Reyboz, un vidangeur de l'esprit

Reyboz, un vidangeur de l’esprit

Il ne peint pas, il ne sculpte pas, il dessine et façonne un monde féérique où les objets prennent la tangente vers une destination poétique. Le travail de Bernard Reyboz est une interrogation sur le temps qui passe et qui s’efface. Une cafetière dit bonjour à un insecte. Un galet salue une vache. Un rien embrasse un tout. Un toutou ne dit rien. Un rien dit tout. Inventif, il a imaginé des insectes bizarres et écrit une histoire rocambolesque sur les pérégrinations de ces bestioles.

C’est l’expédition Bornéo 1904. L’atelier volumineux est un gros dictionnaire qui ressemblerait au garde-meuble d’un dictateur du silence ému. Un pas méchant. Pas zinzin non plus. Dans le silence de l’atelier-laboratoire, Reyboz construit des machines-pièges pour capturer les insectes, la malle, les carnets du major, etc.

 L’artiste se comporte comme un semeur de troubles, un général potache décoré des vertus de l’absurde qui brouille et embrouille les pistes de la raison.

François Goalec

22 août 1926

Dans le petit port de Teng-Tchéou au nord de la Chine, le baron Shnaauzer, négociant en épices, attend une livraison en provenance de Colombie. Ce jour-là, une grande animation règne sur les quais. Les dockers libèrent les entrepôts des colis qui n’ont pas été retirés. Le tout est étalé sur les quais. L’attention du baron est attirée par une caisse bien particulière autant par sa confection que par l’odeur qu’elle dégage. Après y avoir jeté un coup d’œil, il en fait l’acquisition et la fait porter à son hôtel. Shnaauzer vient de rentrer en possession du fruit de l’expédition "Bornéo 1904".Cette expédition à but scientifique fut lancée et financée par le Natural Géographic et conduite par le Major John Douglas. La caisse acquise par Shnaauzer contient la plus étrange collection entomologique connue à ce jour. Elle se compose de 32 spécimens, 11 encore en cour de restauration. Un petit livret de commentaires écrits de la mais du major John Douglas accompagne ce butin. Ces notes frisent la fantaisie et laissent supposer que l’auteur aurait atteint un état de fatigue avancé mettant en doute la fiabilité des propos.

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