CréAtions N° 81 – Spécial Poésie mars/avril 1998

Mars 1998

 


CréAtions n° 81
mars/avril 1998
Spécial Poésie

 COUVERTURE
Ont participé à l'élaboration de ce numéro: Anto ALQUIER, Jacqueline BENAIS, Nicole BIZIEAU, Joël BLANCHARD, Pierre FOURRIER, Jeannette GO, Agnès JOYEUX, Maud LECHOPIER, Pascale LANDOLFINI, Martine MARCEL,  Fanny MILLEDROGUES, Hervé NUNEZ, Monique GODFROI, Eliane SAYOU, Annie SOLAS.

 Sommaire
Titre et chapeau
Niveau classe
thème
Techniques utilisées
artiste
 

Editorial

       

Bibliographie

 

       
Quand le texte provoque des réalisations plastiques

 

       
 

PREVERT

Collège- 3ème Dans le cadre d'un projet de spectacle, deux classes  illustrent et redécouvrent Prévert. techniques mixtes  
 

Le léopard, le zèbre et la tortue

Ecole maternelle Entrer dans le sensible d'une poésie par des surfaces signifiantes peinture, encre,
empreintes,
mise en page
 
 

Calendrier poétique

CM Ecole élémentaire Quand un poème en appelle d'autres...                               écriture
collage

 

Peut-il exister une pédagogie de la poésie? d’après Georges Jean

   extraits choisis   Georges Jean, poète
Du mot à l’image et de l'image au mot
       
  « On s’affiche » continue dans le secondaire collège Une expérience de correspondance par voie postale en réseau affiche,
encre, feutre noir
 

Le soleil mangeur de lettres

CE1 Ecole élémentaire   écriture, dessin, feutre noir  
Le bleu entre en scène  CM Ecole élémentaire Mettre en relation une oeuvre plastique et l'expression orale et écrite. encres,
craies grasses,
craies sèches
 
  Concerto pour rimes et palettes  Christian Poslaniec  cf Concerto pour palette et rimes, Ecole des loisirs, 1993   Christian Poslaniec, auteur
Vers la calligraphie          

D’ici et d’ailleurs

Maternelle Répondre à une proposition extérieure écriture,
crayons aquarellables,
pastels secs,
 
Un calligraphe au pied de la lettre  Salah Al Moussawy Traces laissées par une rencontre calligraphie  Salah Al Moussawy
Manifestations poétiques
 
       

Ecrivol : quand la poésie voyage… pour faire voyager 

GD de l’Aisne Diffuser des créations poétiques en utilisant un lâcher de ballons écriture,  

De la mise en mots à la mise en forme

Bibliobulle – Aizenay – 85 Pour la fête du livre, écrire et mettre en espace des poèmes calligraphie, collage, peinture, encre, détournement, installations Francine Guiet
Une semaine pas comme les autres CM Ecole élémentaire Un stage d'arts plastiques pour les enfants n'allant pas en classe de neige. monotypes  

 

 

 

Editorial

Mars 1998

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésie -  publié en mars-avril 1998

 

Editorial

Editorial


« Comme un vol de gerfauts
hors du charnier natal, fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos, de Moguer, routiers et capitaines
Partaient ivres d’un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental. »

José Maria de Heredia


Que peut bien signifier un tel poème pour une petite fille de huit ans ?
Il chante.
Il chante toute la musique de ses mots fabuleux. Le sens est alors de seconde importance et peut-être même que l’incompréhension ajoute un mystère à ces mots résonnant comme un orchestre de cuivres.
La poésie est fascinante. Au plaisir des sons s’ajoutent les images qu’ils font naître. Combien de fois collégiens et lycéens pourraient se rebeller face aux profs qui décortiquent jusqu’à la destruction chaque texte poétique ou imposent par des affirmations péremptoires « ce que le poète a voulu dire ».
Ces cours ne concernent pas la poésie, contrairement aux apparences. Il reste à ces jeunes à se réfugier dans la résistance et à savourer tous les poèmes qu’ils peuvent trouver, s’ils n’en sont pas dégoûtés.
A chaque enseignant de faire partager ce plaisir des mots et des images qu’ils transportent, peut-être en commençant chaque journée par un poème et ne manquant pas une occasion de proposer des situations développant la sensibilité comme la créativité poétique. – Editions PEMFMais il faut du temps et un contexte privilégié pour approcher la poésie.
D’abord installer un climat de confiance pour lui préparer un accueil favorable auprès des enfants et des jeunes. Installer le respect de chacun et des choses. Ainsi, petit à petit, on entrera dans le domaine du sensible et de l’imaginaire en toute sérénité, toute liberté osant jouer des structures de langage comme de la musique des mots, pour le plaisir de se les lire, de les entendre, de les dire, de se dire. Une nouvelle attitude envers la langue fera découvrir ses richesses comme véritable outil d’expression.
Apprivoiser les poèmes, c’est un peu comme ce « petit prince » tombé dans le désert qui voulait apprivoiser un renard : ils n’attendent que ça, devenir nos amis.
Apprivoiser la poésie, n’est-ce pas, comme dit Georges Jean, « s’assurer en soi, pour la vie, un trésor de textes avec lesquels dans certains instants, joyeux ou malheureux on vivra mieux » ?

Nicole Bizieau


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Bibliographie

Mars 1998

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésie -  publié en mars-avril 1998

 

Bibliographie


Bibliographie


Poèmes en herbe – Michel Monnereau – Editions Milan, collection « Zanzibar »

Le plaisir des mots (dictionnaire poétique) – Georges Jean – Editions Gallimard, collection « Folio Cadet Or – (plusieurs recueils : Guillevic, Prévert, etc.)

Collection Poèmes pour grandir – Editions Cheyne

Poèmes tout frais pour les enfants de la dernière pluie – Christian Poslaniec – Editions Scanéditions/LaFarandole

Ménagerimes – Joël Sadeler – Editions Corps Puce, Collection « Le Poémier »

Tire-Lyre 1 et 2- Le Coffret d’Aladin – Christian Poslaniec – Editions de l’Ecole des loisirs

Les plus beaux poèmes pour les enfants : anthologie – Jean Orizet – Le Cherche Midi Editeur, collection « Espaces »

Poèmes d’enfants : la porte de la clé perdue – Ecole Freinet, Comme je te le dis, Poèmes d’adolescents, Editions Casterman

A l’école de la poésie – Georges jean – Editions Retz

Vivre en poésie – Eugène Guilllevic – Editions Stock

L’enfant et la poésie – J. H. Malineau, C. Da Silva – Editions Armand Colin

Grammaire de l’imagination – Gianni Rodari – Editions E.F.R.

Voyage Poésie – Dossier pédagogique de l’Educateur n° 169 – Editions PEMF

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Prévert

Mars 1998

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésie -  publié en mars-avril 1998

Prévert

 Classes de troisième - Collège de Plaisance (Gers) – Enseignante : Anto Alquier

   

   

                                                                                                                                             Hélène

   

Les productions qui sont présentées ici ont été réalisées dans le cadre d’un travail interdisciplinaire avec deux classes de troisième. En français, l’objectif était d’ « aborder la poésie du quotidien dans son étrangeté et sa banalité » et de découvrir Prévert ; l’atelier théâtre du collège prévoyait un spectacle : une mise en espace de certains poèmes, joués, dansés, dits, tandis qu’un chanteur-interprète assurait des intermèdes musicaux créés pour la circonstance. Les arts plastiques ne pouvaient que prendre place dans un tel projet en s’appuyant sur ce qui était fait en français et en se mettant au service de la mise en scène théâtrale. C’est un vrai plaisir de travailler ainsi en collaboration, car cela permet aux adolescents de mieux faire le tour des différents aspects d’un auteur.

Cathy

Chasse à l'enfant

Plusieurs textes avaient donc été étudiés en français, j’ai complété l’approche du poète en montrant ses collages. Dès lors, chaque élève a pu choisir librement le poème à mettre en images, son poème. Il s’agit donc ici d’un travail individuel, librement choisi…

La question était de savoir : «Que veux-tu faire ressortir à travers ce poème ? Quels éléments veux-tu retenir ? Quelle atmosphère veux-tu traduire ?» C’est ce dialogue avec chaque élève qui a permis de jeter les premières idées sur le bloc-sténo. Après, il a fallu choisir le format de réalisation, et trouver le compromis entre la surface nécessaire et l’élan créateur de chacun.

Il y a les audacieux qui voient grand et ne viennent jamais au bout de leur travail, et les timorés qui se contenteraient d’un timbre-poste. Là encore, il faut discuter, faire en sorte que chacun trouve sa solution, que le projet soit bien dans la tête, que son image soit nette et précise. Alors, il est plus facile de pointer les problèmes de mise en page et de techniques à utiliser.

Comme j’avais ces jeunes depuis la sixième, le choix des techniques mixtes de réalisation a été adopté par la plupart. Il leur a suffi d’un retour vers l’amont scolaire pour trouver ce qui leur allait le mieux : encres Colorex, encre de Chine, craie grasse, peinture, collages de papiers déchirés ou découpés, ils avaient déjà pratiqué tout cela. C’était une belle occasion de réutiliser les acquis.

Certains ont choisi de dessiner, d’autres ont utilisé des photos, d’autres encore ont pillé des œuvres connues et se les sont réappropriées en les mixant sur calque.

Inutile de préciser que cela a pris beaucoup de temps, car je devais naviguer de l’un à l’autre, aider à résoudre chaque difficulté rencontrée, discuter de la technique qui correspondait le mieux à chaque recherche, soutenir le moral de celui qui se décourageait, exiger toujours plus de soin, obliger à réfléchir au produit fini, rappeler que chaque production serait exposée… Six semaines d’un vrai travail que les élèves ont bien apprécié et dont ils gardent un bon souvenir.


Paris at night - Aurélie

Page d'écriture - François

Les décors de la soirée théâtrale et l’affiche ont permis d’affronter le problème de la commande : répondre à une demande précise, faire sien le point de vue de quelqu’un d’autre et résoudre des problèmes matériels.

Ce fut l’occasion de travailler sur de vieilles portes bien vermoulues, déglinguées, et de les couvrir de graffitis savamment recherchés pour camper un décor de « zone » de banlieue, un décor bien éloigné de notre campagne !

Enfin, le mois de juin venu, les décors ont fait bonne figure, et l’exposition des travaux, encadrés sous verre et accrochés sur des panneaux blancs, témoignaient de l’approche globale d’un poète dont bien souvent on connaît le nom en méconnaissant l’œuvre.

                                                                     Chez la fleuriste - Didier

 

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techniques mixtes

 

Le Léopard, le Zèbre et laTortue

Mars 1998

 

Créations 81 - Spécial Poésie - publié en mars-avril 1998

Le Léopard, le Zèbre et la Tortue

Ecole maternelle Rocade-sud de Roanne (Loire) – Enseignant : Christian Bizieau

Entrer dans le sensible d’une poésie par des surfaces signifiantes

On dit que les petits « ne savent pas dessiner », ce qui se traduit par : ne maîtrisent pas les lignes leur permettant une expression figurative.
Nous avons cherché comment matérialiser, traduire par l’image des textes poétiques de Robert Desnos : Le Léopard, le Zèbre et la Tortue.
Il fallait les reconnaître à travers les productions. Quoi de plus visible que l’aspect extérieur de chacun d’eux ? Avant de percevoir le sens des mots, camper les sujets est de première importance. Nous décidons de travailler sur la façon de représenter chaque animal par sa peau. Une situation est proposée.

Se documenter
Nous cherchons d’abord dans la documentation à quoi ressemble un léopard, un zèbre, une tortue. Ceci de façon à vérifier si chaque enfant dispose de la connaissance nécessaire à cette recherche plastique d’une part, à constituer un référent commun d’autre part.



Déclencher
Sur une feuille de bristol, après avoir dessiné une fenêtre, je découpe l’espace vitré. Ceci nous nous permet de voir de l’autre côté… et ce matin-là, en regardant par la fenêtre, j’ai vu comme un nouveau rideau. Et chacun de proposer une première réalisation de peau de léopard, de zèbre ou de tortue, obtenue à partir des moyens personnels.
On reconnaît qui passe derrière la fenêtre.
On ne reconnaît pas. Pourquoi ? L’esprit critique se met en route.
En conclusion, pour habiller le léopard et le reconnaître, il faut produire une surface colorée avec des taches ; pour le zèbre, une surface colorée avec des rayures ; pour la tortue, une surface colorée avec des motifs juxtaposés représentant de grosses écailles.

 

Rechercher, tâtonner, expérimenter
On retourne à la recherche pour produire la peau de son choix avec les matériaux qu’il fa falloir expérimenter.
- Pour le fond : peintures, encres, sur papier sec, mouillé, essais d’épaisseur, de transparence…
- Pour les motifs de reconnaissance, tester et choisir le bon outil pouvant imprimer : empreintes diverses (bouchons de stylos, doigts, pâte à modeler…) ou pouvant tracer des rayures de bonne grosseur (feutres, pinceaux, cotons-tiges…) ou pouvant dessiner des écailles (crayons, feutres…).

 


Choisir
Après de nombreux tâtonnements, chacun sélectionne une de ses productions et va la soumettre à l’épreuve de la fenêtre : hypothèses, vérifications, échanges, débats, la communication est riche. On s’aperçoit que les couleurs choisies importent peu. Les formes suffisent à donner du sens à nos surfaces, ce qui élargit notre champ de création.

 

Composer
Et maintenant retournons au texte. Comment mettre en page image et texte ? Plusieurs idées sont alors proposées :
- On peut écrire la poésie sur la feuille de peau réalisée.
- On peut la coller imprimée ;
- On peut découper la forme du léopard, du zèbre, de la tortue pour habiller nos animaux photocopiés dans la « surface peau » réalisée. Une fois cette dernière idée mise en forme, il en naît une nouvelle.
- Après avoir retiré la forme de l’animal, on garde la « surface peau » restante. Elle a un trou en forme de léopard, de zèbre , de tortue. On va pouvoir disposer les poèmes dans ce v

 

Et puisqu’une poésie se dit, pourquoi ne pas utiliser tout ce travail de recherche et de production au profit d’une petite mise en scène : passer « la peau » derrière la fenêtre et dire la poésie correspondante.
Au rythme de petits poèmes, nous venons d’ouvrir une fenêtre sur les arts plastiques en jouant avec les couleurs, les formes, les outils, les techniques, les lignes et les rythmes.


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peinture, encre,
empreintes,
mise en page

 

Quand un poème en appelle d’autres… on obtient un calendrier poétique

Mars 1998

 

 

Créations 81 - Spécial Poésie - publié en mars-avril 1998

Quand un poème en appelle d’autres… on obtient un calendrier poétique

Ecole Crozon à Roanne (Loire) - Enseignant : Robert Pierrefeu

 

Pour se « mettre en mots », si on en ressent le besoin avant de passer aux créations poétiques, on peut pratiquer un « remue-méninge » à partir du nom de chaque mois. « Quand je dis JANVIER, je pense à … » On pratique de même pour les formules magiques. On se constitue ainsi des listes de mots et d’idées qui pourront être source de richesse pour la production des textes attendue. Après une première création, seul ou à deux, une présentation critique est indispensable. Elle permet un regard extérieur et un enrichissement de la part de ses pairs. Il en résultera, si cela convient aux auteurs, une réécriture pour production finale.

Offrir ce nouveau type de calendrier peut ouvrir un espace poétique dans chaque maison.


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écriture
collage

 

Peut-il exister une pédagogie de la poésie ?

Mars 1998

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésie -  publié en mars-avril 1998

 

Peut-il exister une pédagogie de la poésie ?

Peut-il exister une pédagogie de la poésie ?


Plutôt que de produire moi-même un article de fond sur la fréquentation des textes, j’ai préféré donner la parole à Georges jean, écrivain, spécialisé dans la poésie à l’école.
Le texte qui suit est composé d’extraits choisis parmi ceux qui m’ont paru les plus significatifs dans sa publication A l’école de la poésie (éditée chez Retz), dans laquelle il développe plus amplement ses propos.


Nicole Bizieau


L’enfant ne découvre jamais seul les textes poétiques et il faut bien admettre que les enfants vont rarement chercher spontanément des livres de poésies s’ils n’ont pas été incités par quelqu’un à le faire.
Ainsi ces enfants d’école maternelle qui voient pour la première fois dans leur cour un vrai feu allumé pour brûler les feuilles d’automne et qui découvrent la beauté d’un élément qu’ils ont si peu l’occasion de contempler dans leur HLM chauffées par radiateurs. L’institutrice, comprenant qu’il se passe quelque chose, profite de l’occasion pour lire quelques courts textes sur le feu.

« Je fis un feu,
L’azur m’ayant abandonné
Un feu pour être mon ami… »
Paul ELUARD

L’activité poétique devrait être régulière… et provoquée. Or, la poésie, à l’école élémentaire, n’est pas forcément liée à un emploi du temps ; l’instituteur devra persuader ceux qui aiment naturellement la poésie que l’amour, la passion, etc. ne suffisent pas. Pour les autres, il devra les aider à découvrir en eux que le désir, le plaisir de plonger dans l’imaginaire, vaut bien un certain nombre d’efforts.
« On n’explique pas un poème, on cherche à saisir sa respiration ! »
La culture de la sensibilité et de l’imagination participe beaucoup plus qu’on ne pourrait a priori le penser à l’équilibre de la personnalité de l’enfant tout entière.

L’école de la poésie est d’abord l’école de l’écoute.
Un poème est quelque chose qui parvient aux enfants porté sur ou par une voix. Chaque écoutant interprète à sa manière le poème, il le recrée à son image en fonction de sa vie, de son imagination et de ses sensibilités. Des connotations intimes accompagnent ce chant léger et grave, elles deviennent ce chant.
Un texte poétique doit se lire comme une partition. Les sons, les silences, les pauses, les signes, les blancs se répondent se contrastent, s’enchaînent, se superposent, se perdent.
Lire un poème, c’est en percevoir la mélodie verbale, la construction harmonique, la respiration du sens, la pulsion du texte. On peut dire qu’il existe des partitions écrites de tous les textes et de la poésie en particulier. La vive voix est un facteur essentiel de la rencontre pédagogique.
« La diction, disait François Billetdoux, c’est la moitié de la pensée, tout le reste est vocabulaire.»
En français, la mélodie traduit la présence à l’arrière-plan de facteurs extralinguistiques appartenant au domaine affectif : colère, joie, satisfaction, etc.
Le rôle émotif est premier en poésie.
Que le pédagogue amateur de poésie réfléchisse sur ces lignes. Qu’il évite de prescrire une diction passe-partout – celle de la sempiternelle et ronronnante récitation de mon enfance dont j’ai eu la naïveté de croire qu’elle avait disparu des écoles, des collèges, des lycées, des universités et des conservatoires d’art dramatique.

L’école de la poésie est sans doute l’école où l’enfant peut apprendre à saisir intuitivement, et dans le plaisir d’une certaine jouissance sensuelle, la syntaxe de la langue. Il ne s’agit certes pas de prendre la poésie comme un prétexte pour s’entraîner à « faire de la grammaire ». La finalité ici, ne l’oublions pas, est de « mettre en bouche » un poème.
« Et surtout ne vous hâtez point d’accéder au sens. N’arrivez à la tendresse, à la violence que dans la musique et par elle. Défendez-vous longtemps de souligner les mots, il n’y a pas encore de mots » écrivait Paul Valéry dans De la diction des vers. Certains lui ont reproché d’évacuer le sens alors qu’il dit comment l’atteindre : à la fin !

Ceci mériterait de longs commentaires car les enseignants ont tendance à d’abord expliquer – à traquer le sens avant de chercher à l’exprimer. Ce qui n’exclut pas avec de grands élèves des explorations érudites, sémiotiques, historiques, d’un texte poétique. Et surtout, quand on le peut, une analyse des brouillons, hésitations, « avant-textes », variantes du poème.
Le petit enfant saisit les métaphores, les images sans chercher à les expliquer ni à analyser les éléments qui les constituent et il est capable de les redire en s’en émerveillant.
Dans une clase quelconque, urbaine ou rurale, où la poésie existe en tant que telle, tous les enfants finissent par se décider à affronter le silence peuplé de leurs camarades et par dire leur poème ou le lire. Car une autre erreur fort répandue consiste à considérer la poésie et la récitation en particulier comme un exercice propre à l’entraînement de la mémoire. Cependant, lorsqu’un enfant a triomphé de sa timidité et des maladresses de son articulation, la récitation poétique devient un extraordinaire moteur pour développer et assurer la mémoire. Et en plus, c’est assurer en soin, pour la vie, un trésor de textes avec lesquels dans certains instants, joyeux ou malheureux, on vivra mieux.

Le dire poétique n’est pas le seul chemin pour traverser le langage poétique. Le fait de recevoir des textes de poèmes et celui de créer ce que l’enfant désigne comme une poésie sont deux approches complémentaires.
Il faut reconnaître que l’enseignement en toutes disciplines négligea très longtemps la créativité des enfants et des adolescents jusqu’au moment où la « créativité » devint un lieu commun de toute pédagogie qui se voulait de pointe et d’avant-garde ; si bien que l’on en vint à sacraliser toute production enfantine parce qu’elle était enfantine. L’enfant, s’il en sent le chemin, n’est pas naturellement et parce qu’il est un enfant, un poète. L’emploi de la métaphore chez le jeune enfant qui étonne parfois les adultes, à juste titre, résulte plus d’un déficit en vocabulaire actif que d’une volonté délibérée de créer des images verbales originales.
Les jeux poétiques devraient être utilisés pour libérer l’enfant ou l’adolescent d’une approche traditionnelle de la langue en général et de la langue poétique en particulier. Dès qu’on entre dans cet univers ludique, se découvrent les diversités de ces jeux (jeux surréalistes comme des procédures aléatoires ou certaines propositions de l’Oulipo). Ils sont l’application de certaines règles et/ou contraintes. Ils débouchent le plus souvent sur des productions.
Nous avons à nous demander ce qu’il est possible d’en faire à l’école, au collège, au lycée.
Ecrire pour s’acheminer vers une lecture créatrice.
L’activité poétique passe obligatoirement par l’écoute, la lecture et l’écriture.
• On écoute non seulement celui ou celle qui lit le poème, mais on écoute également le poème que l’on se dit pour soi, à soi-même, fût-ce intérieurement.
• La lecture au sens de lecture des yeux de la poésie est, me semble-t-il, une des voies majeures d’apprentissage de la lecture courante ; J’écrirais volontiers « lecture courante à allure variable », dans la mesure où les lignes du poème, régulières ou inégales, imposent aux yeux des mouvement liés à certains rythmes, mais également des repérages de graphèmes voisins ou semblables.
• Enfin, l’écriture, nous l’avons dit, c’est à la fois dans ce domaine chercher à cheminer mieux dans les textes et peu à peu prendre conscience que chacun est, à sa manière, un petit poète qui découvre que la langue est un matériau qui résiste et que pour « tout dire » comme le proclame Eluard, il convient d’apprendre à savoir le dire ».

D’après Georges JEAN

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"On s'affiche" continue dans le Secondaire

Mars 1998

 

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésie -  publié en mars-avril 1998

« On s’affiche » continue dans le Secondaire


 

 Collège de Libos (Lot et Garonne) – Enseignant : Hervé Nuňez

« Nous cultiverons avant tout ce désir inné chez l’enfant de communiquer avec d’autres personnes, avec d’autres enfants, surtout de faire connaître autour de lui ses pensées, ses sentiments, ses rêves et ses espoirs. » Célestin Freinet

A la suite d’une université d’été « communication » en août 1988, le mouvement Freinet développa une première fois et durant plusieurs années une expérience de correspondance par voie postale en réseau portant sur des échanges d’affiches de collégiens ou de lycéens.
Depuis, plusieurs reportages ont été diffusés par différents médias, la revue Créations ayant elle-même consacré un article sur le sujet dans son numéro 54 de décembre 1991.
Pendant le dernier congrès de l’ICEM - Institut Coopératif de l’Ecole Moderne, pédagogie Freinet à Sophia-Antipolis (06) - , la relance du processus a été demandée et Alex Lafosse, le responsable du secteur Créations manuelle et technique, en liaison avec le secteur Second Degré, a entrepris la réactivation de cet « outil » d’échange. Des analyses ou comptes rendus du nouveau « On s’affiche » commencent à être diffusés ou sont prévus, notamment dans le Nouvel Educateur.

Echange

J’ai humblement participé à l’expérience en incitant tous mes élèves de quatrième et de troisième à produire chacun une affiche en classe, en espérant qu’ils en produiraient d’autres chez eux « s’ils le désirent ».

Pour celles qui ont été réalisées en classe mon but était de :
• produire une expression vraiment personnelle (l’idée de l’élève et pas celle de « tout le monde »),
• prendre en considération les contraintes de l’édition puisqu’il y avait reproduction (format ; noir et blanc),
• faire un effort de communication :
• parce qu’il s’agissait d’une affiche (maitrise technique, relation texte-dessin , correspondance entre l’idée et la forme à lui donner).
• en prenant en considération les affiches que nos recevions des autres établissements.

Expression personnelle

Malgré le fait que les affiches reçues ont été exposées en classe, discutées quant à leur forme et quant à leur contenu, le « retour aux envoyeurs » n’a malheureusement pas pu être exploité :
• le temps passe vite lorsqu’on a les élèves 55 minutes par semaine,
• en les découvrant, les enfants ne se sont pas sentis assez « reliés » à ceux qui les avaient envoyées.

Lors d’un bilan, les enseignants participants ont convenu que les affiches devraient être choisies au préalable par les envoyeurs de manière à ne pas tomber dans la répétition et donc dans la monotonie.
Je voudrais dire aussi que la « mise en page » non plus n’incitait pas assez à la lecture (il faudra faire très attention dans celles qui seront exposées sur le Web - Quelques exemplaires seront publiés dans un prochain numéro de la revue BT2 consacré à des productions de jeunes.).
Et pour qu’il y ait désir de « faire rebondir », il faut rechercher les moyens de favoriser une expression de plus en plus personnalisée : on se lasse vite des thèmes très généraux (racisme, écologie) lorsqu’ils sont traités de manière impersonnelle.
Il faudrait envisager plus d’ancrage dans le vécu, ce qui incitera les autres à faire un rapport avec leur propre réalité, car dire « sauvons la mer ! » n’est pas suffisant pour vraiment interpeller l’autre. Il est d’ailleurs dommageable que des enfants éloignés géographiquement, socialement ou culturellement soient amenés à s’exprimer par les mêmes signes.

Voici quelques affiches produites par mes élèves. Elles ont toutes provoqué la discussion : pourquoi ?

non disponible à la demande de son auteur  « Paris, chronique d’une ville N.Q.E. »

«Bienvenue dans un monde de merde»

Benoît Pinto 3ème 1

Cette affiche a été réalisée par un élève très brillant. Elle a choqué. Les lecteurs se sont sentis interpellés et beaucoup éprouvaient le besoin d’aller à l’encontre, ou de donner des exemples supplémentaires en plus de ceux donnés par l’élève lui-même (qui sont très généraux).



« Sois toi-même » - Romain Ferreira, 3ème 3

et  « ADM » - Joris Lacaze, 4ème 4

Il est remarquable que des élèves de 15 ans osent afficher leur désaccord avec la plupart de leurs camarades, soit dans le domaine du « look », soit dans celui de la « musique ».



« Alcohol »
- Pamela Moulinié, 4ème 4

Avec le professeur d’anglais, nous avions convenu que, s’il y avait du texte, les enfants pourraient faire leur affiche dans cette langue. L’élève qui a produit cette affiche n’est pas douée en anglais, et après en avoir parlé, nous lui avons « donné le droit » de mélanger les deux langues. Elle n’a dons pas hésité, dans son effort d’expression à bafouer les syntaxes.
Cette appropriation semble plus expressive et plus personnelle que le contenu de l’affiche lui-même (non à l’alcool).



« Le tort tue » - Julien Bethencourt, 3ème 4

Par leur désir d’être pris au sérieux, les adolescents sont plutôt coincés, et rares sont ceux qui sont capables d’humour. L’élève qui a produit cette affiche a pris le risque d’être déconsidéré par des camarades. Il a assumé ce risque n’ayant pas peur d’être traité de « barjot », de « preneur de tête » ou « d’intello ».



Sortir des généralités


Parmi les deux cents affiches qui ont été produites, seulement quelques-unes ignoraient la norme pour s’élever vers le stade de l’expression libérée.
Toutes les autres prônaient, dénonçaient ou revendiquaient, mais sans mettre leurs auteurs vraiment en danger.
La question est : comment amener toujours plus d’enfants à exprimer le rapport personnel aux choses, à leur corps qui bouge beaucoup à cet âge-là, aux autres, etc. ?


Pratiquement aucune affiche sur ces thèmes encore trop intimes. Deux seulement sur l’aspect physique et le droit à cette différence. Une seule sur le viol parental. Une autre sur le suicide, mais énoncé sous la forme d’une question, sans véritable prise sur le réel.
L’échange peut cette année prendre une nouvelle dimension avec la possibilité de s’afficher sur le Net par l’intermédiaire du site de l’école primaire de Piquecos ( !) et les enfants, par émulation, prendront confiance et exploiteront l’outil qui leur est offert.

 


« Ecrire c’est tellement beau » Ouriel Ellert, 4ème 1


Comment ne pas remarquer une affiche qui essaie de construire pedant que les autres dénoncent ou détruisent ?
C’est un garçon qui l’a faite sans crainte d’être raillé.

     

REALISER UNE AFFICHE

Pourquoi ?

Pour présenter :
- un texte, un poème, un livre qui a plu, un point de vue qu’on souhaite faire connaître et discuter…

Pour annoncer :
- une activité, une sortie,
- un exposé,
- une exposition,
- un débat,
- une émission de télévision,
- la kermesse de l’école…

Pour lancer un appel


Comment ?

• L’affiche doit attirer l’œil :
- format assez grand,
- bons rapports entre le texte et le dessin ou la photo :
  -- complémentarité
  -- contrastes
  -- rythmes (équilibre, dynamisme).

Elle doit être facile à lire.
Pour cela, faire un ou plusieurs « niveaux de lecture » :
- distinguer ce que l’on doit voir si on la regarde de loin (grosse écriture, gros traits), de plus près (écriture plus petite, dessin plus petit), de très près (texte développé, détails au dessin),
- réaliser une « accroche » pour attirer l’œil ;
   -- un slogan (phrases des banderoles des manifestations ou de la publicité, les gros titres de journaux, (voir le fichier Presse CM1-CM2).
   -- un dessin très peu détaillé.


     

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affiche,
encre, feutre noir

 

Le soleil mangeur de lettres

Mars 1998

 

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésie -  publié en mars-avril 1998

 

Le soleil mangeur de lettres


 

CE1 Ecole Victor Hugo, Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) – Enseignante : Monique Quertier

Un jour en classe, je présente aux enfants l’album de Dedieu : Le Mangeur de mots.
Quelques jours après, Soraya propose à la classe une histoire, Le Soleil mangeur de lettres, histoire qui raconte l’aventure d’un soleil qui aimait les lettres et qui mangeait toutes les lettres des livres. Il en mangeait tellement qu’il se mit à grossir et un jour il éclata. L’histoire séduit les enfants et nous décidons d’en faire un album. Mais il faut étoffer le récit. J’organise donc la rédaction collective de l’histoire.

Première séance, séance orale. Par un jeu de questions-réponses le récit s’organise : Cela se passe quand ? Où ? Le soleil mange les lettres, mais qui cela ennuie-t-il ? Les mamans ne veulent plus que les lettres disparaissent mais elles veulent quand même faire plaisir au soleil. Que faire ? Etc. les questions sont posées par les enfants et par moi, les idées ne manquent pas et parfois il faut voter pour choisir.

Une fois l’histoire complètement inventée oralement avec introduction, développement et conclusion, nous nous organisons pour la réalisation de l’album : quatre élèves vont rédiger le texte de l’histoire que nous corrigerons collectivement ensuite et les autres vont prévoir des dessins.

L’histoire est découpée en huit parties et chaque partie est prise en charge par deux ou trois enfants. Les dessins sont réalisés au crayon noir et au feutre noir sur un format ¼ raisin. (L’album sera tiré sur le photocopieur de l’école, en noir). Au fur à mesure de la réalisation, je fais des photocopies réduites des dessins et nous observons afin de voir s’il faut ou non ajouter des détails, épaissir ou réduire des traits.
 

 

Pour la maquette, je commence avec les enfants. Nous disposons des pages où le texte a été tapé simplement et des dessins reproduits plusieurs fois à des échelles différentes.

Nous cherchons la bonne disposition, le bon format du dessin et nous trouvons des idées de présentation du texte, comme le mot « grossit » qui grossit. Ce travail est difficile à mener collectivement.

Alors, après avoir vu avec les enfants l’ensemble de la mise en page, c’est moi qui fabrique la maquette.

L’album est tiré à 75 exemplaires et distribué aux élèves de CP de l’école. Chaque élève de la classe en a un bien évidemment.

Sommaire Créations 81 Spécial Poésie  

 

écriture, dessin, feutre noir

 

Le bleu entre en scène

Mars 1998

 

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésie -  publié en mars-avril 1998

 

Le bleu entre en scène


 

 Ecole La Sébille de Cergy (Val d’Oise), CM – Enseignante : Sylvette Plouet

Le bleu

 

 

 

 

Monochrome bleu
Il faut avoir l’art
De peindre la matière

Olivia Tran

              

 

monochrome et poésie

Ce travail avait pour objectif de mettre en relation une œuvre plastique et l’expression orale et écrite.
Après avoir cherché ensemble la définition du mot « monochrome », les enfants ont découvert le matériel mis à leur disposition pour la réalisation plastique : encres bleues, craies bleues (grasses et sèches), peintures acryliques (cyan), eau, pinceaux, brosses, rouleaux, éponges, peignes, brosses à dents, boulettes de papier, etc.
Ce travail avait pour objectif de mettre en relation une œuvre plastique et l’expression orale et écrite.
Après avoir cherché ensemble la définition du mot « monochrome », les enfants ont découvert le matériel mis à leur disposition pour la réalisation plastique : encres bleues, craies bleues (grasses et sèches), peintures acryliques (cyan), eau, pinceaux, brosses, rouleaux, éponges, peignes, brosses à dents, boulettes de papier, etc.

La première consigne est d’écrire au crayon sur une feuille blanche LE mot qu’évoque spontanément la couleur bleue.
La deuxième consigne est de couvrir la feuille cartonnée avec la couleur en faisant apparaître matières et transparences. Les enfants utilisent les outils et les couleurs à leur convenance.
 


Si, au fil du travail, des émotions » sont ressenties, les enfants notent sur la feuille blanche les mots ou expressions qui permettent de les communiquer. Le travail fini, on affiche toutes les productions et on se promène dans « l’exposition ». On énonce et écrit ce que les œuvres nous évoquent. On met en commun la collecte de mots et d’expressions, on les commente.

Ensuite, en utilisant le principe de l’ "haïku" (dont on n’a pas formellement respecté la construction) chaque enfant écrit un texte qui illustre ce qu’il a ressenti.

Les textes sont regroupés dans un album que chaque enfant illustrera de ses productions plastiques.

La tempête fait rage
Siffle dans les arbres morts
Dans ce souffle de grisaille, le néant
Amélie Jannet

                             Le bleu de la mer
                 Le gris-vert de la rivière
Créent un océan de couleurs

Camille Brandamir

Ombre de montagne
Couverture de fumée
L’orage approche
Benjamin

La mer est douce
Taches d’encre éparpillées
Reflets dans l’eau
Deborah Bourdé

Sommaire Créations 81 Spécial Poésie

 

encres, craies grasses, craies sèches

 

D'ici et d'ailleurs

Mars 1998

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésie

publié en mars-avril 1998

Classe maternelle, Ecole publique de Saint-Yves Bubry ((Morbihan), – Enseignante : Jacqueline Benais


A l’énoncé du thème proposé pour la semaine des Arts «D’ici et d’ailleurs», les enfants ont d’abord évoqué les animaux et les gens.

Nous avons recherché des documents dans notre BCD et à la bibliothèque municipale. J’ai également apporté des catalogues d’agences de voyages, les livres de la collection «Pollen» chez Syros – récits illustrés de calligraphies et/ou peintures-, Ecritures dans l’histoire et par les contes, dont j’ai lu plusieurs reprises les cinq contes: chinois, russe, arabe, indien et celte. Tous ces documents et albums ont été feuilletés, regardés, lus.

Une des pistes retenues fut alors l’écriture. J’ai photocopié de nombreux signes chinois et arabes notamment que les enfants ont sélectionnés en fonction de ce qu’ils évoquaient: une araignée, un crocodile, un arbre, un oiseau, un bonhomme, des chasseurs, etc et qu’ils ont agencés au gré de leur imagination: «C’est un oiseau qui chante», «Il y a un lézard dans l’herbe», «La fille danse», «Il y a des petites bêtes au pied de l’arbre», etc.

La couleur, alors, s’est imposée: feutres, peinture, crayons de couleur, encres, pastels gras, pastels secs. «pas la peinture, il ne faut pas déborder sur le noir !» Deux enfants ont choisi les crayons aquarelle, les autres les pastels secs.

A la présentation de leurs réalisations, les autres ont vu des fourmis, un clown, ont questionné : «Que fait l’araignée? et le lézard?» Enrichis, les commentaires sont alors devenus textes, écrits et mis en valeur par chacun.

L’oiseau chante.
Au pied de l’arbre
La grosse bête essaie de manger les petits :
Elle n’en mange qu’un.

Sarah

 



Les chasseurs veulent tuer l'oiseau,
La fille danse.
Jonathan

                                  A côté de l’arbre,
                           Le lézard cherche à manger.

                                 Arzhel

 

 

 

 

 

Sommaire Créations 81 Spécial Poésie

 

écriture, crayons aquarellables, pastels secs,

 

Un calligraphe au pied de la lettre

Mars 1998

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésie -  publié en mars-avril 1998

 

Un calligraphe au pied de la lettre

Traces laissées par une rencontre

Salah Al Moussawy : son cheminement et son œuvre

Salah Al Moussawy est né à al Nagaf en Irak. Il vit aujourd’hui à Saint-Etienne (Loire) où je l’ai rencontré.
Candidat à l’école des Beaux-Arts de Bagdad, il échoue. Quelques années plus tard, il y entre comme professeur et chef du département de la Calligraphie arabe et des Arts décoratifs islamiques. Il poursuit des études au Caire, puis passe un DEA spécialisé histoire et Civilisations à l’université de Clermont-Ferrand.
Actuellement, il prépare une thèse de doctorat sur la relation entre la religion et l’image dans l’art.
Son projet actuel est de préparer à l’an 2000 en réalisant une grande exposition sur la paix avec d’autres créateurs, réunissant mille et une œuvres. Un autre projet est de créer une association d’écoliers sans frontières, toujours dans un objectif d’éducation à la paix.
Dans son œuvre, des sourates du Coran côtoient des poèmes, des citations de Gandhi, Lao Tseu, Paul Valéry, Jacques Prévert… Paix, amour, connaissance, tolérance en sont les thèmes privilégiés. Toutes les civilisations y sont réunies harmonieusement entre les arabesques, les flammes et les fleurs de ses calligraphies, qu’elles soient traditionnelles ou modernes.
Salah Al Moussawy nous interroge par la musique qui se dégage de la chorégraphie qu’il sait installer entre les mots ainsi libérés.

« Pour calligraphier une phrase, le premier souci est celui de l’effet qu’elle peut avoir sur l’individu. Après l’analyse sémantique et l’examen de la notion, voir l’image conceptuelle que l’on pourrait imaginer et donner. En tant que créateur de l’image de ce concept, il ne faut pas oublier celui qui va recevoir et mémoriser cette image de la phrase. On doit interroger la musique de la langue pour pressentir la sonorité de la prononciation des vocabulaires, car, dans la langue arabe, les lettres ont chacune un nom différent de sa sonorité. C’est le rythme de l’articulation juste qui fait la beauté musicale de la langue en plus de sa forme. Comme auparavant, la formation des élèves passe par l’enseignement de l’articulation des lettres, en même temps que par le dessin de leur forme. Le son et l’image vont de pair. Enfin, penser au message que la phrase peut donner. Tout ceci ne compose qu’une phase importante du travail. La deuxième partie consiste à montrer la beauté, la signification matérielle, le symbole, bref, tout ce qui peut aider à matérialiser l’abstraction, afin d’obtenir des indices révélateurs au sens, aux valeurs et à la conception profonde du mot… Passer au-delà de la lecture littérale du mot à une lecture contemplative du signe. On peut donc dire qu’en calligraphiant un mot, on démontre à tous ceux qui nous regardent ce qui compte : au-delà du signe maîtrisé, c’est la liberté de l’esprit, tels qu’un être humain exemplaire incarne sa raison d’être. »

 

Tant que j’agis, je suis

Etre créateur, selon Salah Al Moussawy c’est d’abord marquer son existence. Il est indispensable de toujours pense, toujours créer, sinon on tourne vite en rond. L’artiste est simplement un être humain qui dispose d’une maîtrise. A lui de faire en sorte que cette compétence serve l’humanité dans un sens positif. Ici, le calligraphe s’offre au regard comme les autres plasticiens. Que le « regardeur » accède ou pas à l’idée du créateur, celui-ci conserve sa liberté de regard. Quelle que soit l’appréciation critique, l’important, c’est ce qu’on offre à la sensibilité du regard.
« Ce matin, un reportage présentait la situation d’une république de l’ex-URSS où des orphelins étaient laissés à l’état de bêtes, nus et démunis de tout, dans des conditions de niveau zéro, plus bas que des animaux… Ça provoque un cri. Alors, le créateur s’en empare et réagit avec son art. »
A « je pense, donc je suis », Salah Al Moussawy préfère « tant que j’agis, je suis ». A partir du moment où un mot, un évènement… a déclenché le besoin de créer, il imprègne sa mémoire d’une pensée. Il représente symboliquement le mot, la phrase, par le graphisme pour nous solliciter et nous inviter à s’engager dans la voie de ce qui est JUSTE.
A notre époque, les prétextes à réfléchir sur notre monde et nous-mêmes ne manquent pas. Agitation, guerres… tout nous pousse à ne pas rester indifférent, à réagir.


Il est toujours temps de commencer

Les sujets d’inspiration de Salah Al Moussawy sont issus de la philosophie du bonheur, de la paix sans laquelle on ne peut vivre, de l’amitié dont l’absence est impossible, même si nous avons tout. La liberté bien sûr, mais aussi l’espoir sont des thèmes inévitables, incontournables.
« Chaque jour est une nouvelle vie, parce que le jours se lève et qu’il est toujours temps de commencer, de partir même du point zéro. De créer le besoin de sentir la vie, de créer la beauté, le sensible. »
La calligraphie est une alchimie entre l’art et l’esprit, la pensée et la plastique. Elle est une écriture magique qui soustrait à la platitude du quotidien. C’est en utilisant l’universalité de l’émotion artistique que Salah Al Moussawy illustre les messages de paix, de sagesse, d’ouverture spirituelle pour communiquer avec ses semblables.
« Je suis d’abord un être humain, responsable de moi-même et aussi des autres. L’éducation que j’ai reçue m’a donné pour principes d’être utile dans la vie, d’être beau en soi, en harmonie avec le monde qui est naturellement beau. Quel que soit le travail dans lequel chacun se réalise , il doit se perfectionner sans cesse. »


Le roseau doit respirer pour celui qui écrit

« Moi, j’étais doué pour ce moyen d’expression. Tout petit, j’aurais rempli le monde entier de tous ces papiers sur lesquels j’écrivais. C’est né avec moi, sur tous ces papiers, partout, sans arrêt. Ce que je sais faire, c’est la calligraphie. Les lettres tracées témoignent de ce que nous sommes, de notre engagement social, religieux, artistique.
Il ne s’agit pas seulement de prendre un roseau. C’est la responsabilité entière de l’homme qui entre dans le choix du mot, de la forme, de la composition. Forme et contenu sont intiment liés. Il n’existe aucune séparation entre l’utile et le beau. L’utile doit être beau et inversement le roseau doit respirer à la place de celui qui écrit. »

Pour Salah Al Moussawy, le travail est la vie, l’existence même, l’expression d’une énergie avec les moyens dont il dispose. L’encre, comme la terre, offre une multitude de possibilités.
La couleur procure, elle aussi, un certain bonheur. L’effet « couleur » est très important pour l’homme.
« C’est comme une musique qui le rend raisonnable. Or, seule la raison différencie l’homme de l’animal. Nous devons donc travailler au service de la raison, ce qui évite de franchir certaines frontières et de mettre l’homme en danger. Il manque toujours quelque chose à l’homme : c’est comme une ligne inachevée, il peut toujours aller plus loin. »

 

Liberté

Salah Al Moussawy a ressenti son besoin de créer le jour où il a réalisé qu’« il faut avoir cet objectif : laisser quelque chose à l’humanité lors de son passage sur terre ».
Une de ses œuvres le touche plus particulièrement. Il s’agit d’un travail réalisé en 1982, intitulé « liberté ».
« Parce que dans le monde entier, on en parle. C’est une montagne. On constate que la liberté est de plus en plus absente dans le monde. Le nombre des prisons augmente. Je ne juge pas l’acte, mais j’en cherche les causes. »
Oui, sans aucun doute, c’est à cette œuvre que va sa préférence. Il semble s’y retrouver. Lorsqu’il lui arrive d’avoir des commandes, il se sent mal à l’aise parce qu’il ne ressent pas le travail correctement. Cependant, il ne refuse jamais, même s’il a des difficultés à entrer dans le sujet imposé. Il travaille dans le monde du sensible et de l’émotion, et il est certain que l’émotion des uns ne peut être celle des autres sous prétexte de commande. C’est une difficulté que l’artiste surmonte grâce au symbole porté par les mots. Une même phrase, un même concept, peuvent être représentés de plusieurs façons. Il fera passer une sensibilité personnelle et le commanditaire y lira peut-être son propre message, en goûtant sans retenue le mouvement.

 

Descriptif du tableau
Il raconte la création : Montagne. Œil. Regard. Espoir. Mot enchaîné.
Espace vide pour signaler l’espace empoisonné duquel tombent les oiseaux.
Malgré tout cela, l’espoir.
Drapeau : victoire de la liberté.
La main sortant de la montagne : je suis là.
Une petite musique ponte et va rejoindre l’espace empoisonné.

« Ce tableau, je ne l’ai pas vendu. Je l’aime, j’en ai besoin pour sentir la vie. ? Il n’ya que dans la République de Platon que tout est parfait, mais il ne faut pas baisser les bras pour autant.
Il n’a pas de prix, il n’est pas vendable. Je ne peux pas m’en séparer. La calligraphie donne au prince le sens de la beauté, donne au riche le sens de la perfection, au pauvre le moyen de vivre. »


Sans la vie, la technique reste vide

La calligraphie, comme tout art, n’est pas du simple ressort technique. « C’est une harmonie entre les battements du cœur et le mouvement du calame. Notre vie est très simple, aussi simple que l’art. Notre matériel aussi. Il devient une partie de nous-même avec les secrets de chacun : la taille des calames, l’amour et l’espoir qu’il met dans les lignes tracées, les couleurs choisies, le message contenu… »
La technique, selon le calligraphe, n’est pas un a priori, et n’est surtout pas suffisante pour transmettre une émotion. Elle ne doit pas être un souci : c’est à force de travail qu’on la maîtrise. Sans la vie, la technique reste vide. Elle doit être au service du créateur.
« Chaque lettre, comme chaque homme, possède une énergie. Il s’agit d’humaniser la lettre, de lui donner un mouvement en respectant le principe fondamental de l’équilibre, de la justice dans l’espace. Donner à chaque lettre l’espace qu’elle mérite. »
Cependant Salah Al Moussawy, dans son besoin de communiquer par son art, prend en compte l’environnement dans lequel il vit et avec lequel il souhaite entrer en relation. Il explique ainsi l’aspect différent de ses œuvres et la particularité de ses œuvres récentes à afficher des couleurs vives.
« Le premier souci est l’effet que la calligraphie peut avoir sur le regardeur. Il ne faut jamais oublier celui qui va recevoir. »
En France, dit-il, on a besoin de couleurs. Pour répondre aux attentes, pour communiquer, il utilise tous les moyens, tout ce qui lui semble utile, sans compromettre ce qu’il a à dire.

 

Il faut avoir un cou de chameau

Les contacts de plus en plus importants et variés sont pour lui un enrichissement. La calligraphie étant essentiellement un des moyens de communication, prendre en compte l’autre, si l’on veut être entendu, regardé…, est incontournable.
Mais l’éducation reste fondamentale dans toute expression. Chez lui, on dit qu’il faut avoir un long cou, un cou de chameau pour permettre à la parole de faire un long parcours avant d’être exprimée. Ne dit-on pas chez nous « tourner sept fois la langue dans sa bouche » ? Il en va de même pour la calligraphie, il faut sans cesse tourner et retourner le travail jusqu’à tendre vers la perfection, jusqu’à la vente, même, qui est un moyen de vivre.
Vendre son travail est une nécessité pour l’artiste, comme pour tout autre.

 

 « Pour moi, mon travail est de remplir une mission par rapport à l’homme. J’ai besoin de temps, de beaucoup de temps, toujours, toujours… jusqu’au moment où je devrai rendre ma vie à son propriétaire ? C’est à ce moment-là qu’on peut être satisfait ou non. La spiritualité est essentielle. Un corps sans âme est inutile. »

Nicole BIZIEAU

Sommaire Créations 81 Spécial Poésie

 

calligraphie

 

Ecrivol

Mars 1998

www.icem-pedagogie-freinet.org/node/12872

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésie publié en mars-avril 1998

 

Ecrivol : Quand la poésie voyage … pour faire voyager

Groupe départemental ICEM de l’Aisne - Délégué : Pierre Fourrier

Cette opération lancée en 1994 par le groupe de l’Aisne de l’Institut coopératif de l’Ecole moderne a pour objectif de diffuser les créations poétiques des jeunes en utilisant un lâcher de vallons. Ainsi, le destinataire de l’écrit est, au départ, un inconnu que le poème devra toucher, émouvoir ou amuser. ECRIVOL tente ainsi de restituer à l’écrit sa place naturelle de moyen de communication, mais avec une place importante laissée au hasard, comme une bouteille à la mer.

Chaque classe qui s’inscrit à l’opération reçoit des fiches d’aide à la création poétique : jeux, photos, dessins. Elles ont pour objectif de démonter que la poésie est accessible, possible, et que ses points de départ sont multiples.

Pour la première édition, le 23 juin 1994, près de 500 ballons se sont envolés dans le ciel du département, emportant une simple phrase d’un petit ou le texte plus élaboré d’un grand. Chaque lâcher a été réalisé sur place afin d’assurer, y compris dans les villages les plus retirés, une animation dont la poésie serait le centre.

Puis l’attente…
De nombreuses réponses sont arrivées dans les écoles, venant de différentes régions de France mais aussi de l’étranger : Allemagne, Belgique ou Pays-Bas. Plusieurs étaient accompagnées d’une photo ou même d’un nouveau poème.

 

 

 

 


Ainsi ces poèmes lancés au gré des vents pouvaient trouver un esprit à toucher… La poésie entrait enfin partout : cour d’une maison de retraite, gendarmerie, jardin, forêt, et la réponse qu’elle sollicitait montait que l’auteur avait fait mouche. De la lettre d’une infirmière qui avait pu lire un poème à une personne âgée à la description de la récupération d’un ballon malicieusement accroché aux branches d’un arbre, tout devenait proche. Parfois, le poème était repris au bond, il était poursuivi et la poésie devenait langage commun ignorant les lieux, les âges ou les professions.

 

 

 

 

Le 20 avril 1995, près de 1.000 poèmes ont été envoyés par une vingtaine d’écoles. La fête poétique commençait à s’installer.

Pour ECRIVOL 96, près de 2.000 enfants répartis dans 30 écoles de l’Aisne laissaient partir leurs poèmes au hasard des vents. Il ne fallait pas s’arrêter là, il fallait conserver des traces. Alors un recueil a été édité, rassemblant une sélection des poèmes envoyés faite par les classes. L’écriture poétique atteignait ainsi une nouvelle reconnaissance. De plus, cette édition a permis de réunir dans une œuvre commune toutes les classes pourtant disséminées dans le département.

Le 23 mai 1997, la participation de 120 enfants de 47 écoles maternelles ou primaires prouvait une nouvelle fois l’importance de l’expression poétique enfantine, le rôle qu’elle peut avoir dans l’école et lui permettait à nouveau de sortir des quatre murs des classes. Un nouveau recueil a été réalisé et diffusé gratuitement dans les classes.

        

En 1998, ECRIVOL sera enrichi d’une exposition de poèmes-objets afin d’élargir le champ de la création par l’association du mot et de la matière. D’autre part, pour assurer un lien entre les classes dès leur inscription, une chaîne de correspondance poétique sera lancée. Elle permettra l’installation de l’écriture poétique comme langage commun et l’enrichissement de chacun par l’apport des émotions des autres.

 

 

 

 

 

L’arbre se balance
Lentement dans le vent
Sans que rien ne trouble le
            silence.

Dans la brume
Un arbre se détache
Solitaire immense
Il se laisse emporter par le vent.

C’est une symphonie de
           Beethoven
Qui retentit sur cette plaine.

Les plus beaux arbres
Ne sont pas en marbre.

L’arbre sans feuille,
Les feuilles sans arbre
Le vent tout seul.
 

Ecole Macault I, Laon
Gravure Lucie

                                                                                     

 

 


 

Marie j’aime ton parfum léger comme celui d’une rose

 

Nous avons complété ton petit poème

Marie, j’aime ton parfum léger comme celui d’une rose ;
Ton sourire aussi mignon que le coucher du soleil
Tes yeux bleus rayonnant de tendresse,
Tes cheveux blonds s’envolant lentement dans le vent.
Florence, Delphine et toi !

 

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écriture

 

De la mise en mots à la mise en forme

Mars 1998
détournement

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésie publié en mars-avril 1998

 

De la mise en mots à la mise en forme

Benoît Auffret, Agnès Vergucht, Joël Blanchard
Organisateur : Bibliobulle* avec, pour la partie poésie, le soutien de Luouis Dubost**.


Dans le cadre de la fête du livre de jeunesse qui se déroule Aizenay (Vendée) à chaque printemps, Bibliobulle offre une place à la poésie, à travers l’écriture de poèmes, qui sont mis en valeur lors de la fête de façon adaptée et variée en fonction du thème choisi. Libre cours est donné aux enfants des écoles intéressées ainsi qu’aux adultes pour l’(écriture sur une carte au format imposé. Les créations poétiques peuvent être librement illustrées.

En 1990 premier mur de poèmes mis en mur par Francine Guiet ***, plasticienne. De poèmes d’adultes extraits de ce mur ont été édités aux Éditions Tarabuste**** sous le titre Carnet d’agénisates II, avec des illustrations de Francine Guiet. 

Mélanger sur le mur des textes d’enfants et d’adultes, voire de poètes aux noms aussi prestigieux que Jacques Charpentreau, Andrée Chédid, la canadienne Hélène Dorion, Robert Sabatier, James Sacré ou Jean-Pierre Verheggen était un choix délibéré. S’il existe des textes d’enfants et des textes d’adultes, existe-t-il une poésie pour les enfants et une poésie pour les adultes?

 

 

*Bibliobulle, BP 12 – 85190 Aizenay. T2l et fax : 02 51 94 62 29.
** Éditions Le Dé bleu (Collection « Farfadet » pour les enfants, 85310 Chaillé-sous-les-Ormeaux.
***Francine Guiet, plasticienne, voir Créations n° 53 (septembre 1991).
**** Éditions Tarabuste, rue du Fort – 36170 Saint-Benoît-du-Salut. 


 

Mur de poèmes aux fêtes du livre de jeunesse d’Aizenay (Vendée)

« On a plaqué des poèmes sur des murs pendant des années… Les murs se sont lézardés. Ils ont fini par tomber. De Jéricho à Berlin, on sait que la musique intérieure a des effets fort attendus.
A la fête du livre le mur de poèmes était une vaste fenêtre. Le mur n’étant plus, il est resté le goût du dépassement. De mot-valise en valise ouverte, il nous faut maintenir le mouvement de sape puisque les murs se relèvent… Nous choisirons cette fois la transparence. Cette année, les poèmes seront projetés, modifiant à son insu la réalité maçonnée. »
Benoît Auffret

 

   

 

suite de l'article

calligraphie, collage, peinture, encre, détournement, installations

 

Une semaine ... pas comme les autres

Mars 1998

 

CréAtions n° 81 - Spécial Poésiepublié en mars-avril 1998

 

Une semaine … pas comme les autres 

Ecole César-Vinas, Lodève (Hérault), CM – Enseignant : Patrice Cronier

Au départ du projet, une classe de neige des deux CM2 de l’école à laquelle sept ou huit élèves, pour raisons divers, n’ont pas participé. Plutôt que de les répartir dans les autres classes où ils auraient pu se sentir lésés de faire des mathématiques ou de l’histoire pendant que leurs camarades passaient une semaine au ski, toute l’équipe a préféré les confier à Patrice, « notre instit » de classe d’Initiation (sans élèves à temps plein) qui a décidé de leur proposer un « stage arts plastiques et musique » pendant la semaine.


Au cours de ces cinq jours, les enfants ont donc réalisé des peintures diverses… ils se sont lancés dans la calligraphie et notamment les monotypes où ils ont pris plaisir à étaler la peinture, à tracer avec des outils scripteurs, laissant libre cours à leur imaginaire. Ils ont aussi écrit des chansons, composé des musiques, créé et répété une dizaine de morceaux au clavier, xylophone, percussions diverses, etc., accompagnés par Patrice à la guitare électrique.


L’expérience a été si réussie que nous avons décidé d’une part de « dupliquer les monotypes » (ce qui est une antinomie manifeste !) pour les relier et les diffuser auprès des parents. D’autre part, les enfants ont continué à répéter leurs morceaux tout au long du trimestre et ont pu se produire en public lors des différentes fêtes des écoles de la ville, mais surtout, hors scolaire, pour la fête de la musique du 21 juin à Lodève. Et ils ont choisi comme nom de scène , bien sûr … Montype !

 

 

       

Qu’est-ce qu’un monotype ?

C’est une image imprimée le plus souvent sur papier, obtenue à partir d’une planche sur laquelle le motif a été peint et non gravé.
Les couleurs sont directement posées sur la planche puis étalées au rouleau.
On intervient sur la masse colorée avec des outils divers pour obtenir une image.
On place un support (papier ou autre) et on met sous presse.
On obtient une œuvre éphémère car chaque tirage est unique.
On pourra se référer au fichier Techniques d’arts plastiques (Editions PEMF).

       

 

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monotypes