Le Titacycle 3 : un bateau coopératif pour une fête locale

Décembre 2001

Chronique d’un projet de classe : de la proposition d’un enfant au conseil de coopérative, jusqu’à l’aboutissement : une maquette de bateau, mise à l’eau, dans le cadre d’une fête locale.

 
Au bord de l’Yvette, petite rivière qui coule près de l’école a lieu chaque année en juin, le week-end des Guinguettes. Depuis quatre ans, dans ma classe les enfants fabriquent des petits bateaux pour cette occasion. Le samedi soir, ces bateaux vont rejoindre de nombreux autres, construits par les enfants petits et grands de la ville et l’Yvette se pare des lumières tremblantes de toutes les bougies posées sur ces petits bateaux.  
 
Le 7 mai 2001, au conseil de coop, dans les « Je propose » on peut lire : « Je veux parler d’un bateau pour les Guinguettes. » Jérémie explique : « Je voudrais que l’on fabrique un grand bateau, un bateau pour les guinguettes, et pas des petits comme au CE1. J’ai une grande planche à la maison. »
 
Les Guinguettes auront lieu cette année les 16 et 17 juin, il faudra s’organiser pour être prêts à temps. Il y a d’autres projets à mener conjointement.
 
Le 28 mai, Jérémie et Pierre-Xavier présentent leur plan du bateau au conseil. Dans la classe, sur le calendrier, nous inscrivons des plages horaires de fabrication. La réalisation du bateau se fera dans la semaine du 11 au 16 juin. Les bouteilles qui serviront de flotteurs arrivent régulièrement et s’amoncèlent dans le fond de classe. La planche de Jérémie est trop grande, trop lourde, on ne pourra pas la transporter, il faut chercher une autre solution. Les enfants proposent d’aller demander des cagettes à la  supérette voisine. Nous y allons à quelques-uns uns et revenons avec plusieurs cagettes.
 
Lundi 11 juin, le travail de réalisation du bateau commence. Jérémie et Pierre-Xavier en sont les maîtres d’œuvre. Un atelier d’assemblage, va fonctionner tous les jours de la semaine. Les enfants tourneront dans cet atelier. Un autre, de peinture, s’occupe des mats et des barquettes de polystyrène qui serviront de cache et de bords.
 
Dans le même temps, les enfants ne travaillant pas sur le bateau sont sur d’autres projets, la fête spectacle pour les parents approche et il y a des décorations, répétitions et réalisations de costumes à finir.
 
Dans l’atelier assemblage, les enfants calculent et aménagent l’espace des cagettes pour y mettre le maximum de flotteurs. Linda apporte une planche plus petite qui va réunir les deux cagettes. Il faut donc plus de flotteurs. Ils collent, clouent, attachent et le bateau prend forme selon les plans. Chaque soir, ils le rangent soigneusement. Puis les mats sont fixés, les voiles découpées dans des vieux tissus et arrimées, les bords mis en place.

Le bateau n’a toujours pas de nom. Vendredi 15 juin, nous décidons de le choisir. Plusieurs propositions émergent. Presque toutes font référence à la classe de cycle. Et c’est le « Titacycle 3 » qui l’emporte.
           
Nous avons déjà « Le trio des bavards », nom du journal de la classe, « Les histoires de cycle », nom du livre réalisé pour le concours OCCE. (Les enfants tiennent à marquer leur appartenance à cette classe de cycle trois, unique dans l’école et qui a tant fait jaser parents et enfants de l’école cette année. Ils ont du répondre à plusieurs reprises à des remarques désobligeantes d’enfants d’autres classes...).
 
Samedi 16, ce sont les dernières mises au point. Des décorations s’ajoutent, les mats sont consolidés, Marc et Ludovic préparent une bannière de papier portant le nom du bateau. Les bougies sont collées. Rendez-vous est pris à 14 h 30 pour ceux qui peuvent venir aider au transport du bateau vers le hangar temporaire de stockage et fabrication, au bord de l’Yvette.
 
Tout l’après-midi, le bateau sera source de commentaires et d’admiration. Flottera? Coulera ? Oh qu’il est grand. !...
 
Le soir à 22 h 30 nouveau rendez-vous, les enfants de la classe sont venus nombreux assister à la mise à l’eau. Le Titacycle 3 part, éclairé par ses nombreuses bougies, malheureusement, un coup de vent les éteint (erreur de conception il fallait protéger les bougies !) Il continue sa route lentement, parmi tous les petits bateaux illuminés et arrive entier au but.
 
Le lundi matin en classe les enfants absents de la soirée demandent :
- Alors le Titacycle 3 ?
Ils étaient fiers de raconter :
-Il est arrivé, il n’a pas coulé, il a été très remarqué…
 
Marguerite Vigne 
Classe de cycle 3
Ecole Andersen
Villebon sur Yvette 91