Raccourci vers le contenu principal de la page

Une expérience pour une approche du milieu en 6°

Dans :  Techniques pédagogiques › Techniques pédagogiques › 
Juin 1979
UNE EXPERIENCE POUR UNE APPROCHE DU MILIEU EN 6e
 
Suite au stage de Laroquebrou en septembre 78 où nous avions tenté une approche sensible de la ville, j'ai essayé d'amorcer la même démarche avec deux classes de 6e à Autun.
 
 

Conditions matérielles :

- Une classe de 29 élèves.
- Une classe de 24 élèves.
Toutes deux bénéficiant d'un regroupement de deux heures sur leur horaire d'histoire-géo. Certains habitent Autun, d'autres la campagne environnante.
 
 

Préliminaires :

J'expose rapidement ce que je compte faire avec eux : partir dans la ville sans itinéraire précis, nous promener en ouvrant bien grands les yeux, les oreilles, les narines, afin de revenir avec le maximum de sensations. Dans la discussion très vite est émise l'idée de monter au clocher de la cathédrale.
 
 

Déroulement :

La classe s'ébranle, je suis derrière ; à peine sortis de la cour, une question : par où va-t-on ? A ce moment là, pour tous il s'agit d'aller à la cathédrale.
1) L'itinéraire : avec la première classe j'interviens pour ne pas partir dans la direction la plus rapide ; avec la deuxième, je ne dis rien : le résultat est le même : c'est une marche forcée vers le clocher. J'essaye de traîner en fin du groupe, rien y fait. Alors les sons, les couleurs, les odeurs... ! Si, quand même, nous n'avons pas pû rester indifférents à l'odeur du pain en passant devant le soupirail d'une boulangerie, mais combien ont remarqué que c'était le seul magasin de la rue ?
2) Du haut du clocher : on essaye de se repérer :
- Le premier plan est illisible, on ne voit que des toits, aucune rue ne se dessine, impossible de reconnaître les bâtiments que certains ont l'habitude de longer. On en découvre d'autres inconnus : l'ancienne prison, par exemple, on doit bien connaître son mur d'enceinte...
- par contre pour la Z.U.P., le plan d'eau, pas de problème : c'est clair, c'est net : on s'y retrouve. Tiens les charolais sont tout près de la ville !
3) Le retour : pour rejoindre le collège la motivation n'est plus la même ; le but-clocher ayant été atteint, on envisage un autre itinéraire et on n'est pas pressé de rentrer ; aucune concertation est nécessaire, c'est le centre ville, les vitrines, l'espace connu de tous et attractif.
4) Au retour, chacun, sur un plan généreusement distribué par le syndicat d'initiative trace l'itinéraire suivi ; pour certains, pas de problème : les lieux leur sont très familiers, ils maîtrisent leur espace et sa projection sur un plan leur est accessible, il serait intéressant de savoir si l'inverse est possible à cet âge : prendre connaissance du plan d'une ville inconnue pour pouvoir en maîtriser les lieux. Pour d'autres, des erreurs d'évaluation de distances, d'orientation ; pas simplement pour ceux des villages, mais aussi pour certains d'Autun qui ne connaissent que leur quartier. (Notons au passage le pouvoir que s'approprient ceux qui connaissent un espace).
Mise en commun des impressions relevées au passage (il y en a quand même eu ! ) : très vite il apparaît que ce sont ceux qui connaissent le mieux les lieux qui ont été les plus sensibles à ce qui les entourait : ça peut paraître évident, évidentes les remarques faites sur la forme d'une maison, sur un détail permanent, que l'on voit tous les jours, moins évidentes les sensations fugitives. Pourquoi les habitués aux lieux ont-ils été plus réceptifs ? Faut-il un bain préalable ou penser que les autres étaient trop pris par l'inconnu, l'inhabituel pour être ouverts à autre chose ? Quelle est la capacité d'appréhension des faits d'un enfant de onze ans ? Faut-il faire valoir une non-formation ou une déformation d'ordre socio-culturelle ? etc.
 
 

Exploitation :

Lors de notre mise en commun plusieurs thèmes s'étaient dégagés : on a rencontré des mères allant au marché, des jardiniers sur les ronds-points, le camion des poubelles, on est passé devant le cinéma, un club sportif... Sur mon initiative, un travail de groupes se met en place. Il ne s'agit pas de réaliser une monographie sur Autun ; mais d'en cerner les principales caractéristiques :
- Autun, ville à l'écart des grands axes de circulation.
- Autun, centre de commerce pour la région. Chalon est à 50 km.
- Son capital touristique.
- Ses activités socio-culturelles : à part le sport il n'y a pas grand chose.
Toutes ces constatations ont été faites lors de la mise en commun, je ne suis pas intervenue dans le choix des sujets : le hasard (?) a bien fait les choses...
Ces recherches ont été effectuées en petits groupes allant enquêter sur place (voir la circulaire du 31-12-68 parue au B.O. du 9-01-69). L'exploitation des thèmes aurait pu donner lieu à une étude plus approfondie des circuits commerciaux en France, ou du système agricole, ou de la façon d'habiter etc.
Deux raisons m'en ont dissuadée :
- Un phénomène de saturation chez les élèves.
- Une étude plus approfondie sur ces thèmes faisait appel à trop de notions inconnues. Or dans le cours de l'année nous aurons l'occasion de retrouver ces thèmes dans des cadres différents : les relations de l'homme avec son milieu dans l'histoire, dans d'autres sociétés, dans d'autres milieux climatiques; (Autun pourra nous servir de référence). Ces différentes approches seront autant d'exemples nous permettant de mieux comprendre les mécanismes, d'ébaucher une réflexion sur les systèmes économiques, leur dépendance, leur interaction etc. C'est-à-dire passer de la grande échelle à la petite échelle.
Marie-France PUTHOD