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Sac à lire

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Juin 2011
Comment le "Quoi de neuf" peut être source de recherche et d'échanges
 
Si dans ma classe (perf. grands, 12 élèves, d'une grande ville de a8O.OOOh), le "Quoi de neuf ?" est un moment où chacun peut raconter, il est aussi un moment où chacun peut apporter ce qu'il a envie de présenter aux autres.
Et, ils en apportent des choses ! Bien sûr, il a fallu qu'au départ, j'en apporte moi même beaucoup ! Alors, j'arrive pour ainsi dire à chaque "Quoi de neuf ?" avec quelque chose ! Un jour, le journal, un autre, des prospectus récupérés dans ma boîte aux lettres, des cartes postales, des images pour décorer la classe, des catalogues, des reproductions d'art, des boites à chaussures ...
 
Très rapidement, les enfants en ont fait de même et ont pris l'habitude de présenter des petits objets au "Quoi de neuf ?", présentation qui permet à certains de prendre la parole plus souvent (il est parfois plus facile de parler d'un objet "neutre" que de parler de soi même).
 
Nous avons ainsi eu droit à des billes, une nouvelle montre, une carte postale, une carte d'anniversaire, des glands ramassés en forêt, une reproduction d'art, des posters, un caillou trouvé en cours de récréation, une collection d'images et la grande mode a été, à un moment de vider les boîtes aux lettres .... Les enfants apportaient systématiquement ce qu'ils trouvaient dans leurs boîtes aux lettres et le présentaient aux autres ...
Moments de présentation très riches puisque la règle était que chaque enfant devait dire ce qu'il apportait. .. Et nous apprenions, sans apprendre, par contact fréquent à distinguer différents imprimés : les prospectus, les journaux de petites annonces, les bulletins municipaux, les bulletins politiques ... Nous faisions des distinctions dans les qualités de papier utilisé, dans les caractères utilisés, les couleurs, la présence ou l'absence de photos ...
 
Ce moment, par le jeu de questions-réponses des enfants et du maître, devenait un moment où les enfants étaient curieux, demandeurs devant un objet de lecture appartenant à leur quotidien et qui, sans cela, serait sans doute passé immédiatement à la poubelle.
Venons en maintenant à un moment plus précis :
 
Lundi, au "Quoi de neuf ?",
un enfant nous présente ce qu'il a trouvé dans sa boite aux lettres et, parmi plusieurs prospectus, un sac plastique destiné à un ramassage de vêtements, organisé par l'association des paralysés de france. Il le tend vers nous, mais ne peut pas dire ce que c'est ... Allez, on l’aide ! Qu'est ce que c'est ? Plusieurs doigts se lèvent, certains juste pour dire qu'ils ont aussi eu ce sac dans leur boîte aux lettres ... Le sac est toujours plié sur la table et les réponses arrivent :
 
- C'est pour mettre des habits
- On met des habits pis, y'a un camion qui passe.
- Ma mère, elle en a déjà donné des habits.
- C'est pour les pauvres les habits.
- Non, c'est pour les handicapés, parce que les handicapés, ils peuvent pas marcher, ils
peuvent pas conduire, alors, ils peuvent pas venir les chercher avec un camion.
 
Moment de silence.
Si la confrontation des expériences personnelles des enfants a fait surgir un désaccord, elle a fait surgir, en même temps de la curiosité :
«Mais pour qui sont ces vêtements ?»
Je relance le débat :
- Bon, on ne sait pas si ces vêtements sont pour les handicapés ou pour les pauvres, mais que doit-on faire avec ce sac ?
Jérôme répond :
- " faut mettre des affaires dedans et on le laisse dans la rue et des gens viennent le prendre, ma mère elle a fait comme ça !
J'insiste:
- Alors, demain, je peux mettre ce sac plein d'habits dans la rue ?
- Euh ... Oui...
- Ben, non, on sait pas si c'est demain ou mercredi !
On peut le mettre quand on veut.
- Comment tu sais ?
Je relance sur un autre problème :
- Chez moi, j'ai une nappe qui ne me plaît plus et je voudrais bien m'en débarrasser. Je vais la donner avec des habits !
- On peut pas, il faut donner des habits seulement !
Ici, tout le monde attend la réponse de Jérôme (sa mère, elle a déjà donné !) Il va peut-être pouvoir nous le dire). Mais rien ne vient.
Le sac est toujours plié sur la table ; pour les enfants qui ne l'ont jamais regardé de près, il n'est pas évident à voir ce qu'il y a d'écrit.
Je demande :
- Comment pourrions-nous faire pour savoir tout cela ?
- C'est celle qui a apporté le sac qui répond : il faut lire dessus !
On déplie le sac et tout le monde voit qu'il y a des choses écrites dessus, certains sont déjà en train de chercher des réponses à nos questions, mais il nous faut nous arrêter, le programme de la journée étant assez chargé. Rendez-vous est pris le lendemain.
 
Quelques remarques sur ce moment du "Quoi de neuf ?" :
Ce « Quoi de neuf ?" m'a semblé très important car il est, je crois, le premier stade de l'acte de lecture (que nous oublions souvent) et ce pour plusieurs raisons :
 
- Il a été un moment où nous nous sommes retrouvés face à un imprimé qui fait partie de la multitude d'imprimés que nous trouvons dans nos boîtes aux lettres que rien ne nous oblige à Ijre, si ce n'est une certaine curiosité, ou une recherche perpétuelle de la bonne affaire à faire. Au départ, rien ne nous prédisposait à Iire cet imprimé puisque nous n'avions aucun renseignement à y chercher et nous aurions pu, comme nous le faisons souvent chez nous, l’évacuer vers sa sortie naturelle, c'est-à-dire la poubelle.
- Mais durant ce moment est intervenu le groupe (enfant + maître). Les enfants avaient une vague idée de ce qu'était ce sac et nous aurions pu aussi en rester là, mais la confrontation de leurs expériences, de leurs référents construits à partir de leurs passés (Jérôme sait parce que sa mère, elle a déjà donné !) a posé problème, a remis en cause les évidences de chacun et a fait naître des questions (c'est pour les pauvres ou les handicapés ?). Le rôle du maître n'était pas ici de poser d'autres questions que les enfants ne posaient pas, mais plutôt de bousculer précautionneusement leurs évidences et de faire que les enfants se posent d'autres questions, quitte à ce que ces questions restent en suspens et ne trouvent pas de réponse. N'est-ce pas cela la curiosité ? D'avoir constamment des questions en suspens?
 
 
- Et ces questions, ces problèmes posés sont, en fait, les premières hypothèses de lecture, nos attentes par rapport à l'objet de lecture qui détermineront notre façon d'investir cet objet de lecture (lecture en diagonale, sélective, totale, orale ... ). Nous n'irons pas chercher n'importe quoi, mais nous serons à la recherche d'une date, du mot "handicapé" ou "paralysé" ou "pauvre" ...
- Si, ce jour-là, il a été décidé de chercher des réponses en lisant, il n'en est pas toujours de même à chaque présentation d'un objet de lecture au "Quoi de neuf ?" (mais ce jour-là, le problème "pauvre" ou "handicapé" a vraiment pris les enfants). Il nous reste encore beaucoup de questions qui n'ont eu aucune réponse ... Mais, le plus important n'est pas d'avoir toujours des questions dont on cherche les réponses?
 
Mardi:
Pas question de faire un travail de lecture des inscriptions portées sur le sac avec toute la classe. Les réflexions partiraient dans tous les sens et on y perdrait beaucoup de richesses. Je reprends mon organisation habituelle :
- Travail avec le plus faible en lecture.
- Travail avec cet enfant, plus autres faibles
- Présentation de nos trouvailles au reste de la classe, plus critiques, plus autres
trouvailles.
 
Avec Jérome
Jérome va avoir 12 ans. Il est arrivé l'an dernier dans ma classe, ne sachant rien lire, peinant à reconnaître son prénom au milieu d'autres et après avoir fait les plus grosses bêtises possibles dans la classe de perf. des petits de l'école. L'an dernier, il essayait constamment et sans résultat d'appliquer ce qu'on lui avait appris et cela donne des choses du genre :
"Meu et A, ça fait Meua" et ainsi de suite, ce qui l'arrêtait dés le premier mot. L'année fut passée à travailler sur les lettres des correspondants et les textes des autres. Jérome était capable, en fin d'année, de reconnaître certains mots globalement, de comprendre des phrases construites avec des mots qu'il connaissait.
 
En ce début d'année, j'ai l'impression qu'il a fait encore des progrès, il n'oublie plus ce qu'il apprend, est capable de faire des hypothèses et de tenter de les vérifier, d'utiliser les mots qu'il connait pour en trouver d'autres mais, il lui reste encore beaucoup à faire pour devenir lecteur.
 
 Pendant que les autres sont en train de travailler seuls, nous nous retrouvons dans un coin de la classe avec Jérome.
Le sac plastique est toujours plié sur la table devant nous. Nous en reparlerons ensemble.
Les questions de la veille reviennent: quel jour faut-il laisser ses habits ?
Mais aussi de nouvelles questions : peut-on donner des couvertures ? des vêtements sales ? Qui va conduire le camion ?
 
Nous avons reformulé nos attentes, nos premières hypothèses de lecture ... On y va ... Jérome déplie le sac et commence à lire, avec sa bonne vieille manière (qu'en un an je n'ai pas réussi à lui faire perdre), il commence, comme toujours, en haut et à gauche, le premier mot, puis le deuxième et ainsi de suite ... Mais, aujourd'hui, comme souvent, il butte sur le premier mot, impossible à lire pour lui... Je ne le laisse pas devant son échec, il faut qu'il sache la contourner.
 
J'interviens
- Que t'arrive-t'il ?
- J'arrive pas ce mot.
- Et qu'est- ce que tu vas faire ?
- Je saute.
Une habitude que je voudrais qu'il prenne, mais qu'il ne prend pas tout seul.
 

Jour de ramassages
 samedi 17 ocotobre 1987
Prière de déposer les dons AVANT 8h30 DU MATIN
 RENSEIGNEMENTS Association des Paralysés de France
 81, avenue Ernest Renan
18000 Bourges
tel : 48-20-12-12
 
 

 
A partir de là, il en a sauté des mots, son regard est parti sur les côtés, il semblait chercher quelque chose, son doigt s'est mis à se promener sur la feuille pendant environ une demi-minute et s'est arrêté. Il avait trouvé ce qu'il cherchait (recherche qui se faisait en fonction des questions que nous nous étions posées). Son doigt s'est posé sur la date du samedi 17 octobre 1987. Il m'a regardé et m'a dit :
- C'est le samedi 17, c'est le jour pour mettre les sacs.
 
 La réponse de Jérôme est bonne, et pourtant, elle ne me satisfait pas. Nous avons l'habitude, dans la classe, lors de tout travail sur un écrit  quelconque, d'amener des preuves à ce que nous disons, ce qui fait qu'à chaque fois qu'un enfant dit que dans un texte il se passe telle chose on (un enfant ou moi), lui demande de nous le prouver. Ceci nous permet d'éviter certaines interprétations d'enfants qui, à partir de certains éléments d'une histoire et d'éléments de leurs expériences antérieures, sont capables "d'inventer" l'histoire qu'ils viennent de « lire ».
Je lui demande:
- Des preuves ?
Il me remontre la date écrite qu'il vient de trouver et son regard cherche immédiatement autour de cette date, si il ne retrouverait pas d'autres éléments qui lui permettraient d'étayer son affirmation.
Il reconnaît très rapidement, au-dessus le mot "jour" puis "de" et là, on sent un travail d'hypothèses et de vérifications pour le mot "ramassage" et me dit :
- C'est le jour de ramassage !
- Quand, alors ?
- Samedi 17 octobre.
- C'est bon, nous avons donc un renseignement, on en cherche d'autres ?
Et c'est reparti, voilà Jérome replongé dans l'écrit, ça risque d'être un peu plus difficile. J'ai peur qu'il ne trouve finalement rien, je le laisse faire, mais je suis prêt à l'orienter vers un endroit plus précis, si je vois qu'il ne trouve rien. Mais, je m'affole bien pour rien du tout ; il cherche autour de ce qu'il vient de trouver, il semble avoir trouvé, ne dit rien, semble buter sur un ou deux mots.
 
 

Jour de ramassages
 samedi 17 ocotobre 1987
Prière de déposer les dons AVANT 8h30 DU MATIN
 RENSEIGNEMENTS Association des Paralysés de France
 81, avenue Ernest Renan
18000 Bourges
tel : 48-20-12-12
 
 

 
Je lui demande :
 - Alors?
- Tu as trouvé quelque chose ?
- Là, il y a : matin et là : 8h 30.
- Qu'est-ce que ça peut vouloir dire ?
- Qu'il faut mettre les affaires le matin à 8h 30.
En même temps, il continue sa recherche et trouve rapidement "avant" et dit:
- C'est avant 8h 30 du matin qu’il faut les mettre ! Il y a écrit « déposer »
 
Je ne pense pas que Jérôme soit capable de trouver/deviner le reste, tant la structure de la phrase est peu habituelle; je la lui lis, nous expliquons ensemble les mots "prière" et "don". Je n'ai pas demandé à Jérome de chercher d'autres renseignements pour plusieurs raisons :
- Il me semble très difficile, pour un enfant, de se plonger dans un nouvel écrit totalement inconnu auparavant ; il y a dans toutes les recherches que Jérôme a effectué une somme assez importante d'efforts (d'autant plus importante que Jérome ne sait pas lire et que son travail d'émission d'hypothèses et de vérifications lui demande donc beaucoup d'attention, de présence)
 
- la relation duelle dans laquelle nous sommes est, je crois, difficile à assumer pour un enfant. Aucune échappatoire ne lui est offerte, il est seul face à l'écrit et face à l'adulte.
Ce moment a duré un tout petit peu plus de dix minutes.
Nous appelons Denis et Pierre à l'aide.
Ces deux enfants sont arrivés cette année dans ma classe, venant de la classe de perfectionnement petit niveau de l'école.
Ils sont ce que j'appelle des "déchiffreurs", c'est-à-dire des enfants capables de déchiffrer en oralisant un texte, mais avec de grosses difficultés pour pouvoir en tirer du sens, pour répondre à des questions de compréhension (ils ont plus tendance à chercher des réponses au plafond que dans le texte lui-même).
Ils ont souvent l'habitude de construire du sens à partir de quelques indices pris dans le texte mélangés à leurs expériences personnelles.
Dans une histoire lue récemment et parlant d'un chat trouvé, à la question : où dort le chat ? ils m'ont répondu qu'il dormait dans une corbeille en m'expliquant que chez eux, leur chat dormait dans une corbeille et sans, à aucun moment, aller vérifier si il en était de même dans le texte : ils font des hypothèses à partir de leurs référents, mais ne vont pas vérifier ces hypothèses dans le texte.
 
Nous rediscutons avec les deux nouveaux enfants du sac en plastique (où l'avons-nous trouvé ? qui l'a apporté en classe ? à quoi sert-il ? pour qui sont les vêtements ? ... ). A Jérôme, maintenant, de dire aux autres ce qu'il a trouvé, sans bien entendu leur donner la réponse.
 
- J'ai trouvé la date, le jour où il faut mettre les habits.
A Denis et Pierre maintenant de chercher. Leurs regards se promènent sur la feuille en plastique. Très rapidement, Pierre a trouvé. A l'observer pendant qu'il cherchait, je sais qu'il n'a pas la bonne réponse, alors on la lui demande sans attendre que Denis ait trouvé. Il nous montre la date : 24-3-45.
Si la réponse n'est pas bonne, elle a l'extrême mérite d'être logique. De plus, quelques jours auparavant, pour apprendre à remplir nos fiches de bibliothèque, nous avions travaillé sur l'écriture des dates en chiffre, et tous les jours, sur leurs cahiers de travail individuel, les enfants écrivent la date de cette manière.
 
Nous cherchions une date ... Il en a trouvé une
 
Sa réponse fait beaucoup rire Jérôme ! A-t-il compris l'impossibilité temporelle d'une telle réponse? J'en doute fortement. Je n'insiste pas sur une telle impossibilité, je lui demande :
- Tu as des preuves ?
 
 Difficile pour Pierre d'apporter des preuves puisque sa lecture se fait à partir d'indices pris dans l'écrit et réordonnés avec son expérience personnelle. Pour lui, avoir lu une date est suffisant, c'est forcément la date qu'il cherchait, il ne remet pas du tout cela en question.
 
Denis annonce alors :
- J'ai trouvé le jour où ils ramassent les habits, Pierre s'est trompé.
Pierre nous fait une moue dont il a le secret de l'air de nous dire :
- Ben, moi, je trouve une date, et bien sûr, c'est pas la bonne !
Nous cherchons ensemble quelle date Pierre a trouvé : 24 mars 1945. Nous demandons à Pierre s'il était né en 1945 et, après sa réponse, nous lui demandons s'il faut mettre les habits le 24 mars 1945.
Pierre semble convaincu de son erreur, mais ne trouve pas la réponse pour autant (il a souvent l'habitude de peiner à trouver une réponse simple après un premier échec ; est-il trop sûr de sa première réponse ? Je ne sais pas).
Je demande à Jérôme de donner la réponse: - C'est le samedi 17 octobre.
Je demande à Pierre :
- Comment Jérôme a-t-il fait pour trouver la date ?
 
Moue d'étonnement de Pierre ! Il semble effectivement se demander comment Jérôme a pu trouver cette date, alors que lui-même ne l'a pas découverte ! Par magie ? Par un mystère quelconque ?
J'insiste lourdement :
- Où Jérôme a trouvé cette date ?
- ... Moue.
- En écoutant la radio ? En lisant le journal ?
- ... Non, là, sur le sac !
 
Ça y est, le renseignement se trouve dans l'écrit. Il ne reste plus qu'à la trouver. Plus aucun problème pour Pierre qui le trouve alors rapidement et nous le montre. Nous demandons à Denis s'il est d'accord. Pas de problème pour lui, il est d'accord.
 
Remarque :
En fait, la plus grosse difficulté de Pierre est de remettre en question son premier essai, sa première hypothèse, sa première démarche ; il trouve une date qui n'est pas la bonne et semble douter par la suite car il est capable de trouver seul la bonne réponse. Par la suite, il semble désorienté, ne sait même plusoù trouver la réponse. Son premier échec l'a complètement désarçonné ...
 
Je propose aux enfants de chercher d'autres renseignements. Je les laisse quelques instants pour aller voir les autres dans leur travail individuel (le magnétophone installé en début de séance continue de tourner). Durant mon absence, Jérôme a dit aux deux autres ce qu'il avait trouvé : "C'est le matin, avant 8h30". (II a dû leur montrer où il l'avait trouvé).
 
Je reviens :
- D'autres renseignements ?
- Ils vont donner aux gens paralysés.
- Que vont-ils donner ?
- Les habits.
- Comment tu le sais ?
- Je l'ai trouvé.
- Où, vers où ?
- Vers là. Nous indique Pierre en nous indiquant un coin du sac.
Alors, on cherche pour confirmer ou infirmer ce que Pierre vient de nous dire.
 
L'association des Paralysés
 de France
                                                                    Collecte de vêtements et de textiles usagés
 
Jérôme nous dit qu'il a lu le mot "sac". Je lui demande de quel sac il s'agit, il me répond que c'est celui que nous avons devant nous. Je lui demande s'il a trouvé un élément qui prouve que cela va aux paralysés, il me répond en me montrant le mot "paralysés". Je demande aux deux autres s'ils sont d'accord. Pas de problème.
Au même moment, Denis essaie de déchiffrer le mot "association" (pas évident, si on ne le connaît pas), et cela donne quelque chose qui ressemble à "saucisson". Je lui demande s'il est question de saucisson, ce qui déclenche les rires des autres.
Les trois sont convaincus qu'il n'est pas question de saucisson et que les gens ne mettront pas de saucisson dans le sac. Je leur donne le mot "association" et nous l'expliquons en référence à notre coopë et au club de foot de Jérôme.
 
La suite est plus difficile. Denis nous la lit à haute voix, mais il nous faut expliquer les mots "contenu" et "propriété" et, à partir de ce que les enfants savent sur l'utilisation de ce sac le sens général de la phrase.
Nous nous sommes arrêtés là ; ce deuxième moment a duré dix minutes environ.
 
Remarques:
- La discussion ayant eu lieu au "Quoi de neuf ?", si elle a eu le mérite de mettre à jour des questions, elle permet aussi de faire l'état de ce que l'on sait avant de "rentrer" dans "écrit.
- La part du maître : elle est très importante. C'est moi qui relance constamment les questions qui poussent un peu les enfants.
Par contre, à aucun moment, je ne suis celui qui dit si la réponse est bonne ou mauvaise ; je relance l'enfant vers la recherche de preuves ou vers les autres enfants qui. eux, diront s'ils sont d'accord ou pas.
Je ne donne la réponse ou des explications que quand les enfants ne peuvent les trouver d'eux-mêmes.
 
Didier Mujica
 
 
 
 
 
 
 
 

French Cancans n°4/5

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