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MATHÉMATIQUES : pratique quotidienne

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Juin 1978
 

MATHÉMATIQUES : pratique quotidienne
  À propos d'autocorrection et de recherche libre

 

Dans les classes qui démarrent en pédagogie Freinet, les élèves sont surtout attirés par le travail individualisé. L'explication en est simple : abus du travail collectif intense, du cours magistral, classes surchargées peu propices aux relations ...
 Le problème posé par ces témoignages, c'est celui des rapports entre le travail auto correctif et la recherche libre plus difficile à mettre en place, compte tenu de la rupture d'habitudes et, par ailleurs, de la contrainte des programmes et des examens.
   L 'autocorrection n'est-elle pas un moyen plus agréable de faire passer le cours ?

 

 A-t-elle une valeur éducative réelle ? Ces questions se posent dans les mêmes termes pour d'autres disciplines. Il s'agit aussi de définir la place des moments collectifs de communication et d'organisation en alternance avec le travail individualisé.

 

Cette année, j'ai deux classes de 4e (de 35 élèves chacune)
- une de 3e (35 élèves également),
- et une de 5e (33 élèves).
Les effectifs sont lourds et de plus la classe ou je suis installée en permanence est mal commode car trop exiguë : quand les 35 élèves sont assis, il m'est pratiquement impossible de circuler et à plus forte raison pour les élèves
- Les travaux en groupes sont donc matériellement assez difficiles
-De plus les élèves de 4e et de 3e, me semble-t-il, ne prennent pas très au rieux les travaux de libre recherche.
Pour eux, on fait des maths quand on fait un cours ou des exercices ! Alors ils ont été tout naturellement accrochés par l'autocorrection (ceci est moins vrai en 5e, il y a plus de moments de recherches libres, mais pas systématiquement non plus et certains é lèves n'ont jusqu'à présent fait que des exercices auto correctifs).
 
Dans toutes les classes, j'ai mis à la disposition des élèves :
- soit les livrets édités par la C.E.L. (ou les livrets provisoires à expérimenter),
- soit des fiches que je compose moi-même (exercices "piochés" ici ou là que je recopie ou colle sur des fiches de bristol : une pour lnoncé, une pour la correction).
Les élèves utilisent ces livrets (ou fiches) en classe (1 heure par semaine) ou à la maison (plutôt les livrets).
Je suis un peu née par des problèmes matériels car les fiches sont en un seul exemplaire (mais plusieurs sur le même sujet) et les livrets souvent en nombre insuffisant (quinze de chaque numéro acheté par le C.E.S. au niveau 4e et seulement 5 de chaque en 5e (et qui sont à moi).
Les élèves de 3e ont ainsi pu réviser les notions importantes de 4e (sauf la géométrie) avec les quatre livrets correspondants de la série.
En conclusion, en cette fin de premier trimestre, l'autocorrection marche assez bien et semble satisfaire les élèves mais les recherches libres sont pratiquement inexistantes (en 4e et 3e) ou très ponctuelles (en 5e).
Colette MARTIN
Les Echallats
Flat
63500 Issoire
 
 
 

Dossier ouvert · L'AUTOCORRECTION

Colette Martin apporte par ses réflexions un élément à notre dossier ouvert sur la technique de l'auto correction (relire La Brèche numéro 32 page 5 où est présenté ce dossier).
Ses réflexions peuvent amener certains à s'interroger, à douter même, si l’on se place d'un point de vue idéologique :"pourquoi l'auto correction s'instaure-t-elle plus facilement qu'une autre technique pédagogique en classe de mathématique ? ".
- Est-ce parce qu'elle ne change pas les contenus (ils ressemblent encore aux mathématiques habituelles) et que les formes d'activités qu'elle apporte, qu'elle permet, facilitent une absorption moins contraignante ... En somme, cela resterait une "pilule" bien enrobée ! ...
- Est-ce parce qu'elle répond : à des " besoins" réels de l'individu : autoducation, auto-contle, prise en charge d e sa propre information, de sa formation permanente ?Dans ce cas la réponse va bien au-delà de l'efficience seulement que chacun a bien sûr constatée.
Nous restons persuadés que l'auto correction apporte énormément à l'individu mais au groupe également, tant au point de vue méthodologique, que psychologique (relationnel par exemple ... ). Mais ces hypothèses, déjà soulevées dans la fiche-guide qui ouvre le dossier (La Brèche numéro 32), ne peuvent être infirmées ou confirmées que s'il se fait un VÉRITABLE TRAVAIL DE RÉFLEXION COOPÉRATIF sur ce thème.
Or nous n'avons, pour l'instant, pas assez de réactions, d'apports, à cet te fiche-guide, pour entreprendre une analyse et une synthèse qui seraient utiles à tous.
Cependant voici, sous forme de courts extraits du courrier, quelques informations sur les apports parvenus :
 
Michel MOREAU (71) a fait parvenir un spécimen de livret auto correctif réalipar ses élèves de 4e, en groupes " c'est imparfait, très différent selon les groupes ... " dit-il ... mais expérience intéressante!
Sylvain DUPUY (17) fait un certain nombre de réflexions au niveau du second cycle et donne quelques descriptions de son organisation : "Ça me paraît une technique très féconde du point de vue individuel à condition d'être pratiquée de façon régulière, très suivie ... C'est plus un outil de prise en charge de soi, d'acquisition de son autonomie que de véritable expression, mais malheureusement j'ai l'impression d'en être réduit à choisir entre auto correction et recherche libre" ...
Michel DAGOIS (03) construit un fichier d'exercices de physique, niveau second cycle, qu'il met à la disposition des élèves en quatre exemplaires dans la salle de documentation et n'intervient pas pour le moment clans la circulation des fiches ...
Marie-Alice RUHLMANN (67) fait part de ses réflexions sur le "Pourquoi" mais aussi résume son organisation :"Pourquoi l'autocorrection ?
- pour que l'apprentissage de techniques de calcul ne soit pas sanctionné par la moyenne des essais erreurs, mais par la volonté de l'élève d'acquérir tel ou tel outil pour que le rythme soit le moins strict possible, avec la contrainte évidente du programme,
- pour pouvoir discuter avec chaque élève en difficulté et essayer de leur apprendre à s'entraider,
- pour donner la responsabilité de ce que l'on présente comme brevet.
Elle se pratique en classe de 4e systématiquement une heure par semaine avec une planification et un contrôle par les brevets ; "un brevet" est fait :
- d'un calcul le plus compliqué qu'ils pensent pouvoir effectuer sur une méthode de calcul,
- d'un organigramme décrivant la méthode de calcul,
- d'un test,
ceci en trois temps différents et dans cet ordre.
Les élèves ont une liste de tous ces brevets qui doivent être acquis en fin d'année.
Pierre RAMBLIERE (16) évoque, avec de nombreux exemples, l'intérêt qu'il découvre à utiliser des calculatrices non programmables ou programmables (comme la P 101), comme outil d'autocorrection : chaque élève peut imaginer ses exercices, les réaliser, les corriger sur le premier type de machines, mais les initiés peuvent aussi réaliser des programmes sur les autres du second type ...
"Je suis de plus en plus convaincu de l'intérêt de ce type de travail où chaque élève décide de son travail, suivant son niveau, son rythme ... d'où un travail sérieux, motivé, une ambiance plus agréable ... " dit-il .. .
Edmond LEMERY
Responsable du dossier
64 boulevard Berthelot
63000 Clermont-Ferrand