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La nature, les formes, les couleurs

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Novembre 2001
  CréAtions n° 99 - Paysages - en novembre-décembre 2001 (Editions PEMF)
Ecole Maternelle Baumann, La Roche sur Yon
Enseignantes: Viviane Renaud, Lise Marie Ratier, Mariannick Toublac, Mathilde Mage - Intervenante: Francine Guiet

 

La nature, les formes, les couleurs

 
Les enfants de l’école maternelle Baumann ont participé l’an passé à des sorties ‘’nature’’ avec l’aide d’une intervention extérieure : celle d’une association de découverte de l’environnement, ‘’la Citadelle‘’. Ils ont découvert la vie (dans la haie et dans la mare).
Cette année, l’équipe enseignante a souhaité continuer la découverte de la nature, mais sous un autre aspect : la nature sous l’angle artistique.
Déjà dans l’école, les enfants sont au contact d’œuvres d’artistes. Nous accueillons régulièrement des expositions. L’an dernier, nous avons reçu une exposition de l’artothèque de la Roche sur Yon ‘’L’empreinte’’, avec des oeuvre de Francis Hungler, Arman, Claude Viallat, François Morellet.

Ainsi, un projet s’est mis en place avec Francine Guiet, artiste responsable de l’atelier « Ma Gomme ». Il concerne toutes les classes de l’école maternelle. Mais l’artiste intervient surtout auprès des enfants de moyennes et grandes sections. Le projet se réalise avec deux partenaires principaux : l’Amicale laïque du bourg, partenaire financier et l’atelier « Ma Gomme », partenaire culturel.
Voici le projet de départ élaboré avec l’artiste :
‘’Nous organiserons des promenades sensorielles où nous prendrons le temps d’observer, de récolter les ‘’ingrédients’’ nécessaires pour dessiner sur le motif et pour réaliser des objets artistiques. Les enfants pourront assimiler les découvertes, se les approprier, en constatant des variations de formes, de couleurs et d’odeur selon les saisons.
L’accent sera mis sur la création à partir d’éléments naturels. De nombreux artistes ont utilisé la nature tant comme motif que comme matériau.
A chaque promenade, nous insisterons sur les éléments à récolter pour orienter les regards. Certains rapporteront des feuilles vertes, d’autres des branches tordues, d’autres des branches droites. Ces éléments seront mis en scène au cours des ateliers. Nous aborderons également les signes, les traces.’’

‘’On a pris des feuilles. On les a collées. Et puis on dessiné autour.
C’est surtout dessiner qui est dur’’
Chloé.

Francine Guiet est intervenue lors de séances de trois quarts dheure, s’adressant à des groupes d’environ 17 enfants. Pour permettre à tous les grands et les moyens de participer, quatre groupes ont été constitués. On a compté, au total trente heures  d’intervention sur l’année.
Tout au long de ce projet la communication a eu sa place. Elle a été importante entre les enfants, entre les petits et les grands, entre les divers groupes. Des comptes-rendus ont été faits dans le journal d’école, dans le journal de quartier, à la radio. Une exposition des oeuvres réalisées a eu lieu en fin d’année. Un reportage photo expliquait les étapes de l’action.
 
Le rythme des saisons
Ce sont les saisons qui ont rythmé le travail des enfants : l’automne, l’hivers, le printemps.
 
A l’automne
Les enfants ont effectué des sorties afin d’observer la nature, d’en respirer les parfums, de récolter feuilles colorées et branches de différentes formes, de différentes tailles. L’objectif était de développer, chez eux, la concentration, l’observation, la coordination oculo-manuelle, la maîtrise du geste graphique. Pour cela, Francine a proposé des situations :
-On se met par deux et on dessine la silhouette du camarade qui est en face, sans regarder sa feuille.
-Un meneur dessine, en l’air un chemin avec le doigt. On dessine ce chemin en regardant le doigt du meneur. Ce dernier peut accompagner son geste de mots : ‘’Je descends vite, je tourne ...’’
-Chacun choisit trois jolies feuilles, les colle sur un support (papier épais). On dessine à la craie grasse le contour de chaque feuille. On encadre chaque motif (feuille réelle ou dessinée) et on colorie le fond de la feuille en choisissant des couleurs s’harmonisant avec les couleurs des feuilles d’automne. ‘’On a dessiné le contour des feuilles sans regarder notre main. C’était difficile.’’
-On pose sur une page colorée des feuilles d’automne, puis sur celle-ci une page blanche. Par frottement des craies grasses sur ces trois épaisseurs, on réalise les empreintes des feuilles d’arbres.
En hiver
Les enfants ont observé les lignes des arbres de la cour. Sur des blocs de papier, ils ont dessiné les arbres au crayon de bois.
Lors de sorties, ils ont collecté des branches qu’ils ont triées selon leurs tailles, leurs formes. Ils ont ensuite fait diverses expériences plastiques :
-Sur un fond coloré aux encres, ils ont imprimé, de façon unique ou en série, une branche choisie qui a été trempée dans la peinture noire.
-Ils ont choisi une branche pour sa forme et l’ont cousu avec du raphia sur une page blanche. Ils ont prolongé les ramifications ou départs de branches avec des craies de couleurs, de l’encre noire.
-Ils ont fixé une branche sur une feuille, en ont dessiné le contour. Avec des éponges et des peintures ‘’ couleur de branches’’, ils ont fait un fond.
-Sur des fonds peints aux couleurs d’hiver (bleus, gris) avec des éponges, des pinceaux, des rouleaux, ils ont peint en noir la silhouette d’un arbre.

-Ils ont imprimé des branches sur des plaques de terre rouge ou blanche (12 cm de côté, 1 cm d’épaisseur). Avec de la cire d’abeille et des pigments, ils les ont cirées plusieurs fois pour les patiner.

-Ils ont formé des petits cubes de terre (4 ou 5 par enfants), piqué dans ces cubes des branches choisies pour leur forme. Après le séchage, ils ont dessiné au feutre ou à l’encre noire un signe sur une face du cube. Avec tous ces cubes surmontés de branches ils ont reconstitué une forêt .
Les enfants ont ainsi créé leur forêt de signes.

Au printemps

Du pigment (oxyde de fer d’une grotte), on en prend au creux de sa main. On le sent, on le touche. C’est granuleux. On frotte ses mains. On en pose sur une feuille blanche. On frotte partout. Puis on froisse la feuille. On a la surprise de voir apparaître des reliefs. Avec le doigt, on repère les aspérités, les plis. Avec un coton tige imprimé d’encre de Chine, on fait ressortir ces arêtes. Les travaux réalisés sont mis en valeur dans des cadres de carton ondulé.
 
‘’La couleur, c’est le pigment. Sans pigment, c’est pas marrant’’ dit Francine.
 
Sur du papier glacé, on frotte. avec des craies. On saupoudre des pigments ocre. On frotte. On y découpe des troncs, quelques branches. Sur une autre feuille, on frotte avec des craies aux tons de vert. On y découpe des formes. On reconstitue un feuillage de printemps. Dans les chutes, on découpe des lettres.
 
‘’C’est l’alphabet des arbres, explique Bastien, là, c’est un J’’
 
 
Dans la nature, sur le chemin de la Rialée, on réalise des oeuvres. éphémères. Des photos sont prises. pour la mémoire. Sur le chemin, on s’imprègne des ambiances sonores ou visuelles. On collecte des cailloux. On les dispose sur le chemin en carrés, en cercles, en triangles. On les laisse sur les chemins.
 

‘’Avec les cailloux, on a dessiné des formes géométriques : des triangles, des ronds, des carrés, des petits, des grands. On a bouché les formes avec d’autres petits cailloux. On espère qu’elles sont restées longtemps.’’
 

Et Francine Guiet écrit :
‘’Aller en balade avec des enfants
C’est banal
Pourtant rien n’est plus exaltant
Que de voir les enfants
 
Se promener
Le nez en l’air
Palpitant sous l’odeur douce
Des fleurs de l’acacia
 
Se pencher
Pour retrouver
Les cailloux du Petit Poucet
Et les disposer en formes variées
Les laisser là, posés sur le chemin
 
Tapis Tapis gris
Prendre la laine et tisser un écheveau coloré entre les arbres câlins, frémissant sous la tension douce de ces drôles de toiles
Sentir la caresse du vent accompagner le geste concentré de l’enfant déroulant sa pelote
Et parfois en approchant son oreille prés de la peau rugueuse des arbres parfois douce de mousse
On peut les entendre nous murmurer des secrets pour nous éveiller
Au langage
Des oiseaux, du parfum des fleurs, des remous du vent, des formes enchantées dans les buissons
Et c’est un langage
Que nous aimons apprendre.’’
On s’enfonce dans les sous bois. Et, en s’inspirant du travail de Rautenstrauch, on élabore entre les arbres une grande toile d’araignée avec de la laine de couleur.. On joue avec. On passe dessus, dessous.
 
‘’On a fait une toile d’araignée, avec des fils. On a ramassé de l’herbe pour la décorer. Et, après, on a joué aux araignées’’ Solène.
 
 

 
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