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Salon de Nantes 2012 : notes sur la conférence de Mireille Cifali

Dans :  Région Grand Ouest › 

22 Salon Freinet

(16 et 17 Novembre 2012 / Nantes)
 
1/ Conférence Plénière de Mireille CIFALI (PU Genève / Psychanalyste)
A propos des métiers de l’humain.
A partir d’une posture clinique de psychanalyste mais aussi d’Enseignant(e) nourrie de la certitude de la part structurante de toute Institution Educative.
Quelques hypothèses de travail pour éclairer ce qui se passe dans la relation pédagogique entre deux humains.
A/ Grandir et Grandir à l’Ecole. ?
Grandir n’est pas naturel : si le corps croit, la psyché est déterminée par les conditions sociales dans lesquelles va l’on grandir.
Grandir prend place dans une projection du monde des adultes ; Dans le choix de certaines valeurs.
Les textes législatifs sociétaux peuvent être pavés de bonnes intentions mais la réalité est parfois toute autre. Grandir n’est qu’une étape de ce que l’on qualifie développement ou évolution pour les adultes.
L’Ecole (au sens d’institution chargée d’instruire) a-t-elle un rôle à jouer.
Clivage historique entre les Modernes et les Classiques (Ex : Meirieu / Finkielkrault)
Les contenus didactiques de civisme et/ou laïcité ne peuvent pas suffire en tant que tels.. L’enseignant est face à l’enfant élève, donc face à un sujet qui sait (su et Insu) : il s’adresse à l’élève, mais il doit forcément prendre en compte l’enfant.
-          aucun dispositif pédagogique n’est bon en soi. : ce sont les conséquences sur un au moins des sujets qui peuvent les invalider. Toute évidence qui devient slogan est à interroger.
-          La dépendance est aussi nécessaire que l’autonomie : l’autonomie en pédagogie est un slogan qui clive les deux pôles inséparables que sont dépendance et séparation.
-          Grandir est un processus qui ne se déroule qu’à travers des conflits, des crises, des ruptures. Grandir n’est pas un processus ascendant mais et linéaire mais brisé et circulaire.
-          S’appuyer sur des actions modèles n’est pas suffisant. Construire une situation pédagogiques ce n’est pas demander la reproduction de modèles déjà là. Remise en cause des systèmes d’évaluations normatives.
-          La parole ne peut être  un impératif, ni une contrainte, ni un modèle en soi.
-          Grandir est une poétique qui échappe à toute détermination univoque.
-          Métier de l’humain, nous devons en tant qu’humain nous méfier de toute empathie, face aux parcours brisé de certains de nos élèves (et/ou de leurs familles). Car comme le fait remarquer B. Cyrulnick, l’école devient alors briseur de ce processus intra qu’est la résilience, processus d’auto-reconstruction paradoxale qui est en chaque Sujet (même à son insu)
-          Dans une institution comme l’école, se m »fier des confusions entre Pouvoir et Autorité. Le Pouvoir peut se concentrer ou se partager. Mais l’autorité ne se partage pas, elle est une fonction symbolique davantage qu’une posture.
 
B/ Grandir dans une institution.
L’école doit rester une institution et ne doit pas devenir un service. Il faut simplement prendre garde de l’évolution du vocabulaire et l’analyser comme tel. Une institution est dans un temps et un espace donné avec des acteurs et des règles communes. Une institution ne peut fonctionner que sur un regard et une analyse collective de ceux qui la font vivre ; Une institution ne se manage pas.
Une institution n’est ni une secte (« tous des mêmes »), ni un lieu harmonieux (il faut du désaccord). Ce n’est pas un lieu où l’on est heureux ensemble, mais un lieu ou l’on travaille ensemble dans la différence des points de vue, théoriques comme pratiques.. Une institution  n’est pas un cadre déjà là, c’est un cadre qui se pense par celles et ceux qui acceptent d’y participer.
Dans une école, la classe en tant que telle est une micro-institution dans l’institution. (Cf Francis Imbert, Celestin Freinet) et ce dès l’école pré-élémentaire.
Le fonctionnement sur le modèle du Conseil d’enfant, n’est cependant pas un modèle en soi. Il peut provoquer des effets pervers et générateurs de souffrance, tant auprès des enfants que des adultes. Faire institution dans une classe suppose :
-          d’abord de construire le vivre ensemble ;
-          avant d’aborder la différenciation pédagogique défendue par Ph Meirieu.
 
C/ L’Enseignant Adulte a-t-il un impact sur les conditions de grandir de l’enfant ? Oui si  l’on veille à ce que certaines qualités soient pensées collectivement comme préalables
 
- Etre passeur avant d’être transmetteur de toute normalité de types « compétences éthiques ».
- Une posture professionnelle aussi rigoureuse soit-elle,  ne dispense pas d’un engagement de soi (au sens de la philosophie existentialiste).
- Veiller à rester Hugolien dans une exigence éthique : « dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit » ;
- Travailler à mettre en place l’autorité et non le pouvoir ;
- Veiller à fonder sur l’autorité des représentants Adultes garant, une éthique de la discussion ;
- Veiller à être généreux, sans tomber dans l’empathie, même quand les résultats ne sont pas là.
- Travailler en intériorité critique avec capacité d’analyse de nos limites, de nos erreurs, de nos souffrances.
 
Notes de Marc CHATELLIER
Nantes, Novembre 2012