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Dans :  Histoire-Géo › 
Janvier 2005

Avril 2004: une classe de 5e du collège français de Tyr au Liban fait un voyage de quatre jours en Syrie. Récit…

Histoire de la Syrie

Historiquement, on appelle Syrie la région qui englobait alors les États actuels de Syrie, du Liban, d'Israël et de Jordanie. C'est un territoire dont l'unité tient uniquement dans sa langue, le syriaque. Elle ne fut que très rarement unifiée politiquement.

Cette vaste région devint province romaine vers 64 avant Jésus-Christ, puis byzantine à partir de 395 après Jésus-Christ, jusqu'en 636 où elle fut conquise par les Arabes musulmans à la suite de la bataille de Yarmouk.

De 661 à 750, sous les califes* Omeyyades, Damas - déjà capitale de la Syrie depuis le XI. siècle av. J.-C. - devint également celle de tout l'Empire musulman de l'époque; mais les califes Abbassides (du nom de leur fondateur Aboul Abbas), lorsqu'ils succédèrent aux Omeyyades, lui préférèrent Bagdad pour capitale.

Les Croisés, aux XII" et XIII" siècles, créèrent un territoire indépendant nommé la principauté d'Antioche, une des villes de Syrie (fondée en 301 av. J.-C),

En 1516, elle est conquise par les Turcs ottomans et leur appartient jusqu'en 1918.

Dès 1916, le Royaume-Uni et la France, en conflit avec l'Empire ottoman, avaient soutenu les Arabes, et passé des accords secrets (accords Sykes-Picot) : ces 2 pays se partageaient le Proche-Orient, "inventant des frontières à coups de règles sur les cartes".
En 1920, la Syrie est sous mandat français, avant d'acquérir son indépendance en 1941, à l'intérieur de ses frontières actuelles.
De 1958 a 1961, la Syrie s'unit avec l'Égypte dirigée par Nasser, sous le nom de République arabe unie.
En 1967, Israël occupe une partie de la Syrie: le Golan

.

* le calife est à la fois un chef militaire et religieux; le mot signifie : "celui qui remplace (Mahomet) le lieutenant".

voyage en Syrie

la Syrie parmi les États du Proche-Orient
(plusieurs frontières sont discutées)


Damas

La visite de Damas commence par celle de la Grande Mosquée de la période des Omeyyades.
Elle fut construite sur le site où s'étaient dressés successivement le temple romain de Jupiter et une église byzantine.
Les femmes sont priées de revêtir une longue cape noire couvrant les épaules, les bras et les cheveux. On entre dans une immense cour dominée par trois minarets. En face de nous, le bassin des ablutions où chaque musulman se purifie avant la prière.
Tout autour court une mosaïque où aucun homme ne peuple les jardins luxuriants, les vergers prolifiques, les bords des rivières abondantes, les maisons et les palais... En effet, l'art musulman n'admet aucune représentation humaine.

voyage en Syrie : la Grande Mosquée de Damas

dans la cour aux mosaïques de la
Grande Mosquée des Omeyyades :
le Trésor (premier plan),

la Fontaine aux ablutions (au fond)  >

Les Omeyyades

Il s'agit du clan le plus puissant au sein des Quraychites, tribu originaire de la Mecque et dont était issu Mahomet. S'estimant les plus dignes «successeurs» du prophète. ils prirent le titre de calife et devinrent la première grande dynastie musulmane à la tête de tout l'Empire musulman fondé par Mahomet à partir de 622.
Leur chef était Mu'awwiyya. ancien administrateur de la Syrie, qui choisit ainsi Damas pour capitale.
Pendant le règne de cette famille. le monde musulman a atteint sa plus grande expansion, de l'Iran et l'Asie centrale à l'est, au Maghreb et à l'Espagne à l'ouest.
Leur progression en Europe est stoppée à Constantinople (actuelle Istanbul) en 718 et à Poitiers en 732.
En 750. les Abbassides chassèrent du pouvoir les Omeyyades, qui se retranchèrent en Espagne du sud. où ils régnèrent encore pendant près de trois siècle.

voyage en Syrie : la Grande Mosquée de Damas

 

A l'intérieur de la mosquée, aux sols recouverts d'épais tapis,
se trouve le tombeau de  Jean-Baptiste,
qui recèlerait une relique...
(rappelons que le saint a été décapité...) >

 

 

< Le dôme du trésor:
à l'époque omeyyade, ce petit bâtiment sur pilotis
abritait le trésor de l'État, ainsi placé
sous la bonne garde de tous les fidèles de la mosquée.

voyage en Syrie : la Grande Mosquée de Damas

Pendant notre temps libre, nous nous promenons dans un dédale de petites ruelles parsemées de khans* et de madrasas**.
Nous croisons des joueurs de trictrac, quelques habitués fumant le narghilé*** à la terrasse d'un café ou sirotant un thé.
C'est un contraste permanent entre les rues marchandes et les ruelles quasi désertes de la vieille ville.


* Khan (ou caravansérail): c'est une construction conçue pour les marchands et leurs marchandises. Les khans sont situés sur les pistes caravanières.
** Madrasas: école coranique ou religieuse.
*** Narghilé: pipe arabe où la fumée passe dans un réservoir d'eau parfumée.

 voyage en Syrie : Damas
          

voyage en Syrie : narghilé

voyage en Syrie : maison de Damas

dans les rues du vieux Damas.

fumeurs de narghilés 

Intérieur du palais Nassan,
mosaïques et marqueteries orientales

 
Le lendemain, nous visitons la mosquée de Zeinab, petite fille de Mahomet.
Elle est dominée par une coupole bleue et or, entourée de deux minarets élégants, tours du haut desquelles un homme (nommé le muezzin) ou un magnétophone chante cinq fois par jour l'appel à la prière.
 

voyage en Syrie :  Mosquée Zeinabvoyage en Syrie : Mosquée Zeinab
 

Dans les environs de Damas, la Mosquée de Zeinab 

 


dans le désert, Palmyre      

Nous roulons bientôt en direction de Palmyre, oasis perdue au milieu du désert.
À mi-chemin, nous cédons à la tentation d'une halte au «Bagdad Café»*.

Les gens sont accueillants. Nous pouvons même nous déguiser en bédouin...

L'arrivée à Palmyre se fait peu avant que le soleil ne disparaisse derrière les montagnes.

voyage en Syrie : palmeraie Palmyre

 

 

Palmyre,
la palmeraie

 

 

Au début de la visite du site, nous passons sous un arc monumental, point d’origine d'une immense colonnade d'un kilomètre de long. De chaque côté, des monuments ou ce qu'il en reste: les thermes (les bains), le forum (agora en grec, c'est-à-dire la place publique), le théâtre et la nécropole (cimetière, souterrain ou à ciel ouvert, de caractère monumental).

Palmyre, la «Cité des palmiers», a été habitée depuis la plus haute Antiquité, mais elle est demeurée peu peuplée et pauvre jusqu'au début du 1er siècle avant J.-C. Cette oasis tenait en effet son importance de sa position de centre de transit, pour les caravanes, entre le golfe Persique et la Méditerranée.

Elle devint colonie romaine au IIIe siècle après J.-C.

* Référence au film Bagdad Café, de Percy Adlon (1988) : sur la route de Las Vegas, Jasmin se retrouve seule, sa valise à la main, en plein désert. Elle échoue au Bagdad Café, un motel miteux.

voyage en Syrie

Les assoiffés du désert se retrouvent au «Bagdad Café»…

 voyage en Syrie : temple Bel Palmyre

Palmyre, le temple de Bêl, dieu des dieux palmyréens.

Palmyre, l’enfilade : les colonnades de l'artère principale

voyage en Syrie : rue romaine à Palmyre

 
Palmyre et la reine Zénobie

Sous l'occupation romaine, la reine Zénobie de Palmyre tint tête à l'Empire romain pendant près de dix ans. Au cœur du désert, Palmyre était devenue une grande palmeraie fertile, qui contenait même une source d'eau chaude.
C'était une des étapes de la route de la soie, et les taxes que l'on devait y payer firent prospérer ce territoire.

En 266 après Jésus-Christ, Zénobie fit tuer son mari, le roi de Palmyre, afin d'obtenir le pouvoir. Palmyre devint sous son règne une véritable monarchie indépendante face à Rome. Les armées romaines ne pouvaient l'arrêter. Elle prétendit même à l'Égypte et fit frapper des monnaies à son effigie comme si elle était la reine Cléopâtre.

En 272, l'armée de l'empereur Aurélien réussit à vaincre la reine Zénobie. Lors de la célébration de la fête triomphale de l'empereur Aurélien à Rome, elle fut traînée derrière le cheval de l'empereur, liée par des chaînes en or. Elte participa à un dernier complot contre l'empereur avant de mourir, étranglée.

Nous visitons la nécropole. L'incinération des corps était interdite à Palmyre: le corps était sommairement momifié et simplement enseveli ou déposé dans un caveau pour les plus riches. À Palmyre, ceux-ci se sont fait par exemple creuser des hypogées*, élever des tombeaux-tours ou construire des temples funéraires.

Le soir, quelques élèves ont dansé accompagnés par un orchestre local...

 * Hypogée: sépulture souterraine.

 voyage en Syrie : nécropole de Palmyre - tombeau

Le Tombeau des Trois Frères est une hypogée, avec un vestibule carré et trois salles. Il pouvait recevoir 390 sépultures.
Les murs offrent de précieux témoignages de la sculpture et de la peinture palmyréennes.

 voyage en Syrie : nécropole de Palmyre - tombeau


Le Krak des Chevaliers

Après une bonne nuit, nous sommes prêts à nous lancer à l'assaut du Krak des Chevaliers (le nom vient du syriaque karak, qui signifie «forteresse»).

En 1099, les Croisés ont pris Jérusalem. La forteresse a alors été construite au XI" siècle sur la façade méditerranéenne de Syro-Palestine pour se défendre des musulmans restés maîtres de l'arrière-pays. Dominant la trouée d'Homs, le Krak contrôlait ainsi l'entrée de la Terre sainte. Sans cesse reconstruit et remanié, il est l'ouvrage type du Moyen Âge en Orient, pouvant recevoir 2000 hommes en armes.
Les Francs, puis les moines-soldats de l'ordre des Hospitaliers* en ont fait une redoutable forteresse.

Franchissant le pont-levis, nous montons une pente douce qui permettait aux chariots de circuler.
Du haut des remparts nous découvrons une vue imprenable sur les Monts du Liban et les alentours.

* Ordre des Hospitaliers: ordre de moines-soldats fondé pendant la Croisade, se vouant au service des voyageurs, des pèlerins ou des malades (ordre tel que les chevaliers du Saint-Sépulcre, les Templiers ou l'ordre de Malte...).

voyage en Syrie : Krak des Chevaliers

le Krak des Chevaliers :

vue d’ensemble.  >

 Ci-dessous :
La salle du chapitre, où les moines-soldats du Krak prenaient leurs décisions

voyage en Syrie : Krak des Chevaliers

 

<  Les fossés intérieurs, sous la seconde
 enceinte d'une forteresse redoutable.

voyage en Syrie : Krak des Chevaliers
Il est temps de penser au retour... La voie rapide nous emmène chez nous, à Tyr, en passant par Tripoli et Beyrouth.  

 

Source : 
BT 1164, janvier 2005
Crédit iconographique : 
photos J.Paul François et J.F. Dhénin. Carte Annie Dhénin