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Afrique toute!

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Février 2003

 

 

CréAtions 105-  Résonances - publié en janvier-février 2003

Classe de CE1, Ecole Frédéric Mireur, Draguignan (Var) - Enseignante : Geneviève Chague - Artiste-intervenante : Odile Guinand

 

Afrique toute!

 

Le point de vue de l’enseignante

Cette aventure africaine est née de la rencontre des enfants du CE1 de l’école Mireur avec l’artiste Odile Guinand, sollicitée pour mener une action pédagogique dans le cadre des classes à P.A.C. (projet artistique et culturel).

Le projet de la classe s’intitulait : Le livre-objet
Cet objectif est resté en point de mire de toutes les approches mises en place tout au long de l’année, qu’il s’agisse d’approches techniques, culturelles ou artistiques.

Les enfants ont donc visité l’Afrique, et notamment le Mali, durant plusieurs mois. Ils ont parcouru la savane, approché éléphants, tigres et gazelles, se sont promenés entre les cases des villages, se sont glissés au milieu des écoliers africains, ont dansé sur les battements des djembés et des tam-tams.

Ils ont appris, écouté, vu, recherché, lu, dessiné, écrit, gravé. Ils ont touché, manipulé, broyé, pilé, teint, découpé, mélangé, peint, collé, décoré, tamisé.

Pour entrer en classe, ils passaient chaque jour par notre petit bout d’Afrique, entre statuettes et colliers, bogolans et sculptures, livres et tuniques africaines.


Les enfants ont lu la terre africaine, terre rouge du Mali ou argile noire des “ mares sacrées ” du pays dogon, ont appris l’indigo et les feuilles de galama, ont rêvé les branches du baobab à travers la profusion de matériaux que leur a si généreusement dispensé Odile Guinand.

Il y a eu les récits, les contes, les photos, les diapositives, les cassettes vidéo.
Il y a eu les livres, les magazines, les dictionnaires et les encyclopédies.
Il y a eu la géographie et l’histoire... celle de l’humanité :
Mais, tu sais, Papa, ils sont comme nous. ” 
Mathilde

De cette connaissance et reconnaissance de l’autre est né L’autre rive.

 La gestation de ce livre a duré plusieurs mois, pendant lesquels les enfants ont vécu une autre aventure, parallèle, celle de l’écriture, de l’invention : jubilation de créer des personnages et de les faire aller de-ci, de-là, au gré de leur propre désir. Ils sont entrés dans la syntaxe, le vocabulaire et la conjugaison au gré des aventures de leurs petits héros.

Une incursion dans l’écriture et l’imaginaire qui s’est matérialisée dans un travail théâtral conduit par Jeannette Go. Sa patience et son savoir-faire auront permis aux enfants de boucler ce voyage d’une année, dont voici quelques traces.

 

 Le point de vue de l'artiste

Mon intervention et le travail de l’enseignante ont été complémentaires et interactifs tout au long de l’atelier. J’étais présente pour soutenir l’élève dans la réalisation technique des différentes phases de création et mettre mon expérience au service de chacun et du projet dans sa globalité.

Il a été décidé de ne pas approfondir mon travail mais plutôt de transmettre les techniques artisanales maliennes qui m’ont été enseignées sur place et de ne pas faire entrer les enfants dans une démarche personnelle d’artistes.

Au cours de ces séances d’atelier, nous avons utilisé des matériaux de la vie quotidienne des africains : poudre de baobab – pigments tirés de la terre et du sable du Mali – indigo – feuilles de n’galama – guana mal odorant macéré dans l’argile – peau de mouton – citron décomposé et métal rouillé dans l’eau...

Tout en manipulant ces matières insolites, les enfants ont spontanément entamé des dialogues inattendus sur leurs propres modes de vie : lorsque nous avons travaillé la peau de mouton, les enfants de culture musulmane ont été questionnés sur leurs pratiques religieuses ; quand nous avons pilé et tamisé la terre pour en tirer des pigments, une petite fille s’est ouverte sur ses origines ivoiriennes... Les mauvaises odeurs de la terre et du citron macérés après avoir provoqué dégoût et répulsion ont été complètement annihilées par la force de l’acte créateur. Le constat de ce changement a été fait avec eux et un élève a dit : “ mais oui, maintenant ça sent la pizza !

Tout au long de ces moments privilégiés, les enfants ont affiné leur perception de l’inconnu, ils ont pris conscience de leurs différences au sein même de la classe et se sont approprié des techniques chargées de rituels ancestraux pour créer leur propre symbolique. Ils se sont ouverts à un autre univers. 

 ailleurs, couleurs, papier, livre

sommaire n°  105 Résonances  

 

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