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Des saveurs et des odeurs

Avril 2002

CréAtions n° 101 "Sensorialités"
publié en mars-avril 2002, P.E.M.F.
Classe de GS/CP – Ecole Frédéric Mireur, Draguignan (Var) – Enseignante : Corinne Marlot

 

 

Des saveurs et des odeurs – Histoires de goûts …

 

D’abord collecter, classer, comparer et nommer des produits alimentaires ; puis parler ensemble de ses goûts, de ses dégoûts pour trouver les mots qui décrivent ces sensations, et enfin réunir tout cela dans un jeu qu’on aura inventé : voilà, en résumé l’histoire d‘un itinéraire « savoureux ».

L’origine

C’est une fin d’après-midi, nous fêtons les anniversaires du mois d’octobre. Le gâteau choisi et réalisé par un groupe d’enfants ne fait l’unanimité ! Certains adorent, d’autres détestent…
Il s’agit d’une « modeste » tarte aux raisins. J’incite les enfants à expliciter et à se justifier, mais ils ont du mal à se dégager du « j’aime, j’aime pas ».
Il y a donc une difficulté à exprimer des sensations dans le domaine de la saveur et des odeurs. Les images et les mots ne sont pas disponibles.
Une semaine plus tard, c’est « la semaine du goût ». Ça tombe bien ! Vu le contexte de la classe, nous décidons de collaborer au projet national.

Reconnaitre

Chaque enfant a pour mission de ramer de la maison un ou plusieurs produits alimentaires qui ont un goût et une odeur particulière permettant de l’identifier.
La récolte a été riche ! Devant cette diversité des produits, nous avons dû procéder à un classement : ce qui se sent et ce qui se goûte. Mais ça ne suffisait pas, alors on a rajouté pour chaque catégorie : ce qui est fort et ce qui est doux.
Nous avons abouti à quatre listes de produits. Chaque liste a été prise en charge par un groupe.

 

Parler

Pendant que les enfants s’entrainaient à reconnaitre les produits, ils étaient largement invités à dire leurs préférences, à justifier leurs goûts, à inviter leurs préférences, à justifier leurs goûts, à inventer des images pour dire une odeur, une saveur, à oser des métaphores…
Au travers de ces jeux de langage, nous nos sommes construits un lexique-référent qui puise à la fois dans le champ lexical du goût, mais aussi dans un vocabulaire plus poétique et décontextualisé.
« L’odeur de la pomme cuite, c’est comme un câlin… »
« L’alcool de menthe, ça fait ouvrir les yeux tout grand, comme un robot… »

Tout ce travail a été réalisé à l’oral. Il aurait pu faire l’objet d’écritures poétiques, mais dans le contexte de cette recherche, il a donné lieu à quatre tableaux, sorite d’état des lieux du moment.
Puis, les quatre tableaux ont été affichés et nous avons débattu collectivement du fait que les goûts n’étaient pas partagés par tous de la même manière. Nous avons également relevé tous les mots et expressions liés à ces sensations découvertes ensemble.

Jouer

La règle du jeu est une variante du jeu de l’oie. En ce qui concerne la reconnaissance des saveurs et des odeurs (cases bleues et rouges), la règle a été proposée par les enfants.
Ils ont ensuite ajouté la contrainte de la case marron, qui fait reculer.

J’ai alors proposé une épreuve supplémentaire » : case jaune pour la description-devinette d’une odeur ou d’une saveur au choix (en référence à note lexique commun).

Règle

Chaque équipe, à tour de rôle, jette le dé et délègue un joueur qui, les yeux bandés, selon la couleur de la ses, doit reconnaitre une odeur ou une saveur ou bien proposer une description-devinette.
Le joueur a le droit de toucher le produit et il peut demander de l’aide à son équipe.

Chaque équipe dispose de trois jokers d’aide. L’équipe gagnante est celle qui atteint la première la case 40.

 

Epilogue
Il arrive que les enfants demandent une partie du « jeu du goût ». Nous l’inscrivons à l’emploi du temps de la semaine suivante. Ce jeu fait maintenant partie du patrimoine de la classe ; il a le mérite d’être évolutif à l’infini : des enfants adoptent encore de-ci de-là de nouveaux produits pour l’enrichir.
Dans le cadre de l’atelier cuisine, j’ai noté que les enfants sont plus attentifs aux produits qu’ils manipulent : odeur, saveur, mais aussi couleur et texture.
C’est une façon d’affiner le rapport avec la matière, de trouver des mots pour la dire et se dire à travers elle. Questionner ses sensations en termes de goût agrandit son champ de perception et de décodage de l’environnement.
C’est peut-être là tout l’enjeu de l’éducation artistique : aide l’enfant à devenir plus attentif à ses sensations et, au-delà, pouvoir les exprimer à travers une médiation langagière, visuelle ou corporelle.
J’attends maintenant avec impatience le printemps pour une promenade dans la campagne à l’affût des « odeurs qui se réveillent », histoire d'enrichir notre répertoire et cette fois-ci d’écrire…  


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