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Sculptures en bois flottés Pourquoi ? Comment ?

Mai 2002
détournement

 

 

CREATIONS N°102
Publication mai juin 2002
Classe maternelle d’Ance en Barétous (Pyrénées Atlantiques) - Enseignante: Renée Viudès.

 

Sculptures en bois flottés
Pourquoi ? Comment ?

 

Pourquoi cette expo plastique ?
C’était pour accompagner un concert “ classes chantantes ” qui regroupait cinq écoles de la circonscription d’Oloron-Sainte-Marie (64).

Un thème commun, celui des chansons, les animaux.

Très vite, je sens monter une sorte d’émulation entre les écoles. Mon angoisse grandit.

 


 

Très vite aussi, je sens que ce projet auquel j’ai du adhérer, parce que les autres classes du R.P.I souhaitaient très fort y participer, me pousse à faire rentrer les enfants dans la représentation du réel (photographies ou dessins du réel). Cela provoque en moi un malaise grandissant. J’ai l’impression de poignarder leur imaginaire, et leur créativité.

De plus, j’ai tellement le nez dans le projet, que ma propre créativité, mon propre imaginaire s’en trouve sclérosé.

Leurs peintures sont raides, figées. Ce travail ne leur apporte rien (seul point positif : la lecture documentaire). Ils font parce que les "instits" ont dit et qu’ils aiment bien la maîtresse.

Le temps me manque pour faire évoluer le projet.

Et puis, … un jour ! …

En se promenant au bord du gave, Noë, 6 ans, m’interpelle :
“ T’as vu, maîtresse, on dirait un écureuil. ”

Il avait dans les mains un morceau de bois flotté, que l’eau et les galets du gave avaient “travaillé”.

Tous les enfants, enthousiastes, accourent, commentent, et se dissipent bientôt sur la berge.

 

 

 


Moi, je reste là, soulagée : les enfants se sont approprié le projet. Je n’y suis pas pour grand chose.

Antoine, 5 ans, brandit une planche à moitié consumée par le feu :
“ T’as vu, j’ai trouvé une baleine. ”

Simon, 4 ans, tient un crocodile, avec une joie non dissimulée.

Emergent un chameau, une girafe, …

Vite, on rentre, on frotte, on nettoie, on cire, on brique les têtes d’animaux. On imagine comment les présenter et les mettre en valeur pour l’exposition.

 

 

 

 

 

 

 

 

Et puis, un autre jour, …

Marie arrive en classe, tenant fièrement une branche au bout de laquelle se tient “son” toucan. Marie avait trouvé ce bois dans son jardin, avait peint le toucan qu’elle avait “vu” à une extrémité.

Alors là, le projet rebondi ; c’était reparti: certains ont eu envie de peindre la tête de “leur animal”.

Et puis un autre autre jour, …


C’était trois, quatre jours avant la sortie. Un pique-nique au bord du gave. Les enfants explorent la berge, cette fois-ci leur attention s’est portée sur les galets. Sont apparus: chiens, poissons, monstres, cabanes,…

L’expo était passée, mais par ce projet, les enfants se sont permis de regarder le monde avec des yeux ouverts sur leur imaginaire.

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