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Utilisation de la vidéo en C.E.S

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Mai 1982
Utilisation de la vidéo en C. E.S.
 
Dans cet environnement dominé par les médias et surtout, pour nos élèves, dominé par la télévision, comment ne pas être partie prenante en tant qu'enseignant ? Trop souvent la T.V. est un objet de mystification dans la mesure où nous sommes victimes d'une certaine technique que nous ne comprenons pas et surtout que nous ne maîtrisons pas : nous la subissons.
 
Par le biais d'un matériel vidéo complet (magnétoscope, caméra, deux monitors et plus récemment magnétoscope de montage) nous avons pensé mettre la télévision au service des élèves en leur permettant eux-mêmes de créer des émissions, de les filmer, de les produire devant un public (les autres élèves du C.E.S.) et éventuellement d'en subir les critiques.
Ce n'est qu'en manipulant un matériel et en l'utilisant pour ses propres fins que l'on s'approprie une certaine connaissance, qui dès lors n'est plus “magique”.
 
 
Son utilisation est de deux types :
 
• N'importe quel groupe d'élèves dans une classe, aidé par un professeur, peut préparer une émission. Dès que le synopsis est prêt, la caméra viendra filmer le travail accompli et le document audiovisuel pourra être visionné par toutes les personnes intéressées.
Par exemple : une classe de 3e a préparé tout un dossier sur la violence : le point de départ fut une chanson racontant la violence féodale contre les serfs du Moyen Age ("Les archers du roi”), puis il y eut toute une collecte de faits divers, suivie d'un classement en différents types de violence (violence de groupe, violence criminelle, violence dans les rapports sociaux...).
La chanson fut alors réécrite à la lumière de ces exemples de violence actuelle. Un débat devait clore le travail quand le besoin de partager et de communiquer ceci à l'ensemble du C.E.S. conduisit la classe à faire appel à la vidéo. Avec l'aide d'une ancienne élève du C.E.S. spécialisée en danse et expression corporelle fut mise sur pied une séquence de quinze minutes où alternaient la chanson et des situations de violence sous forme de mime, de théâtre d'ombres ou de sketch. Ce document pourra être vu par tous les élèves intéressés dans la pause du déjeuner ou après le dernier cours du soir .
 
• La deuxième forme d'utilisation du matériel vidéo est limitée à une classe.
Cette classe de 3e en 80-81, de 4e en 81-82, avec l'aide de professeurs (bénéficiant cette année d'une décharge horaire pour certains ou privilégiant le travail en groupe pour d'autres) conçoit un journal hebdomadaire. Pendant la semaine une équipe de rédaction se met en quête d'informations : vie interne du collège, fonctionnement des clubs, présentation et fonctionnement du C.D.I. en début d'année, compte rendu de la réunion du bureau de la coopérative scolaire, recettes culinaires, bricolage, projets en cours...
Leurs “papiers” sont revus et corrigés en cours de français, pendant que les élèves travaillent en atelier, ou en réunion de rédaction le vendredi à 11 heures, heure pendant laquelle sont lancés également les grands sujets de la semaine suivante. L'enregistrement se fait au studio (pour le moment salle de classe banalisée) le vendredi à 14 h 30. Les élèves sont à tour de rôle responsables du maniement de la caméra et du micro. Il est entendu que n'importe qui peut intervenir dans ce journal après arrangement avec le “rédacteur en chef”. Ce journal vidéo demande un suivi extrêmement régulier et astreignant. Nous avons donc jugé préférable de le limiter à une classe (où nous intervenons d'autre part en tant qu'équipe pédagogique). De plus le matériel est d'un maniement délicat et est par nature fragile. Seuls quelques adultes ont pu bénéficier jusqu'à présent d'un stage de quatre jours d'initiation aux techniques vidéo. La formation sera élargie et approfondie lors d'un stage Cefisem. La présence d'un de ces adultes est constamment nécessaire.
 
 
C'est la deuxième année que les élèves du C.E.S. visionnent ce journal au début du cours de dessin, et l'habitude s'est créée petit à petit. L'idéal serait maintenant que la communication et l'information ne soient pas unilatérales. Dans l' esprit des élèves doit s'installer l'idée qu'eux aussi peuvent aller “prendre la parole” pour donner une information, pour parler de ce qu'ils aiment ou, tout simplement, pour réagir ou répondre.
 
Quant aux élèves qui ont en charge la préparation du journal nous avons vu leur évolution face à cet outil qu'est la caméra. Nous les avons vus acquérir une maîtrise de leurs gestes et de leur expression orale qui, tout de suite, a pu être vérifiée par eux-mêmes et leurs camarades sur l'écran. La réalisation de ces émissions amène les élèves à produire pour des situations réelles de communication et non pour une bonne note !
 
L'appropriation et l'utilisation de cet outil de travail par la communauté des élèves ouvre sans aucun doute un champ nouveau aux recherches pédagogiques.
Ch. NYS
 59 Waziers.