Raccourci vers le contenu principal de la page

TRAVAIL EN ATELIERS : réflexions sur notre tâtonnement

Dans :  Principes pédagogiques › Techniques pédagogiques › organisation de la classe › Techniques pédagogiques › organisation de la classe › 
Octobre 1979

 

TRAVAIL EN ATELIERS : réflexions sur notre tâtonnement
 
Cet article est un essai de synthèse de la recherche du module "Travail en Ateliers" interdisciplinaire, dans les deux cycles, qui a fonctionné dans le Vaucluse au cours de l'année scolaire 1977-1978.
 
Voici nos questions initiales :
 

I - ORGANISATION DU TRAVAIL EN ATELIERS :
1) Quels outils ? qui fournit la documentation ?
2) Les problèmes pratiques : Place, temps morcelé, bruit, sortie de l'établissement etc... Nos astuces pour les résoudre ?
3) Le contrat de travail. Son support matériel, le plan de travail et le simplifier, le rendre opérant ? Le rythme du travail: comment éviter de traîner ? et faire avec les jeunes qui n'arrivent pas à s'organiser, ne travaillent guère (ou pas) ?
 

Il - FORMES ET CONTENUS DU TRAVAIL EN ATELIERS
1) Comment éviter l'intellectualisme (compilation de livres) susciter recherche plus active, enquêtes, études du milieu ? Etc..
2) Comment susciter et aider la créativité des élèves ?
3) Pluridisciplinarité des contenus. Pb des sujets hors de nos "compétences". Comment amorcer une équipe pédagogique ?
 

III. PART DU MAÎTRE
1) ... pas doué d'ubiquité : comment suivre réellement tout le monde. Problème du travail écrasant du maître qui veut aider effectivement tous les groupes (ou individus).
2) Nos exigences.
 

IV LA MISE EN COMMUN DU TRAVAIL EN ATELIERS
1) Comment la rendre réelle (intéresser à un travail fait par d'autres) ?
2) Différentes formes (albums, panneaux, journal, débat correspondance...)
 

Extraits des quatre réponses reçues au questionnaire

I. COMMENT ÉVITER DE TRAINER SUR LE TRAVAIL, MAINTENIR LE RYTHME ?
La part (assez directive) du maître est généralement revendiquée (et on est loin du stéréotype tenace : Pédagogie Freinet = laisser faire).
 
- "Ceux qui ne trouvent pas de travail, qui hésitent : j'essaie de discuter avec eux, de connaître leurs intérêts, je propose des pistes. Si au bout d'une heure rien ne se passe, à l'heure suivante (l'atelier est organisé sur trois heures), j'arrive avec un projet, et sauf s'ils ont un projet à proposer, c'est le mien qui est inscrit au plan de travail (et tant pis pour la non directivité).
 
- "Le relâchement en classe (l'après-midi ou après l'interro de maths) est compensé par un travail à la maison ou classe plus intense. Quant à la soumission à la force d'inertie, je réponds NON, j'admets qu'un élève une heure ... n'ait pas envie de travailler (je ne l'admets pas deux heures) Alors je propose des occupations manuelles artistiques, lecture, écriture (T.L) et au pire, remettre de l'ordre dans le placard. Mais je refuse l'inactivité totale. Il y a toujours moyen de rendre service à la collectivité. C'est mon exigence minimum.
 
- "II me semble urgent que chacun, face à lui-même, se mesure et s'approprie son temps de travail".
On note l'efficacité des échéances précises (date du tirage du journal par exemple), des contraintes extérieures à la classe. "II faudrait multiplier les échanges (entre classes)".
 
 

II - COMMENT "DÉSACRALISER" LE LIVRE AU PROFIT DU TÉMOIGNAGE, DE L'ENQUÊTE ET RENDRE LES ÉLÈVES PLUS ACTIFS DANS L'ACCÈS À LA CONNAISSANCE
- "Les petits sixième adorent interviewer", apportent des documents. Mais ils ont beaucoup de mal à accéder aux journaux d' adultes.
 
- "En milieu rural (Cavaillon) ils sont rarement obnubilés par la culture livresque. Trop souvent ils se contentent d'un témoignage verbal. Le problème est le lien à établir entre l'enquête considérée comme exercice scolaire, et la vie... Ils n'ont pas envie d'apprendre quelque chose qui leur tient à coeur, ils ont envie de faire un beau dossier, un bon montage. C'est tout.
 
Donc le problème est plutôt quelle connaissance, en liaison avec quoi ?
Ils se cantonnent généralement dans des sujets stéréotypés, à la mode, mais ils n'ont pas l'air d'y croire beaucoup. Alors, si ça ne leur apporte pas plus à eux, si ça doit être des connaissances poussiéreuses, ça m'est égal qu'ils les acquièrent par le livre, plutôt que par le témoignage ou le journal. (Par contre, quand mes élèves de quatrième choisissent comme sujet : le viol des adolescentes, d'elles-mêmes elles décident d'aller recueillir le témoignage d'un médecin et non celui de livres...)".
On débouche sur la valorisation de la production de l'élève :
 
- "le dossier terminé n'est pas un "livre" insuffisant et naïf, mais l'expression incomparable et irremplaçable d'une aventure d'une recherche, d'une rencontre entre le monde et une personne à part entière".
 

III - LA MISE EN COMMUN
Elle pose des problèmes à tous.
 
- "J'ai renoncé au débat, à l'exposé imposé à tous. Au milieu des ateliers, il y a un temps de présentation (cinq minutes) rapide des ateliers qui sert à établir la bourse de la demande. La classe demande pour chaque atelier, une fiche. C'est le Retorica premier cycle qui est ainsi utilisé. Ça, ça marche assez bien. Mais ça ne me dérange finalement pas qu'il n'y ait pas de mise en commun systématique. Toutefois, il y a parfois des débats (à 10/15) à partir d'un travail en atelier (ex. La drogue) ou d'un texte libre (ex. Le service militaire).
 
- "Un journal deux fois par an, à grand peine, et je n'ai pratiquement jamais eu de réactions intéressantes à ce qui est publié., L'auteur en est en général satisfait, mais c'est tout. Les montages audio-visuels donnent lieu aux commentaires les plus vivants". Pourquoi ? Impact plus grand de l'A.V ? Commentaires "à chaud", questions à poser aux auteurs sur leurs intentions mal comprises ?
Problème des limites du débat en langue étrangère, et souhait d'un prolongement en classe de Français.
 
- "Les dossiers' seront déposés à la documentation.
 
- "Les panneaux, il paraît que l'intérêt s'émousse vite. Je pense aussi à une ouverture sur l'extérieur, par exemple lorsque nous avons écrit à Obaldia, la lettre motivée par la situation réelle de communication a été réellement une mise en commun. Comment donc essayer de multiplier ces situations vraies ? "
Nous avons ensuite mis sur pied un programme et un calendrier de visites de classes. Chaque participant au module a choisi un ou plusieurs coéquipiers. Les visites ont été réciproques. Nous n'avons pas oublié d'informer notre chef d'établissement, en alléguant une recherche pédagogique menée en commun.
Nous nous sommes aidés de la fiche-guide suivante élaborée par Jacques ROUX :
 

Fiche-guide pour les visites de classe
1) Avant la visite, le visitant et le visité prévoient un temps minimum de rencontre, d'échange d'impressions et de discussion après la visite, mais pas forcément tout de suite après.
 
2) Pendant la visite, de la classe en ateliers,
- Le visitant n'est pas forcément qu'un observateur passif. Il peut très bien intervenir sur la demande du visité, ou des élèves, ou sur sa propre initiative, dans la marche de tel ou tel atelier.
- Il essaiera cependant de garder le recul nécessaire pour observer en particulier :
• Le nombre des ateliers
• La distribution des élèves dans les ateliers (élèves seuls, groupes de deux, trois ou plus)
Le contenu du travail des différents ateliers
Les outils mis en oeuvre qui peuvent être :
- des outils de sensibilisation, d'information
- des outils de recherche ou de méthode, par exemple: fiches-guide
- des outils d'évaluation, par exemple : plan de travail.
La part du maître visité :
- interventions directes pendant la séance
- interventions indirectes (ambiance, environnement, documentation)
L'autonomie des élèves par rapport: au professeur, aux camarades" aux outils.
 
3) Après la visite, visitant et visité auront un échange soit verbal, soit écrit, sur leurs observations réciproques. Ils se mettront ensuite d'accord sur un compte rendu écrit de la visite, à envoyer le plus rapidement possible au coordinateur du module.
Ce compte rendu est nécessaire pour faire avancer la réflexion et n'est pas un "rapport d'inspection" puisqu'il provient de l'échange précédent.
 
N.B Les pistes de recherche sont données à titre indicatif et ne peuvent être toutes explorées, surtout dans les limites d'une visite d'une heure.
Après les visites de classes de sixièmes, Claudie Baleydier pose des questions à l'ensemble des participants du module et formule quelques amorces de solutions.
Sur l'intérêt du "processus" classe en atelier, l'accord me semble indiscutable. L'autonomie des élèves, le travail individualisé, l'établissement d'autres réseaux de communication, le dépassement de l'attitude passive consommation de la parole du maître, sont réalisés.
 
Par contre, certains problèmes semblent se poser au niveau du "produit" des ateliers, en particulier lorsqu'il s'agit. d'exposés. A quel moment doit se situer "la part du maître" dans l'élaboration et la communication de ces produits. Deux attitudes semblent possibles : ne pas intervenir et attendre que les critiques viennent des camarades, ou bien exiger une "maquette" des produits qui serait critiquée par le maître avant son élaboration définitive.
 
On arrive alors au problème du "perfectionnement" des travaux. Ce perfectionnement ne semble pas nécessaire aux élèves de sixième qui ont beaucoup travaillé mais ne prennent pas conscience des manques de leurs réalisations.
Il semblerait possible d'envisager deux solutions qui ne seraient mises en oeuvre qu'après un certain temps pour éviter que la contrainte ne soit imposée par le maître avant que les élèves n'en aient vraiment ressenti la nécessité.
Cette solution consisterait à formuler nettement des exigences inscrites dans le contrat du travail lors du démarrage du travail en atelier, exigences dans la qualité technique (bandes inaudibles), exigences dans le respect des dates, exigences dans la motivation du choix etc... Exigences au moment du démarrage (au besoin fiche à élaborer).
Le perfectionnement des travaux semble beaucoup mieux accepté lors des communications inter classes, il faudrait donc multiplier ce type d'échanges.
Le perfectionnement des travaux est lié à la prise en charge réelle des réalisations par les élèves ceci se pose surtout lors des équipes assez nombreuses. Question: Faut-il ou non un élève "coordinateur" (risque du petit chef) là encore ne pourrait-on poser ce problème au moment du démarrage, dans le contrat de travail ?
Gros problème de l'évaluation du travail en atelier - note - pas note ? Que faire lorsque le travail a été important mais le résultat raté ? Il nous semble que l'on pourrait discuter avec les élèves d'un barème d'auto-évaluation, en trouvant ensemble des critères simples et clairs d'évaluation : évaluation de la préparation, documentation, du déroulement du travail, de la présentation elle-même et amener les élèves à reprendre et à améliorer.
A la suite des réponses au questionnaire, et des visites de classes, nous avons été amenés à reformuler nos questions de départ tout en essayant de donner des amorces de solutions :
 
- LES OUTILS :
 
a) Le choix des sujets : la liberté réelle des enfants est en partie fonction des outils de sensibilisation dont ils disposent en classe, qui doivent équilibrer les sollicitations venues de l'extérieur.
b) Méthodes de travail: organisation. Certaines démarches (interviews, questionnaires, débats...) se retrouvent souvent et posent des problèmes spécifiques.
 
- UN ÉLÉMENT DE RÉPONSE :
 
Le fichier coopératif Grammatica. En cours d'élaboration ; il a besoin de l'apport de tous.

De nombreuses fiches de Retorica
 
Nous n'avons pas encore trouvé d'éléments de réponses sur les points suivants :
- LA DOCUMENTATION autre que celle proposée par le mouvement. C'est un problème énorme et fondamental :
 • Quelle documentation ? (sélection des documents, ouverture au vécu, par enquêtes, interviews,etc...)
• Comment s'en servir ? (lecture intensive, rapide, prise de notes, résumé ou synthèse au lieu de compilation).
 
- LA MISE EN COMMUN réciproque des travaux, sa nécessité, et dans l'affirmative, les modalités de celle-ci, pour qu'elle devienne plus efficace que celle que nous pratiquions jusqu'ici (journal, albums, exposés, dossiers, etc..).
 
- LE PERFECTIONNEMENT ET L'ÉVALUATION DES TRAVAUX
Notre module poursuivra sa recherche à la rentrée, sur ces trois points notamment, et souhaite la collaboration de tous les camarades intéressés par le travail en ateliers.
Nous continuerons nos visites de classes, de manière moins ponctuelle, mieux préparée, par exemple sur un travail parallèle, quand ce sera possible.
 

Synthèse rédigée par Simone BOURGEAT AVIGNON