Brésil : histoire et actualité

Avril 2001

Brésil :

Histoire et actualité vues par les enfants de l’école Recanto de Récife
 
Le Brésil a « fêté » en 2000, la commémoration des 500 ans de la découverte de ce pays. Cette commémoration n’a pas fait l’unanimité des Brésiliens A cette occasion, les élèves de l’école Recanto de Récife se sont exprimés sans ambages sur ce sujet.
 
Leurs textes ont d’ailleurs retenu l’attention de la Fondation Nationale de l’Indien (FUNAI), organe du Ministère de la justice qui les a classés en tête du concours organisé (geste louable comme on peut en juger) : 500 ans : la trajectoire des vrais habitants de cette terre.
 
 
Dans une terre éloignée de l’Europe et de l’Asie, plus précisément au sud du continent américain, vivaient depuis beaucoup de temps déjà, de leur propre travail, en conservant en même temps leur propre équilibre, en accord avec les valeurs de leur société, les premiers habitants de ce qui devait être notre pays : les Indiens.
 
Cette histoire aurait pu poursuivre son chemin de manière naturelle, sans interférences extérieures et conséquences négatives, si cette harmonie n’avait pas été brisée, pour cause d’ambition, de profit, de désir de pouvoir et par l’égoïsme que commet notre terre avec la fausse prérogative de la coloniser, en supposant qu’elle soit découverte fortuitement.
 
Le fait est que les Portugais aborderont le Brésil avec l’intension d’explorer ses richesses et ce choix a été une œuvre intentionnelle. En développant leurs nouvelles conquêtes, ils ignorèrent les vrais détenteurs des lieux et décidèrent de les utiliser comme main-d’œuvre. Comme cet objectif n’a pas été atteint, ils passèrent à la liquidation de ces premiers habitants sur l’alégation qu’ils représentaient une menace pour la paix et l’organisation du processus de domination. Tout se passa comme s’ils n’avaient le droit de défendre la terre qu’ils habitaient. Non satisfaits de cette violence initiale, les colonisateurs firent davantage, en atteignant cruellement la culture, la religion et les coutumes de l’univers indien.
 
Cette saga est une blessure qui peut se cicatriser, mais qu’il est impossible d’oublier. La stupidité et la répugnance atteintes par les hommes blancs arriveront au point d’affirmer que les Indiens sont sans loi, roi, ni foi. En vérité, le colonisateur utilise ce faux argument pour les dépraver, propager le christianisme, imposer les valeurs capitalistes et la soumission à des êtres humains dont l’organisation sociale obéissait à des critères différents, lesquels auraient mérité d’être respectés.
 
Les sociétés sans gouvernement, comme celle des Indiens, ne sont pas une source de désordre, il y a une organisation particulière dans laquelle se fondent les lois spécifiques à la réalité qui réunit tous les représentants d’une égale manière ; à l’intérieur d’un contexte hiérarchique sans prétention d’esprit supérieur, fondement d’innocence. La rancoeur accumulée au long de l’histoire est expliquée dans la déclaration des indiens à la presse : « Nous ne sommes rien de ce qui se commémore », faisant allusion à l’hypocrisie des festivités des 500 ans.
 
Natalia, 2ème année de Lycée.
 
 
 
Les 500 ans du Brésil ont été fidélement commémorés par les nouveaux habitants de cette terre appelée Brésil. Les anciens ne peuvent participer aux festivités : ils furent en grande partie décimés, prostitués et séparés de leur culture, de leurs terres et de leurs valeurs. Avant l’invasion portugaise, les Indiens possédaient une habitude de vie, une culture, une propre religion. Ils vivaient en harmonie avec la nature, sans attachement matériel aux valeurs de la société mercantile, fausse et impudique de l’époque. Il est regettable qu’aujourd’hui, quelques indiens soient convertis à ces valeurs…
 
Pourquoi ?
 
Avec l’arrivée des Portugais au Brésil, les Indiens, par curiosité ou par naïveté furent donc corrompus par les prêtres, faussement christianisés, massacrés et transformés en esclaves par les faux découvreurs du Brésil.
 
Les conséquences qui en découlent aujourd’hui sont visibles : la majorité des Indiens a perdu sa culture, ses terres, sa religion et ses valeurs, bien qu’ils soient plus légitimes que les homems blancs qui les dominèrent.
 
Se préoccupant de garantir le « sauvetage » des Indiens, l’homme blanc paraît avoir oublié de se défendre des valeurs de la société capitaliste qui se complet dans l’hypocrisie, la falsification attachée au matériel et aux apparences.
 
Lucas – 2ème année de Lycée
 
Ces deux textes sont parus dans le journal « Curupira » de l’Escola Recanto de Récife en juin 2000. Pour en savoir plus sur l’école, lire « De la maternelle à l’université, une école Freinet au Brésil », éditions les Amis de Freinet.
 
Pataxo
 
Le 20 avril 1997, un indien de la tribu « Pataxo », Galdino Jésus, s’est rendu à Brasilia pour participer à une manifestation en hommage au Dieu des Indiens et lutter pour les droits de son peuple : limites des terres, assistance médicale… Son village ne recevait aucune aide du gouvernement.
 
Tout commence quand, vers trois heures du matin, sur le chemin du retour, il perd le groupe de la FUNAI auquel il appartenait. Ne connaissant pas Brasilia, ne pouvant se rendre à la pension où il devait être accueilli, Galdino décide de dormir sur le banc d’un arrêt d’autobus. Trois jeunes gens l’arrosent d’essence et y mettent le feu. Galidno Jésus est brûlé vif.
Les enfants de la maternelle, émus par cet événement dramatique écrivent un petit album sur les Indiens « Pataxo ».
 
Dans la cour de l’école maternelle se promènent en permanence des grosses tortues mâles et femelles. Peu de temps après l’événement nait une petite « tortuga » que les enfants appellent « Pataxo ». Tous les ans, les enfants commémorent la naissance de « Pataxo » en mémoire de l’ « Indien » qui s’occupait de la nature et des animaux.
 
J’étais à Récife au moment de l’événement qui a profondément touché l’opinion publique. Les trois jeunes coupables ont été identifiés mais condamnés à des peines légères (fils de familles « importantes »).
 
André Lefeuvre
 
 
 
 
Article paru dans le « Diarinho » du 24 mai 97, pages réservées aux enfants dans le « Diario de Pernambuco » (Journal de récife)
 
Album réalisé par les enfants de la maternelle Recanto.