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La genèse d'une publication

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Avril 1978

 

LA GENESE D'UNE PUBLICATION
REALISEE PAR UNE CLASSE D'ALLEMAND
In extremis, avant de se séparer définitivement, une classe de 3e publie un journal d'expression libre. Plusieurs constatations : il n'est jamais trop tard pour que « l'étincelle" jaillisse ; elle ne se produit que dans des circonstances assez motivantes pour les élèves : ici, l'éclatement des relations habituelles classe-enseignant, classe-monde extérieur à l'occasion d’un voyage-échange ; les jeunes, même en fin de 3e, sont prêts à s'investir beaucoup pour peu que leur expression et leur travail se trouvent valorisés.
 
Dans ma classe de 3e nous avons réalisé, tout à fait en fin d'année, un recueil qui se veut un reflet de ce que no us avons fait au cours de l'année, et qui pourrait être le premier numéro d'une publication périodique si la classe ne quittait pas le C.E. S. J'espère d'ailleurs qu'il s'agira effectivement d'un premier numéro dans la mesure où les classes que j'aurai à la rentrée pourraient assurer la continuité.
Comment en sommes-nous venus à cette publication ?
J'ai parlé au cours de l'année de la possibilité de publier leurs textes, sans grande résonance. J'en ai reparlé au troisième trimestre, après notre voyage chez les correspondants allemands (voyage qui nous a permis de vivre ensemble pendant trois jours ce qui a fait évoluer nos rapports : une confiance mutuelle beaucoup plus grande s'est installée). A ce moment-là la classe s'y intéresse.
Nous commençons donc à revoir ensemble ce qui a été écrit au cours de l'année. Plusieurs heures sont prévues pour la lecture et la discussion des textes et le choix de ceux que nous allons publier. C'est un moment important car jamais auparavant les élèves ne se sont intéressés aux textes des camarades avec autant d'intensité. La motivation d'écouter ce que les autres ont écrit est plus grande, on est concerné plus personnellement par les textes puisqu'on en choisira pour un recueil commun.
En mai, nous recevons les correspondants. Lorsque, après quatre journées de vie commune très intense hors de l'école, nous nous retrouvons avec eux dans la classe pour leur expliquer notre façon de travailler, il se passe quelque chose de décisif. C'est à ce moment-là que je me rends compte que le journal encore inexistant est déjà devenu le leur : ils en parlent avec beaucoup de fierté et lisent quelques textes pour montrer à leurs camarades ce qu'il y aura dans ce recueil. L'étonnement des correspondants (élèves d'une classe travaillant avec des méthodes très traditionnelles) devant l'intérêt de ces textes et devant leur capacité d'écrire de telles choses en allemand augmentent cette fierté. Alors ils se décident à entreprendre la réalisation du recueil, malgré le B.E.P.C. approchant.
Comme il ne no us reste que quelques cours avant l'examen et qu'il y a encore une mise au point à faire pour celui-ci, la mise en page n'est pas terminée lorsqu'ils s'en vont. Mais, le B. E. P.C. réussi, une bonne moitié des élèves reviennent et en quelques séances hors emploi-du-temps, tout est fait :deux jours avant la fin de l'année scolaire ils vendent leur journal.
Quel est l'intérêt de ce journal ?
Je le vois multiple, et en particulier dans
- une mise en valeur de ce qu'ils ont écrit et par là un encouragement à l'expression écrite,
- une prise de conscience de leurs capacités quant à l'allemand. Etre capables de publier des textes soignés et beaucoup plus intéressants que ceux proposés par les manuels, ce n'est pas rien !
- le développement de la vie du groupe. Pour lire et discuter des textes personnels et préparer une publication il faut un groupe où la confiance règne, l'on peut compter l'un sur l'autre,
- l'amorce de discussion avec les correspondants au sujet de l'expression libre. Ceci pourrait, si la correspondance continuait l'an prochain, relancer les échanges collectifs qui cette an née sont restés assez pauvres.
Dietlinde Baillet
juillet 77