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La logique du RASED ou une pratique institutionnelle au service des élèves en difficulté

 

Salon de Nantes 2008
Compte-rendu de l'atelier de Marc Chatellier (IDEM44)- jeudi 27 mars 2008 - notes : Philip Lavis. 
 
 

La logique du RASED ou une pratique institutionnelle au service des élèves en difficulté

 

 
Marc se présente comme un instituteur (et non « professeur d'école »). Pour lui, il existe une différence entre instituer et professer,
Sa fonction est « rééducateur en psychopédagogie » (maître « G » pour parler en acronymes). Il est titulaire d'un doctorat en sciences de l'éducation sur l'entrée dans la lecture.
 
Postulat : la logique du RASED participe d'une pratique institutionnelle.
 
Pour le vérifier, Marc propose un plan « inversé » :
1- Les élèves en difficulté
2- La logique du RASED
3- Une pratique institutionnelle
 
 

1- Les élèves en difficulté

 

Tout d'abord, il n'est pas question de parler des 15% d'élèves évoqués par Serge Boimare au début de sa conférence, car ces statistiques justifient les politiques et mesures gouvernementales.
 
La question à se poser est de savoir qui décrit les difficultés des élèves.
Les élèves dits « normaux » sont-ils différents des élèves dits « en difficulté » ?
La difficulté est une forme particulière de langage exprimée à un moment dans le parcours de l'élève.
Très tôt, dans l'histoire de l'école, on repère des élèves qui n'apprennent pas. En 1987, 2 ans avant les programmes de L. Jospin, on distingue 2 grandes logiques :
-         la logique de l'adaptation (pour les élèves n'ayant aucun déficit cognitif)
-         la logique de l'intégration (quand on est face à des dysfonctionnements avérés nécessitant une scolarisation particulière)
En 2002, on parle bien d'Adaptation et d'Intégration Scolaires (AIS)
De nos jours, on dit « scolarisation des élèves en situation de handicap ».
 
Le problème est de savoir de qui on parle : s'agit-il de l'enfant, avec une filiation, une origine, ou bien de l'élève, qui, au nom de la Loi sur l'Instruction (et pas Education) obligatoire, est extirpé de son statut d'enfant pour le faire rentrer dans le monde de l'école ?
 
Qui est en difficulté ? Est-ce l'enfant ou l'élève ? La nature de la réponse sera, bien sûr, différente selon le cas.
 
Il s'agit du « sujet apprenant », en fait. Et certains résistent.
A quels types de difficultés est-on confronté ?
 
-         des difficultés « intra » (au sein de l'école et relevant de l'Education Nationale)
-         des difficultés « intra » et « inter » (à l'intérieur de l'école, dans le métier d'élève, et se manifestant dans le mode relationnel aux pairs et aux adultes).
-         Des difficultés « méta » (intra familiales, intra et inter scolaires : élèves qui apprennent sans qu'on sache comment mais qui, soit ne s'expriment pas ou soit utilisent le passage à l'acte, comme des agressions verbales et/ou physiques et qui donc, perturbent la classe).
 
L'importance du langage :
 
A l'école, nous sommes assignés à avoir une couverture théorique la plus large possible.
On a eu la théorie piagétienne, puis celle de Wallon, on a aussi la théorie psychanalytique, mais à l'école : aucun champ ne peut à lui seul résumer les processus d'apprentissage.
 
Un « sujet apprenant », qui, toute la journée, perturbe la classe, parle. C'est son instabilité qui parle.
Une difficulté à l'école est un appel.
C'est bien cela que la logique du RASED est chargée d'examiner.
 
 

2- La logique du RASED

 

 
Les RASED apparaissent en février et avril 1990 et participent de la Loi cadre de 1989, dernière grande Loi en matière d'éducation.
La logique des RASED se décline en 5 points :
 
1- On présuppose que « quand le bateau coule, il est trop tard », un logique de séparation d'avec le réel : on est confronté à des difficultés à gérer, on rompt avec la dictature du réel, on sort de l'immédiateté et on essaye de comprendre.
Meirieu dit qu'un enfant en difficulté à l'école met l'adulte (papa, maman, le maître) en difficulté.
 
2- On sort de la notion de mesure et de constat : on part bien d'une demande de l'enseignant, mais sans forcément y répondre.
 
3- On travaille sur la demande, sur le discours, sur les représentations que l'adulte se fait de l'autre qu'il pense en difficulté.
 
4- C'est un travail de triangulation du « sujet apprenant » : l'enfant s'émancipe pour devenir un sujet tiers.
 
5- C'est une logique pluridisciplinaire.
 
Trois approches structurent cette logique :
-         Le maître « E » : l'apprentissage est essentiellement basé sur la structuration de processus cognitifs,
-         Le maître « G » : le développement psycho-affectif, comment l'enfant gère-t-il ses affects ?
-         Le psychologue scolaire, qui est l'interface entre la cognition et le psycho-affectif, il a un travail d'accompagnement des parents et n'a pas compétence à exercer un suivi psychologique au sein de l'école.
 
 

3- Une pratique institutionnelle

 

 
Une mise en relation est faire avec 5 invariants de la Pédagogie Freinet :
-         le n°1 : « L’enfant est de la même nature que l’adulte »
-         le n°3 : « Le comportement scolaire d’un enfant est fonction de son état physiologique, organique et constitutionnel. »
-         le n°7 : « Chacun aime choisir son travail même si ce choix n’est pas avantageux. »
-         le n°11 : « La voie normale de l’acquisition n’est nullement l’observation, l’explication et la démonstration, processus essentiel de l’école, mais le tâtonnement expérimental, démarche naturelle et universelle. »
-         le n°14 : « L’intelligence n’est pas, comme l’enseigne la scolastique, une faculté spécifique fonctionnant comme en circuit fermé, indépendamment des autres éléments vitaux de l’individu. »
 
Il est à noter que 120 collègues de RASED du département font leurs ces 5 points.
 
Cette pratique institutionnelle :
- ne découpe pas, ne saucissonne pas l'enfant – un maître E qui travaille seul , ce n'est pas un RASED.
-         suppose que les sujets ne peuvent travailler qu'à partir du langage,
-         n'enferme pas l'enfant / élève dans une posture de novice, la demande vient de celui qui sait,
-         suppose un travail d'équipe au quotidien,
-         intègre l'enfant / élève dans l'auto évaluation par rapport à ses difficultés.
 
 
Le film « RASED, le temps d'aider » n'a pu être visionné, faute de temps.
 
Ce documentaire de Fanny Clément propose une découverte en profondeur de la démarche professionnelle des enseignants spécialisés, espérant montrer que dans la plupart des situations, les difficultés scolaires ne constituent pas une fatalité.
Le rôle de la psychologue scolaire est abordé en plateau par Bénédicte Mémin, psychologue scolaire du RASED de l'Arbresle.
Egalement invités sur le plateau :
- Félix Gentili, auteur d'une thèse en sciences de l'éducation intitulée : "La rééducation contre l'école, tout contre",
- Philippe Meirieu, directeur de l'IUFM de Lyon.