Créativité et faux semblant


Revue en ligne CréAtions n°201 "POESIE GIVREE"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°201 - Publication : février 2011

Classes du Collège K. Thoueilles, Monsempron Libos (Lot et Garonne) - Enseignant : Hervé Nunez, professeur d’arts plastiques


Créativité et faux-semblant

 

Deux fauteurs de trouble : non-sens et faux-semblant

 

D'après Impression soleil levant de Monet :
 
mauvaise « impression » que ce bateau…

 

Le caractère de faux-semblant est au cœur même des langages pictural et verbal au sens où, qu’il s’agisse des mots ou de l’image, c’est la représentation du réel qui est en jeu et que son mode a toujours à faire avec la « duplicité » au sens à la fois de « double » et d’(in)authentique. Le faux semblant interroge la Mimesis, l’imitation dans la tension, le paradoxe du « semblant vrai » érigé en valeur artistique dans les termes du « vraisemblable », du réalisme, de l’illusion de réalité.

 

D'après Les tournesols de Van Gogh :
conformisme et liberté/ordre et désordre/ton sur ton.

 

Du non-sens de Lewis Carroll aux faux-semblants des peintres de la figuration narrative, il y a la même traversée du miroir. Quelles images surgissent derrière leur double, leur reflet ? L’inquiétante étrangeté du déjà vu, qu’il s’agisse du mot ou de l’image, brouille les apparences, le non-sens se joue de la linéarité convenue du discours. Et comme le faux-semblant dans l’image, il noue des rencontres improbables, burlesques ou absurdes, paradoxe et humour déconcertent la pensée logique, provoquant la curiosité, la surprise, et souvent le rire.

D'après une nature morte de Van Spaendonck :
La Joconde : en nature morte ?


D'après La chambre de Van Gogh à Arles
de Van Gogh :

espace révélé - qu’appelle ce vide ?

Les élèves du collège de Libos découvrent à l’exposition «Faux-semblants»,réunissant des artistes de la figuration narrative comme Cueco (voir ci-dessous, La mort de Sardanapale), comment s’emparer de formes, modes d’expression, d’artistes du passé, remarquables par leurs audaces novatrices. Les détourner, les remanier, permet soit de leur rendre hommage, de mettre en valeur des ruptures parfois méconnues de l’histoire de l’art, soit de les mettre au service, thèmes et formes, de leur propre représentation du quotidien.
Il s’agit de revisiter l’histoire de l’art pour s’approprier dans les toiles rencontrées ce qu’elles ont à offrir de créativité, de liberté, d’ouverture, et d’enrichir ainsi son imaginaire pictural.

D’après Le Serment du Jeu de Paume de David :
mémoire et oubli/clin d’œil à l’histoire,
le Jeu de paume, mis à nu, retrouve ses attributions premières.

 

D’après La mort de Sardanapale de Delacroix :
Double détournement de l'œuvre, par Cueco puis par un élève :
Le tragique «saupoudré» de trivial !

Cueco a gardé de cette peinture narrative qui fit scandale, considérée comme le manifeste de la peinture romantique, le cadre éclaté, la perspective débordée, le chaos des corps – mais corps de chiens et de femmes- et a transfiguré le « lac de sang » de Delacroix en houle bleue, d’identique étrange violence.

 

« Il n’y a pas de ligne droite ni dans les choses ni dans le langage… »  (Deleuze)
Présences insolites, saugrenues, métamorphoses, c’est le choc d’associations inattendues, paradoxales, qui fait sens, en révélant la singularité du traitement de la peinture et de l’espace du tableau, ou en interrogeant le thème pour le souligner ou le détourner.



D'après La crucifixion de Vélasquez :
rencontre insolite du sacré et du profane.

 

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détournement de tableaux, collage