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Quand le prof est parti, les souris ne dansent plus sur les tables

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Janvier 1981
QUAND LE PROF EST PARTI, LES SOURIS NE DANSENT PLUS SUR LES TABLES !
 
Une classe de chimie pas comme les autres: on ne remplit pas de fiche le premier jour, on “vit en groupe”, on se réunit régulièrement en conseil (pas de classe, non !). On élabore ses T.P. collectivement. Mais reprenons... on est au jour de la rentrée...
 
Faut un début à tout.
On a commencé comme ça...
Mardi 20 septembre.
 
Des élèves (pas tous !), s'installent autour des tables disposées en cercle ; machinalement : demi feuilles de papier, noms et prénoms en haut et à gauche. . .
 
Le professeur. - Mais qu'est-ce que vous faites là ?
- Ben, on remplit les fiches !
- Pour quoi faire ?
- Ben, d'habitude, le prof y nous dit d'remplir une fiche !
- Et si chacun se présentait à tous ?
Un silence, puis chacun se présente (y compris le professeur) :
“- Je m'appelle Monique R..., je viens du C.E.S. Basly à Loos-en-Gohelle ; je m'intéresse à tout, et voudrais être laborantine.
- Moi, c'est Marc S... J'étais déjà au lycée l'an passé...”
 
Après ce tour de table : rappel de l'horaire, règles de sécurité élémentaires, distribution du programme de chimie. Puis le prof se tait. Long silence.
Sourires. Le professeur : “ Vous faites plaisir à voir !
- C'est parce que personne ne parle !
- Mais qui vous empêche de parler ?”
Peu après, Nicole demande : “La chimie, qu'est-ce que c'est ?” Plusieurs élèves énumèrent des applications de la chimie. Le professeur écrit leurs réponses au tableau ; puis (c'est sa propre réponse à la question de Nicole), il enflamme un morceau de soufre, fait observer les transformations produites, l'apparition d'un corps nouveau. Débat ensuite à propos des différents aspects du soufre. Nouveau silence. Une "ancienne" propose de visiter les laboratoires ; tout le monde est d'accord ; on visite les laboratoires.
Ensuite, questionnaire d'opinion sur la chimie et sur l'enseignement de la chimie. Dépouillement collectif, résumé au tableau. On est plutôt contre la pollution, et pour l'ouverture de la classe à la vie et à l'expérimentation. Fin de la séance (quatre heures consécutives) en salle 307 : les élèves se familiarisent avec divers documents de travail (fiches de recherche, livres, revues, cours programmés, etc.).
 
A quoi ça rime tout ça ?
 
D'abord, une contestation : les élèves sont souvent endormis, indifférents, passifs, dépendants (enlevez-leur le prof, ils recopient le livre !).
 “- Mais, Monsieur, c'est fatigant d'avoir de l'imagination ! Et c'est réconfortant d'avoir quelqu'un (le prof) qui travaille à votre place !
- Si seulement les résultats étaient moins décevants !”
 
Alors, en attendant que la formation permanente s'intéresse à nous autant qu'on s'intéresse à elle, en attendant que les structures de l'école évoluent (on nous promet ça tous les dix ans: 68, 78...), n'y a-t-il rien à tenter ? Question d'ailleurs superflue puisque chacun, un jour ou l'autre, ressent la nécessité de “fonctionner" autrement ; il y a mille manières de fonctionner autrement : tout dépend de la personnalité du prof, du temps dont il dispose, de l'effectif de la classe, de la matière enseignée, etc.
 
La non-directivité. Simple moyen pédagogique, pour susciter de la part des élèves un maximum d'initiatives. On aurait pu tout aussi bien leur proposer, au départ, un cadre institutionnel précis, susceptible d'être modifié par les usagers en cours d'année.
La rançon de l'attitude non-directive : trois semaines d'indécision. Après quoi, il a bien fallu que les élèves s'organisent pour “faire” leur programme de chimie ; car ils sont tombés d'accord là-dessus : il fallait voir le programme (et je n'allais pas m'en plaindre !).
Mais, tant qu'à faire, n'est-ce pas mieux :
- si on s'ennuie moins en classe ;
- si, en plus de faire le programme, on découvre la vie en groupe, ses contraintes, mais aussi ses avantages ;
- si on essaie de comprendre dans quelle voie on s'est engagé(e) (où mène la seconde T3 ? quelle sorte d'emploi j'aurai à la sortie ? quels liens y a-t-il entre ce que j'apprends ici et la vie quotidienne ?).
 


LES ÉLÈVES ET L'AUTONOMIE
 
40 élèves de 2nde T3 ont répondu, l'an passé, à la question : “Quelle autonomie pensez-vous que le professeur puisse accorder à un élève de seconde ?”
 
Les deux tiers des élèves ont affirmé être assez favorables, ou très favorables, à l'autonomie. Pour plusieurs d'entre eux, l'autonomie, c'est la liberté de faire ce qu'on veut : “Que le prof nous laisse pleine liberté d'agir, on fait bien ce que l'on aime faire.”
 
Certains élèves parlent de leur responsabilité personnelle dans la réussite ou l'échec de leurs études : “Celui qui n'apprend pas, c'est parce qu'il le veut bien, et qu'il se fiche carrément de son avenir. ”
 
Mais la question n'est pas aussi simple et, sans doute, l'autonomie n'est-elle pas également profitable à tous : “On peut lui laisser l'entière liberté seulement s'il (l'élève) est conscient de ce qu'il fait.”
 
Un certain nombre d'élèves sont partisans d'une relative autonomie : “Il faut nous laisser une certaine liberté sans que nous en abusions ; une trop grande liberté ne nous serait pas profitable. ”
 
Quelques-uns sont contre l'autonomie parce que : “la plupart des élèves ne travaillent pas lorsqu'ils n'y sont pas obligés.”
 
Une solution conciliante enfin : “Le prof doit tout de même s'occuper de l'élève, uniquement quand celui-ci ne porte pas l'intérêt suffisant” (mais qu'est-ce que l'intérêt suffisant ?).
 
 
L'autonomie (nécessaire dit-on dans un monde en mutation !) n'est-ce pas, pour une classe, la liberté d'organiser son travail ?
 
Voir le programme donc, et dans l'ordre des notions qui y sont inscrites, telle a été, après maints débats, la première décision prise par la classe.
Nous avons, dans la foulée, rédigé un premier plan de travail, à partir des notions extraites du programme, y ajoutant les exemples destinés à concrétiser ces notions.
Nous étions donc fréquemment en assemblée générale (35 personnes en tout), et cela n'allait pas sans poser quelques petits problèmes de prise de parole !
Mais Catherine se souvient que des conseils d'élèves se tenaient régulièrement l'an passé dans chaque groupe de T .P . Elle explique alors aux autres comment ce conseil était animé (par un président élu qui lit l'ordre du jour et donne la parole à chacun, à tour de rôle) et quelles étaient ses prérogatives (organisation du travail, des voyages, règlement des conflits à l'intérieur du groupe, etc.).
 
Le conseil fonctionnera dès le lendemain sur un ordre du jour improvisé (c'est en principe dans les semaines qui précèdent le conseil que chacun peut inscrire, sur une feuille de papier Le premier groupe de T .P . a choisi de se réunir en conseil le premier mardi de chaque mois ; l'autre groupe a décidé qu'un conseil aurait lieu tous les quinze jours.
Un secrétaire, à tour de rôle pour le groupe 2, note dans un cahier les décisions prises au conseil.
Avant les vacances de la Toussaint, la classe aura pris, dans le cadre des conseils le plus souvent, des décisions importantes, se sera donné les structures lui permettant de fonctionner : statuts du conseil, élaboration d'un règlement pour l'utilisation de la salle de chimie, rédaction d'une fiche de recherche à chaque séance (groupes de 4 élèves tirés au sort), évaluation des connaissances et savoir-faire (tous les quinze jours), rédaction d'un résumé (tantôt polycopié par les élèves, tantôt dicté par le professeur), organisation d'un voyage chaque trimestre, etc.
 
Ces décisions ne peuvent être modifiées qu'à l'occasion d'un conseil ; ainsi, récemment, la classe a décidé que les évaluations auraient lieu en groupes de quatre, chaque élève rédigeant son propre travail. (“Alors, on peut copier sur son voisin ?" On peut surtout comprendre ce qu'on écrit, ce qui n'est pas plus mal !)
D'ailleurs, au début, les résultats ont été moins bons qu'ils ne l'étaient pour l'évaluation individuelle ; il a bien fallu alors que chacun apprenne à se servir de l'outil et apporte sa contribution nécessaire au travail commun ; ce travail est, bien entendu, trop long pour être réalisé par un seul élève.
Parmi les tâches qui me reviennent : rappeler, chaque fois qu'il est nécessaire, les décisions votées et adoptées par le groupe ; ces décisions sont souveraines ; même si elles me déplaisent (j'ai, par exemple, été plutôt déçu quand on m'a demandé de dicter un résumé (court, il est vrai) ; c'était pourtant le désir de toute la classe.
 
L'abandon du cours magistral a, entre autres conséquences, entraîné la prise de conscience active de questions dépassant le cadre de la classe ; ainsi, le trop petit nombre de places offertes en première F7' à Liévin, a suscité plusieurs initiatives de la part des élèves (rédaction d'une pétition signée ensuite par les parents des deux classes de 2e T3, délégation chez le proviseur pour obtenir le dédoublement de la 1 re F7' , lettre aux anciens élèves de TFS pour connaître leur situation du point de vue de l'emploi, interventions aux conseils de classe, élaboration en commun de critères de niveau en chimie, etc.).
 
EXTRAITS DU CONSEIL DU MARDI II OCTOBRE
 
Des élèves ont inscrit à l'ordre du jour de ce conseil :
- organisation des devoirs ;
- problèmes des cours (toute la classe ensemble) : que faire ?
- discussion sur les voyages ;
- 5 mn aux inter-cours ;
- responsable du matériel ?
 
 
Ci-dessous, il est question de l'organisation du premier voyage : Claude s'est porté volontaire pour présider la séance.
 
 
Claude: “Les voyages ?”
Les réponses sont nombreuses et variées :
“- On pourrait revoir la cristallerie d'Arques.
- Un voyage tous les deux mois !
- Il faudrait être plusieurs classes pour pouvoir louer un car...”
Claude : “Où voudriez-vous aller en voyage ?
- Mazingarbe !
- Arques !
- Dunkerque !”
(On vote. Arques est retenu.)
Claude : “Quand le premier voyage ?
- A la Toussaint !”
(On vote. Le groupe est d'accord.)
Claude : “Qui est-ce qui va organiser ça ?”
Maryline : “Les deux délégués de classe pourraient organiser un comité de voyage. . . ”
Claude: “Il faudrait en discuter la classe entière. ” (C'est pour coordonner les décisions prises dans l'un et l'autre groupe que sera élu, par la suite et sur la proposition du professeur, un bureau de 6 élèves, 3 dans chaque groupe.)
 
Après le conseil du mardi 13 décembre (4 élèves sont partis avant la fin), Jean-Jacques et Martine sont mécontents. A midi, ils viennent m'apporter un projet de règlement (qui sera lu et adopté à la séance suivante) pour le déroulement du conseil.
 
 “ Règle pour le conseil de groupe :
- lever le doigt pour parler ;
- modérer les expressions (politesse),
- en cas de sortie du conseil, justifier l'attitude.
Pour les votes :
Un seul vote, mais après explications.
Abstentions acceptées.
 
Pratiquement, comment ça se passe tout au long de la semaine ?
 
Voici, en détails, une semaine parmi d'autres.
Le mardi matin (ou le vendredi matin) : 4 heures avec une demi-classe. A 8 h, quand j'arrive, des élèves sont en train de corriger une série d'exercices (le corrigé détaillé est “punaisé” sur deux tables latérales ; une correction collective est prévue pour certaines questions difficiles).
J'inscris au tableau vert : “LES MÉLANGES (2. partie : LES EAUX NATURELLES)”. C'est le thème du travail de la semaine ; il est extrait du plan de travail élaboré chaque trimestre par six élèves élus (le bureau), quelques redoublants et le professeur.
La plupart des élèves consultent les documents disponibles concernant les eaux naturelles ; ces documents ont été étalés au fond de la salle par un élève chargé de les ranger et de les distribuer : il y a là, en plusieurs exemplaires, une fiche de recherche sur l'eau de mer, une autre sur la distillation de l'eau de Vichy, une troisième proposant de comparer quant à leur pureté différentes eaux naturelles, des travaux d'élèves sur la pollution, des articles de revues, etc. J'ai, quant à moi, apporté un bidon d'eau de mer et plusieurs bouteilles d'eau minérale.
A 8 h 15, les travaux collectifs sont planifiés pour la séance (le plan est inscrit au tableau).
De 8 h 15 à 10 h 15 : recherche sur fiche (analyse de l'eau de mer).
De 10 h 15 à 11 h 15 : rédaction du T.P. collectif pour 4 élèves (les groupes sont formés par tirage au sort) ;
travaux personnels pour les autres (distillation de l'eau de Vichy, libre recherche, exercices, lecture, etc.).
De 11 h 15 à 11 h 40, un film : Les eaux souterraines.
De 11 h 40 à 11 h 45 : plan de la séance suivante (celle du jeudi pour le groupe 1, celle du samedi pour l'autre groupe).
De 11 h 45 à 11 h 55 : rangement des paillasses individuelles et de la salle de chimie ( chaque groupe a choisi une tâche précise : bibliothèque, réserve de matériel, affichage, etc.).
 
LES FICHES DE RECHERCHE
Les fiches de recherche élaborées petit à petit par les professeurs, permettent aux élèves d'édifier leur propre cours; chaque fiche comporte :
- un certain nombre de questions ;
- la description plus ou moins détaillée de manipulations à réaliser (dans le cas présent : décantation, filtration, distillation de l'eau de mer).
Chaque groupe peut disposer de plusieurs manuels scolaires, de documents divers et de tout le matériel dont il a besoin (deux responsables sont en outre chargés de réunir les listes de matériel non prévu, et destiné aux libres recherches ; ces listes sont ensuite remises aux préparateurs).
 
Le professeur est à l'entière disposition des élèves, mais il n'intervient qu'à leur demande ; parfois, il est complètement débordé, assailli de questions ; les préparateurs viennent volontiers conseiller les élèves sur tel ou tel aspect technique d'un montage, et leur aide est fort appréciée ; mais la plupart apprennent à se servir des documents, et à échanger entre eux des informations, des explications (cette communication horizontale, souvent plus efficace que l'explication magistrale, est souvent bloquée par notre propre discours).
CONTRE-PUBLICITÉ GRATUITE : avec ses 16 grammes par litre de sels minéraux, cette eau n'est pas potable au sens de la réglementation française !
 
De temps en temps, j'inscris sur un tableau latéral des compléments que chacun pourra exploiter à son gré ; ou bien je prépare une expérience ; des élèves viennent voir, terminent eux-mêmes le montage, en dessinent le schéma au tableau ; l'explication que j'ai pu donner à ceux-là circulera ensuite dans le groupe.
 
Le jeudi (ou le samedi) : 1 h toute la classe.
Le plan de la séance a été préparé par le groupe du mardi.
De 16 h 10 à 16 h 25 : lecture, assortie d'exemples, des objectifs comportementaux pour la prochaine évaluation (exemples : reconnaître, dans une liste de 10 mélanges, les mélanges hétérogènes; décanter 100 cm3 d'eau de mer).
De 16 h 25 à 16 h 40 : mise au point collective du dernier T.P. Chacun peut répondre aux questions posées par tel ou tel élève.
De 16 h 40 à 16 h 50 : résumé dicté (les mélanges).
De 16 h 50 à 16 h 55 : deux élèves viennent faire le point à propos du prochain voyage à Arques (il manque trois autorisations, lecture de la lettre envoyée au syndicat d'initiative d' Aire-sur-la-Lys pour l'envoi de prospectus).
Il y a encore les deux heures hebdomadaires de travail du verre : on y fabrique la plupart des objets courants nécessaires à la réalisation des expériences de chimie.
 
LA DÉMOCRATIE A LA PORTÉE DE LA MAIN
Samedi 15 octobre : élection des délégués de classe. Pas de volontaire. On vote quand même.
 
Maryline obtient 23 voix au premier tour ; elle accepte de représenter la classe.
Deuxième tour. Les élèves ayant obtenu des voix refusent d'être délégués (auraient-ils déjà une conception quelque peu timorée de leur participation au conseil de classe ?).
 
Le même jour : élection du bureau de la classe (un président, un secrétaire et un trésorier pour chaque groupe de T.P.).
 
Les six postes sont pourvus !
Plus récemment, il a fallu choisir un représentant de la classe (délégation chez le proviseur) : 6 candidats se présentent !
 
Bien sûr, le vote est aussi un moyen, pour les leaders, de vérifier leur popularité ; mais, quand il y a une bonne douzaine de leaders dans une classe, et qui acceptent de représenter leurs camarades pour les affaires qui les concernent de près, celles sur lesquelles ils ont pouvoir de décider, alors la démocratie à l'école ne devient-elle pas véritablement populaire ?
 
Premier bilan. . .
Pour ceux qui pensent, avec NEILL (ou avec FREINET), que “ce n'est pas l'éducateur qui éduque, mais le milieu”, n'est-il pas naturel de s'attacher à favoriser ce milieu (à prendre dans les deux sens du terme) plutôt que d'agir de manière autoritaire sur les élèves ?
On proposera alors des médiations (c'est-à-dire des outils de travail: fiches de recherche, liste d'objectifs précis, tests de connaissances et aussi de savoir-faire pas systématiquement notés !) et des institutions: le conseil, l'évaluation, les procédures de vote, etc.) plutôt qu'on ne donnera des ordres.
 
Et l'on ne sera pas étonné d'obtenir des résultats au moins aussi bons dans le domaine des connaissances, pour ne parler que du domaine qu'on sait plus ou moins bien évaluer actuellement. .
 
La comparaison des résultats au test de fin d'année pour les années 76 et 77 (pas de révisions préalables) montre que, si les moyennes sont à peu près identiques, les écarts par rapport à la moyenne sont plus faibles en 77 (pas de queue de classe ; et les connaissances sont mieux appliquées). Cette année, les élèves ont choisi de fractionner ce test en trois épreuves (après révisions) réparties tout au long du troisième trimestre, épreuves incluant aussi les savoir-faire.
 
Pourtant, la position n'est pas toujours confortable lorsqu'on ne centre plus la relation “éducative” sur ses problèmes (la conformité à ce qui se fait) et ses désirs de prof (moi, à leur place, je fais comme ça, alors tout le monde doit faire comme ça !) mais sur ceux des élèves, sur ceux du groupe.
 
Enfin, on reste agréablement surpris du sérieux de ces adolescents, de leur capacité à trouver des solutions viables, parfois originales, et dans lesquelles ils s'impliquent fortement parce qu'elles deviennent alors leur affaire, leur norme à eux (les conseils, le T .P. col­lectif, les voyages,         etc.). Et il est rassurant de constater que toutes les décisions que j'ai voulu plus ou moins imposer (on ne perd pas ses anciennes habitudes du jour au lendemain !), et dont la nécessité n'a pas( été ressentie par le groupe (dans le cadre où il fonctionne actuellement) sont rapidement tombées en désuétude (le plan de travail individuel par exemple).
 
Est-ce significatif ? La majorité des élèves ne souhaite pas revenir aux leçons de chimie traditionnelles, et ce malgré la part d'insécurité liée à l'initiative personnelle.
 
Ne pas éluder, avant de conclure, quelques questions délicates. Les résultats (mais de quels résultats s'agit-il ?) ne sont-ils pas minimes compte tenu de l'énergie dépensée (les premières années du moins, et ce, malgré le travail d'équipe - avec Robert DECA T - pour la mise au point des documents de travail) ? Faut-il enseigner plutôt des connaissances ou plutôt des méthodes de travail ? Est-il réaliste de dérouter les élèves dans une seule discipline et pour une seule année ? Et dans une classe dédoublée quatre heures d'affilée ? (Facile, non ?)
Bernard DENIS