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Organisation de la classe - animations Danièle et Marcel Thorel

Dans :  

28 présents

Tous niveaux, 3x2h, atelier coopératif sur l’organisation de la classe.
Indispensable dans un stage.

On va partir d’une journée type.
L’organisation de la classe doit être au service de 3 choses :
- De l’expression
- De la communication
- Du tâtonnement expérimental
On la considèrera sous 3 angles : pédagogique, politique, éthique.
L’objectif de la pédagogie Freinet est l’émancipation, ce que Freinet appelait la puissance de vie.

On va prendre une journée type d’une classe Freinet déjà entraînée et ensuite on verra comment démarrer ailleurs ; Freinet lui-même disait qu’il faisait du Freinet à 70%.

Le problème dans l’organisation de la classe c’est le maître.

1. L’entretien du matin : 30 mn
(dans le secondaire, c’est le prof qui a les élèves en 1er qui le fait)
Passage entre « le dehors » et le « dans l’école », pour faire entrer la vie dans la classe, pour faire la transition entre la vie du quartier, de la famille et la vie de la classe.

Comment s’organiser ?
Tout d’abord la qualité de l’écoute du maître.
Que fait-on de l’événement ? Exemple, « je suis allé voir un match de foot, Lille a battu Marseille 2 à 0, il y avait 30000 spectateurs, j’ai le ticket. »
Est-ce que c’est intéressant ? Est-ce que ce n’est pas une discussion, un bavardage de café du coin ?
L’entretien du matin a une dimension politique : pourquoi ?
Dans les familles un peu précaires, on est dans l’immédiateté ; l’école doit lui permettre de se projeter ; ce qu’a fait l’enfant qui présente son billet, qui s’est projeté la veille, qui prend du recul.
Nous prenos ce qui se passe et allons l’intégrer à la vie de la classe.
On peut avoir un tableau pour s’inscrire en arrivant (5/jour), c’est sérieux, ce n’est pas un caprice.

 

 

 

 

 

 

 

A partir de là, recherche possible, à partir d’une problématique dégagée de l’événement.
Tout est consigné dans le journal de classe que chaque enfant aura.
Le temps est limité à 3mn/enfant avec un sablier. On donne une heure limite.
Ça ne veut pas dire qu’on va sauter sur tous les événements.
Pour ceux qui démarrent : on ne dit pas aux enfants que l’on met en place l’entretien, mais proposer à un enfant qui vous parle d’un événement dans le couloir d’en parler aux autres. Et ainsi de suite, le lendemain.
Quelquefois, on doit veiller pour que la vie privée ne s’expose pas sur la place publique, ou que certains enfants n’utilisent pas l’entretien comme le journal de TF1 (foire aux faits divers pour se faire mousser).
Et celui qui ne parle jamais à l’entretien ? Ce n’est pas grave si on constate qu’il s’exprime ailleurs sous une autre forme.

Exemple de Laurie : Marcel lance un débat « Pourquoi on aime bien une chanteuse ? »
Lors du débat, une gamine a répondu « Parce que je voudrais bien être comme elle quand je serai grande. » : problème de l’identification.

Exemple de « la mémé qui s’est cassé une jambe et l’ambulance est venue » : le maître en questionnant l’enfant, fera émerger ce qui l’intéresse : la peur pour sa mamie, le gyrophare, les pompiers,…

Donc un événement peut provoquer un débat qui sera inscrit dans l’emploi du temps (au tableau) : lors de la réunion de coopérative, qui fera le bilan de la semaine et organisera la suivante. On peut avoir un panneau projet.

L’entretien n’est pas forcément le matin.

Evidemment intérêt pour l’expression orale.
On accueille toute la complexité du monde et la vision que les enfants en ont.
C’est une activité coopérative.
On va « travailler l’oral » en reprenant les erreurs de l’enfant pour qu’il arrive à exprimer sa pensée.
La position de l’enseignant doit être active pour susciter le bon dialogue, tout en restant sensible à ce qu’est l’enfant.
Le but de tout ça c’est de dégager des concepts (économique, philosophique, maths, …)
Pour y arriver, c’est un travail de formation, il faut s’entraîner en groupe, ce n’est pas du talent.
On se met dans les pas des enfants.
On peut laisser une trace dans un journal, un cahier de vie ou pas.
Mais il faut se dire que la conservation garde la trace de la construction du groupe.
L’appareil photo numérique est un outil précieux, il peut y avoir un responsable de jour.

Attention à ne pas être dans l’automatisme de vouloir tout exploiter.
Quelle disposition de classe ?
Il faut être vu des autres et que les enfants puissent se déplacer.

circuit de circulation

 

2 autres conditions : apprendre à se déplacer et à chuchoter.
Mais il faut dire que le chuchotement entre dans un projet global.

On chuchote, même si pour la gorge c’est mieux de parler tout bas ; auquel cas, on se tait.
Les tables sont face à face et perpendiculaires au tableau : pour permettre de se voir le plus entre élèves. Et quand on fait une réunion de coop, on est en carré.
Mais il faut préciser que le tableau est peu utilisé pour la copie.
En cycle 2, on prévoit un coin regroupement devant le tableau.

2. Le temps est divisé pour moitié en temps individuel et temps collectif.
Le travail individualisé est prévu pour une semaine (ou deux dans le secondaire)
Le contrat de travail fait par le maître est dans une couleur.
Celui qui n’a pas fini son contrat doit s’expliquer. Ce sont des négociations (mais il y a des choses non négociables). L’enfant inscrit dans son plan ce qu’il prévoit de faire (avec un rond par exemple) et met une croix quand c’est fait. Chez les petits, on utilise des symboles.
Ça peut être des fiches avec des n°, des travaux de texte, de création, de recherche, des ateliers.
Chez Marcel, le T.I. (travail individualisé) durait de 9h à 10h, mais à 9h45 micro- présentation : lecture de textes libres présentables, ….
2 jours par semaine, il était disponible pour les maths, 2 autres pour l’écrit.
Il faut qu’ils puissent faire des choses qu’ils savent faire : exerces, recopie, texte libre…
(dans le secondaire : sur 4 h de cours, 2h consacrées au T.I.)

Le matin : seulement maths et français.

Il faut que la classe soit bien rangée pour que l’enfant trouve ce dont il a besoin.
Chez les petits, on peut commencer avec 2 ou 3 choses à faire, mettre dans la boîte à corriger, aller chercher sa fiche, aller chercher une gomme.
C’est l’accumulation de petits détails matériels qui fait la différence 9 fois sur 10.
C’est la conquête de la dignité.

Il y en a qui recopient la correction : c’est pour ça qu’il faut avoir des fiches intermédiaires sans correction (tests).
Les fiches sont répétitives pour que ça marche.
Si un enfant va vite, il passe au niveau d’après.

En T.I. le maître reste assis, les enfants choisissent de venir voir le maître.
Pour ne pas avoir une queue d’attente, écrivent leur nom au tableau.
Quelqu’un qui est autonome doit l’être vraiment, donc on prend le temps de l’apprendre.

Comme pour le texte libre et la recherche maths, il faut que ce soit fait régulièrement.

Comment évaluer la qualité de l’entretien ?
- Quelle circulation de la parole : passer de l’étoile – la parole qui repasse toujours par le maître- aux diagonales – circulation de la parole entre enfants, le maître étant participant au même titre.
- Quelles questions, interventions : paroles supplémentaires (je parle de moi, effet miroir) ou paroles complémentaires (je m’intéresse à ce qu’a dit l’autre, le champ s’élargit).

3. Après la récréation du matin jusqu’à l’heure du repas
Travail collectif : maths ou français.
Exemple : on va travailler sur un texte libre, en mettant au point ce texte on va travailler la grammaire, l’ortho, etc.
Autre exemple : en maths : on va travailler sur une recherche terminée ou sur une recherche non terminée qui bloque, on va travailler pour trouver des solutions.

D’autres formes d’organisation existent bien évidemment ; c’est à chacun de le définir en fonction du milieu.

Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’il faut donner du temps au travail individuel.
Au lycée de la Ciotat, le principe a été conservé (sur 4 h de cours d’un prof, 2 sont réservées au T.I.)

En collectif, on apprend à travailler individuellement.
Le travail collectif fournit également en matériau pour le journal scolaire (lu pendant l’entretien), pour les correspondants.

4. Après la pause du midi
30 mn ( 20 mn de préparation, 10 de présentation) : Activités de lecture dans toutes les classes, sous différentes formes : des grands vont lire en maternelle, livres de bibliothèque, présentation d’un livre (rituel : 2 fois un sablier, présentation du livre, de l’histoire et lecture parfaite d’un passage)

5. 14h : Etude du milieu sous 2 formes :
- Exposés : on cherche des documents pour exposer
- La conférence : partir d’une problématique, tâtonnement, et conclusion provisoire.
A partir de l’étude du milieu, on peut tout faire.
Essentiel d’apprendre à connaître son milieu pour pouvoir agir dessus.
Avoir une classe de correspondants (ou deux).
Partir en classe de découverte.
Exemple : dans la classe de Marcel, une classe du Sénégal et une classe française.
« le Sénégal on s’en fout », on part de ce que disent les enfants. Exemple : les enfants sénégalais demandent « Qui est le chef de votre village ? » pour y répondre, on va voir le maire, on fait des parallèles. C’est pour ça que la classe soit au Sénégal ou ailleurs n’a pas d’importance, sauf d’être différente.
On apprend à se poser des questions, à problématiser, à émettre des hypothèses, les vérifier, poser des conclusions provisoires.
C’est la même démarche que la main à la pâte de Charpak, sauf le point de départ : enfant auteur.

14h30 : une conférence 5 sabliers pour l’enfant et 5 sabliers pour le maître derrière. Tous les jours.
On a modélisé la forme A3, réduite en A4 au photocopieur, avec une alternance de 3 zones de texte et 3 images. (au lycée de la Ciotat, dans les écoles de Belgique itou).
Format utilisable aussi en maternelle.

Dernier point : on favorise les conférences sur « mon chat » (celui dont j’ai parlé à l’entretien et qui m’a griffé) et pas « le chat », par exemple.
L’erreur est de prendre les sujets trop vastes, hors de portée des enfants ; pour reprendre l’exemple du chat, on fera une conférence sur la griffe du chat qui est différente de celle du chien.

Le cahier d’étude du milieu : 24x32, avec d’un côté le travail de l’enfant, de l’autre, celle du maître.

Il y a une correction de la conférence par le maître une semaine avant. C’est organisé à la réunion de coopérative.

Et en histoire ? Il y a des dates incontournables à apprendre ?
Nous ne recommandons pas de suivre une chronologie, car notre pédagogie est événementielle.
On a une frise historique traditionnelle, déjà affichée, en 2 ou 3 parties sur laquelle on verra apparaître les sujets traités en conférence, les événements sensibles de notre classe et au-dessus les événements historiques.
En cycle 2 : frise du 20-21ème siècle, ça suffit.

L’histoire pose un problème de représentation, car on utilise de la longueur. C’est très compliqué.
Le journal quotidien mis dans le classeur représente le temps d’une année.

Si on constate qu’un sujet n’a pas été abordé, le maître fait une conférence.

En géographie, il faut avoir des outils (cartes) en permanence. En sciences, un tableau de classification des plantes, des animaux.

Les petits s’intéressent aux dinosaures et aux châteaux-forts : sur des choses qui leur échappent de toute façon, l’intérêt sera de construire la frise avec eux : le sens de la frise, qu’est-ce qu’on va mettre avant l’autre.

Qu’est-ce qu’on attend des enfants dans la conférence ? De présenter leur travail en lisant, avec des power point, et de plus en plus, avec un document qui devra être complété par les autres, les réponses étant données dans la conférence.

Au primaire, c’est pas mal de rester sur notre milieu.
Au secondaire on peut aller s’intéresser à d’autres milieux.

L’exposé doit être rythmé à la mesure de l’élève.
Pour que chacun passe il faut 4 semaines. On peut se mettre par deux.
Le projet doit être bouclé en une semaine.

Les enfants ne font pas vraiment la différence entre exposé et conférence.
Mais pour le maître, c’est important de le faire.

Ce qui vient d’être dit est une trame ; si on a besoin de temps pour manipuler, expérimenter on le fait.

Tout le monde est en travail de conférence ou d’exposés.
Tous les résultats sont photocopiés pour tous.

6. Après la récréation de l’après-midi
Jusqu’à 16h15 : EPS ou art…
A 16h15 : chacun complète son plan de travail, fait sa responsabilité, le maître passe pour regarder.

7. Foire aux questions

- Agenda, cahier de texte, devoirs : oui ; les enfants de l’école de Mons ont des mots à apprendre à la maison, rencontrés lors de l’entretien ou de la journée.
Ils seront dictés une fois dans la semaine. On essaie que ce soit un apprentissage avec une touche de sensibilité ; et tables de X (pas à n’importe quel moment de l’année) ; en CP lecture du cahier du soir (on apprend aux parents à le faire lors de la réunion de rentrée), une dictée coopérative du texte sur lequel on a travaillé toute la semaine.
Dans d’autres classes, les enfants ont un carnet avec des mots personnels, qu’on se dicte à deux, on met des points verts.
Il y a plusieurs façons de le faire.
Il n’y a pas de contrôle d’histoire, de leçons à apprendre.
Pourquoi ? le fonctionnement est un va et vient ; on utilise les cartes, les frises régulièrement.
Les travaux des élèves sont classés avec les enfants et accrochés sous le tableau de la classe puis archivés ensuite dans l’école. On produit du savoir vivant.

- Quand l’enfant ne réussit pas ?
Il aura une dictée adaptée ; il ne fera qu’une partie.

- Et les parents : une réunion de rentrée et 3 fois 20mn avec chaque famille.
Un des arguments massue : on va respecter le rythme des enfants.

- Et si on nous dit : « mais en 6ème, comment vont-ils faire s’ils n’apprennent pas à la maison ? » les études d’universitaires sur l’école de Mons ont prouvé le contraire ; les enfants ont une culture générale supérieure aux autres écoles tests (y compris l’école « Main à la pâte )

- Des notes ? non, ni des lettres, ni des couleurs.

- Et les enfants qui s’insultent et se battent ? A Mons, il existait une grande violence, l’expression a été tout de suite mise en place, avant les règles, puis l’heure des parents où les enfants présentent leurs travaux aux familles, et les ateliers du soir (16h45 à 17h45) pris en charge par les parents (cuisine, menuiserie, foot….) (un adulte pour 3 enfants )(subvention par la Fondation de France, du vrai matériel acheté par l’école pour de vraies réalisations, subvention CAF). Il y a toujours 20 à 25 ateliers par semaine depuis 11 ans. Les parents s’engagent pour une session, 80 % des enfants y participent ; ça a crée une relation positive entre les enfants et les adultes. L’association de quartier a été associée aussi.

8. La coopération

En pédagogie Freinet, il y a 3 grands types d’activités : activités d’expression, de communication, de recherche
et une organisation sociale, la coopération : élaboration de règles de vie, exercice de responsabilité et participer à la réunion de la coopérative.

Comment on choisit les responsables : pas de vote, tir au sort, ou on tourne chacun son tour. Tous les enfants ont une responsabilité (seul ou à deux), sauf un le remplaçant.
Le président qui donnera la parole change tous les jours, et ça dès la fin du CP.

L’élaboration des règles de vie en commun : très important car ça a un rapport avec le droit.
Il existe des lois que tous sont tenus de respecter. Mais chaque classe élabore ses règles au fur et à mesure de ses besoins, votées à la majorité, qui sont mises à l’essai pendant une semaine. Au début de l’année, il n’y a aucune règle, seulement des lois.
Ces règles peuvent être des interdictions ou des autorisations.

Une règle n’a pas de rapport avec la morale mais au travail : ce qui empêche ou permet le travail. Il n’y a pas de jugement de valeur.

Le respect des règles donne le droit à une autonomie, qui s’obtient.
On a l’autonomie pour une semaine seulement, elle peut être perdue la semaine suivante.
C’est la réunion de coopérative qui décide, ça ne dépend pas du bon vouloir du maître.

Exemple : un enfant Y dispose de 4 croix, s’il les a gardées, il garde son autonomie.
Mais un croix perdue un jour, peut être obtenue à nouveau.
C’est une règle qui n’a pas été respectée, et qui a nui au travail de la classe, ça se fait en cours de journée, par le maître.
A Mons, la perte d’autonomie est rarissime.

L’autonomie donne le droit de se déplacer seul, se servir du photocopieur, etc…
Celui qui l’a perdu, devient comme un élève dans une école habituelle ; il n’aura pas le droit de se lever en classe, non plus, c’est le maître qui lui apportera son travail.
Mais rien n’est changé pour son plan de travail.

Les ceintures de comportement appartiennent à la pédagogie institutionnelle.

Certains enfants (hyper-actifs, par exemple) peuvent être dispensés de certaines règles.
On apprend la différence et la tolérance.

Au début : faire une réunion de conseil chaque jour, avec un point à l’ordre du jour. Quand une décision est prise, on ne lâche pas. Une règle vaut pour tout le monde (même l’inspecteur d’académie).

L’ordre du jour s’organise autour des responsabilités, les projets tenus ou pas, et organisation de la semaine suivante, et vérifier si les règles de vie fonctionnent bien.

Une étude de sociologue montre que l’école de Mons arrive en tête pour le sentiment de justice.

2 délégués participent à une réunion du conseil d’enfants de l’école (démocratie participative).

La grande cohérence : tous centrés sur le travail et l’éducation au travail.

Odile Landoas
GD 35