Au fil des siècles, des paysans ont creusé des mares dans la roche, dans les causses calcaire et arides du Quercy. L'origine de ces "lacs" a donné lieu à une légende. Ils témoignent surtout de l'opiniâtreté des habitants d'une région belle et difficile!
Situés au centre du département du Lot, les causses* du Quercy sont de vastes plateaux calcaires présentant des aspects désolés, tout particulièrement en été.
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< Paysages du causse du Quercy au printemps. Chemins bordés de blocs rocheux, champs parsemés de rochers... Du vert et des fleurs à perte de vue, qui laissent mal imaginer la désolation du même paysage sous la fournaise au cœur de l'été. |
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Au printemps, c'est une explosion de couleurs. Dès la fin du printemps, la chaleur devient intense, réverbérée par les roches calcaires qui affleurent partout. Pourtant, la vie s'accroche: rares habitations, cultures en fond de vallon, pâturages et troupeaux de brebis (en général des caussenardes, une race résistante et bien adaptée à la chaleur et à la sécheresse). C'est que, sur toute l'étendue de ce territoire aride, se trouvent des réserves d'eau. Pas bien grandes, bien sûr: ce sont surtout de petites mares, creusées dans le rocher. Mais, même en été, malgré l'évaporation importante et la chaleur, elles restent pleines d'eau. C'est suffisant pour que la vie soit possible. C’est sans doute, un miracle, à en croire la légende suivante... |
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La légende de saint Namphaise
Namphaise, compagnon de Charlemagne (fin du VIIIe siècle), las des guerres et des combats, se réfugie sur les causses du Quercy pour y vivre en ermite*. Prières, vie de solitude et austérité... Même blessé à mort, Namphaise reste soutenu par Dieu: il lance son marteau qui retombe à plusieurs kilomètres de là, marquant ainsi le lieu où l’ermite désire être enterré. La châsse** contenant les restes du saint ermite est encore visible dans cette crypte. On raconte qu'une femme qui ne peut avoir d'enfant doit passer sous la châsse: elle pourra alors enfanter. De même, les saintes reliques guériraient les épileptiques de leur maladie...
Dans l'église de Caniac-du-Causse. |
* Un ermite est un religieux qui choisit de vivre dans la solitude pour mieux consacrer sa vie à son Dieu. ** Une châsse est un coffre, souvent réalisé dans des matériaux précieux (or, argent, pierres précieuses...). Il contient des restes de personnes particulièrement vénérées par l'Église catholique, et que les fidèles de cette religion viennent prier. La châsse de saint Namphaise est un simple coffre de calcaire sous lequel est aménagé un passage dont les dalles sont creusées par les pas des fidèles. |
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De la légende à la réalité. L'eau provient du ruissellement des eaux de pluie, mais aussi de l'infiltration de l'eau entre les couches calcaires. Même sur les hauteurs, même en plein été, cela suffit à maintenir de l’eau dans le réservoir. La légende de saint Namphaise est quercinoise, mais on trouve des réserves d'eau creusées dans le calcaire dans tous les causses. Ces «lacs» portent des noms différents selon les régions, mais ils ont tous la même origine. |
Un petit lac (7 m sur 4 m environ) entièrement envahi par les aIgues. Plantes aquatiques, têtards, prospèrent dans les lacs de saint Namphaise, véritables oasis de vie au milieu du causse |
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Une petite réserve d'eau aménagée dans une anfractuosité du rocher (60 cm de diamètre sur environ un mètre de profondeur). |
Un lac de saint Namphaise à Reilhac (Lot), d'environ six mètres sur dix. |
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Une vie intense existe dans ces mares et à proximité: plantes des milieux humides, algues, batraciens, insectes... Grâce à ces réserves d'eau, des troupeaux peuvent vivre sur les causses. Des villages se sont souvent établis à proximité des mares les plus étendues. |
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Traces d'animaux venus boire au bord du lac : brebis, chiens, chevreuils... |
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Les hommes creusaient à leur propre usage des puits et des citernes, non loin de leurs maisons. Mais l'eau restait rare et précieuse: pas question de la gaspiller en bains ou en toilettes! Elle était presque exclusivement destinée à couvrir les besoins alimentaires. C'était une question de survie avant tout! L'eau était autrefois un bien rare et précieux… . |
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Un grand « lac » à Espédaillac (Lot). Seule la proximité de grandes réserves d'eau pouvait permettre l'implantation de villages dans cette région aride. |
Dans le village de Laburgade (Lot], une série de puits a été creusée sur la même nappe d'eau souterraine, presque au sommet d'une butte. |
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un bien précieux Dans nos régions, l'eau a toujours été, jusqu'à une date très récente, un problème vital. Dans les campagnes, de nombreuses personnes âgées ont connu l'époque où il n'y avait pas d'eau courante à l'intérieur des maisons: l'eau potable restait un bien rare et précieux.
Il suffit souvent de les interroger sur ce problème pour déclencher une foule de souvenirs et de témoignages sur un passé récent bien différent de ce que nous connaissons aujourd'hui: des systèmes d'adduction d'eau ont depuis lors été mis en place pour apporter l'eau potable à toutes les maisons - où elle est abondamment gaspillée. Mais la question de l'eau potable demeure un problème crucial dans de nombreuses régions du monde… |