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logo ressource btn Célestin Freinet : les combats d'un pédagogue

Niveau de lecture 4
Juin 1996

Expression libre, correspondance et journal scolaire, vie coopérative de la classe : toutes ces pratiques ont été introduites par un instituteur, Célestin Freinet, au fil de son travail avec ses élèves... Voici son histoire.

Comment un instituteur de campagne du sud de la France, est-il devenu l'initiateur de méthodes pédagogiques pratiquées aujourd'hui dans le monde entier?

Et pourtant, les difficultés ne manquent pas, aujourd'hui comme avant : les années ont passé, mais les conflits restent, entre cette pédagogie de l'autonomie, de la créativité, et certains politiques toujours peu favorables à la liberté de jugement des gens ordinaires.

Voici l'histoire de Célestin Freinet, tout au long de ses combats, mais aussi, au fil du développement d'un réseau coopératif d'enseignants toujours vivace.

Sommaire
- Un instituteur de campagne dans la tourmente de 1914
- À la recherche d'une autre éducation
- De l'Imprimerie à la correspondance et au Journal scolaire
- La constitution d'un réseau coopératif d'enseignants
- Un violent conflit qui dépasse la pédagogie
- Un défi en forme d’école
- L'oppression de la Seconde Guerre mondiale
- Espoirs et déceptions du combat pédagogique

Un instituteur de campagne dans la tourmente de 1914

Célestin Freinet naît le 15 octobre 1896 à Gars, petit village perdu dans le haut pays au nord de Grasse (Alpes-Maritimes).

Au cours de son enfance, il ne connaît rien de la vie moderne de son temps, il n'a jamais vu un journal, une vitrine de magasin, un train, tout juste l'auto du député avant les élections.
En revanche, l'enfant se passionne pour la nature, les animaux, le rythme des saisons, les jeux dans le torrent, les travaux des adultes, leurs préoccupations, leurs anciennes traditions.
 

Cette profonde empreinte de son milieu se retrouvera dans tous ses livres et influencera fortement sa vision de l'éducation. Mais l'attachement à ses origines ne l'empêche pas de critiquer les inégalités dans l'accès aux connaissances et de revendiquer le progrès technique pour tous
 

Bien qu'il trouve l'école beaucoup moins passionnante que tout ce qui se passe au-dehors, il travaille assez bien pour qu'à 13 ans on l'envoie en pension à Grasse préparer le Brevet.
Il réussit le concours d'entrée à l'école normale d'instituteurs de Nice où il entre à 16 ans. C'est, à l'époque, le parcours envié des enfants de famille modeste, car les frais d'études sont payés par l'État et cela permet d'obtenir une situation modeste mais sûre.

Malheureusement, la guerre de 1914 l'empêche d'accomplir sa dernière année d'études. A1 8 ans, on lui confie sa première classe en remplacement d'un instituteur mobilisé.

Six mois plus tard, c'est son propre départ pour l'armée. La guerre meurtrière exige toujours davantage de soldats.
En octobre 1917, il est très grièvement blessé au poumon. Après deux ans de convalescence, il est considéré comme mutilé à 70 %. Pourtant son enfance lui a donné suffisamment de volonté et d'amour de la vie. Malgré son handicap, il décide d'être instituteur, comme il l'avait voulu.

 

 

Freinet Gars
La maison natale de Freinet à Gars

 À la recherche d'une autre éducation

Le jeune Freinet (il a alors 23 ans) n'a aucune envie de reproduire comme instituteur ce qu'il a dû subir dans son enfance.
 

Il juge cette école trop ennuyeuse, trop coupée de la vraie vie. Il lui reproche surtout d'avoir endoctriné* la jeunesse des deux côtés de la frontière allemande, en incitant à la guerre sous prétexte de patriotisme. Ayant échappé de justesse au carnage, il s'écrie comme beaucoup d'amis anciens combattants:  « Plus jamais ça ! » et il collabore à la revue Clarté, dirigée par l'écrivain pacifiste Henri Barbusse** .

Il participe aussi à la revue syndicale d'extrême gauche L'École émancipée, s'informe sur toutes les expériences d'éducation dans divers pays. Il lit de nombreux livres, visite des écoles en Allemagne, en Russie, participe à un congrès international d'Éducation nouvelle en Suisse.

Certaines écoles nouvelles privées sont réservées aux enfants de familles riches. Instituteur de village au Bar-sur-Loup (Alpes-Maritimes) depuis janvier 1920, Freinet refuse cette solution et recherche une éducation nouvelle populaire, destinée aux enfants d'ouvriers et de petits paysans.

Il sort souvent avec ses élèves voir travailler les gens du village, observer la nature, faire sur le terrain des leçons de vraie géographie.
Au retour en classe, les enfants rédigent un compte-rendu collectif, mais quand chacun l'a recopié sur son cahier, il faut revenir aux exercices sans vie des manuels scolaires et l'enthousiasme des jeunes élèves retombe rapidement.

Freinet voudrait faire de la vie des enfants, de leur expression, le centre du travail scolaire. Avant tout, il faudrait mettre en valeur leurs textes, puis leur permettre diverses recherches personnelles.

* Endoctriner : convaincre de force qu'il n'existe qu'une seule opinion acceptable.

** Barbusse obtint le prix Goncourt en 1916 avec son roman Le Feu qui décrivait la réalité de la vie inhumaine des soldats dans les tranchées, ce qui fit alors scandale

Freinet Bar sur Loup
Dans la Mairie de Bar-sur-Loup, on a gardé le souvenir de la classe de Freinet.

 De l'Imprimerie à la correspondance et au Journal scolaire

Freinet recherche un moyen de reproduire lisiblement les textes des enfants.
En 1924, il découvre une petite presse de bois utilisant les mêmes caractères de plomb que les imprimeries professionnelles.
Prévue pour l'impression de prospectus, cette presse ne permet qu'un format réduit, mais les enfants sont enthousiasmés de voir leurs paroles aussi bien imprimées que dans les livres et les journaux des adultes.
Grâce à l'imprimerie à l'école, il n'y a désormais plus de fossé entre ce qui est exprimé en classe et ce que l'on peut lire dans les livres. Tous les jours, chaque enfant reçoit un exemplaire du texte choisi pour être imprimé et l'ajoute dans son classeur pour constituer le « livre de vie » de la classe.

 

Freinet communique les travaux de ses élèves à Henri Barbusse et Romain Rolland* qui l'encouragent vivement. Il écrit des articles dans Clarté et dans L'École émancipée et en 1927 un livre : L'Imprimerie à l'école.


Il se rend compte que l'échange avec une autre classe serait encore plus stimulant:  les enfants compareraient leurs textes, se répondraient. Après avoir lu les articles de Freinet, des instituteurs d'autres régions décident également d'imprimer.
Rapidement, l'échange d'imprimés se complète de lettres entre les enfants et de colis présentant les caractéristiques de leur région (plantes, roches, fruits, gâteaux, mais aussi cartes postales, photos).
C'est ainsi que naît la correspondance scolaire.

Une petite caméra Pathé-Baby permet de filmer les enfants, les paysages et les travaux des champs. Les classes s'échangent ces films louent des bobines de courts documentaires muets qui font pénétrer le cinéma dans le village. En 1927, des instituteurs passionnés de cinéma créent une cinémathèque coopérative.

Freinet imprimerie

 

 

L'administration des postes refuse d'attribuer le tarif réduit des périodiques aux envois d'imprimés des enfants.
Freinet résout ce problème en conseillant aux enseignants de déclarer à leur préfecture le titre d'un journal (bimensuel au début).

Le journal scolaire est né.

 
Freinet Pioulier
Présentation de textes libres " historiques " à l'école Freinet du Pioulier

* Romain Rolland était célèbre pour avoir pris position contre la guerre de 1914-1918. Il est l'auteur du cycle romanesque Jean-Christophe (1903-1912).

Freinet imprimerie
Aujourd'hui encore, des écoles utilisent l'imprimerie, pour la qualité particulière des pages.

 La constitution d'un réseau coopératif d'enseignants

Le nombre d'enseignants utilisateurs de l'imprimerie à l'école ne cesse d'augmenter. Il n'est plus possible que chaque classe envoie ses imprimés à toutes les autres. Freinet propose donc de créer une revue d'enfants, La Gerbe*. Tous les mois, chaque classe participante envoie un texte choisi et tiré à cent exemplaires. Un coordinateur fait l'assemblage et diffuse la revue à chaque participant. Cela leur permet de voir ce que font les autres et de montrer à de nouveaux enseignants la valeur de l'imprimerie.
La revue obtient un tel succès qu'il faut, quelques années plus tard, en confier le tirage à un imprimeur professionnel, seul capable de tirer des centaines, puis des milliers d'exemplaires.

La cinémathèque fusionne en 1928 avec la Coopérative de l'imprimerie à l'école pour former la Coopérative de l'enseignement laïc (la CEL).

Cette coopérative édite un bulletin pédagogique, L'imprimerie à l'école, où l'on débat de tous les problèmes de l'éducation, en France et dans les autres pays.

Pour permettre aux élèves d'approfondir leurs recherches personnelles sans se limiter aux manuels scolaires, la CEL décide en 1929 de publier des fiches documentaires, puis en 1932 des brochures « pour le travail libre des enfants » dont la collection s'appelle « Bibliothèque de travail », devenue familièrement la BT.
 
 

Pour les apprentissages systématiques, en calcul ou en grammaire, Freinet voudrait permettre aux enfants de travailler individuellement à leur rythme, en se corrigeant eux-mêmes.
La CEL publie des fichiers autocorrectifs progressifs, inspirés de certaines expériences américaines de l'époque. Quand l'enfant a terminé un exercice, il vérifie lui-même ses résultats sur la fiche-réponse correspondante. S'il a échoué, il demande conseil à l'enseignant. Périodiquement une fiche-test permet de vérifier que l'enfant a réellement assimilé les difficultés de la séquence de travail.


 
          
Extrait de L'Éducateur prolétarien
n° 2, 15 octobre 1934
Freinet Educateur  Freinet Educateur

 * La Gerbe: Freinet a choisi ce titre par comparaison avec la gerbe qui rassemble des fleurs diverses.
Freinet Gerbe

Le premier numéro de la brochure BT, paru en février 1932, rédigé et illustré par Alfred Carlier.

Freinet BT

 Face à un violent conflit qui dépasse la pédagogie

Parce qu'ils y trouvent des réponses pratiques aux difficultés rencontrées dans leur métier, des enseignants plus nombreux rejoignent le mouvement pédagogique animé par Freinet. En 1932, le bulletin L'Imprimerie à l'école prend pour titre L'Éducateur prolétarien*, afin d'affirmer l'orientation populaire de cette nouvelle pédagogie.

Au début de l'expérience, certains journaux conservateurs, comme Le Temps, avaient trouvé originale et sympathique cette façon de faire classe. Mais la volonté affirmée de transformer l'école publique en donnant la parole aux enfants irrite violemment les forces d'extrême droite, séduites par les partis totalitaires nationalistes (fascistes italiens et nazis allemands) qui exigent l'obéissance absolue au chef.
 

Localement, le maire de Saint-Paul (où Freinet enseigne depuis 1928) refuse d'entretenir l'école publique fréquentée par une majorité de petits paysans, souvent immigrés italiens ou espagnols. En décembre 1932, prenant prétexte d'un texte d'enfant qui racontait un rêve où le maire était tué, une violente campagne d'affiches et de presse s'acharne sur l'instituteur.

A Paris, dans L'Action française**, Charles Maurras, écrivain royaliste, mène le combat pour en faire une   « affaire » nationale. La presse de la droite traditionnelle ne veut pas être débordée et critique les instituteurs qui bousculent les traditions. En revanche, la presse de gauche prend parti pour Freinet.


Le maire et les riches propriétaires de Saint-Paul font pression sur les familles pour qu'elles refusent d'envoyer leurs enfants à l'école. Mais une majorité résiste et continue de soutenir l'instituteur. À la rentrée de Pâques 1933, une manifestation violente de gens n'ayant aucun enfant inscrit dans l'école tente d'en empêcher l'ouverture.

L'administration, qui n'avait jamais soutenu les initiatives de Freinet, décide de le mettre en congé de maladie, puis de le déplacer d'office*** dans une autre école. Freinet refuse cette sanction qui serait l'aveu d'une faute professionnelle.

Son choix est fait, il quittera l'enseignement public pour fonder sa propre école où, libéré des contraintes, il pourra expérimenter la pédagogie populaire qu'il souhaiterait voir se généraliser dans toutes les écoles publiques.

 * Prolétarien: qui appartient au prolétariat, l'ensemble de ceux qui ne peuvent vivre que de leur salaire sans pouvoir décider de leur travail.

L'école de Saint-Paul de Vence
Freinet saint Paul de Vence

** L'Action française est un journal d'extrême droite de l'époque.

 

 

 

 

*** Le déplacement d'office est une décision autoritaire prise par l'administration contre un fonctionnaire, généralement pour faute grave.

 

Un défi en forme d’école

Freinet a racheté à un immigré espagnol malade, retournant dans son pays, un terrain sur la colline du Pioulier, à Vence, face au village de Saint-Paul. En manière de défi, c'est là qu'il construit son école avec l'aide d'amis et de voisins.
En octobre 1935, il ouvre cette école doublée d'un internat où, avec l'aide de sa femme Élise, il applique une hygiène naturiste et végétarienne.
Alors qu'on peut créer librement des écoles privées religieuses ou commerciales, Freinet subit les tracasseries de l'administration qui ne parvient toutefois pas à l'empêcher d'accueillir une vingtaine d'élèves, garçons et filles.

Quelques familles paient pension pour leurs enfants, mais l'école reçoit également des «cas sociaux» dont les frais sont payés par des militants (enseignants, ouvriers) ou des associations. Le comportement parfois indiscipliné de certains de ces enfants sans famille amène Freinet à développer la vie en équipe, le plan de travail personnel et des règles coopératives pour résoudre les conflits.
Loin de s'enfermer dans son école, il tente de lancer un «Front de l'enfance» qui serait le volet éducatif du programme politique du Front populaire* de la gauche.
ll est déçu du manque de réactions des partis politiques et des syndicats.

Pendant la guerre civile d'Espagne**, l'école Freinet accueille à partir de 1937 des petits réfugiés espagnols, parfois plus nombreux que les élèves français, qui partagent tout avec eux: nourriture et vêtements. Il faut lancer des appels auprès des militants et des enseignants pour acheter le nécessaire.
Les enfants espagnols écrivent et impriment dans leur langue, le journal contient des textes français et espagnols. Rapidement les échanges fraternels permettent à tous de comprendre, de parler et même d'écrire la langue de l'autre.

Sur le plan du mouvement pédagogique, les nouvelles instructions officielles*** de 1938 sensibilisent un nombre grandissant d'instituteurs.
Chaque été, l'école Freinet accueille des stages où les enseignants côtoient les élèves sans famille qui y passent aussi leurs vacances.
Ils ont ainsi la preuve que les paroles de Freinet correspondent à la réalité éducative.

 

Freinet Pioulier
Le Pioulier, l'école de Célestin Freinet .

 

* Front populaire: alliance électorale des radicaux, des socialistes et des communistes qui remporte les élections de 1936.

 

 

 

 

** Guerre d'Espagne: en 1936, le général Franco s'insurge contre le gouvernement républicain espagnol et, après une guerre meurtrière, impose sa dictature à l'Espagne.

*** Ces instructions ministérielles renouvellent un peu les programmes, l'emploi du temps et l'organisation des écoles primaires

 

 

 

 
L'oppression de la Seconde Guerre mondiale

 
En 1939, pour la deuxième fois, Freinet est confronté à la guerre.
Comme mutilé, il n'est pas mobilisable. Mais, malgré son opposition au nazisme, sa sympathie pour le pacifisme l'a rendu suspect aux autorités françaises. Il a dû retirer l'adjectif « prolétarien » du titre de sa revue, devenue L'Éducateur.
 
 
Cela n'empêche pas des censures systématiques, par exemple à propos d'exercices de calcul ou de numéros de fiches : les nombres sont considérés comme des codes secrets et des passages entiers sont interdits. Le journal des enfants, dont les textes libres sont pourtant bien innocents, est interdit de publication parce qu'on le soupçonne de contenir des messages cachés.
 

 
En mars 1940, Freinet est arrêté dans son école par la police française et interné. Malgré l'absence de toute véritable accusation, il n'est relâché que dix-huit mois plus tard. On lui interdit alors toute activité pédagogique ou militante.
 
 
Son école ayant été fermée, il rejoint sa femme et sa fille réfugiées à Vallouise, dans les Hautes-Alpes.
C'est là que, pendant l'Occupation, il écrit ses principaux livres: Conseils aux parents, L'École moderne française, L'Éducation du travail, Essai de psychologie sensible.
En 1944, on le retrouve au maquis* dans les Hautes-Alpes, puis au comité départemental de Libération à Gap où son premier souci est d'ouvrir un centre d'accueil pour les enfants victimes de la guerre.

 

 * Maquis: les jeunes hommes qui ont refusé de travailler pour l'Allemagne se sont regroupés dans des lieux reculés et, sous la direction d'officiers résistants,combattent pour la libération de la France.

 Espoirs et déceptions du combat pédagogique

Dans l'élan de la Libération, Freinet espère que la grande transformation de l'école, qu'il souhaite depuis si longtemps, va enfin voir le jour. Hélas ! la commission Langevin-Wallon* se contente de réunir de hauts responsables, mais aucun enseignant de base comme lui qui connaît bien les problèmes rencontrés dans les classes. Le rapport de ces travaux reste d'ailleurs enfoui comme beaucoup d'autres dans les placards du ministère de l'Education nationale.

 
En 1949, le cinéaste Jean-Paul Le Chanois réalise L'École buissonnière, un film inspiré du conflit de Saint-Paul.
L'histoire est largement romancée et atténuée. Le résultat, néanmoins sympathique, recueille un large succès. Mais le producteur a refusé d'annoncer au générique que le scénario est inspiré de faits réels et de citer le nom de Freinet.

 
Conflit plus douloureux pour lui : dans les années 50, Freinet est violemment attaqué par le parti communiste dont il était adhérent depuis 1926. Est-ce parce qu'il a toujours refusé l'endoctrinement des enfants, même au nom des idées qu'il partage ?
Est-ce parce que son mouvement réunit aussi bien des enseignants socialistes, communistes, anarchistes que chrétiens ou sans parti, tous désireux de transformer profondément l'éducation ?

 
Alors que certains adversaires l'accusent injustement d'isoler l'école des problèmes sociaux, Freinet ne cesse d'insister sur la nécessité de lutter contre toutes les inégalités, mais il refuse de donner des mots d'ordre politiques à ses militants qui doivent choisir librement après avoir réfléchi par eux-mêmes.

En revanche, il estime indispensable pour tous les enseignants de se battre contre la surcharge des effectifs scolaires. En 1955, il lance le mot d'ordre « 25 élèves par classe ». Les syndicats mettront beaucoup de temps à se mobiliser sur ce problème.

Le temps a donné raison à Freinet: la surcharge des classes est l'un des obstacles majeurs aux progrès de l'école.

 

 

 * Commission d'études pour la réforme de l'enseignement qui travaille de 1944 à 1947.

 

 

Freinet BT Ecole Buissionnière

Évocation du film "L'École buissonnière"
de Jean-Paul Le Chanois dans  la BT 1000

 En 1959, Freinet crée une nouvelle revue, Techniques de vie, dont le sous-titre « les fondements philosophiques des techniques Freinet » annonce l'ambition. Il voudrait établir un lien avec des universitaires, des chercheurs, mais le dialogue ne se noue pas vraiment.
En 1963, il propose à des volontaires un cours par correspondance où l'on tenterait d'approfondir l'esprit de la pédagogie, pour éviter de se limiter à une simple application des techniques.
Au début de 1966, il remet en chantier une réflexion sur le tâtonnement expérimental.
 

Hélas ! sa santé l'empêche de terminer. Une première attaque lui interdit de participer au congrès de l'ICEM à Perpignan, à Pâques 66. Après un rétablissement de quelques mois, Freinet s'éteint le 8 octobre. Il avait demandé à être inhumé dans son village natal. Après soixante-dix ans, la boucle est refermée.

Freinet PACA
 

 


 

 La vallée et le village de Gars

Freinet Gars

   
   

 

Source : 
BT 1079 (juin 1996)
Ressources et bibliographie: 
Les principales œuvres de Freinet ont été rééditées en 1994 aux éditions du Seuil sous le titre général: Œuvres pédagogiques. - Tome I: L'Éducation du travail, Essai de psychologie sensible. - Tome II: L'École moderne française, Les Dits de Mathieu, Méthode naturelle de lecture, Méthode naturelle de dessin. - Élise Freinet a écrit en 1949 Naissance d'une pédagogie populaire qui raconte les débuts de Freinet et de son mouvement (Éd. La Découverte, « Petite collection Maspéro »,1981). - Michel Barré a publié en 1996 la première biographie complète de Freinet en deux volumes: Célestin Freinet, un éducateur pour notre temps (Ed. PEMF). - On peut lire aussi la BT2 n° 193: Célestin Freinet et l'Ecole moderne.
Crédit iconographique : 
photos Annie Dhénin (sauf "imprimerie", 2 photos Sylvain Connac). Carte et infographie Annie Dhénin.