Santé Communautaire de Surville, d’un stage « terre, pigments et poterie », à Saint Amand, chez Anne Marie. 
Du lundi 11 avril au soir au vendredi 15 avril 2011 après le déjeuner, 13 adultes et 14 enfants de Surville se sont rendus « by car » à la gare de St Amand en Puisaye pour partager avec notre célèbre potière Anne-Marie Bourbonnais, des jours de création sans discontinuer. La terre, une découverte pour beaucoup d'entre nous, un plaisir dans tous les cas.
Quoi dire de cette expérience sinon qu'elle a été communautaire au sens où à la fois chacun et tous ensemble, nous étions animés par le désir de créer du bon, du beau au-delà de nos différences, qui ont été abordées volontairement, mais aussi naturellement sous l'angle des échanges et de la complémentarité.
La terre, la poterie, la création, mais aussi la vie quotidienne, ont été autant d'occasions de mettre à l'épreuve ce « chacun, tous ensemble ».
Les essentiels avaient été prévus au départ : budget prévisionnel, réservation du stage, les gîtes, les transports... Pour le reste, on s'est adaptés aux horaires, rythmes, besoins exprimés par les uns et les autres. On s'est répartis les tâches au fur et à mesure qu'elles se présentaient  avec une fluidité étonnante.
Étonnante expérience, vraiment !
 
Au départ
   Un point sur la situation vécue par l’association TRACES, un parallèle concernant les difficultés de plus en plus fortes : pour obtenir des subventions de plus en plus réduites.
Pour faire comprendre la qualité et la particularité du travail que nous menons par rapport à des critères  administratifs liés aux politiques de la Ville, des loisirs, de la CAF de plus en plus étroits et absurdes pour se faire entendre et faire entendre notre travail.
Nous sommes face à de grandes difficultés, des périls mêmes qui menacent nos actions purement et simplement à court terme car la dégradation des modes de relation des administrations vis à vis des petites associations, leur instrumentalisation est insupportable.
Comment s’en sortir alors? En pédagogie Freinet, on cherche toujours à s’en sortir par la Créativité. 
   Nous avons porté le débat sur la possibilité d’aller nous mêmes en tant qu’acteur vers plus d’autonomie.
Comment d’une part partager, mettre en commun nos ressources, nos savoir faire, nos compétences, nos richesses, nos différences ? Comment ensuite permettre de les valoriser à travers une activité de production (formation, suivis, conseils…) ? 
  A partir de l’idée de mettre en ressources communes cette diversité, mais également les lieux, les territoires et les outils, nous souhaitons réaliser entre nous un weekend complet d’auto formation et de réflexion.
Ce weekend pourrait se tenir à Milly-la-Forêt dans la nouvelle « Résidence » acquise par « Lire c’est partir » et Vincent Safrat (les 9 et 10 Juillet) ou à Étampes. 
  Durant toute cette matinée, certains d’entre nous se sont associés aux « tabliers volants » pour réaliser le repas en commun avec les artistes performers. Les « tabliers volants » ont pu démontrer leur savoir faire et leur pratique pour réaliser des repas simples, peu coûteux, collectifs, en travaillant directement avec les gens.
Cette pédagogie de cuisine nous a tout de suite semblé bien proche des pratiques que nous mettons en œuvre et un projet en commun est déjà esquissé entre les « tabliers volants » et l’association Intermèdes, en septembre prochain pour un repas communautaire de quartier à partir des produits des jardins des Robinsons.
 
  L’après midi nous a permis de poursuivre la réflexion entamée le matin et de réfléchir à la notion de « monde », d’environnement, de milieu. Il semble que la Pédagogie sociale cherche et vise à conforter la perception, la réalisation d’un monde vivable, habitable, sociable dans le quel chacun  puisse retrouver une place individuelle en lien avec un collectif. 
 Yves nous a fait écouter quelques minutes d'une émission de Philippe Petit « La fabrique de l'humain » dont le sujet était la philosophie sociale avec Franck Fischback. Ce dernier a repris le concept d'individu « démondanéisé » pour décrire ce que nous vivons dans le cadre d'une société capitaliste. Yves a tenu à nous faire écouter cette émission pour faire le lien entre nos différentes organisations sociales (pédagogie sociale, mais aussi Freinet, Oury et la psychothérapie institutionnelle ou Bien Carl Rogers et l'approche centrée sur la personne). Frank Fischback pense qu'aujourd'hui il s'agirait moins d'humaniser nos sociétés que de « mondanéiser » l'Homme et c'est ce qui semble être la caractéristique première de nos organisations sociales particulières, celle de pouvoir créer un monde pour les individus qui y participent.  
   Puis nous avons été spectateurs plus ou moins actifs mais certainement passionnés des performances des groupes engagés autour de TRACES dans le programme « désordres urbains ». Des performances destinées, à interroger sur la rue, l’espace public, le rapport à l’intime. Fort... Et dérangeant bien entendu.
 
 

Petit conte du jardin imaginaire

  En terre potagère, on dit que les mots naissent dans les choux et les rires dans les pauses. C'est pour ça que les jardiniers sont souvent des « taiseux » : ils savent que réveiller le verbe à peine éclos est parfois lourd de conséquences. Leurs mots, ils les cueillent, les recueillent et les bercent longtemps pour qu'ils apprennent d'abord à regarder, puis à sentir, puis à marcher à quatre pattes entre les lignes.
 Pas celles des cahiers, ouh, là, non ! Celles qui se dessinent entre salades et pensées fleuries, celles qui rendront les mots doux ou menteurs.
Les mots, un jour, se dressent, tout fiers d'être et de plaire et souvent ils trébuchent dans un buisson d'orties. Alors, cloqués, rougeoyants et la larme à l'œil, ils se rêvent vers...de terre mais repartent quand même d'un pas moins conquérant lorsque surgit un merle. Dès que les mots sont mûrs, enfin, à l'âge adulte, il ne faut pas les garder dans la serre où ils risqueraient de flétrir. Les jardiniers les lâchent donc doucement et si vous les voyez danser au clair de lune, prenez le temps, prenez la pause, offrez vous une grande gorgée de silence pour les écouter dire ce qu'au fond de vous vous saviez, il y a longtemps, au joli temps d'enfance et que le bruit des villes, les bavardages stériles vous ont fait oublier: les mots comme les récoltes, il faut les partager, les faire voyager dans vos mains, dans vos yeux, dans vos cœurs, les faire danser avec vos pieds, les chanter pour qu'ils s'envolent sur les bulles de musique et vous reviennent un jour, plein d'usage et raison vivre entre vos oreilles, le reste de leur âge. 

Merci à tous les « taiseux et taiseuses » qui nous accompagnaient, berçant, couvant leurs mots pour mieux nous les offrir en dessert, en goûter, remplis de vie et d'espoir comme les herbes folles qui veillent dans le jardin de la Forge à l'ombre d'un arbre étrange: un homme arbre qui ne veut pas être déraciné. Ses mots à lui aussi méritaient le détour. Nous avons manqué le désordre urbain mais avons trouvé là une zone de turbulences au long cours. 

Pascale

 
Ressources et liens utiles: