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Tous ensemble !

Billet d'humeur

Tous ensemble !

Résistons à la mort programmée des mouvements pédagogiques et d’éducation populaire
 
Tout a commencé en 2005, quand le ministre du Budget annonçait une réforme de la mise à disposition de certains personnels de l’État auprès « d’organismes tiers » permettant la suppression de plus de 800 emplois.
Pour le ministre de l’époque, Gilles de Robien, les associations n’avaient rien à craindre, les postes mis à dispositions (MàD) supprimés seraient transformés en « subventions équivalentes à l’euro près » permettant aux associations de salarier des personnes « détachées ». 
 
En 2009, les associations à convention annuelle comme le CRAP, le GFEN, et l’ICEM se retrouvent donc sans MàD, si ce n’est quelques dérogations pour les membres élus, dérogation très provisoire (pour se retourner). Un certain nombre de détachés leur est accordé pour compenser la perte des postes mis à disposition avec une subvention compensatoire non équivalente, car elle est basée sur un salaire moyen d’enseignant.
Cette suppression des mises à dispositions associée à la baisse régulière des subventions laissait, hélas, craindre des difficultés de fonctionnement voire de survie d’un certain nombre de nos associations. De gel en gel, celles-ci ont vu leurs subventions diminuer comme peau de chagrin. Pour l’ICEM, en 2010 elle ne représente plus que le 1/3 de ce qu’elle recevait en 2003.
 
Et comme tout est remis à plat chaque année, nos associations à convention annuelle ont toujours une épée au-dessus de leur tête :
- quelles subventions accordées sur nos demandes liées aux projets de l’association ?
- quelle subvention compensatoire ? Et donc combien de détachés ?
Les résultats arrivent en général en juillet et cette précarité rend difficile la mise en place de projets.
Pour le CRAP et le GFEN, c’est la moitié de la subvention compensatoire qui est supprimée.
Énorme pour eux et ridicule pour le budget de l’éducation nationale ! Combien de cigares de ministre ? Combien de permis de construire de secrétaire d'État ? En tout cas, cela ne suffit pas pour un voyage de ministre dans un jet privé !
Pour l’ICEM, c’est la perte de ce qui lui restait de MàD (3 mi-temps) et la baisse de la subvention pour ses actions.
 
Les associations à convention pluriannuelle, quant à elles, voient leurs subventions 2010 réduites de 25 %.
L’année 2010 est déjà bien engagée et les associations doivent faire face à ces réductions et suppressions sans aucun respect de leurs projets éducatifs.
Et pourtant depuis leur création, les associations éducatives sont au cœur de l’éducation populaire et laïque qu’elle soit au sein de l’école publique elle-même ou au sein des activités extrascolaires des centres de loisirs et de vacances. Porteuses des valeurs de laïcité, d’émancipation, de solidarité, de mixité et de coopération, elles ont participé à l’évolution du système éducatif. Elles ont contribué à la formation dans les écoles normales, puis dans les IUFM, mais aussi dans les stages qu’elles mettent en place dans leurs structures ou dans les colloques ou séminaires qu’elles organisent. Elles participent également à l’édition éducative à travers leurs différentes revues pédagogiques et documentaires et leurs productions d’outils scolaires et éducatifs.
Pour toutes ces actions, ces associations éducatives sont d’ailleurs reconnues comme complémentaires de l’enseignement public et reçoivent un agrément du Ministère.
 
Que peut-on craindre de l’année 2011 ?
Encore moins ? 
On peut se demander si la rigueur économique développée par l’Europe et le régime drastique français sont liés aux seules économies budgétaires ou plutôt à une volonté politique de disparition des mouvements pédagogiques et des associations d’éducation populaire. « Nous n’avons pas les mêmes valeurs ! » pourrait-on nous rétorquer et on peut s’attendre à une volonté politique d’affaiblissement de toutes nos associations.
Les réponses aux problèmes actuels d’éducation ne passeront plus par les mouvements pédagogiques et les associations d’éducation populaire, elles passeront par le Ministère de l’Intérieur pour l’éducation à la citoyenneté et l’intégration sociale, par des organismes privés pour le soutien scolaire et les séjours de vacances et par les entreprises pour les outils et le matériel pédagogiques.
Le gouvernement, bon élève des objectifs économiques libéraux de désengagement de l’État, de privatisation du service public, de mise en concurrence des différents organismes, recentre sa participation financière au strict minimum à savoir la transmission verticale qui lie l’enseignant à l’enseigné avec des critères de performance et de rentabilité développés au maximum avec deux moteurs : l’individualisme et la concurrence.  
 
Il y a-t-il un espoir ?
Oui, avec ce que nous savons faire depuis presque un siècle au sein de l’Éducation nouvelle et de l’éducation populaire : la résistance, la solidarité, la mutualisation et la coopération. Les collectifs tels le CLIMOPE, le nouveau CAPE sont indispensables pour résister et faire entendre une parole collective et avec eux bien sûr, les syndicats enseignants et les parents d’élèves et toutes les associations populaires.
Catherine Chabrun, juillet 2010
 
Violence gouvernementale contre les mouvements pédagogiques

Communiqué du CRAP-Cahiers pédagogiques et du GFEN - Le ministère de l’Éducation nationale vient de nous annoncer la suppression de la moitié de la subvention permettant le paiement des enseignants détachés dont nous disposons.

Dont acte, communiqué du CRAP