Construire des équipes, un chantier ambitieux

Octobre 2000

Pour beaucoup de militants des mouvements des pédagogiques, travailler en équipe semble être une réponse à l’échec scolaire. Ils y voient un lieu où la cohérence et la continuité des apprentissages permettent de mettre en œuvre leurs principes et d’en montrer la validité.

Nombreux sont les projets anciens ou actuels de constitution d’équipes, appuyés sur les acquis des recherches pédagogiques.

Pourtant, des critiques virulentes, venant parfois de milieux progressistes, mettent en cause la pédagogie. Celle-ci serait responsable des échecs persistants des jeunes issus des milieux défavorisés. Peut-on ignorer cette interpellation ?

Le travail en équipe est-il un simple moyen permettant aux enseignants de travailler autrement ? Ne constitue-t-il pas une fuite ? Ces projets ne risquent-ils pas de constituer des îlots, des ghettos, des excuses pour le conformisme ambiant ? Comment peuvent-ils échapper au risque de l’enfermement et diffuser leurs démarches ?

Tels sont quelques-unes unes des questions que posent les projets de constitution d’équipes dans le premier ou le second degré.

Conscients de ces écueils, l’ICEM et son chantier équipes se sont engagés depuis quatre ans dans une réflexion tant pédagogique qu’institutionnelle. Ce travail a débouché sur l’élaboration d’une plate-forme des équipes Freinet.

À la suite à son congrès, l’ICEM a pris l’initiative d’une rencontre des mouvements pédagogiques, des équipes en voie de constitution et des individus concernés par cette démarche.

Le moment semble propice. Le ministère a annoncé que quatre structures publiques innovantes pourraient ouvrir dès la rentrée 2000/2001. D'autres projets rencontrent encore des difficultés administratives ou cherchent leur spécificité. Des individus isolés souhaitent certainement participer à la constitution de nouvelles équipes. Le comité de l’innovation, présidé par Anne-Marie Vaillé, peut ouvrir des perspectives intéressantes pour ces initiatives.

Il nous semble important que les mouvements pédagogiques, les groupes et les individus intéressés mettent en commun leurs projets avec, toutefois, la volonté de respecter les principes du service public d’éducation.

Dans le premier degré, des équipes Freinet fonctionnent depuis de nombreuses années. Leur expérience peut être profitable et aider à l’élaboration de nouveaux projets au premier comme au second degré.

À tous les niveaux d’enseignement, il faut aussi travailler à l'émergence d’équipes qui pourraient participer activement à la formation de jeunes enseignants en relation avec les IUFM ou avec les organismes de formation associés , tout en offrant des terrains d’évaluation à des recherches menées par des chercheurs, des universitaires ou l'INRP.

Il s’agit d’apporter la preuve que la réussite de tous les enfants, sans distinction d’origines, au sein des établissements publics est un objectif réaliste.

Il n’est pas question pour nous de développer des établissements privés sous contrat au sein de l’éducation nationale. C’est pourquoi nous avons mis au point, après concertation avec les syndicats, un système de nomination au sein des équipes clair et transparent.

C’est à ces conditions que nous pouvons nous fixer cet objectif ambitieux : faire vivre, au minimum, une école et un collège Freinet dans chaque département

 

Jean-Marie Fouquer

Président de l’ICEM-Pédagogie Freinet