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Dossier : Démarrer en Pédagogie Freinet : en biologie

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Avril 1980
EN BIOLOGIE
avec de nouveaux élèves de sixième
 
Le premier jour, les premiers cours, beaucoup de choses se passent ; c'est l'occasion d'échanger avec les élèves, de sonder leurs désirs, de se présenter, de présenter ses méthodes.
 
Et si on faisait les présentations ?
Une présentation orale, bien sûr, sans la demi-feuille où les élèves notent habituellement pour chaque prof les renseignements généraux demandés.
“Moi, je m'appelle Marie Sauvageot, j'ai deux fils etc.” Un à un, dans l'ordre qu'ils choisissent, ils présentent leurs parents, certains en disant leurs prénoms ; d'autres disent le métier du père et de la mère et s'aperçoivent qu'ils ne savent pas en quoi consiste exactement le métier de leurs parents. Ils ne sont jamais allés sur le lieu de travail et n'en parlent pas avec eux. D'après la date de naissance, je demande quelle classe a été redoublée et pourquoi ; et l'on rit beaucoup car les motifs de redoublement, présentés par les enfants, dépassent l'imagination. Et puis, viennent les frères et sceurs et la situation de chacun dans la famille : aîné, fils unique, petit dernier, cadet... les avantages et les inconvénients de chaque place. La classe de l'an dernier ? Je viens de chez M. G. et de rire, et de rire...
Et tous ceux qui connaissent le maître en question, de rire, et de rire encore.
Ce collègue de C.M.2 assurait sa dernière année de service dans une léthargie digne des marmottes, même que, lorsqu'il s'endormait en classe, son crayon traçait un grand trait sur la copie, poussé qu'il était par le poids du corps s'affaissant sur le bureau. De bons souvenirs pour ses élèves !
 
As-tu des animaux chez toi ?
Suit alors la description de toute une ménagerie, sans oublier les animaux morts l'an passé, ni les préférences alimentaires de tel chien, les ennuis de dents de tel lapin etc. Je suis obligée de limiter les histoires, car ils sont intarissables.
 
Qui serait d'accord pour prêter à la classe pendant un trimestre, par exemple : son lapin, son cobaye, sa tourterelle ou sa tortue?
On dresse alors la liste des animaux que le groupe-classe aura à sa charge. Il faut envisager sa nourriture, le nettoyage de sa cage, sa garde pendant les vacances. Les responsabilités sont prises et un tableau de garde est fixé au mur où les futurs hôtes pourront s'inscrire. Selon la richesse des élevages prêtés, on envisage ensuite d'installer d'autres élevages : si les élèves ne peuvent prêter que des mammifères, on cherche où trouver poissons ou tourterelles. Un cahier d'élevage pour noter leurs observations est proposé.
 
Aimeriez-vous faire des sorties ?
Je peux vous en proposer une par trimestre.
Suit alors un début d'organisation de ces ballades qui nous fait parler d'assurance scolaire, de l'emploi du temps pour déterminer la demi-journée de la sortie, celle où l'heure et demie hebdomadaire de biologie, se trouve. Je note quels collègues seront dérangés, donc à prévenir. Le plus souvent nous décidons de partir tout de suite après le dernier cours du matin, vers midi et de manger ensemble dehors, ou, si la ballade a lieu le matin, de ne rentrer au collège que pour les cours de l'après-midi. Pour cela, les demi-pensionnaires qui veulent le repas froid auquel ils ont droit, se font connaître, pour que l'on puisse prévenir l'Intendant.
Le cadre étant défini, nous choisissons, d'après mes propositions et les leurs, le lieu et le but de la sortie. C'est souvent une sortie botanique qui est retenue au premier trimestre, car il fait encore beau, et une visite d'élevage au second trimestre comme la pisciculture de Velars. Ces sorties de début d'année, nous permettent de nous voir en dehors du collège, de la salle, de l'emploi du temps. Elles donnent l'occasion de parler d'un tas de choses, de se faire des confidences, de se découvrir. Enfin elles donnent le signal du départ de notre travail en classe, à partir de la vie et de ses réalités. Dans biologie, il y a Vie! et, dans sciences naturelles, nature...
 
Aimeriez-vous correspondre avec une autre classe ?
C'est malheureusement une proposition que je ne fais pas à toutes mes classes : j'en ai 12 ! 250 élèves environ par semaine et j'évite les maisons de repos le plus possible.
Mais tous les ans, je renouvelle cette proposition au moins à une classe. Cette année, c'est la 6e A qui correspond avec une classe de St-Ouentin, d'élève à élève et aussi de classe à classe, et pas seulement en biologie car je travaille en interdisciplinarité avec des collègues de mon collège, de français, sciences humaines et E.P.S. et avec l'équipe de collègues de St-Ouentin qui s'occupent de la classe correspondante. Depuis trois ans, nous mettons sur pied un voyage à Paris où les deux classes convergent et, une année sur deux, un voyage à Marsannay - l'autre année, un voyage à St-Ouentin.
En dessous de14 ans, la S.N.C.F. fait 75 % de réduction et le logement chez l'habitant ne coûte rien ; et puis la caisse de solidarité nous aide un peu.
 
Qu'allons-nous étudier cette année ?
Suit une description rapide du programme qui laisse beaucoup de possibilités, pour peu qu'on étudie les vertébrés et les plantes à fleurs.
Je précise que la reproduction des mammifères, donc celle de l'homme, est au programme et que les questions concernant ce qu'ils appellent “l'éducation sexuelle” peuvent faire l'objet d'une recherche.
Vous allez maintenant choisir votre sujet de recherche
- A partir des élevages dont nous avons parlé ou d'autres que vous proposerez,
- A partir des cultures que nous pouvons réaliser,
- A partir de la sortie envisagée,
- A partir de votre curiosité, de votre intérêt personnel.
Pour les aider, je distribue le livre de biologie 6e de Cedis-Belin qui propose de nombreux et intéressants thèmes de recherche.
Certains sujets seront abandonnés ou repoussés dans le temps : à cause d'un manque de documents, exemple : les baleines, à cause d'une trop grande complexité en début d'année, à cause de la saison : exemple : pas de têtards en septembre.
 
Quelle méthode de travail choisissons-nous ?
Travaillons-nous tous ensemble ou par petits groupes dès le début ?
Ou bien tous ensemble pour les premières recherches et ensuite seulement par petits groupes ?
C'est la seconde solution qui permet sans trop de difficultés le passage d'un C.M.2 (où, le plus souvent, ils ne manipulaient presque pas, copiaient un résumé appris au tableau et l'apprenaient par coour) à un travail de groupe autonome.
Le contrat de travail est difficile d'accès dès le début de la sixième et je le réserve pour le second trimestre - mais cela peut varier selon les classes - quand les élèves ont vaincu leurs difficultés d'adaptation et pris l'habitude de travailler autrement.
Le sujet et la méthode une fois choisis, il ne nous reste plus qu'à nous mettre au travail, ce que nous faisons en général au cours de la troisième séance, car il reste à régler auparavant quelques problèmes comme la liste du matériel nécessaire : crayon, chiffon, classeur... Il faut expliquer également pourquoi le collège ne leur a pas confié un livre à chacun pour l'année, comme dans les autres disciplines ; ma collègue et moi avons préféré acheter trois collections différentes qui restent au laboratoire et sont utilisées et distribuées selon les besoins. Je propose aussi d'apporter des fleurs pour que la classe soit plus gaie. Je présente les panneaux vides qui couvrent les murs en ce début d'année ; j'explique la raison de leur présence et de leur état.
Nous situons ensemble le jardin et le petit bassin qui bordent les salles de biologie, le laboratoire. Nous faisons plus ample connaissance avec les lieux et leurs possibilités.
 
La prise de contact peut paraître longue, je crois que ce n'est pas du temps perdu, ne serait-ce que parce qu'elle nous sécurise, les élèves et moi.
Marie SAUVAGEOT