En Chantier n°15, Octobre 2010

Octobre 2010

En Chantier, Publication du Chantier de Recherche documentaire de l'ICEM Pédagogie Freinet: productions de classes, recherches documentaires, exposés,  témoignages, pratiques...
Pour donner-trouver des idées : pour des élèves acteurs et auteurs de leurs savoirs.

En Chantier n°15, Athéisme

Athéisme : une conviction, une attitude
 
Cet ouvrage prévu de longue date devait être initialement une BT qui terminerait une série sur les grandes religions, composée par le chantier au temps de PEMF : le christianisme, le protestantisme, le judaïsme, l’islam ont été réalisés, mais la fin de PEMF a un peu compliqué les choses. Le chantier doc2d tenait à ce document, et l’a donc mené à son terme. Il vient de paraître sous la forme d’un livre de 80 pages, coédité par l’ICEM et Les Editions Libertaires.
Pour commander cette brochure :
editions-icem[arobase]wanadoo.fr">Les Editions ICEM
10 chemin de la Roche Montigny44000 Nantes
02 40 89 47 50
Prix : 12 € plus 1,70 euro de frais de port
La présentation de l'ouvrage est aussi sur le site
http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/9512

 

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En Chantier n°15, Projet artistique et culture

Projet artistique et culture 2009-2010 

Lycée professionnel JBJ Jacques Augustin de Saint-Dié des Vosges

Classe de BEP – Carrières sanitaires et sociales

 La formation « Carrières sanitaires et sociales » porte sur trois axes : aide à la vie quotidienne des handicapés, des personnes âgées, des enfants. Le travail ici décrit nous a paru intéressant parce qu’il met en avant les techniques Freinet dans l’élaboration d’un projet multi-disciplinaire : les techniques mises au point par Freinet dans son école primaire restent plus que jamais d’actualité, et sont tout à fait transposables au second degré, n’en déplaise à ceux qui s’évertuent à dire le contraire et à essayer d’enterrer la pédagogie Freinet comme un instrument poussiéreux issu d’un lointain passé…

Pierre Péguin

 
Projet artistique et culture :

Une idée proposée par la documentaliste avec l’enseignante de techniques professionnelles d’animation trouva l’agrément des professeurs de français, d’arts plastiques, de l’animateur du foyer (compétent dans le domaine du théâtre) et des élèves. Il fut décidé de produire un spectacle portant sur les trois axes de la formation et d’y inclure une perspective historique, passé, présent, futur de ces accompagnements au quotidien. Les élèves décidèrent d’écrire elles-mêmes le scénario et donc sous la maîtrise de l’enseignante de français de « faire » le programme de vocabulaire, grammaire en écrivant une pièce de théâtre, activité « Freinet » comme la prose de Jourdain, a pu faire remarquer l’enseignante de français.
Le projet a reçu l’aval et le financement de la DRAC Lorraine, de la DAAC de Nancy, de la commune, de la Région et de l’établissement. Et les élèves ont bénéficié de la participation d’un plasticien. La finalisation s’est faite lors d’une représentation théâtrale devant une classe de primaire.
Durant l’année, parallèlement, après avoir rendu visite à la médiathèque de la ville et bénéficié des conseils de la bibliothécaire, les élèves s’entraînèrent à lire un album à haute voix et définirent elles-mêmes les critères de réussite à partir de l’observation de leurs prestations. Une visite de l’exposition des œuvres du plasticien fut également organisée.
Une grande attention porta toute l’année sur l’oralité et sur les ambiances sonores propices à l’écoute. Ces élèves pour la plupart fort timides et, ou peu enclines à s’exprimer oralement et à haute voix, ont découvert le travail en équipe et se sont affirmées. Elles ont découpé leur texte en séquences de 3 à 5 minutes et par équipe de 4 à 5 ont travaillé, avec les animateurs, leur mise en scène et l’intégration des ambiances sonores dans le scénario.
Chacune a proposé une affiche d’invitation pour le spectacle et elles ont choisi avec l’enseignante d’arts plastiques celle qui leur paraissait la plus explicite de leur travail.
 
Pour réaliser l’ambiance sonore, l’idée fut de fabriquer des instruments de musique avec des objets de récupération : monocordes avec poubelle, balai et corde de guitare, de violon ou violoncelle ; autres monocordes avec tiges de bois , boîte métallique comme caisse de résonance et façonnage à la scie des chevalets ; flûtes à eau avec tuyau en pvc , sifflet en polystyrène et petites découpes à la scie et au cutter ; flûte à eau circulaires en bois avec tuyau en pvc tout autour et sifflet de flûte à bec.
 
Texte approuvé par les élèves, les enseignantes et les animateurs.

 

Photo 1 : Choix d'album à la discothèque
Photo 2 : une scène du spectacle imaginé par les élèves
 
 
Photo 3 : les instruments de musique

 

 

 

 

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En Chantier n°15, Korczak

Janusz Korczak
 
 
Un travail présenté par une élève de 4° du collège Jean Monnet à Castres, Mathilde Gautrand, dans le cadre d'un « trois minutes », exposé libre sur un sujet au choix de l'élève.


Classe de Miren Genet

Au second degré, le temps est rare et le « trois minutes » exposé court sur un sujet libre, est une bonne réponse à ce problème. Il permet à un élève de présenter au groupe classe un sujet, un thème qui lui tient à cœur, dans un temps limité. Cela permet de ne pas se lancer dans des recherches interminables, de ne pas préparer un travail énorme et peut-être décourageant. Ici, un cadre bien délimité, une prestation au rythme rapide, qui ne s’embarrasse pas de superflu, et qui doit permettre de dire l’essentiel en très peu de temps, à la manière des flashes radiophoniques. Une technique de travail qui ne présente que des avantages et qui ne demande qu’à être mieux connue.

Pierre Péguin
 
 

 

La méthode de travail : 
L’idée m’est venue en lisant : " Je lis des histoires vraies » N°188 portant sur le sujet. Et étant donné que l’on devait faire un « trois minutes », je me suis dit que ce sujet pourrait être intéressant. J’ai d’abord cherché dans le livre. Je me suis ensuite aidée de sites internet comme celui de l’UNICEF pour compléter certaines informations. Le sujet m’a tout de suite plu, ce qui fait que ça n’a pas été très difficile de le réaliser. J’ai plastifié les feuilles avec l’aide de ma mère pour pouvoir les faire circuler dans la classe. On pouvait y trouver la vie de Janusz Korczak, des dates importantes, des extraits de loi… Pour la fiche de note, je me suis servie des différentes informations données dans le livre et de Wikipedia (Même si ce site n’est pas recommandé par les professeurs, il est très pratique et complet sur le sujet.) Cette histoire m’a aussi beaucoup touchée et c’est pour cela que je l’ai choisie.
Mathilde Gautrand
 
 
Janusz Korczak :
Janusz Korczak (né le 22 juillet 1878, décédé le 6 août 1942) de son vrai nom Henryk Goldszmit était en Pologne, avant la guerre, la personnalité scientifique la plus en vue et la plus respectée dans le domaine de l’enfance. Ami des enfants, médecin-pédiatre et écrivain, il est entré dans l’Histoire le jour de sa déportation au camp d’extermination de Treblinka, avec les enfants du ghetto de Varsovie qu’il n’avait pas voulu abandonner.
 
 
Les orphelinats :
Janusz Korczak a créé deux orphelinats en Pologne, « Dom Sierot » (La Maison des Orphelins) et « Nasz Dom » (Le foyer : Notre Maison) dont le premier en 1912, dans lesquels les enfants ont des devoirs comme partout ailleurs, mais ont aussi des droits et ça c’est révolutionnaire ! Les enfants donnent leur avis, votent. Ils vivent en démocratie.
 
La guerre :
 
Automne 1939, les allemands envahissent la Pologne et le monde entier entre en guerre. Et le 6 août 1942, les 192 enfants et les 9 employés adultes de l’orphelinat sont arrêtés par les nazis. On les a amenés sur les quais et ça a été à leur tour de monter dans les wagons de la mort. Un officier SS (organisation de police militarisée du régime nazi) aurait apporté à la dernière minute à Janusz Korczak une autorisation de rentrer sans les enfants. Il l’aurait lue, puis il aurait pris un petit sur les bras, un autre par la main, il leur a souri et ils sont tous montés dans le wagon. Un témoin aurait écrit plus tard :
 
 

 

« Je n’oublierai jamais cette scène, aussi longtemps que je vivrai. Ce n’était pas une marche vers les wagons mais plutôt une protestation muette conte ce régime assassin… C’était un genre de cortège qu’aucun homme ne voit jamais dans sa vie. »

 
Le soir même, ils sont arrivés à Treblinka, le camp de la mort à 150 kilomètres de là. En deux heures, les nazis les ont gazés, brûlés et réduits en cendres.
 
C’était le nom d’un grand homme, le nom du premier grand défenseur des droits de l’enfant.
 

CHRONOLOGIE :

 1878 : Henryk Goldszmit naît à Varsovie (Pologne)
1898 : Il commence des études de médecine.
1901 : il publie, sous le nom de Janusz Korczak, un premier livre consacré aux enfants de la rue.
1912 : Il crée et prend la direction d’un premier orphelinat pour les enfants juifs, à Varsovie : la maison des orphelins.
1919 : ouverture d’un second orphelinat accueillant les enfants catholiques.
1926 : diffusion de la Petite revue, écrite par des enfants et des adolescents, dans toute la Pologne.
1929 : Publication d’une brochure intitulée le Droit de l’enfant au respect, texte fondateur des droits de l’enfant.
1940 : Korczak et les enfants de la Maison de l’orphelin sont obligés d’aller vivre dans le ghetto de Varsovie.
1942 : Korczak et les enfants sont déportés au camp de Treblinka où ils sont assassinés par les nazis.
1989 : l’Organisation des Nations Unies (ONU) publie la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.
 

Sources : Je lis des histoires vraies N°188, Sur internet Wikipédia, site de l’Unicef.

 
Photos : documents présentés à l’occasion du « trois minutes »
Photo 1 : Timbres polonais en hommage à Janusz Korczak
 
Photo 2 : J. Korczak entouré d’enfants
dans la grande cour de l’orphelinat de Varsovie en 1934
Document 3 : extraits de la Convention internationale des droits de l’enfant (1989)
 

 

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En Chantier n°15, Sur les traces de Guillaume le Conquérant

Sur les traces de Guillaume le Conquérant
Un travail documentaire réalisé par une classe de Cours Moyen à Rouen.
 

Classe de CM - Muriel Quoniam 

 

 
Un travail qui nous a paru intéressant de par ses imperfections mêmes.C’est un article documentaire réalisé par une classe de Cours Moyen et on ne peut bien sûr demander à des enfants de cet âge de réaliser un travail exhaustif sur une question aussi large. Toutefois, on peut penser que la démarche de recherche, d’enquête, d’écriture et de mise en forme est tout aussi intéressante pour les enfants que le résultat proprement dit. Nous vous soumettons donc cet article en souhaitant recueillir vos réactions, vos remarques, avec l’objectif de le prolonger, de le compléter, de proposer d’autres pistes de travail pour des recherches similaires. Peut-être aussi aurez-vous envie de nous envoyer à votre tour des travaux similaires réalisés par vos élèves ? Nous attendons vos réactions. 

Pierre Péguin
 

 

Plan de l’article :
- La méthode de travail
- Guillaume de Conquérant
- Habits, armes et défenses
- Les fortifications au Moyen-âge
- les châteaux forts

- Les fortifications des mottes
- La tapisserie de Bayeux

 

 

La méthode de travail :
 
Au retour d'une classe découverte en basse Normandie " sur les traces de Guillaume le Conquérant ", les enfants ont réalisé des articles pour le journal de l'école. Nous avons mutualisé le bilan personnel de chaque visite élaboré sur la grille suivante :
J’ai aimé / je n'ai pas aimé/ J'ai appris / Ce que je voudrais savoir
Des grands thèmes se sont alors dégagés et les enfants en ont choisi un à traiter par groupe de deux ou trois.
L'écriture a eu lieu en trois temps :
Un premier a consisté dans l'écriture de ce qu'on savait sur le sujet et ce qu'on voulait savoir. Un temps de présentation au groupe a permis de compléter le contenu, préciser le plan ou apporter de nouvelles interrogations.
 
Un second temps a été consacré à la recherche de documents pour répondre aux questions restées en suspens, ainsi que les illustrations ou la confirmation de ce qu'on savait.
Puis sont venus le temps de l'écriture et la présentation ...
Muriel Quoniam
 

 

Guillaume le Conquérant :

Guillaume est né à Falaise vers l’an 1027.
Son père est Robert le magnifique (ou Robert le Diable).
Sa mère s’appelle Arlette. Elle est une paysanne que Robert a rencontrée près du lavoir au pied du château de Falaise. En grandissant, on l’appelait Guillaume le Bâtard, parce qu’il était un enfant «illégitime» (Robert et Arlette n’étaient pas du même milieu ni mariés).
Lorsque son père est mort, Guillaume n’avait que sept ans. Il est malgré tout devenu duc de Normandie.
À l’âge adulte, il est désigné roi d’Angleterre mais doit conquérir son royaume contre Harold qui veut lui aussi devenir roi. Guillaume bat Harold à Hastings en 1066 et est alors surnommé Guillaume le Conquérant.
Il s’est marié avec Mathilde. Il meurt à Rouen en 1087.
 
Habits, armes et défenses :

Tout ce qu’il faut savoir sur les soldats Normands et Anglais… ou presque !
Les hommes à pied étaient pour la plupart des paysans recrutés par les seigneurs. Ils prenaient leurs outils pour les utiliser comme armes : massues, haches qui petit à petit ont évolué en fonction des combats.
Les archers étaient vêtus légèrement : leur carquois contenant leur réserve de flèches était attaché autour du cou ou de la ceinture.
Les cavaliers portaient des cottes de mailles, se protégeaient derrière un « écu » (bouclier allongé) et étaient armés d’une lance et d’une longue épée à double tranchant. Le pommeau sculpté était un signe de richesse.
Lors de l’attaque à Hastings (1066), les archers normands tiraient en hauteur : la trajectoire des flèches passait par-dessus la cavalerie et tombait comme une pluie sur les Anglais.
L’arbalète est nettement moins rapide comme arme !
Lors de la bataille d’Hastings, il n’y a pas que les armes qui ont favorisé la victoire des Normands. Les Anglais arrivaient victorieux de Norvège. Ils attendaient les Normands plus au nord et durent faire de la route pour les rejoindre. Ils ont commencé la bataille déjà très fatigués.
 
Sur le champ de la bataille d’Hastings, on pouvait distinguer les Anglais des Normands par leur coiffure : les Anglais possédaient de longs cheveux et de longues moustaches, alors que les Normands avaient le haut du crâne rasé et de petits cheveux sur les côtés.

 

 

 

Les fortifications au Moyen Age
Les châteaux-forts :
Nous sommes allés visiter le château de Caen, le château de Falaise et la motte d’Olivet.
Ce sont des enceintes fortifiées à l’intérieur desquelles vivait toute une population (un village). Elles étaient destinées à protéger le seigneur ou le noble des agressions.
Seuls les seigneurs avaient le droit de construire des fortifications en pierre. Les petits nobles devaient se contenter de creuser des fossés, dresser des talus et palissades en bois : les mottes féodales.
Les fortifications des châteaux étaient composées des remparts, du pont levis et de la tour de guet.
À l’intérieur, on trouve le donjon qui abrite le seigneur, une église, et des bâtiments pour que la communauté vive.
Les fortifications des mottes :
Les palissades en bois entourent la motte.
À l’intérieur, on trouve une basse cour, une chapelle et sur la motte, la tour de guet en bois où se réfugiait le noble en cas d’attaque.
Le fossé est un très grand trou qui entoure la fortification. Les ennemis devaient le traverser pour attaquer, ils devaient ensuite grimper sur le talus et franchir les palissades : pendant ce temps, les assiégés pouvaient se défendre en leur lançant des projectiles.

 

 

 

 

La tapisserie de Bayeux :
Quand nous sommes allés visiter la tapisserie de Bayeux, nous avons eu un casque qui nous expliquait l’histoire.
Elle a été brodée par la femme de Guillaume le Conquérant, Mathilde, aidée par ses servantes.
Elle est longue de plus de 70 mètres. Elle raconte l’histoire de la trahison d’Harold et de la conquête de l’Angleterre par Guillaume. Elle est présentée comme une longue bande dessinée. Des frises au-dessus et au-dessous apportent des détails sur la vie quotidienne à l’époque et facilitent la lecture.
Par exemple des archers sous la préparation au combat, des corps blessés et mutilés sous les scènes de bataille. On aperçoit même les premières scènes de vie quotidienne aux champs et le corbeau et le renard…

 

 

 

 

 

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En Chantier n°15, Le Kamishibaï au cycle 2

KAMISHIBAÏ   au  cycle 2

« Petit théâtre de rue japonais »
 Un article de Catherine Tricoche – Groupe Ecole Moderne  79 - 27.08.2010

 Un travail proposé ici pour des classes élémentaires du cycle 2 (De la grande section maternelle au Cours élémentaire 1ère année). Ce type de théâtre, très populaire au Japon, se rapproche du théâtre de marionnettes, en plus minimaliste. Plus simple également à mettre en œuvre, il est souvent utilisé dans nos classes pour inciter à l’écriture, à l’expression. Il peut bien entendu être pratiqué sans problème par des élèves plus âgés…

 

Plan de l’article :

- Présentation
- La création de l’histoire
- Éléments déclencheurs
- Protocole de réalisation
- Pistes de création
- Les critères de réussite
- Remarques complémentaires
 

Présentation :

 Le « kamishibaï » ou « petit théâtre de rue japonais » est un petit castelet permettant de glisser des feuillets cartonnés supports d'une histoire. Le présentateur, placé derrière le théâtre, anime l'histoire en faisant glisser une à une les images tout en lisant le texte écrit derrière chaque page. Les spectateurs ne voient que les images défiler au rythme du texte lu et mis en expression par celui qui est plus ou moins caché derrière le théâtre.
Il existe des histoires que l'on peut acheter dans le commerce mais les élèves (de la maternelle au CM2) peuvent également en fabriquer.
 
La création de l'histoire:
 
Le cahier d'écrivain est un bon point de départ. Au CP, en début d'année, l'histoire peut être dictée par l’enfant à l'adulte, ou bien écrite avec un tuteur : un CE1ou CE2 par exemple (dans une classe à plusieurs niveaux), ou bien même avec un deuxième CP qui est déjà entré dans l'écrit-lecture.
Comme dans toute création de texte libre, des aides sont mises à disposition des élèves pour aider à l'écriture de mots (affichages classe, imagiers, « Photimots », etc.) 
 
 
Éléments déclencheurs :
 
- L'envie d'écrire une histoire et de la « mettre en scène ».
 
- L'écoute d'une histoire-kamishibaï du commerce présentée par la maîtresse ou un pair.
 
- L'attrait pour une histoire, un album, des poèmes... l'enseignant peut alors les présenter à nouveau à la classe sous la forme d'un kamishibaï qu'il construit lui-même (cf. ci-dessous « pistes »)
 
 
Protocole de réalisation :
 
1 - L'enfant (ou les) invente(nt) l'histoire.
 
2 - L'adulte corrige avec lui et scinde le texte en pages (ou vérifie que l'intention de l'élève est adaptée)
 
3 - L'adulte prépare des feuilles A3 : une ligne en bas et haut de la feuille, à environ 3 cm du bord, délimitant la "zone interdite" (ne pas y dessiner ou écrire, ça serait caché par le bord du théâtre).
 
4 - L'enfant (ou les) dessine(nt) sur chaque feuille.
 
5 - Si le dessin est satisfaisant (pas trop petit, correspondant aux critères pré-établis, texte éventuel lisible, etc. – Cf. ci-dessous « Critères ») ALORS seulement l'enseignant colle une seconde feuille
Ainsi on obtient des feuilles qui passent dans la rainure du théâtre.
 
6 - L'enfant présente son kamishibaï à sa classe
 
7 - Il peut y avoir un temps d'échange ensuite... (cf  « critères »)
 
 
Pistes de création :
 
- A partir d'un album que la classe aime bien: on peut fabriquer un kamishibaï en achetant 2 albums identiques puis on découpe chaque page que l'on colle sur un carton au format du théâtre.
 
- A partir de poèmes on peut créer un kamishibaï illustré soit par les enfants, soit par l'adulte pour provoquer une découverte littéraire et artistique.
 
- A partir d'un thème l'adulte peut inventer une courte histoire.
Par exemple à la rentrée, un texte répétitif peut remplacer un texte de lecture et initier un moment de création collective ou individuelle qui permettra de créer de nouveaux kamishibaï pour la classe.
« Cette année, j'ai un nouveau cartable » (dessin), « cette année, j'ai une nouvelle maîtresse » (photo), etc.
 
- A partir d'un thème en découverte du monde, on peut créer des « kKamishibaï documentaires ».
 
 Les critères de « réussite » d'un kamishibaï peuvent être définis avec les élèves ou explicités par l'adulte qui les vérifie :
 
- Les personnages doivent être reconnaissables sur chaque page : ils doivent être habillés, coloriés, dessinés... de façon à ce que leur identification par le spectateur soit évidente. (Souvent, lorsque le kamishibaï est réalisé par deux enfants, chacun dessine toujours le même personnage de manière à conserver cette régularité de caractéristiques du personnage).
 
- Les dessins doivent être les plus explicites possible et d'une taille conforme aux indications implicites et explicites du récit.
 
- La lecture doit être la plus fluide possible et respecter le ton et le « style » propres à chaque personnage (un entraînement avant présentation est nécessaire sauf pour un lecteur-expert)
 
- Les mots, onomatopées, titre, etc. doivent être bien lisibles.
 
 
Remarques complémentaires :
 
- La réalisation d’un kamishibaï peut être enrichie d'un travail sur la BD (Rechercher comment représenter la joie, la peur, la colère d'un personnage, comment mettre en évidence un objet du récit (gros plans, etc.)
 
- Les histoires du commerce sont rédigées en français, espagnol et anglais. Les enfants adorent écouter un texte déjà connu d'eux dans une autre langue. Pourquoi ne pas essayer de traduire un kamishibaï avec une personne capable de le faire (parent d'élève, conseiller pédagogique…)
 

 

Pour se procurer sur internet des théâtres et des histoires :
Lien intéressant chez WESCO : 
http://www.wescopro-eshop.com/Home_Boutique.aspx?BoutiqueId=5005&Language=fr-FR&SiteId=7041&ProfileId=2&ProPart=Pro&UserID=c232075f-24c3-4109-8f45-494d514265e0

 

 

 

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En Chantier N°15, Lire des documentaires: pas si simple

Lire des documentaires : pas si simple

Bulletins du CA Doc III, p.15 : EXPOSÉ TABLE-RONDE de Novembre 1990 à La Roche-sur-Yon



Animé par Alain Robert. Professeur de sciences à l'École Normale de Saint Étienne, et de lettres aux universités de Lyon et Saint Étienne.
        
Nous nous proposons de reproduire dans chaque En Chantier à venir des documents déjà publiés, mais qui méritent que l’on se penche à nouveau sur eux parce qu’ils restent d’actualité. Ici, un exposé sur la complexité des manuels scolaires de vulgarisation scientifique, sur la difficulté à appréhender les différentes informations qu’ils contiennent. Une compréhension qui passe par un apprentissage spécifique de la lecture scientifique, différente de la lecture des romans ou des récits auxquels des enfants de CM sont habitués.
 

Plan de l’article :
- La méthode de travail
1 – analyse de la page
2 – trois itinéraires de lecture
3 – Analyse des observations
4 – synthèse des observations

 

La méthode de travail :

Une expérimentation proposée à partir d'une double-page de " Mon premier livre sur le corps humain " EditEpigone. (Document présenté ci-dessous.)
 Il s'agira d'observer les stratégies de lecture de quelques participants (lecteurs-cobayes) auxquels on aura au préalable posé deux questions :
- Qu'est ce qu'une vésicule pulmonaire ?
- Qu'est ce qui se passe dans une vésicule pulmonaire ?
 
1 – Analyse de la page (en l'absence des " lecteurs cobayes ")
Lorsque l'auteur commence à travailler, il part d'une page blanche, équivalent d'un espace scénique sur lequel il va falloir faire intervenir les acteurs de la vulgarisation : les images (partie iconique) et le texte (partie textuelle).
 Dans 75% des cas, le comportement d'approche d'un livre est un comportement de feuilletage, en général en commençant par l'arrière. A un moment, le lecteur va s'arrêter sur une page. Ce qui l'amène à décider de peut-être entreprendre un acte de lecture, c'est que l'auteur a réussi une accroche.
 Pour cela, il faut donner à voir du connu. Dans nos sociétés occidentales, ce connu ne doit pas être placé n'importe où: il faut plutôt le mettre au centre, point de croisement du regard binoculaire, plutôt en bas, et plutôt légèrement sur la gauche. Ici, le dessin de l'enfant, colorié en partie en bleu, indique que c'est la respiration qui est étudiée.
 L'enfant en feuilletant, a pu raccrocher le contenu de cette page à un savoir plus ou moins précis qu'il a en mémoire et qui est ainsi réactivé.
 Mais cela ne suffit pas à déclencher l'acte de lecture, le second dessin, de l'autre coté, est, lui, complètement inconnu. L'objectif est de provoquer un contraste connu/inconnu qui engendre le paradoxe, l'énigme et active la curiosité.

Double-page servant de support à l’étude de A.ROBERT extraite de " Mon premierlivre sur le corps humain " Éditions Epigone)

 

Il faut d'abord sécuriser le lecteur en lui montrant qu'il a des connaissances sur le sujet étudié, mais que dans ce chapitre de savoir, il y a une partie qu'il ne maitrise pas complètement: il y a une aventure spécifique à explorer.
 L'icône marque donc le contraste connu/inconnu.

On appellera PT 1 (Para-Texte 1) le dessin de l'enfant et PT2 le second dessin.
 L'auteur a choisi de mettre un titre (TO)
Le premier morceau de texte (descriptif, définitoire) sera nommé T.
L'encadré, nommé T3 mérite un
commentaire. Il n'est pas déterminant dans cette page, c'est une sorte de supplément correspondant à une référence, une note de bas de page d'un ouvrage pour adultes.

Or, dans le livre scolaire, outil usuel des jeunes lecteurs auxquels ce livre est destiné, le souligné et l'encadré sont importants (C'est la marque du résumé, du " à retenir absolument" ).Il y a donc discordance entre les pratiques éditoriales et les représentations de l'enfant.
 T2 est un autre texte de nature explicative.
La flèche rouge sur l'original est un élément de lecture qui indique la façon de s'y prendre (M=marqueur).
Une prise d'information rapide sera marquée par une virgule, une prise d'information longue par un point.
E marquera une vision d'ensemble de la page.

2 – Trois itinéraires de lecture

 L'observation de trois lecteurs pendant les 5 minutes de découverte de la page donne les itinéraires suivants : 

Itinéraire 1 : TO, T1, PT1, T3, PT2, T2, M T2, PT2, T2.
Ce lecteur reproduit ses comportements d'élève. Il lit cette page comme du narratif, il suit la géographie de la page. Il a compris que l'information capitale est dans T2, mais comme il ne comprend pas bien, il a besoin de traiter l'image pour refabriquer l'information qu'il est en train de construire.

 Itinéraire 2 : E, TO, Tl, PT1, M T1. PT1, T1, PT1, T1, T3, PT2, T2, PT1, T2, PT1,PT2.
Ce lecteur est plus méthodique. Il fait un premier travail autour de T1 - PT1, puis autour de P2 - PT2, avec un retour vers le début de la page.

 Remarque: la longueur plus ou moins grande de la séquence vient de l'état d'information de départ. Pour les uns il s'agit d'une simple confirmation qui peut être très rapide. Pour les autres, il s'agit d'une véritable construction de savoir qui nécessite davantage de méthode.

 Itinéraire 3 : PT1, M T2, T3, M T2, PT2, M T2, PT2, PT1, M PT2, T2.
Apparemment, ce lecteur n'a lu ni le titre, ni T1 (le connu est assuré par PT1). II va vite au vif du sujet et a repéré que la réponse se situait autour de l'interaction T2 - PT2. Il a vite réglé son compte à T3 (qui apparaît comme un parasite). Entre T2 et PT2, c'est le texte qui est la première source d'information, l'image servant à confirmer. Chez d'autres lecteurs, ce sera l'inverse.

 3 – Analyse des observations

 Chez les enfants :
Après analyse de 50 itinéraires de lectures d'enfants de CM1-CM2, deux groupes se dégagent :
- Un groupe a effectué une lecture linéaire, lisant une seule fois les informations. Après la lecture, ils savent tous quelque chose du problème.
- Un autre groupe a lu au hasard. Cette lecture, qui peut sembler proche de la lecture des adultes, ne conduit pas à la construction de compréhension.


Tableau : analyse des résultats du 1er groupe

 

 

 
Nbr Total
Enrich. Signif.
Enrich. Partiel
Enrich. nul
Idée de maladie
Réchauff.
de l'air
T0, T1, T3, T2, PT1, PT2
 
12
 
2
 
8
1
1
 
T0, T1, PT1
T3, T2, PT2
ou PT2, T2
 
11
 
3
 
4
 
1
 
1
 
1
T0, T1, T3 T2
6
0
2
1
1
1
Total
29
 
 
 
 
 
 

- Chez les adultes :

Après analyse de 100 itinéraires d'adultes qui ne savaient rien des deux questions de départ :
- 88 ont des « façons de lire » différentes.
- 12 ont des techniques de lecture identiques. Parmi ceux-ci, 5 disent avoir reproduit des comportements scolaires de lecture linéaire narrative, et 7 professeurs de maths ont lu d'une manière particulièrement méthodique (ce sont des lecteurs d'énoncés où chaque mot pèse et où de tout petits mots peuvent être chargés de sens).
 - Une lecture spécifique :
La lecture des ouvrages documentaires est donc différente de la lecture narrative ou de la lecture d'énoncés. Elle est très directement liée à la personne et à la personnalité et chacun s'est forgé sa propre stratégie.
Ces lectures nécessitent un pilotage : le lecteur prend des décisions d'orientation de la lecture, décisions conditionnées par le montage progressif de la compréhension : quand on choisit de lire ce type de texte, c'est en réponse à une curiosité mise en action par un projet (explicite ou implicite).
Les adultes savent traiter l'information écrite parce qu'ils ont appris à prendre les décisions de pilotage de leur lecture.
 
4 – Synthèse des observations
 On peut utiliser pour la lecture la métaphore de l'apprentissage de la conduite automobile :
Quand vous avez votre permis de conduire, dans un premier temps, vos yeux et votre vigilance sont dans la voiture (changement de vitesse, clignotants, embrayage...) Or conduire, c'est regarder dehors : vous conduisez donc sans savoir conduire. Ce n'est que dans un second temps que les mécanismes de conduite vont être exécutés  « inconsciemment ».
 L'apprentissage de la lecture est du même ordre. Dans un premier temps, les mécanismes de lecture occupent le cerveau frontal (qui nous sert à penser) puis ils passent vers le cerveau inconscient, libérant le cerveau frontal qui est alors investi par la fabrication de sens.
 Les enfants de CM sont à ce moment charnière : ils commencent à faire preuve d'autonomie par rapport aux mécanismes, mais cette autonomie n'est pas toujours sûre : ainsi, un enfant a été arrêté par l'idée de « réchauffement de l'air ». Il a continué à lire mécaniquement, mais sa fabrication de sens s'est arrêtée sur cette notion.
 
D'autre part, les enfants ont appris à lire dans des récits : il y a une part de fantasmes dans les mécanismes de lecture, même dans la lecture d'ouvrages scientifiques. Ainsi peuvent s'expliquer les réponses concernant la maladie.
Les enfants appliquent aux textes documentaires une stratégie de lecture qui est celle sur laquelle est fondé leur apprentissage : la lecture de récits, faits pour être lus de manière linéaire. D'où les embarras et les problèmes de lecture au collège.
En fin de CM un enfant sait lire ce qu'on apprend à lire à l'école : des récits, des albums.
 L'analyse des manuels de collège explique les "incompétences" des élèves en matière de lecture.
Exemple de la page traitant de la "parthénogenèse" dans « le meilleur » manuel de biologie de 5eme (90% du marché) :
- au moins 10 graphismes différents (caractères gras, italiques, tailles différentes)
- information dense (pas de blanc)
L’information principale (définition de la parthénogenèse) est donnée dans une légende d'illustration en italique. Ici, toutes les difficultés semblent accumulées.
Il est donc indispensable d'habituer les enfants à ce type de support qui nécessite une adaptation de la lecture.
 
AIDES PÉDAGOGIQUES :
Lire pour comprendre - 6 avenue de France 91 MASSY
Revue des livres pour enfants - 8, rue Saint Bon 75004 PARIS
Rayon Vert - I.N.J. Val Flory 78160 MARLY LE ROI
 

 

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