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La gestion du temps et de l'espace

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Avril 1978

 

LA GESTION DU TEMPS ET DE L'ESPACE
Gérer le temps et l'espace dans sa classe  'est pas une entreprise technocratique de plus. Elle est d'abord une volonté de rendre à la classe un pouvoir de décision dans des domaines où cela lui est particulièrement difficile : les locaux scolaires et l'emploi du temps. Mais elle est aussi une volonté de ne pas se laisser assujettir, une fois qu'on a pu la réaliser, par sa propre organisation. Tendre vers une classe vivante où les impératifs d'organisation, réduits à leur strict minimum, se confondraient avec les lois vitales du fonctionnement de la communauté éducative : c'est le projet qui sous-tend l'action relatée ici.
 
 
Le temps et l'espace scolaire !
Première constatation : l'institution scolaire s'approprie l'un et l'autre pour aboutir au saucissonnage que nous connaissons. En fait, enseignants et enseignés sont dépossédés
- de l'espace scolaire par les classes et leur mobilier,
- et du temps par l'emploi du temps et les programmes et instructions.
Deuxième constat : on n'a pas le temps et on n'a pas la place, dès qu'on veut faire quelque chose à l'école, le journal, la correspondance, des discussions sur ... l'organisation de la classe, par exemple.
Or, organiser coopérativement la classe, c'est peut-être l'activité la plus révolutionnaire de la pédagogie Freinet.
Enfin : nous sommes conditionnés - à un point que l'on ne soupçonne pas - aux réflexes que nous imposent le saucissonnage et l'aliénation du temps-espace. C'est-à-dire que nous acceptons profondément que ceux-ci soient gérés par d'autres et quand, par hasard, nous avons un moment ou un lieu à nous, nous ne savons pas quoi en faire !
 
1. L'ESPACE
J'essaie en début d'année de laisser le plus de flou possible dans l'agencement de la classe. En fait j'en suis à rêver d'un agencement qui serait le plus semblable possible à une pièce d'habitation : je voudrais des tapis, des fauteuils, des coussins. Mais c'est là mon rêve à moi, les élèves sont loin de çà - et cependant : quand je les vois se trémousser sur leur "chaise",s'asseoir ou même se · coucher sur la table ou par terre, je me dis que mon rêve n'est pas de je ne sais quelle régression : il m'est peu à peu dicté par ce que je lis dans l'attitude des élèves de besoins non explicites. Je rêve donc,mais tout en travaillant à la réalisation progressive d'un de ces "ateliers-séjours" que l'on peut voir dans les gravures du 18e siècle, avec les marmots qui braillent et la mère qui fait la tambouille et l'établi au fond où le père travaille avec ses ouvriers. Mon grand-père était cordonnier et c'était comme ça chez lui sauf qu'il y avait deux pièces : un séjour-cuisine et l'atelier - et c'est peut-être ça qu'il faut : l'atelier pour les tâches techniques et/ou bruyantes et le séjour pour les moments de réflexion, de méditation, d'échange.
Passons du rêve à la réalité. Je suis parti, lorsque je me suis lancé en 71, du schéma que propose Freinet dans "L'école du peuple", et aussi de celui de Michel Bertrand (D.P. 27 et 44). Le voici (du moins dans ma version).
 
 
I. Armoire journal
Il. Armoire bibliothèque et documents
Ill. Etagères rangement A. V.
IV. Tableau
1. Table avec magnéto I pour "exercices" oraux
2. Table avec tourne-disque et radio
3. Table avec magnéto Il pour enregistrement (correspondance ou autre)
4. Table journal (limographes, machines à écrire, etc.)
5. Table exposés·albums (avec boite à documents)
6. Table exercices écrits (avec boite à exercices auto-correctifs)
7. Affichages (journal +correspondance)
8. Plannings
Puis, petit à petit, - car j'ai bien précisé, et je le reprécise tous les ans, que cette disposition n'était qu'une proposition - les choses ont été modifiées par les élèves eux-mêmes, parfois sous la pression extérieure. En novembre 74 les quatrièmes(trente-cinq élèves ... ) se sont plaints qu'ils ne s'entendaient plus et eux-mêmes ont dit que ça venait de la disposition des tables (dictée parla persistance de l'utilisation de méthodes audiovisuelles dans les petites classes) . Ils ont fait des croquis au tableau, puis on a choisi une heure où moi et la salle étions libres et en accord avec les autres classes, ils ont pendant trois quarts d'heure remué les tables, jusqu'à parvenir à la disposition "par groupe" indiquée ci-dessous.
 
 
I. Rideaux
Il. Armoire bibliothèque
Ill. Etagères rangement A.V.
IV. Tableau
1. Affichages 6e
2. Table avec tourne·disque et radio
3. Affichages 5e
4. Table journal
5. Affichages 3e
6. Affichages 4e
 
L'administration m'a "donné" de grandes tables de cantine désaffectées en 2 et 4. Je n'ai pas pu demander l'avis du groupe. L'atelier 5 n'ayant jamais fonctionné à cet endroit- là a été purement supprimé, lorsque l'armoire I. est venue à coté de Il.
L'atelier 6 est en train de devenir une réserve à documents. Ils y vont pour choisir des exercices ou des documents dans les deux boîtes-classeurs.
Les panneaux : le planning de grammaire indiqué par M. Bertrand pour suivre le niveau individuel des élèves en grammaire - n'a jamais marché : ni les élèves, ni moi n'avons jamais
su l'utiliser ! Il a donc disparu.
Dernière trouvaille : un panneau d'affichage par classe. Jusque-là j'avais un panneau journal, un panneau correspondance, un panneau travaux (albums, etc.), un panneau coopé. Depuis la rentrée nous avons un panneau géré par chaque classe avec un responsable de l'affichage et les autres responsables qui y affichent leurs sujets.
Chaque classe a aussi sa boîte où on met les travaux en cours.
Passons à la question de savoir comment se gère l'espace dans mes classes, et d'abord, qui gère ?
Je pourrais caractériser la chose du plus directif au moins, tout en précisant que pour moi directif-non directif n'est pas un débat Freinet, mais· une affaire de socio-psychologie. Il y a d'abord ma propre appropriation de l'espace : du jour où j'ai obtenu une classe et où je l'ai aménagée différemment, l'espace a cessé d'être une donnée pour devenir un problème, non seulement pour moi, mais pour les élèves : il fallait au moins qu'ils s'adaptent à la nouvelle disposition. Je suis donc gêné d'avoir autocratiquement décidé de la première disposition de 71, mais ce qui me rassure, c'est que j'ai posé le problème aux élèves en lui donnant une solution provisoire.
Il faut dire aussi que ces solutions ont influé - et influent encore sur l'évolution des collègues.
A l'étage de langues tous les collègues, même les plus réactionnaires, ont "aménagé" leurs salles. La salle est utilisée par d'autres collègues (ceux qui se baladent), ce qui a entraîné parfois des collaborations fructueuses : cours communs, assistance à mon cours ou l'inverse (je reste dans la salle pendant que le collègue s'installe et fonctionne).
Un autre phénomène me paraît intéressant :
c'est celui du grignotage. Jusqu'à l'an dernier existait de l'autre côte du couloir une petite salle qui n'était utilisée par personne et où nous pouvions "éclater" lorsque nous nous sentions à l'étroit ("bruit", conflits, travaux divers à exécuter en même temps ou besoin de calme et de solitude de tel ou tel). Depuis 74 c'est devenu une salle de maths, et c'est tout le bâtiment qui devient le poumon : l'an dernier, à une certaine heure, les quatrièmes ont fonctionné toute l'année en deux groupes, un qui avait décidé de "faire" de la lecture (avec le "Multi-Read") et les autres qui voulaient "se faire" de l'audiovisuel.
l. Ceux-là immigraient là où il y avait de la place, une salle de libre, avec leur projecteur,leur magnéto et leur leçon. Je faisais la navette entre les deux salles. Même chose quand il y avait deux exposés en même temps en troisième !
Il m'arrive de m'absenter parfois et d'avoir le plaisir en revenant de retrouver tout le monde au boulot. Il m'arrive aussi d'en trouver qui se bagarrent, mais là aussi, ça pose au moins le problème !
Le grignotage peut se fa ire aussi en sens inverse j'ai plus ou moins invité des collègues notamment d'histoire-géo à venir travailler avec moi dans ma salle, soit en ateliers, soit en exposés, et ça leur a permis d'entrevoir une autre façon de fonctionner en partageant l'espace de la classe, dans le cas de l'atelier, et le temps, dans le cas de l'exposé. A côté de ces exemples de co-gestion il y a des moments d'autogestion presque purs. La disposition des tables l'an dernier en est un. Ces moments se font jour soit dans le cadre d'une institution mise en place (la séance de coopé), soit spontanément (la disparition de l'atelier 5 ou du planning de grammaire, la mise en place d'un théâtre de marionnettes).
Et j'allais oublier : l'entrée et la sortie de la classe : j'essaie de ne jamais dire "entrez" ou "sortez". J'attends que ça vienne parfois longtemps - dans les deux sens.
Mon rôle donc ? En systématisant
- Proposer - parfois ça équivaut à imposer et je m'efforce de préciser que c'est provisoire, en attendant une réaction, une contre-proposition que je valorise de suite ;
- Impliquer les élèves, les collègues, les parents, l'administration dans le processus de transformation permanente. J'utilise toutes les formesd e manipulations pour cela ;
- Attendre et accueillir - me faire tout petit, m'absenter s'il le faut pour que se développe l'initiative maladroite, chancelante, hésitante au début, mais qui constitue dans ce domaine comme en d'autres mon suprême espoir.
 
Il. LE TEMPS
Projet temporel ...
Ici parenthèse sur la notion de projet. Elie est au coeur du su jet. Dans d'autres horizons du C. L. E.N. (Comité de Liaison de l'Education Nouvelle, c'est le regroupement d'une demi-douzaine de mouvements, dont I'I.C.E.M., qui s'unissent de temps en temps quand il y a besoin de faire front dans des mouvements de masse : syndicats, actions contre telle ou telle réforme, etc.) car à nous tout seuls on pèse pas lourd numériquement. Dans d'autres horizons du C.L. E. N. donc, on attache beaucoup d'importance au "projet éducatif" sorte de charte noire sur blanc que l'on promènerait avec soi, après l'avoir soigneusement "pensée",dans toute action éducative. Le G.F.E. N., I'O.C.C. E., les Francas etc., nos amis du C. L.E. N. nous feraient facilement grief de ne pas avoir de projet éducatif ou du moins d'être un peu flous sur l'idéologie. De là à nous considérer comme des gens dangereusement récupérables,il n'y a qu'un pas, suivez mon regard. Freinet s'est fait virer du Parti, il faut pas l'oublier, camarades.
Tout ça pour dire que si je vois bien vers ·quoi je voudrais aller, je ne le vois pas exactement et surtout que la définition de mes objectifs dans l'état provisoire où elle m'a été fournie par la réflexion constante sur ma pratique, n'est ni définitive ni arrêtée. Ce qui fait que les objectifs en question sont forcément très personnels et donc inutilisables pour un autre, sinon au niveau de tel ou tel truc qui peut correspondre à l'état provisoire de la recherche de tel ou tel.
En somme j'essaie de me situer dans le temps et non dans la durée. Or, notre boulot (aux groupes et à moi dedans) c'est une construction dans la durée : soixante minutes, un mois, des jours qui n'ont que vingt-quatre heures et des an nées qui se réduisent à quelques mois (six ou sept à peine).
De quoi je rêve ? Dans un temps dominé. Maîtrisé, agi. C'est-à-dire d'une organisation ? D'une bureaucratie ? Non. D'une appropriation collective et gérée. Gérer le temps pour produire de la durée, voilà. Voilà ?
C'est autrement plus difficile à imaginer que pour l'espace. En fait je suis bien incapable de l'imaginer vraiment. J'ai l'impression que ça soulève des lièvres autrement plus difficiles à traquer.
C'est peut-être que comme pour l'espace, mais bien plus encore que pour lui, nous sommes à ce point conditionnés que même imaginer un autre état de fait nous paraît impossible.
Ah oui, j'y suis. Que chacun puisse gérer un capital de durée en fonction de son temps propre et des impératifs extérieurs - y compris ceux absurdes et non voulus.
Comme à la campagne.
Cet homme hier à la télé (émission sur la famille) qui disait : "c'est pas qu'on gagnerait moins ou qu'on travaillerait plus à l'usine, au contraire mais, vous comprenez, ici on est son maître, on travaille avec les bêtes, avec les saisons".
C'est vers cette forme de complicité avec le temps qui est en même temps une lutte de chaque instant avec lui que je voudrais m'orienter.Réapprendre à s'arrêter, à laisser venir les choses et aussi à les forcer quand il faut et que le " il faut" soit une affaire de pluies, de sécheresse de sol, de semence. J'apprends beaucoup à cultiver mon petit potager. A regarder mon beau-père le cultiver surtout : il n'a jamais travaillé à la terre mais il y est et il sait des choses que je n'apprendrai jamais.
Et ce faisant je ne nie pas la révolution industrielle. Je dis simplement, et je me le prouve, que le seul intérêt de toute cette technologie c'est maintenant de nous aider à retrouver ces valeurs, dans l'univers mécanisé que nous nous sommes fait.
Concrètement. J'y viens ! Il s'agit pour chacun de se fixer des points de repères dans la durée.
En juin, l'examen. La sortie du journal, dans deux mois. Les conseils de classes en décembre, février et mai. Les vendanges en automne... Et régulièrement faire le point.
En évitant de rendre les choses définitives : chacun peut avoir des temps forts et des temps faibles, des accélérations et des arrêts.Mais il faut pour ce la des repères sans quoi on ne voit pas le temps passer. Des repères qu'on devrait oublier, aussitôt pour n'y plus penser que le moment du bilan venu.
Individuellement : prévisions et bilans. Ces "plans de travail individuels" sont très importants. Au début, je ne m'intéressais qu'à l'aspect bilan. Il me fallait quelque chose à contrôler ! Et jeme suis un peu enfermé là-dedans. Je voudrais revoir le formulaire que je propose en début d'année. Les prévisions sont au moins aussi importantes.Je demande qu'elles soient faites pour le mois qui suit en même temps que le bilan pour le mois qui précède. Mais c'est rarement fait.
Mais ces bilans prévisions ne sont pas suffisants pour moi. Nous avons aussi les plannings. D'abord j'ai le planning collectif où je note sous forme de points de couleur tout le travail qui m'est remis (un quart d'heure par jour à une demi-heure). Chacun peut voir d'un seul coup d'oeil ce qu'il a fait par rapport à ce qu'ont fait les autres. Très impressionnant pourl es parents et très parlant.
Ensuite il y a les plannings collectifs par classes. A chaque réunion de coopé, on prévoit le travail du mois et demi. Heure par heure. On sait qui doit faire quoi. Dans certaines classes (ma cinquième cette année et l'an dernier aussi) on prévoit même des activités de rechange au cas où un absent ou etc. On prévoit même des cases vides pour les cas d'urgence (exploitation de la bande des corres. ou visite à .saisir au vol). Dans mes 6e de cette année, je n'y arrive pas. Je me suis remis - pour des tas de raisons tactiques plus ou moins valables - à une "méthode" donc à une progression, à des contrôles systématiques de "connaissances" et "d'acquisitions". Résultat, pas moyen de réunir la classe sans avoir l'impression de perdre mon temps : pourquoi en effet prévoir qu'on ferait tel "unit" tel jour puisque c'est déjà prévu dans les manuels ? Et puis (car on l'a pourtant fait !) on s'aperçoit
que même si on a prévu quelque chose, on ne peut pas le faire pour peu qu'on ait pris du retard sur le "unit" précédent. Bien sûr on essaie de s'arranger mais j'ai la désagréable impression de tricher avec tout le monde, y compris avec moi-même. J'ai envie d'écrire q u'il est impossible de s'autogérer à partir d'une gestion aliénée, mais c'est faux : c'est ce que je fais (faire !) tous les ans en début d'année. Non.Il est impossible de faire cohabiter longtemps gestion aliénée et autogestion. Ça, c'est plus juste. Donc, il faut que ça craque quelque part. Et en ce qui concerne mes sixièmes c'est du côté de l'appropriation du temps que ça craque. Et ce qui est significatif, c'est que les deux classes, de tempéraments très différents, évoluent sous ce rapport de façon sensiblement identique.
Il y a pourtant dans ces classes des choses intéressantes : on fait des petites prévisions ponctuelles. Par exemple on a un cahier de compte rendu d'exposés. Eh bien on fait un pointage et des prévisions pour savoir qui fait les comptes rendus : on sait que c'est Chantal qui doit avoir le cahier pour recopier son compte-rendu de l'exposé de Michel du 15 février et
qu'ensuite ce sera à Jacques de recopier son compte-rendu de ...
J'ai vu apparaître pour la première fois cette année des cahiers de textes libres. Avec prévisions. Absolument pas demandé ni conseillé. Mais Edwige est une fille organisée et tous les mois elle se fait ses petites prévisions et elle se félicite de les avoir bien tenues.
Remarque :
On se fait des plannings de correspondance aussi. Qui a écrit et qui a reçu des lettres. On s'est aperçu comme ça - y compris les intéressés eux-mêmes - que quand on ne recevait pas de lettre, c'était souvent parce qu'on n'en écrivait pas. Maintenant, quand on reçoit le paquet de lettres, on fait la liste de ceux qui n'en ont pas reçu et on essaie d'en trouver la cause, et on essaie d'établir une stratégie pour remédier à cette frustration (plus grande qu'on ne le croit chez la plupart) : écrire une lettre à l'adresse personnelle, écrire à la prof pour savoir si ... envoyer une carte d'anniversaire, écrire à quelqu'un d'autre etc.
La correspondance est une merveilleuse technique de prise de possession du temps. Je l'ai appris pour moi-même grâce aux lettres que j'ai été amené à écrire à cause du mouvement. Et j'ai toujours pas compris comment ça marchait ce machin-là. Pourquoi telles lettres sont répondues et lues de suite, d'autres longtemps après, d'autres jamais quelle que soit ma bonne ou mauvaise volonté.
C'est que tous ces plannings et autres bilans, listes, carnets, fiches individuelles d'élèves (vous en faites ? Moi oui. C'est parfois très révélateur des conneries qu'on peut faire ou dire ou écrire, lues à un peu de temps d'intervalle ! ), tout ça, ça sert à quoi ? ... A s'en foutre.
Je fais tout ça - et je le fais faire (sur le degré de directivité je vous renvoie à ce que j'ai dit sur la gestion de l'espace, pour le temps c'est la même chose) pour pouvoir m'en passer. Ce sont des sécurités nécessaires mais non suffisantes.
A l'intérieur je crois, je suis sûr qu'il me reste à découvrir une disponibilité une liberté, une décontraction que je ne fais que pressentir mais que j'ai observée à l'évidence chez des gens comme Michel Bertrand, ou Roger Castetbon, un copain du 33 qui disait à une réunion du groupe où nous essayions de définir pour les nouveaux venus ce que nous voulions faire dans nos classes (répondre à la fameuse question sur le "projet pédagogique" sans passer pour des rigolos c'est malin) ; "Bah nous en math, c'est difficile à dire ... on cherche, on vit, on est bien, quoi ... " ... et il a passé pour un rigolo. Quand même il y avait quelque chose d'inquiétant dans son assurance tranquille. L'assurance que le temps peut se vivre et non se subir. Ensemble.
Jean POITEVIN
Les propos de Jean s'inscrivent dans une réflexion commune menée à travers un cahier de roulement intitulé "Gestion Espace-Temps" ayant circulé entre Jean Poitvin, Christiane Caillot et Eric Morel durant l'année 1975-76.