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Une libre recherche en mathématiques

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Décembre 1976

 

UNE LIBRE RECHERCHE MATHÉMATIQUE

 Comment amener les élèves à l'état de recherche ?

 

Je pense, comme Edmond Lèmery, qu'il n'y a pas de discrimination à faire sur le point de départ d'une recherche mathématique ; que l'élève soit intéressé par un sujet est un tremplin nécessaire pour son travail. Mais le problème, pour moi, est de faire naître cette curiosité initiale qui pousse à se lancer dans une recherche.

 

J'ai essayé pour la première fois cette année avec une classe de 6e, dans la banlieue parisienne. J'ai beaucoup de mal à ce que les élèves se posent des questions : ils sont tellement habitués à seulement répondre au professeur !

 Et je suis obligée de leur proposer des sujets, de leur proposer des pistes et, dans bon nombre de cas, de leur faire leur programme de recherche... ce qui n'a plus rien à voir avec de la recherche, encore moins avec de la recherche "libre" !

 Dans l'article d'Edmond je note ces expressions :

 

    - Catherine s'interroge : combien de bijections sont- elles possibles ?

    - Une recherche est reprise par Emmanuel et s'élargit

    - Eric veut aller plus loin

    - Sophie et Jean-François observent

    - Tiens ! ... alors naissent des questions.

 Pourquoi mes élèves ne s'étonnent-ils pas devant des résultats ? Pourquoi les questions ne naissent-elles pas ?

 Je peux leur suggérer des idées, bien sûr, mais cela ramène fatalement le sujet pour lequel ils étaient motivés au niveau de l'exercice traditionnel et cela démobilise leur intérêt quand il leur faut répondre à des questions qu'ils ne se posent pas d'eux-mêmes.

 Ces difficultés au départ se répercutent sur la fin du travail : absence de recul vis-à-vis des recherches ; mise en forme et présentation confuse, pas de conclusion.

 Je pourrais penser que les thèmes choisis sont trop difficiles pour les élèves ; ils sont pourtant beaucoup moins élaborés que ceux présentés dans les livrets de libre recherche. Ce sont par exemple : tirs aux dés, constructions de volumes, superpositions de papier vitrail de couleur, fabrication d'un calendrier perpétuel, dénombrements divers, création d'un jeu sur circuit etc. (A propos, les élèves ne sont pas très persévérants non plus pour regarder de près les livrets de libre recherche)

 Les déceptions, heureusement, n'atteignent que moi : les élèves, quant à eux, sont manifestement contents de cette façon de travailler (Il a d'ailleurs fallu que je valorise à leurs yeux cette façon de faire des maths qu'ils considèrent comme des jeux, ce qui mériterait quelques commentaires !)

 S'ils n'ont généralement qu'effleuré les notions mathématiques, ils ont du moins pu découper, dessiner, participer tous à la réalisation de la correspondance et d'un journal, mener chacun à son terme une expérience personnelle, ce dont ils ont manifestement besoin.

 Cela m'a permis de connaître chaque élève de façon beaucoup plus large qu’à travers un cours "classique" et d'individualiser mon aide.

 J'ai aussi redécouvert personnellement le plaisir de chercher, que j'éprouvais quand j'ai décidé d'être prof de maths, plaisir que j'avais perdu depuis. C'est pour moi le plus important sans doute de cette expérience, ce qui me donne envie de poursuivre.

 

Hélène HAUDIQUET Juin 76

 11 bis rue Casenave 94430 Chennevicres