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Juin 2011
VOILÀ PLUS DE DIX ANS QU'À L'ÉCOLE DE LA GRAVIÈRE UNE COLLABORATION RÉGULIÈRE EXISTE AVEC LA BIBLIOTHÈQUE DU QUARTIER ET POURTANT, NOUS N'EN AVONS PRATIQUEMENT JAMAIS DANS LES PUBLICATIONS DU GLEM ;
ALORS, J'ÉCRIS CET ARTICLE QUI DONNERA PEUT-ÊTRE QUELQUES IDÉES, QUELQUES ENVIES D'AGIR... ET PUIS, MOI, ÇA ME FAIT PLAISIR !
J.P Radix.
Un bref historique
Sur le quartier de la Gravière existait, depuis de longues années, une bibliothèque installée dans le centre social de Beaumont, c'est à dire mal située : locaux plus qu'étroits, implantation éloignée de la grande masse des habitants, peu de livres bien sûr et pas de permanent... En Octobre 75, avec l'aide de la municipalité de Ste Foy, se créa la bibliothèque, qui s'installa dans les locaux sociaux, au pied des immeubles, avec des moyens et un bien plus grand espace.
Tout de suite, la bibliothèque proposa à des instits de l'école (ou bien ce sont des instits qui l'ont demandé...) de venir avec leurs classe lire à la bibli un après-midi par semaine. L'opération permettait une expérience intéressante pour les enfants de l'école... mais aussi pour la bibli qui récoltait des abonnés et de la fréquentation. Ces instits avaient pour noms : Marguerite Faletti, René Vidon, Roger Beaumont... tiens, les instits Freinet...
Depuis la collaboration école-bibli a continué. La bibliothèque a changé de locaux en 78 : des locaux à 50m de l'école, à coté des commerces et elle a eu une partie enfants et une partie adultes. Elle a grandi, a pris place dans la vie du quartier. Quant à l'école, et bien, l'ouverture de la bibli s'est faite peu à peu à toute l'école primaire et aussi à la maternelle. Et puis, les 2 autres bibli de Ste Foy s'ouvrent elles aussi sur les écoles...
La découverte de la lecture-plaisir
Ouvrir la bibli à l'école s'est bien beau mais pour quoi faire ?
- Pour lire ! Eh bien oui, mais ce n'était pas si évident (est-ce que ça l'est toujours ?) pour beaucoup d'instits d'aller une heure à la bibli, de laisser les enfants prendre les livres qu'ils voulaient par plaisir, regarder des livres avec des images, pas seulement des BD, mais des albums pour petit, pour grands...
- Mais est-ce que tous les enfants lisent comme ça... parce que l'heure de la bibli ? Alors, il y avait (il y a toujours) Marthe, la bibliothécaire qui propose des albums, qui en lit, qui raconte des histoires, des contes... Et puis il y en avait tellement de ces livres et autrement plus beaux que ceux que l'on avait dans les biblis de la classe ! Et puis encore, l'édition enfantine, quel progrès, quelle richesse !
- Et on peut en profiter pour changer ses livres (depuis, on ne le fait plus à ce moment-là, car ça prend trop de temps...). Et on peut emprunter des livres pour sa classe ! Et puis, on vient aussi chercher des documents à propos d'un projet, d'une question, pour choisir des poésies, en lire, en copier.
Parfois on travaille à plusieurs à illustrer un conte ; ou bien, on choisit un thème de travail commun qu'on étudie avec le maître ou la bibliothécaire...
Et la séquence bibli, elle se continue aussi en classe : on présente des livres qu'on a lus, on fait tourner les livres qu'on a pris, on exploite les recherches commencées, on travaille sur des albums, des romans, selon le niveau de la classe, bien sûr, on continue les illustrations commencées...
En tout cas, la bibli, ce fut la découverte d'un lieu pédagogique important, et cette découverte, si elle fut d'abord le fait des instits Freinet, fut ensuite celle de beaucoup d'autres instits, même si tout le monde n'a pas la même manière de s'en servir, ni les mêmes relations d'amitié et de travail avec les bibliothécaires (mais, les relations, ça ne se crée pas non plus du jour au lendemain...).
La vision de la bibli comme lieu d'éducation non plus d'ailleurs ! Pour cela, pendant plusieurs années, il y a eu des expos de livres d'enfants organisées par la bibli pendant les fêtes d'école et puis des montages diapos réalisés à partie de contes d'albums... Tout un travail d'information, de formation, toute une collaboration, une ouverture de l'école.
Les monstres
Alors, dans cette bibli, on lit bien sûr, mais il s'y est passé, il s'y passe encore, des moments privilégiés :
- la venue de conteurs : un merveilleux conteur maghrébin une année, un conteur sénégalais une autre...
- la rencontre avec des auteurs, des illustrateurs : Béatrice Tanaka, Jean Clavene..., avec Pierre Miquel aussi pour les CM...
- Quant aux travaux sur des thèmes, ils ont pu nous prendre tout un trimestre (et même plus) et concerner plusieurs classes... ainsi, les loups, les monstres, le Maghreb.
* Les loups : sur ce thème, qu'avons-nous fait ? On a cherché et lu des contes, des poésies, des albums, des contes eux-mêmes, des images pour la mini-TV, fait des recherches sur l'animal lui-même...
* Les monstres, ce fut un fameux travail ! Des contes, des albums merveilleux lus ensemble (Ah ! Max et les maximonstres, un grand classique !). Et puis, dans un travail de création bien "freinétique", non seulement les enfants ont lu, mais ils ont créé, inventé des histoires, des textes libres pour un journal, fabriqué des masques pour un carnaval de monstres...
Et aussi dessiné, dessiné et peint, créé des maquettes en particulier pour peindre notre préau : les grands monstres du préau de la gravière (dont un seul a subsisté !!! la race des grands dinosaures n'est pas totalement éteinte... comme celle des instits Freinet de la Gravière, il n'en reste qu'un !).
* Le Maghreb : ce fut autre chose : une volonté de sensibilisation à des cultures différentes, appuyée en partie sur la correspondance d'une classe avec la Tunisie, et surtout, sur le vécu de certains de nos élèves (nous aussi, on a nos immigrés, pas trop, mais justement il faut savoir bien s'en servir!).
Et ce travail, mené à partir de la lecture de contes, d'histoires, d'albums, de la recherche de documents déboucha sur une grande expo à la BCD, réalisée par des travaux d'enfants, de livres, des contes illustrés, des objets prêtés par les parents... (et sur une fête avec un couscous géant, miam, miam, vive la culture !)
L'expo était si vivante que le comité d'entreprise de la BNP nous demanda d'aller la présenter.
Alors un groupe d'élèves est allé faire l'installation et la présentation de leur expo à des adultes.
Et ils n'étaient pas peu fiers !
Une aventure dans les 2 sens
Pendant que, dans le groupe des instits, l'équipe Freinet menait un travail pédagogique qui n'était pas neutre, l'équipe des bibliothécaires en menait une autre au sein du CRILJ.
Le CRILJ, c'est le centre de recherche et d'information sur la littérature pour la jeunesse, un organisme qui regroupe essentiellement des bibliothécaires, mais aussi des profs, des instits... et qui, dans le Rhône, réfléchit sur les livres d'enfants et publie chaque année une sélection de bouquins (plusieurs d'entre nous connaissent CRILJ Rhône scolaire Aveyron 1 bis rue des pierres plantées 69001 Lyon tél : 78 28 06 93. Permanences lundi : 17-19h sauf vacances scolaires).
Et nos amies bibliothécaires ont commencé à nous proposer cette sélection, puis elles l'ont présentée aux enfants sous forme d'expo à la bibli, puis à l'école pendant 3 semaines... Et alors... ET ALORS...
La BCD est arrivé (éh eh ...)
Sans s'presser éh éh ( si, sûrement, avec du recul, mais...)
À la bibli, au début, une après-midi par semaine pour les 3 classes, c'étaient bon (1h par classe environ). Et puis, il y a eu 4, 5, 6, ... 10 classes ou plus qui ont voulu y aller, puis la maternelle ...la bibli a ouvert plus souvent aux écoles : 1/2 journée à la maternelle, 2 1/2 journées au primaire (et sur une de ces demi journées, les instits étaient seuls... comme des grands !).
Alors devant la demande, il a fallu faire un planning, passer chacun son tour (eh ! ne double pas !), 1 heure tous les 15 jours, voire toutes les 3 semaines, ou bien marcher par groupes de 2 ou 3 classes ou en ateliers, ou bloquer 3 semaines ou 6 semaines pour l’un, puis au tour de l'autre (et puis, moi, j'aime mieux l'après-midi...). Bref, la bibli était devenue une sortie, puis un plaisir et enfin un besoin, sinon même une nécessité, mais un besoin insatisfait ou incomplètement satisfait...
Or là, avec cette expo de bouquins sur 3 semaines dans une salle de l'école, on a pu aller lire des livres quand on le voulait avec sa classe, mais aussi par petits groupes (par ex : avec des parents, qui, dans les classes Freinet, sont très vite intervenus, à la bibli comme ailleurs). Et on a trouvé, que les livres dans l'école, c'était encore autre chose...
Et alors, un certain Jean Pierre a voulu brûler les étapes ! Je revenais d'un stage de français à l'EN et même que ça me poussait à agir !) Le centre social du quartier embauchait un jeune volontaire sur le secteur enfants et proposait à l'école d'utiliser ses services à mi-temps ? Alors, on a créé la BCD qui est toujours là, et si elle n'a pas changé l'école, cette BCD, en tout cas, elle est née de notre travail avec la bibli, ça, c'est sûr !
L'ouverture toujours...
Cette ouverture, elle s'est aussi manifesté par tout notre intérêt pour la lecture, l'écrit, le livre pour enfants ; mais aussi par les discussions, les rencontres, les bouffes avec les bibliothécaires ; et puis par un PAE lecture, mené l'an dernier, par des ventes de bouquins d'enfants organisées par les parents avec un choix de livres autres que la bibliothèque rose..., avec un comité de lecture d'enfants créé l'an passé et qui a permis à Marthe de pouvoir donner à la sélection du CRILJ un avis autres que celui des bibliothécaires...
Et puis, la bibli, ça continue cette année. On lit, on lit on emmène des livres, toutes les classes passent à la bibli, l'expo du CRIJL a été présentée à la BCD, on a vu avec ma classe un spectacle de marionnettes tiré de "James et la grosse pêche", un livre de Roald Dahl : on est en train d'en faire un album, on va étudier le roman...
II y a toujours des livres sensationnels, c'est extra la bibli...
Un bilan partiel et partial !
À part tout ce que j'ai déjà raconté (plus ce que j'ai déjà oublié), le travail école-bibliothèque a entraîné nombre d'enfants vers le livre, vers la lecture. Pas tous à devenir de vrais lecteurs au sens de ce cher Foucambert, mais à aimer les livres, pour beaucoup, je crois, oui!
II y a plus de 700 abonnés enfants à la bibli de la Gravière et beaucoup d'ados et d'adultes aussi. Pour une population de 5000 habitants environ, on doit être dans une bonne moyenne.
Et puis au dire des copines, il y a certains enfants qui lisent des bouquins déjà costauds, alors que pourtant, ils ont des difficultés scolaires qui font qu'ils pourraient en être dégoûtés de cette sacrée lecture !
Et puis, pour moi, pour ma formation, cela m'a appris beaucoup : à être plus attentif à la façon dont les enfants "entrent" dans un livre, à leur offrir plusieurs entrées possibles, plusieurs types de lecture, de livres, à leur apprendre à choisir, à regarder avec les yeux, leurs sens, et pas seulement à utiliser leur intellect...
J'ai appris qu'un livre, ce n'est pas que du texte, mais c'est aussi une calligraphie, une illustration, une couverture, une disposition de pages, un plaisir à voir, à toucher... que lire, c'est aussi de la jouissance, pas que du scolaire. J'ai aussi appris à connaître les bons auteurs, les bons romans, les beaux albums, les beaux contes, les bonnes revues, les livres inclassables ; à voir aussi qu'en dehors des BT et BTJ, il existe d'autres documents, des mauvais, très mauvais parfois, mais aussi des bons, des remarquables !
Et vous savez, travailler avec une bibli, ça même à tout, même à en créer une, n'est ce pas Roger Beaumont ? (C'était un épisode de la gravière).
Jean Pierre RADIX avec la participation :
- des bibliothécaires de la Gravière (Marthe, Bernadette, Geneviève)
- des anciens instits de l'école : Marguerite, René, Roger, Anne-marie ( Denise Dufour qui, elle nous a quitté définitivement).
- des instits actuels, entre autre Christiane, Francette, Pascal...
-avec mes excuses à tous ceux que j'aurais oubliés...
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