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Pourquoi et comment violer la Convention internationale des droits de l'Enfant

La Convention a 25 ans et pourtant en France...

Un billet d'humeur de Jean-Pierre Fournier sur une situation catastrophique pour trop de jeunes.

 

Pourquoi et comment violer la Convention internationale des droits de l'Enfant ? 

 
C'est ce à quoi s'appliquent des conseils généraux, l'Aide sociale à l'enfance en déniant leur minorité à des jeunes qui arrivent seuls sur le sol français en quête de protection et d'avenir.
La méthode : des entretiens malveillants où, comme dans un interrogatoire de police, on cherche à déceler la moindre faiblesse ou à confirmer une impression systématiquement négative ; des tests osseux, conçus il y a longtemps pour d'autres populations, et dont la marge d'erreur est de 18 mois ; l'usage du doute univoque : on n'est pas sûr que vous êtes mineur... donc vous n'avez pas droit aux bénéfices de la protection. Ce sont des juges qui le disent, la violation des Droits de l'enfant est légale.
Les résultats : des jeunes qui dorment dehors (ou qui marchent toute la nuit, car ils ont peur du monde de la rue), des jours où il n'y a qu'un repas-soupe populaire en plein air (week-ends, vacances scolaires), l'obligation de frauder dans les transports, la quasi-impossibilité de téléphoner, de laver ses vêtements ou d'en avoir d'autres... la liste des entorses aux droits humains s'allonge vite quand on n'a pas un centime d'allocation et pas un lieu où s'abriter. Certains se débrouillent quelques jours chez des copains, d'autres dans un foyer africain (dans ce cas, plutôt dans une encoignure de salle ou dans la cuisine), pour tous la vie est très dure.
Le seul havre : l'école, généralement le lycée professionnel, où, après une année en classe d'accueil, ces jeunes préparent (et très souvent réussissent) un CAP (sans pouvoir déboucher sur un métier, car alors ils sont majeurs... et sans-papiers). Mais l'école est très souvent le lieu de la solidarité, et ces élèves « en veulent ».
Mais pourquoi l'Aide sociale à l'enfance et ses sous-traitants (par exemple France Terre d'Asile) s'acharnent à exclure ces jeunes de la prise en charge à laquelle ils ont droit ?
La raison invoquée est budgétaire, et l'on se plaint alors du nombre croissant (quelques milliers, à Paris quelques dizaines, une centaine tout au plus) de jeunes concernés. Mais personne ne nie que ces jeunes ne représentent qu'un très faible pourcentage des jeunes sous la tutelle de l'ASE. Alors ?
Alors peut-être pense-t-on qu'un jeune étranger pèse trop lourd de toute façon. Peut-être que Marine triomphe déjà dans bien des têtes officielles pourtant politiquement très éloignées de sa xénophobie affichée.
On peut en tout cas se poser la question. Et agir pour les droits de ces jeunes, comme c'est le cas notamment dans le Nord-Est parisien (et aussi dans le 93, à Toulouse... une liste à rallonger). Avec des succès encore minuscules, et une sacrée envie de continuer.
Car, au travers de la lutte pour les MIE (mineurs étrangers isolés), faire vivre la CIDE, c'est aussi lutter pour ces jeunes.
 
Jean-Pierre Fournier
 
 

 

merci

Jean-pierre, ton texte me fait penser à ces fameux tests osseux qui, de mémoire, datent des années trente, avec des populations d'origine africaine il me semble, et qui sont entachés de la marge énorme d'erreur que tu mentionnes... Y a-t-il une pétition sur "change.org" pour porter ton combat ?
José Antonio Tomé