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De part en part, une œuvre

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Juin 1999

 

CréAtions n° 87 - Traces - publié en mai-juin 1999

Ecole primaire La Mareschale, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) – Enseignant : Daniel Fenoy – Intervenant : Omar Youssoufi, sculpteur

 

De part en part, une œuvre

        

 

" Le doute et la pierre. Je rêve sur ces mots. Ils sont comme des avertissements, des indices, des signes ; ils me conduisent à une méditation obscure (je pourrai dire lumineuse) sur les rapports qui peuvent exister entre la matière et la parole. " Raymond Jean, à propos d‘Amado.

 

 " Les joints, je leur donne l’aspect de fissures, de cassures, c’est à travers les failles que le vivant revient. A vie, pour moi, c’est la vie à travers les âges. Je voudrais faire de l’habitable, mais la sculpture habitable, c’est le tombeau, l’endroit du retour à la matrice, l’endroit de la grande paix." Jean Amado

 

 

C’est à partir de l’œuvre du sculpteur aixois Jean Amado (1922-1995) que s’est réalisé ce travail d’argile avec les enfants de ma classe.

Des visites d’expositions ont été programmées afin que chacun puisse mieux connaitre le travail de l’artiste et en comprendre la signification. Nous avons visionné une série de films retraçant le travail d’Amado, ses techniques, ses projets.

Les enfants ont compris comment, à partir de pièces indépendantes, on pouvait parvenir à un tout cohérent.

Les enfants ont, dans la classe, une pratique libre du travail de l’argile. C’est par cette pratique régulière qu’ils apprennent peu à peu à utiliser le médium qu’est la terre et à tirer de ses caractéristiques. Je pense qu’il est important, par ailleurs, d’enrichir leur imaginaire pour déclencher des choses nouvelles qui leur permettent de dépasser un travail antérieur.

Nous avons travaillé dans le cadre d’un atelier de pratique artistique avec l’artiste Omar Youssoufi. Nous avons d’abord visité son atelier à Aix. Les enfants lui ont posé de nombreuses questions sur ce qui l’a conduit à devenir sculpteur, sur ses motivations à travailler la terre. Ils ont vu le matériel utilisé (souvent un matériel de récupération). Les nombreuses œuvres accrochées dans l’atelier ont suscité beaucoup d’intérêt et de questions. L’artiste exécute sur la terre un travail de calligraphie, de collage, à l’intérieur de petites loges indépendantes masquées par du sable qui s’écoule de l’une à l’autre pour laisser apparaître des surfaces extrêmement travaillées.

 

Ses tableaux d’argile, montés sur un axe permettant de pivoter et de laisser ainsi s’écouler le sable, se rapprochent de l’œuvre de Jean Amado par les thèmes de grand/petit, évidé/plein, relief/lisse, mobile/statique, parties/tout, visible/caché.

Tout ce travail de découverte de l’œuvre d’un artiste a permis de faire émerger par la parole, par des écrits, par des dessins, des croquis, des peintures, la problématique autour de l’œuvre et la compréhension que les enfants en avaient.

" A partir du moment où les traces ou signes sont libérés de leurs codes, ils redeviennent une écriture graphique. Ils ne révèlent que ce système du caché et du perdu. "
Omar Youssoufi
 
 
 
 
Sans titre, 1996, Omar Youssoufi – Sable, bois, céramiques et vitre, 80 x 61 x6.
 

Ensuite est venu le moment où les enfants ont travaillé ensemble autour d’un projet fédérateur permettant à chacun de s’exprimer, de créer plastiquement de manière originale pour aller vers une réalisation collective.

En ce qui me concerne, il me parait fondamental, pour laisser naitre la créativité et laisser libre cours à l’imagination, de proposer aux enfants un cadre de départ.

Les enfants ont été répartis en deux groupes de douze, animés l’un par l’artiste, l’autre par moi-même, dans des locaux différents, autour de consignes de départ différentes.

 

argile, modelage, empreintes, écriture
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