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Le travail autonome

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Septembre 1983

Remarques générales: C'est pour moi un des points de contact avec les collègues qui veulent travailler autrement.
Dans d'autres matières, des tentatives se font jour sous forme de travail au C.D.I. (surtout en histoire-géographie). De plus, un prof de lycée est venu nous expliquer les démarrages sur l'académie d'Amiens et de Lille et nous parler des groupes de travail qui s'étaient constitués. Actuellement il semblerait que officiellement, par l'intermédiaire de certains I.P.R. du C.N.D.P., des groupes de travail équivalents se mettent en place pour les collèges.

 
Analyse de la situation et remèdes auxquels je pense
En début d'année les élèves arrivent avec une vision bien définie des rôles de chacun. Ils sont: un élève + un élève, etc. face à un manuel, face à un prof. Le savoir à acquérir est inscrit dans le manuel, il est acquis par le prof. Manuel et prof sont les deux référents du savoir et de la connaissance. Le manuel est donné officiellement par le C.D.I. on doit le couvrir en prendre soin, le payer s'il est perdu ou détérioré. Le “ travail sérieux ” ne commence que lorsqu'il est distribué et s'arrête lorsqu'il est rendu en fin d'année au C.D.I.
D'un seul coup avec le travail autonome et l'utilisation d'autres outils qu'il implique, cette valeur du manuel disparaît. Quant au prof, son rôle se dissout, puisqu'il n'est plus là “ pour faire cours ”. De plus, l'évaluation basée sur leçon + devoir + note en prend un sacré coup.
En conséquence, je pense que pour les débutants il nous faut d'abord des outils qui rassurent. Avec la mise en place du travail autonome les rôles sont bouleversés. Les jeunes ne savent plus se situer .
Je casse la machine qui ronronnait bien.
Le passage d'une situation d'apprentissage à une autre ne peut se faire que si je m'appuie sur des outils crédibles à leurs yeux. Car mes panneaux, affiches, poèmes, même la correspondance, tout ce que nous voulons faire s'exprimer dans nos classes, ça ne fait pas sérieux par rapport â leur environnement quotidien basé sur devoirs, contrôles et notes... et le fichier espagnol qui a même nom “ jeux ” c'est quand même pas sérieux !
Donc des outils crédibles à leurs yeux - c'est peut-être réac comme réaction ou c'est peut-être moi qui ne sais pas mettre en place et susciter une vraie vie de classe coopérative. Mais j'en ai marre de me casser la gueule avec des classes en situation de refus et d'échec et de réussir avec des latinistes! - c'est-à-dire création de livrets auto correctifs qui permettraient un apprentissage individuel ou collectif dans lesquels serait inclus le tâtonnement expérimental. Ils couvriraient l'ensemble du programme (ça rassure !), ils mettraient en jeu des situations diverses auxquelles on est confronté dans des pays étrangers avec possibilité de réponses diverses. Ils comprendraient des tests de compréhension face à ces diverses situations. Je suis allée à Paris voir l'exposition Expo-langues et ça m'a donné quelques idées en voyant ce qui se faisait sur ordinateur; on pourrait faire des fiches autocorrectives du même type. Cette idée de livret de travail m'est venue à partir du travail réalisé par Jacques Biotti en électronique en L. E. P. dans La Brèche n° 85 de février 83. Qu'en pensez-vous ?
Est-ce applicable à une classe de langue où il faut d'abord parler ? Est-ce réalisable, nous tous ensemble ou bien est-ce à chacun de mettre cela en place selon sa situation locale ? Quand ?
Si on y réfléchissait dès maintenant on pourrait peut-être mettre en place un stage sur le temps de travail, l'année prochaine, stage national pour la mise au point de ces fiches ou livrets. On pourrait partir de ce qu'on a déjà dans nos cartons et se les envoyer pour les tester coopérativement dans les classes.
Après ces considérations générales, je voudrais expliquer mes démarches de cette année.
 
Il me semble que j'utilise le travail autonome de deux façons :
Le travail autonome épisodique selon l'actualité dans la classe, c'est-à-dire travail autonome par groupes sur un sujet commun ou plusieurs sujets différents.
Le travail autonome institutionnalisé, en général une heure par semaine tout au long de l'année.
 
Pour le travail autonome épisodique :
• Dans une 4", les relations prof-élèves, élèves-élèves sont très fortes. Nous passons par des périodes d'amour et de haine réciproques assez violentes... Ça semble bizarre, mais c'est dû aux fortes personnalités de deux garçons et deux filles face au reste très passif et qui subit. Nous avons fait des groupes de travail pendant une semaine pour la réalisation de bulletin relatant la venue des colombiennes dans la classe, également pour la rédaction de lettres faites en groupes de deux ou trois et envoyées plus tard en Colombie. Au troisième trimestre, nous avons le projet de participer à une exposition dans le centre-ville sur le thème “ Compiègne et l'étranger ” , avec des panneaux sur la Colombie relatant notre correspondance.
 
• Dans une autre 4e, voici comment nous avons démarré. Au mois de décembre, certains élèves s'étaient abonnés à la revue “ Qué taI ? ” Au moment de la distribution en classe, tous ont voulu regarder ces revues, distribution par petits groupes; quelques élèves se sont mis à prendre des notes sur leur cahier à partir de ce qu'ils lisaient. J'ai sauté sur l'occasion, et je leur ai proposé de travailler ainsi une fois par semaine à partir d'autres documents. Ce fut l'occasion de présenter le matériel à leur disposition: fichier, revues, B.T., dossiers documentaires sur l'Espagne, diapos à construire. . .
Nous avons choisi le jeudi pour ce travail, gardant le lundi et le mardi pour un apprentissage collectif avec manuel. Il n'y a pas d'évaluation normative pour l'instant, de ce travail, mais je me suis rendue compte, lorsque nous sommes en grand groupe, le lundi et le mardi, qu'ils reprenaient des acquisitions faites le jeudi, ce qui les étonnait, “ Mais Madame, ça on l'a vu... ” acquisitions de vocabulaire surtout.
Marie-France Adenier Compiègne
Cet article est tiré de la multilettre de la Commission espagnol, n° 19.