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Les allumettes

Avril 2002

 

 

Les allumettes - Petits événements sonores et visuels – Itinéraires

A travers ce témoignage, quelque chose de sincère était à l’œuvre.
J’ai voulu savoir, dans ce travail, quelle avait été la part de l’adulte, la place du tâtonnement, les hasards et les doutes de la démarche.
Depuis maintenant trois ans, je suis leurs pérégrinations et voici, en exclusivité quelques instantanés d’un itinéraire de créateurs.

Les Allumettes, c’est d’abord deux filles, Charlotte Canthelou, plasticienne et comédienne et Anne Laure Leconte, créatrice d’univers sonores et chanteuse.
Elles se rencontrent en 1996 et pendant deux ans vont travailler dans les écoles du 15ème arrondissement de Marseille proximité d’un camp de gitans sur le thème du carnaval.
Depuis trois ans, au travers d’expériences liées à l’intervention urbaine sur des sites touchés par la démolition, Anne Laure mûrissait le projet d’un spectacle où les habitants d’un quartier sensible seraient acteurs le temps d’un événement éphémère qui changerait sensiblement la géométrie de leur espace habituel.

La rencontre avec Charlotte, plasticienne, a concrétisé cette envie et un spectacle éphémère a vu le jour, « L’Estaco » à l’ilot Pasteur : la place était redessinée à une échelle légèrement supérieure grâce à un décor géant de draps et de lavandières : acrobaties, feu d’artifice et repas de quartier…

Au travers de ces interventions, dans ces quartiers soumis à des plans de rénovation, s’est imposée presque d’elle-même, la relation au passé : les souvenirs émergent via la recherche et le partage de documents, photos, objets. Ils détiennent un pouvoir, celui de délier les langues et de crée l’envie d’exprimer.

Ces documents seront revisités par les enfants, héritiers de l’histoire de ces lieux soumis à de brutales transformations : le projet des « Petits Griots de l’Estaque » était né !
Pendant deux ans, en 98 et 99, dans le cadre d’ateliers en milieu scolaire – écriture et productions plastiques – les Allumettes ont accompagné les enfants dans leur démarche de recherche de documents anciens et les ont invités à mettre en scène ces objets du passé au travers d’histoires, de poésies et de peintures et rhodoïds.
« Ces enfants ont un lien très fort avec le passé, dit Anne Laure, car ils vivent très proches de leurs grands-parents dans le quartier de l’Estaque qui est resté longtemps assez ferme sur l’extérieur. Et puis est venu le plan d’urbanisation et tout se transforme rapidement. Au début les gens nous demandaient pourquoi on parlait d’eux. Je crois que peu à peu pour moi, s’est clarifiée l’attirance qui me venait de ces quartiers : c’est la capacité de la vie quotidienne à prendre le dessus sur ce qui peut apparaitre figé ou détruit. Il y a toujours des petits espaces d’ouverture, de liberté, comme un brin d’herbe qui surgit là où on ne s’y attend pas !

 

 

« L’Estaque, c’est comme une pièce brillante sauf que c’est les poissons et les vagues qui sont brillants… »
                 Les petits griots


« Avant les coquillages ça n’existait pas
parce que il n’y avait personne pour les voir… »

Les petits griots


« … Les poissons de l’Estaque ressemblent aux maisons que les immigrés ont fabriquées… »
                                      Les petits griots


« … Avant, ma maison, c’était une tuilerie,
c’est pour ça que j’ai amené des tuiles… »

Les petits griots

 


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