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La recherche documentaire dans le premier degré

Dans :  Techniques pédagogiques › 

Des occasions pour apprendre

Interview de Philippe Wain

par Joëlle Brault et relecture par Hélène Duvialard  

 
Philippe Wain a été instituteur à l'école de Bauzy, un petit village du Loir et Cher, dans une classe de 3 à 4 niveaux. Le chantier Doc2D l'a rencontré lors du chantier Outils à Annonay en mars 2015. Il témoigne de la place de la recherche documentaire dans sa classe primaire multiniveaux.
 

  

Quand les enfants étaient-ils en situation de recherche ?

Les enfants étaient dans ma classe plusieurs années. J'avais l'habitude de faire le point en début d'année sur les questions qu'ils se posaient. On essayait de cerner ces questions, de chercher dans quel grand domaine de la connaissance elles se situaient, de voir quels croisements on pouvait faire avec d'autres questions, d'autres domaines.

D'autres moments étaient saisis :

- Les temps de travail individuel : c'est un temps qui peut être utilisé pour écrire un article dans le journal, une lettre aux correspondants, pour préparer une production, une présentation ou pour faire une recherche,

- Sur l'emploi du temps général de la classe aussi, dans le cadre d'un projet ou suite à des demandes extérieures, des correspondants ou de collègues.

Par exemple, présenter notre milieu aux correspondants peut nécessiter recherches ou enquêtes.

- Faire le compte rendu d'une visite qu'on a tous faite peut aussi demander que les enfants fassent des recherches pour compléter ou approfondir.

- Le Quoi de neuf ? peut aussi susciter des questionnements et donner matière à approfondissement par la recherche.

De manière générale, nous avions l'habitude de profiter des situations qui se présentaient

- Par exemple un travail sur les titres des unes de la Nouvelle République du Centre-Ouest est l'occasion de travailler la langue mais aussi de faire des recherches sur les événements relatés.

Parfois une simple affiche pouvait servir de point de départ à un questionnement et donc à une recherche.

- La lecture quotidienne des textes d'un calendrier perpétuel nous faisait voyager dans le temps et sur tous les continents : point de départ possible pour des recherches, mais aussi travail sur le vocabulaire, sur les repères géographiques et historiques,...

La part du maître dans l'accompagnement à la recherche

On commence par formuler une liste de questions que l'on se pose par rapport au sujet. Les enfants en font part aux autres dans un moment collectif. Les plus grands pourront alors éventuellement prendre en charge les questions des plus petits. On regroupe ensuite les questions pour obtenir un plan travaillé, un sommaire. Quand on a les élèves 3 ou 4 ans, c'est plus facile de donner des habitudes. On n'a pas non plus la limite des disciplines comme dans le second degré.

 

Où cherche-t-on ?

Le fonds documentaire dans une petite école n'est pas forcément très riche. La classe est abonnée à BTJ et FTJ en ligne. On peut faire appel aussi à des personnes ressources, à des témoins, à des documents produits par d'autres classes.

Le problème d'Internet, c'est la fiabilité et la complexité. Ils ont tendance à recopier. Il m'arrivait parfois de refaire des documents compréhensibles par les enfants, à partir de sources trouvées sur Internet ou dans des documents.

 

Quelle restitution ?

Je demandais aux enfants d'écrire un paragraphe qui réponde à chaque question, en ne notant que ce qu'ils ont compris. Chaque travail étant retransmis à la classe, il faut donc se faire comprendre par tout le groupe. Certains parents ne comprennent pas que des travaux de recherche faits à la maison avec leur appui soient repris en classe pour être simplifiés ou réécrits.

Le résultat des recherches peut prendre la forme d'un affiche, d'un fiche documentaire qui alimentera la bibliothèque de la classe ou qui sera envoyé aux correspondants. Le plus souvent, leurs travaux sont publiés dans le journal de la classe.

Les enfants ont aussi réalisé deux FTJ, l'une sur le land art à Chaumont sur Loire, l'autre sur les étangs de Sologne. L'important est de laisser une trace.

Pour qu'un document produit puisse être communiqué à d'autres, la mise en page doit être réussie. C'est l'occasion aussi de travailler la maquette, la mise en page.

 

Que pensent les élèves de la recherche documentaire ?

Pas grand chose ! Ils ne peuvent pas trop comparer avec d'autres manières d'apprendre. Si le sujet les intéresse, ils sont contents.

 

Quel intérêt y vois-tu ?

Pour moi, l'essentiel n'est pas que les enfants aient des connaissances encyclopédiques à l'entrée au collège. Une grosse partie du programme sera d'ailleurs refait. Mon but était surtout de susciter leur curiosité, de les aider à être autonomes, qu'ils développent des attitudes et des aptitudes et qu'ils aient dans leur bagage quelques connaissances solides et vraiment acquises.