CréAtions N° 92- Engagements / mai 2000

Mai 2000

 


CréAtions N° 92 - Engagements

mai/juin 2000

 
  titre et chapeau niveau classe thème techniques utilisées artiste
    Edito    
Le trombone de Thibaud collège Dans le cadre d’un "atelier de pratique", peu à peu s’engage une problématique de "pratique personnelle d’expression". sculpture, installation, exposition,  
Petits cadres maternelle : PS/MS - GS

Une exposition « comme en vrai » ou le rapport entre le titre et ce que l’on voit sur le tableau

peinture, encres drawing-gum,   élaboration d’un cartel

 
A la claire fontaine primaire :
C1 - C2 - C3
Enfants et enseignants réalisent une fontaine mécanique qui sera placée devant la nouvelle salle des fêtes de leur commune. dessins, écriture,
terre, bas-reliefs
sculpture par assemblage
 
Et si Chanteloup m’inspirait… L’enfant, l’école, la cité élémentaire : CM1-CM2
collège : 5è – 3è
Les enfants face aux photos de leur cité. écriture  
Jean-Guillaume au collège collège Les réactions des élèves à l’installation de l’artiste. installation J G Gallais, plasticien
Appropriation d’une œuvre collège et après cette installation, aux élèves d’agir sur leur environnement familier réutilisation de matériaux pour des installations éphémères  
La classe théâtre (trois ans de classe théâtre)
collège :        3è, 4è, 5è

Comment le théâtre sert l’éducation, comment l’éducation sert le théâtre, un projet en ZEP

spectacle,
écriture
J-Philippe Ibos, dramaturge, François Mauget, J-Marie Champion, comédiens
  Humour  au collège et en privé
  article indisponible dessin  
  Une autre identité lycéen Membre de deux groupes de graffeurs graff  
Une vraie galerie dans le collège collège : tous, enfants et adultes "Nous avons calculé qu’en quatre ans, chaque élève aura été en contact avec seize artistes différents" rencontre avec des artistes
musée personnel
pratique artistique
ancrage culturel
 
  Elever un objet au rang d’art  collège Quelles interventions pour que des objets du quotidien perdent leur banalité ? nature morte, volumes, transformation  
   Pierre Mirault   Le travail de Pierre Mirault se comprend comme l’institution d’un « musée intérieur »   Pierre Mirault , sculpteur, graveur 
   L’art c’est la vie    Entretien avec Michel Carlin   Michel Carlin, peintre 
  Les arts plastiques contre la barbarie  collège Le "bestiaire imaginaire"
Ma boîte à secrets
L’autre

dessin,
volumes,
mise en scène
 
   Bibliographie        

  

 

Edito Créations n° 92 - Engagements

Juin 2000
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Edito

 

 

   Edito
 

Créations veut mettre en évidence le caractère irremplaçable des activités d’expression pour la construction de l’individu dès son plus jeune âge, pour son émancipation sociale et pour son inscription dans la vie publique. Dans ce numéro exceptionnel de 60 pages, il s’agit plus particulièrement de mettre en avant la nécessité pour chacun (enseignant, élève, artiste, spectateur,...) de "s’engager" pour y parvenir, et ceci au sein d’une "école populaire", thème du 45ème congrès de l’ICEM-pédagogie Freinet, en août 2000 à Rennes.

Ainsi quelques articles témoignent d'engagements politiques : certains enseignants agissent pour que la production artistique de leurs élèves soit reconnue en tant que telle, non seulement au sein de l’institution scolaire mais aussi au-delà, dans la commune ou le quartier. C’est le cas du trombone disproportionné que Thibault voulait placer symboliquement dans son établissement, ou celui de la fontaine que des enfants conçoivent pour la place publique de leur village. Parfois la construction de l’identité propre de chacun ne passe pas par l’école : c’est le cas de cet adolescent dans une autre identité qui s’approprie certains espaces publics par le Graff.

Les engagements sont aussi pédagogiques. Pour faire de l’école ou du collège un lieu d’épanouissement, un lieu de culture, certains enseignants n’hésitent pas à sortir des sentiers battus pour permettre à leurs élèves une réelle appropriation des lieux et des objets de culture. Ainsi telle équipe éducative de la banlieue de Bordeaux a créé une classe théâtre pour favoriser la réussite et l’affirmation de chacun à travers le groupe. Elle a en même temps ouvert l’établissement vers l’extérieur. Ce faisant, elle a formé de futurs spectateurs exigeants et critiques. Ailleurs, c’est en gardant l’esprit ouvert et en publiant dans le journal du collège les dessins humoristiques (article Humour) d’un élève qu’un enseignant a aidé ce jeune à s’affirmer, à être reconnu, à être tout simplement.

Certains articles rendent compte d'engagements des enseignants pour la reconnaissance de l’art et notamment de l’art contemporain. Leur travail en classe ouvre les regards des enfants (et à travers eux, parfois celui des adultes). Ainsi ce sont les articles comme Elever un objet au rang d’art, ou Jean Guillaume au collège, dans lequel l'intervention d'un artiste dans l'établissement ouvre une voie émancipatrice aux enfants, pour que ceux-ci gagnent le droit de transformer l'environnement habituel de l'établissement (Appropriation d'une œuvre). Eliane Sayou quant à elle, s’engage pour que les élèves “ encadrent ” leurs œuvres comme des artistes, les “accrochent” comme dans un musée et qu’ainsi ils provoquent un discours sur l’art voire invitent une autre classe à s’impliquer dans la recherche (Petits cadres).

Les arts plastiques contre la barbarie donnent par ailleurs la mesure de l'engagement politique et pédagogique des arts plastiques au service de la tolérance et de la fraternité. Anto Alquier s’est, elle, battue, soutenue par des collègues de son petit établissement rural, pour créer une galerie au collège et recevoir des œuvres d’artistes confirmés, de manière à provoquer des rencontres et à ouvrir aux élèves des champs d’expression nouveaux.

Quelques articles rappellent encore combien il est important de s'engager pour libérer l'expression poétique. Pour les jeunes de la ZEP de Chanteloup comme pour l’artiste Pierre Mirault l’accomplissement du “ musée intérieur ” se fait loin des chapelles esthétiques.

Enfin, nous reprenons avec Michel Carlin un article déjà publié mais tellement important pour réaffirmer que “l’art, c’est vraiment la VIE, la vraie vie”.

Créations.

                   

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Le trombone de Thibaud

Juin 2000

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Collège K. Thoueilles - Monsempron-Libos ( Lot-et-Garonne) – Enseignants: Hervé Nunez

 

  Le trombone de Thibaud  

Au collège K. Thoueilles, Monsempron-Libos (Lot-et-Garonne) existe un « atelier de pratique » option Arts plastiques depuis trois ans – Enseignant : Hervé Nuňez

Cet atelier de deux heures hebdomadaires est d’abord ouvert aux élèves de quatrième, mais des élèves de cinquième y participent en nombre car l’emploi du temps de quatrième est trop chargé (soutien etc.)
A l’atelier, pas de contrat de travail : aucune obligation de résultat. Ce qui unit les quinze élèves est d’avoir manifesté librement le désir d’en faire partie.

 

 

 

Rôle du professeur dans l’atelier


Le professeur est là pour informer ponctuellement sur une manifestation à venir à laquelle les élèves peuvent prendre part ; pour expliquer au besoin une notion, pour présenter un nouvel outil ou un mouvement artistique dont la problématique se rapproche de certaines productions en cours.
Pour ceux qui l’acceptent, il organise aussi de temps en temps des rencontres avec des personnes extérieures au groupe (artistes, conservateurs de musées, etc.). Il propose des sorties pédagogiques dans des centres d’art ou dans les « résidences d’artistes » de Monflanquin, pour rencontrer des jeunes artistes : pour les voir dans leur atelier, pour discuter de leur démarche et assister finalement à l’exposition qu’ils doivent produire au bout de trois mois de résidence.
Il cherche également des correspondants à proposer aux élèves, comme cet « échange » qui est en cours de concrétisation pour l’année à venir avec deux lycées proches.
Pendant la séquence de l’atelier, il parle individuellement avec les élèves ou avec les groupes : il parle avec eux de leur activité, de leur inactivité, de leur passivité, de leur dissipation. Pour faire le point sur la production ; pour parler du présent ; pour envisager les perspectives à court et à long terme.
Il est aussi là pour garantir la sécurité des élèves.

Et peu à peu s’engage une problématique de «pratique personnelle d’expression».

Depuis trois ans que cet atelier existe, Thibaud s’y est inscrit régulièrement : une année de cinquième, deux années de quatrième.
Cela a été l’occasion pour lui de poursuivre des activités qu’il menait déjà chez lui, d’élaborer des projets avec d’autres, de montrer, de parler, de « gaspiller » parfois du matériel ou de ne rien faire pendant quelque temps, tout cela sous le regard du professeur qui lui permet tous ces « tâtonnements ».
Ainsi, je l’ai vu tour à tour produire des constructions à partir de matériaux qu’il ramenait de chez lui ; je l’ai vu concevoir un projet de « jeu vidéo » avec deux autres camardes, projet jamais réalisé, je l’ai vu écrire ; je l’ai vu avec deux autres camarades investir (nettoyer, ranger) une salle vétuste de l’établissement pour y travailler ou y exposer leurs œuvres. Dernièrement, il dessinait au charbon de bois des organisations linéaires abstraies très diversifiées sur des supports de formats multiples…

 

 

  

 

Les mésaventures du trombone
Il y aurait/aura tant de choses à dire sur l’investissement de Thibaud, sur ses œuvres, qu’un article ne suffirait pas. Je voudrais simplement raconter les soubresauts d’un de ses projets, soubresauts qui marquent bien la difficulté pour les élèves d’être reconnus en tant qu’individus dans la structure scolaire.
 
Mardi 26 mai 1998
Dans le cadre de l’atelier Arts plastiques avec M. Nuňez, j’aurais envie de créer une sculpture.
Elle serait en métal (tube creux de 25 mm de diamètre).
De la forme d’un trombone (comme ceux qui servent à tenir les feuilles), elle symboliserait l’idée « d’école » : retenir, mettre ensemble. C’est aussi l’idée de « grandeur », de passer du petit à l’immense.

Elle ferait 3 m de haut et 1 m de large.
Si vous l’acceptez, je veux la réaliser à l’intérieur du collège, sur la pelouse qui domine la cour ou accrochée au mur de l’administration tout à côté.
Pour la réalisation, je me suis procuré le tube (. H., le père d’Anthony qui est en troisième).
Par contre, j’aurais besoin de peinture (1000 F) et d’un crédit pour cintrer le métal (à peu près 3000 F).

Je suis à votre disposition pour d’autres renseignements et espère que vous pourrez me donner une réponse assez vite.
Merci pour votre écoute.
Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, madame, mes sentiments les meilleurs.
Thibaud

 

Situation dans l’impasse
Le père de Thibaud m’a un jour informé que Thibaud était désabusé, qu’il ne croyait plus en rien, qu’il avait l’intention d’arrêter l’atelier…
J’ai parlé avec l’enfant pour lui dire que de grands artistes avaient souvent eu des problèmes avec leur travail.
Tel Constantin Brancusi avec son « oiseau » (les douanes des Etats-Unis ne voulaient pas le considérer comme une œuvre d’art et un procès a eu lieu pour en « définir » la nature). Je lui ai dit qu’il était un peu le Brancusi du collège, que son « parcours » servirait à d’autres, qu’il servirait aussi la « cause » des œuvres des élèves à l’école…
La commission de sécurité n’est jamais passée ou alors nous n’en avons pas été informés.
L’œuvre a été présentée de temps en temps dans diverses manifestations dans le collège. Madame la Principale, de bonne volonté, a étudié la faisabilité d’une autre présentation de l’œuvre, de manière plus sécuritaire, mais même avec une perspective de placement « provisoire » comme nous l’avions imaginé un temps, le trombone n’a jamais trouvé sa place.

 

Madame,
Depuis un an maintenant, je travaille sur un projet de réalisation d’un trombone monumental dans le cadre de l’atelier Arts Plastiques tenu par Monsieur Nuňez.
Ce trombone, comme vous l’imaginez, n’est pas un trombone comme les autres car je pense que cette réalisation ne servirait à rien s’il était à l’échelle 1 : il fait donc 4 m de haut et 1 m de large.
Vous comprenez maintenant !
Il est fait de 15 m de tube métallique environ. Son diamètre est de 3 cm.
Mes étapes de fabrication sont :
- fabrication des plans du trombone,
- la recherche du métal (chez M. H., entrepôt de récupération de métal),
- la fabrication du trombone (chez M. D., ancien plombier),
- peindre le trombone en orange au collège),
- délibération au conseil d’administration du collège (14 voix pour, 1 voix contre, 2 voix blanches),
- rendez-vous chez Mme la Principale avec M. Nuňez,

- attente du passage de la commission de sécurité.

Madame la Principale
A la commission de sécurité,
Depuis deux ans maintenant, j’ai réalisé une sculpture dans le cadre de l’atelier Arts plastiques tenu par Monsieur
Nuňez. Cette sculpture a présenté plusieurs étapes, cela paraît peut-être simple, mais pour la créer, il y a tellement de règles à respecter comme celle-ci : vous la présenter pour des raisons de sécurité.
Tout d’abord, ma sculpture est un trombone (vous attachez sûrement vos documents ou autres). Mais il est monumental : il fait quatre mètres de hauteur et un mètre de large, réalisé en tube métallique de trente millimètres de diamètre.
Etapes de la fabrication :
- J’ai trouvé l’idée qui me paraissait flagrante mais réalisable. D’abord je ne m’imaginais pas que ceci allait prendre autant de temps.
- J’ai commencé à me renseigner sur le matériel dont j’avais besoin, du tube en métal que m’a donné, avec mes remerciements, M. H. employé dans un entrepôt de récupération de métal.
- J’ai procédé à la fabrication du trombone avec M.D., retraité et ancien plombier, qui a réalisé les soudures et la mise en forme du tube, gratuitement. Je le remercie aussi.
- Enfin je procédai à la dernière partie de la fabrication : le peindre en orange (la peinture a été achetée par le collège après une lettre que j’ai envoyée à Mme la Principale). Content de mes efforts, je croyais avoir finit et M. Nuňez et moi avons pris rendez-vous avec Mme la Principale. Au cours de cet entretien, elle m’a appris qu’il fallait que mon trombone passe au conseil d’administration du collège.
- Quelques mois après, ils m’élirent donc à la majorité favorable) ce que l’on installe le trombone dans le collège (14 voix pour,1 voix contre, 2 voix blanches).
- Après, j’ai eu un autre entretien avec Mme la Principale qui m’a appris qu’il fallait que ma sculpture passe au conseil de sécurité.
- Je vous ai fait cette lettre pour que vous compreniez un peu mieux ma sculpture.
Merci pour votre écoute. Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Mesdames et Messieurs, mes sentiments les meilleurs.
Thibaud

Symbolique à méditer

Les deux abstentions au conseil d’administration ont été celles de Mme la Principale et de la gestionnaire (pour des raisons de sécurité) ; la voix « contre », celle d’un parent d’élève qui a dit ; « si on commence avec un, ils vont tous vouloir en faire !... »                 
                                                Engagement…

                           

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sculpture, installation, exposition

Petits cadres

Juin 2000
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Ecole maternelle Jean Moulin, Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) – Enseignantes : Eliane Sayou (classe des grands), Marie Martinez (classe des petits-moyens)

 

 


                    Petits cadres

                                                       Une exposition « comme en vrai »

 

Les réactions


Dans l’école, même si l’éducation artistique représente une occasion privilégiée d’accéder à la culture, elle se réduit bien souvent à des activités ludiques ou contraignantes dans lesquelles l’instituteur s’investit de façon très personnelle dans la reproduction d’œuvres d’artistes, l’ exploration de matériaux et de possibilités graphiques ou techniques.

Dans notre école, le jour où de vrais tableaux ont été accrochés au mur avec des titres comme au musée (il ne manquait que la signature), ce fut la stupéfaction générale ! Des gribouillis… art moderne… art abstrait… « une fiesta dans la nuit »… « un chien perdu »…
J’ai retrouvé à ce moment-là exactement les mêmes réactions que dans une exposition d’art conceptuel, quand le discours dépasse l’image qui parfois peut être réduite à des traces très floues sur le papier.
Là non, c’était indiscutablement de l’abstrait et non du conceptuel. Les questions portaient sur le rapport entre le titre et ce que l’on voyait sur le tableau. Comment « l’artiste » avait-il pu imaginer tel titre ? Où était le chien ?...
Aucune tache ne permettait de dire : il est là. J’entendais des rires et des échanges sous cape, j’observais les mêmes attitudes que devant n’importe quelle exposition déroutante. Les spectateurs n’avaient plus aucune compassion pour la collègue qui avait dirigé l’activité et réalisé cet accrochage. C’était devenu un discours d’adultes devant un « travail artistique », même si l’on savait tous que « les artistes » n’avaient que cinq ans. C’était une vraie situation de discours et d’échanges discordants sur l’art contemporain avec toujours la même question : cela valait-il la peine d’être encadré ?

Sculpture d’Ousmane Sow, Dakar.

En voyant le musée entrer dans l’école, j’étais confronté au produit artistique tel que nous le concevons aujourd’hui en Occident (commercialisé et consacré par le musée). Je revenais d’Afrique et je vivais des idées contradictoires entre la reconnaissance de l’art qui implique parfois la vénération et des sommes d’argent exorbitantes et l’art comme création toujours en marche ou chaque réalisation n’est qu’une étape dans la démarche « artistique, « le work in progress ».
La création institutionnalisée tue en quelque sorte la créativité en l’enfermant. Devant la muséologie, face à l’ordre, à la consécration désignée par le cadre, le discours, le titre, j’ai eu pour la première fois envie de riposter sur le plan artistique. Je décidais de présenter des travaux de mes élèves sur des matériaux de récupération. Ce ne serait pas de l’art consacré mais de l’art encore en chantier. De mon voyage au Sénégal me revenaient des images belles, simples comme les statues d’Ousmane Sow étalées au bord de la mer, un mur peint par un artiste à peine connu (Papisto Boy) dans un quartier pauvre de Dakar et les tableaux accumulés sur les murs des galeries tenues par des Africains.
Alors j’ai pris le temps de présenter à mes élèves l’exposition de la classe des grands. J’ai montré chaque tableau, lu chaque titre, donné des explications… puis je les ai engagés dans une production faite de traces et de graphismes sur de la matière brute (sable, ocres).

Fresque de Papisto Bey

Sculpture d’Ousmane Sow, Dakar.

Photographies de Marie Martinez.

                   

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peinture, encres,  exposition

 

A la claire fontaine

Juin 2000

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Classes de cycle 1, cycle 2 et cycle 3, Ecole publique Le Bourg, Bibost (Rhône) - Enseignants : Françoise Cousin, Pascale Rossignol, Guy Rossignol

 

 

A la claire fontaine

 

La commune de Bibost a décidé de construire une nouvelle salle des fêtes. Enfants et enseignants, désireux de participer à la vie de leur commune s’y associeront en réalisant une fontaine mécanique qui sera placée devant la nouvelle salle des Fêtes. Elle sera la synthèse de leurs apprentissages techniques, technologiques et artistiques.

Un projet à épisodes

Le projet de créer une fontaine devant la nouvelle salle des fêtes voit le jour en avril 95. Mais ce n’est que pendant l’année scolaire 95/96 qu’il commence à se concrétiser :
Les enfants dessinent et maquettent divers projets
Ils recherchent des partenaires et obtiennent le soutien financier de la mairie ainsi qu’une subvention de l’Education Nationale. En outre, le fontainier et un sculpteur Christian Jacques acceptent de travailler bénévolement à ce projet. Il est un partenaire du projet mais non un intervenant auprès des enfants. Les enseignants gardent toute latitude vis à vis des élèves qui apprennent à prendre en compte la personnalité de l’artiste en tant que tel.
Ils se documentent sur les fontaines de la ville de Lyon qu’ils visitent. Ils visionnent des vidéos sur les fontaines de Niki de Saint-Phalle ou Jean Tinguely.
Ils enquêtent sur l’origine de l’eau dans leur commune.
Ils s’initient aux engrenages, à l’électricité, aux moteurs.

L’année suivante, les enfants se lancent dans l’écriture d’un roman afin de donner une histoire à leur fontaine. Les trois cycles participent à ce conte interactif.
Parallèlement sont mis en place des ateliers décloisonnés pour illustrer le texte mis au point. Différents matériaux sont proposés aux tâtonnements des enfants.
Ils réaliseront, en papier mâché, une sculpture d’arbre ; des papiers imprimés, déchirés ou découpés, seront utilisés pour des illustrations du conte en noir et blanc; elles seront accompagnées de réalisations en couleurs aux feutres, pastels et fusains. Un livre valorisera ces productions ; avec des tissus, ils composeront des collages et des bas-reliefs en tissus « bourrés-cousus » ; ils utiliseront également des métaux comme le cuivre ou le laiton. A l’atelier « terre », les enfants réalisent une maquette de leur fontaine.
Tous les élèves sont concernés.
« Pauvre arbuste !
Il avait pourtant autrefois été beau et majestueux. Il possédait même le pouvoir d’exaucer les vœux de ceux qui venaient lui toucher le tronc.
Mais un jour, un jeune et beau prince l’avait coupé pour se construire un arc magique. Au moment où la lame de la scie avait pénétré dans le cœur de la branche, un sorcier était apparu brusquement et lui avait dit :
« Tu as fait une énorme erreur. L’arbre a perdu tous ses pouvoirs. Désormais, tu prendras sa place et tu seras malade. Seule l’eau de la fontaine étoilée pourra te délivrer de ce sortilège. Mais attention ! Si tu n’as plus de feuilles, tu mourras à jamais. »
Le vent se mit à souffler si fort que deux feuilles tombèrent. Il n’en resta plus que trois..... »

Extraits du conte, L’arbre magique

 

                           

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Et si Chanteloup m'inspirait ...

Juin 2000
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Enseignante : Pascale Adhémar

 

 

Et si Chanteloup m'inspirait ...

L'enfant, l'école, la cité


A travers des prises de vues de la cité de Chanteloup-les-Vignes, et de portraits d’enfants dans leurs diverses activités scolaires, Pascale Adhémar, B.D. dans cette ZEP souhaite obtenir des enfants une réaction face à leur environnement proche et les placer en situation d’écriture.

La cité de Chanteloup-les-Vignes offre un paysage urbain caractéristique. En effet, l’architecte, Emile Aillaud, en 1969, avait pensé cette cité comme « une ville ayant l’aspect d’une seule maison ». Ce qui se traduisit par un grand nombre de places différenciées avec des espaces assez réduits qui devaient créer « une véritable communauté humaine » et où l’enfant serait roi. Plusieurs générations de jeunes ont évolué dans ce milieu qu’ils ont, semble-t-il, banalisé au fil des années. Les interrogations suivantes concernant cet état de fait sont à l’origine de ce projet.

- L’enfant qui vit dans le « bas » de Chanteloup voit-il encore ce qui l’entoure ?
- Comment considère-t-il cet environnement urbain ?
- Quels sentiments éprouve-t-il à son égard ?
- Quel regard porte-t-il sur son avenir et celui de ses camarades ?
- Quelles sont ses réflexions intimes et peut-il les exprimer ?

Les réponses sont à lire entre les lignes des poèmes des enfants et des adolescents confrontés aux photos en noir et blanc de Pascale. Malgré des clichés qui leur montraient une réalité plutôt difficile, jamais un seul jeune n’a réagi violemment ; peut-être parce qu’à chaque rencontre des mots et des échanges étaient mis sur l’intention. Peu à peu, les élèves se sont approprié l’exposition et ont pu écrire en toute liberté sur ce qui les touchait réellement.

 

Notre cité

La cité on y est né
On y a joué
On y a vécu de bons moments
Pendant plus s de douze ans.
Notre cité a changé depuis quelques années
Enfin, seulement quelques bâtiments.
Cependant, il reste des gens
Qui malheureusement ne changeront jamais.
C’est pourquoi on fait tout
Pour que nos aînés changent la cité.
La cité, j’oublierai jamais.

Nicolas, Ahmed, Mahmoud, 5e sport, collège Magellan

Est-ce que les gens du haut et du bas sont pareils ?
Savez-vous à quoi servent les fleurs ? A décorer les champs.
Préférez-vous les choses cassées ou réparées ?
Dans Chanteloup, il y a des magasins : des magasins cassé et des magasins réparés.
Il y a des maisons sales et des maisons propres et ce n’est pas pareil la vie au quotidien.

Hamid, classe de CM1, école Rimbaud.

Grilles forgées
Jardins fleuris
Balcons gris
Crépi tout frais
Façades délavées
Baies vitrées
Carreaux brisés
Caniches soignés
Pitts enragés
Lassés de s’ennuyer
Bandes soudées
Des drogués
Il n’y en a pas
que dans la cité

 

A Chanteloup, en le village et la cité
La différence est marquée.

 

Dans Chanteloup, il y a des Blancs.
Dans Chanteloup, il y a des Noirs.
Dans Chanteloup, il y a des enfants.
Dans Chanteloup, il y a des adultes.
Dans Chanteloup, pour VOUS,
les gens sont des VOYOUS.
Mais pour NOUS,
ce sont des gens comme VOUS.

Julien, classe de CM1, école Pasteur

C comme la Cité d’aujourd’hui
H comme Honneur, tout le monde en a un
A comme Anabolisants, malheureusement en vente
N comme Nations Unies dans l’histoire
T comme Terreur, tout le monde a peur
E comme Espoir que tout redeviendra normal
L comme Loups avant à Chanteloup
O comme Overdose et on en meurt
U comme Univers qui changera bientôt
P comme Parcs ouverts à tous

 

L comme Libre à vous de faire ce que vous voulez
E comme Energie, on en déborde
S comme Soleil qui brille partout dans le monde

 

V comme Violence, il faut que ça cesse
I comme Ignorant de ce qui se passe ici
G comme Guerre des bandes
N comme Néant, le grand vide
E comme Ecole publiques ouvertes à tous les enfants
S comme SUPER ma ville, croyez-moi !

 

Karine, 3e Techno, collège Magellan.

 

Autrefois, Chanteloup était une ville dangereuse : nos aînés s’amusaient à tout casser. Maintenant, nous les petits, nous voulons que Chanteloup change. Nous voulons que Chanteloup soit une ville propre et calme nous voulons que les gens viennent visiter Chanteloup. S’il vous plait, aidez-nous à transformer Chanteloup.

Chris et Mounain, classe de CM1, école Rimbaud.

De cette mise en résonance est donc née, en partenariat avec l’Inspection de Chanteloup et le club photo de l’IUFM de Saint-Germain-en-Laye une exposition d’une soixantaine de photos surlignées des textes des enfants et des adolescents de Chanteloup-les-Vignes. Elle pourrait être exposée lors du Congrès de Rennes : nous en dévoilons ici quelques clichés. 

                   

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écriture, photographie noir & blanc       

 

Jean-Guillaume au collège

Juin 2000
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Collège K.Thoueilles, Monsempron-Libos (Lot-et-Garonne) - Enseignant : Hervé Núñez

 

 

Jean-Guillaume au collège


Installations de Jean Guillaume Gallais au Collège K.-Thoueilles, de Monsempron-Libos pendant une journée :

- de 8h à 11 h dans un lieu de passage très fréquenté.

- de 11h30 à 13h30 dans un lieu à voir dans des "points de vue différents"

- de 14h à 17 h dans un lieu non fréquenté du collège, accessible après une marche de quelques minutes.

 

 

“ Lorsque je vis au loin l'œuvre, je pensais que c'était quelque chose de solide, quelque chose d'indéformable. Mais plus je me rapprochais et plus je me rendais compte que le matériau utilisé n'était en fait “ que du papier ”.

 

"En réalité, je crois que ce qui m'a le plus captivé, c'est la couleur. Le rouge est une couleur vive, très voyante. Il est sûr que si l'artiste avait utilisé une couleur discrète comme le blanc, cela n'aurait pas fait le même effet."

 

"Son œuvre faisait penser à un nid d'abeilles car le papier formait de multiples alvéoles. Cela me donnait envie d'y plonger."

 

"Son activité paraissait d'une simplicité étonnante pourtant son œuvre est le magnifique travail de plusieurs heures voire de plusieurs jours !"

 

"L'endroit où l'œuvre fût mise semblait avoir une grande influence car j'avais l'impression que le papier prenait plus ou moins de place en fonction de l'endroit où il était situé."

 

"Ce que fait ce jeune homme est appelé de l' ART, cependant une question doit être posée : qu’est-ce que l’art ?
Je suis convaincue que chacun a le droit d'avoir sa propre idée et sa propre définition de l'art ! "

 

 

 

"Cette œuvre posée par terre m’a fait penser à la guerre parce qu’à la guerre il y a beaucoup de sang comme le rouge de l’œuvre."
 
 
"Je pense que ça aurait pu servir de corset à un géant..."
"Cela ressemble à un matelas de roses rouges du printemps"
 

" ... une nappe rouge."
 
 
"Cette surface plane ressemble à une piscine, on aurait dit qu'elle envahissait le collège."
 
 
"On voit sur les murs une tenture qui pour moi coupe l'air." 
 
 
"L’étonnement était complet il avait utilisé le rouge sûrement pour exprimer un sentiment. L’œuvre était faite de papier. Elle envahissait une partie du collège, ce qui ne plaisait guère aux élèves. Nous aurions dit de la lave de volcan ou un nid d’abeille. Quant il a procédé au pliage cela est devenu très petit. Car la surface couverte quand elle était dépliée était de 8 m sur 2,50 m, dans l’endroit à côté de l’administration."

 

                   

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artiste, installation in-situ       

 

Appropriation d'une œuvre

Juin 2000
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Collège K.Thoueilles, Monsempron-Libos (Lot-et-Garonne) - Enseignant : Hervé Núñez

 

 

 

Appropriation d'une œuvre

 

Rendre compte de son sentiment individuel

Construction géométrique 

 Après la visite de Jean-Guillaume Gallais au collège, mon désir a été de faire un livre-souvenir, dans lequel les impressions de chaque enfant auraient été reportées.
Très peu d'entre eux sont néanmoins venus inscrire librement leur texte sur l'ordinateur. Il faut dire que nous étions proches de la fin de l’année, ce qui interdisait de faire ce travail d’insistance qui est obligatoire pour obtenir des résultats dans les endroits où les élèves sont peu autonomes.
En plus, je ne pouvais non plus demander aux élèves de travailler leur écriture pour que celle-ci soit plus précise ou plus expressive par manque de relation interdisciplinaire.
Mais je pensais néanmoins que s'engager à donner son avis, que rendre compte même maladroitement de sa perception individuelle sont des actions nécessaires car elles représentent la première appropriation de l’œuvre qui est approchée.
C’est à ce prix que l’élève arrivera à se situer, à apprivoiser le monde environnant, à s'apprivoiser.

Construction géométrique

   

Le Serpent de Libos

Passage

 

 

 

in situ, installation

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La classe théâtre

Juin 2000
CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000
Collège Jean Jaurès, Cenon (Gironde) – Enseignants: Catherine Mazurie, Christophe Daugeron, Isabelle Marchal, Marie Layan, Francine Boet, Catherine Thoams, Catherine Le Guyader - Intervenants: J-Philippe Ibos, dramaturge; François Mauget, J-Marie Champion, comédiens.

 

 

La classe théâtre

 

Objectifs du projet

Dynamiser le groupe classe autour d’un projet concret pour :
- favoriser la réussite scolaire ;
- permettre à chacun de s’affirmer en tant qu’individu dans le groupe;
- ouvrir le collège sur l’extérieur ;
- former de futurs spectateurs qui auront le goût du théâtre et la capacité de choisir et de discuter sur ce qu’ils verront.
Et pour atteindre ces objectifs, travailler en équipe.

 

Réalisation

 


Du club à l’atelier et à la classe

 

En 1993, des enseignants se regroupent autour d’un projet centré sur le théâtre, dans le cadre d’ateliers de lecture en sixième. Pendant une année, trente enfants, une heure par semaine, inventent une histoire en création collective, puis la mettent en scène en se partageant les tâches : les acteurs, les metteurs en scène, les régisseurs, etc.
Les quatre adultes travaillent ensemble, en concertation permanente.
Le principe de la classe théâtre est déjà en place dès cette année-là.


En 1994, un club théâtre se constitue et devient atelier de pratique artistique l’année suivante : le groupe bénéficie ainsi de l’intervention régulière d’un comédien professionnel. L’idée du partenariat avec le Théâtre des Tafurs est née.


En 1995, un groupe de trois enseignants (français, histoire-géo, maths) pense que la dynamique générée par le théâtre peut rejaillir sur l’envie d’apprendre. Ils créent donc, avec l’appui actif du principal adjoint, une « classe théâtre » : les élèves s’y engagent volontairement, et sont liés par un contrat qui concerne à la fois les responsabilités de chacun par rapport au groupe et le travail scolaire.

Trois ans de "classe théâtre"

Bilan

                           

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Travail sur un thème particulier: Spectacle vivant

écriture, spectacle 

Une autre identité

Juin 2000
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Lycéen

 

 

 

 

Une autre identité

 


J’ai commencé à m’intéresser au Graffiti en1992, alors que j’habitais une petite ville à 60 km de Bordeaux. J’ai 19 ans, et je prépare un B.E.P. Vente Action Marchande. C’est mon frère, qui faisait des tags à l’infini déjà à cette époque, qui m’y a initié en me faisant découvrir la culture Hip Hop*. En 1994, j’ai déménagé à Bordeaux où je me suis fait connaitre sous le pseudonyme de “SOER”et où j’ai vraiment commencé à peindre des graffs.

Je fais actuellement partie de deux groupes de graffeurs : le groupe Choc Visuel et WR (Without Respect). Nous nous réunissons pour peindre à deux ou trois ou pour réaliser de grosses productions.


En premier lieu, notre volonté est surtout de nous faire connaitre sous une autre identité, d’être présent dans la ville, un moyen de sortir du lot, une sorte d’autopublicité.

 

 

Mais les graffiti, c’est aussi le plaisir de créer de belles formes, de mettre en valeur le lettrage de nos noms et de le faire évoluer à l’infini pour acquérir un style original et personnel. Ensuite vient la création, autour du lettrage, de décors et de personnages.

Nos inspirations viennent des autres graffeurs, de la publicité, de la peinture contemporaine (Picasso, Warhol...), de la BD, des logos, des enseignes de magasins...Certains d'entre nous pratiquent, en parallèle aux graffiti, d'autres formes d'expression : dessin, peinture acrylique, sculpture, qui parfois ont même un rapport avec le graff.

Mais contrairement à ce qu'on pourrait croire, à nos débuts, peu d'entre nous avaient des bases en dessin.

Nous n'avons pas beaucoup de rapport avec le monde artistique, c'est sûrement dû au fait que peu d'artistes utilisent le même support que nous. Certains ne voient pas dans le graffitti une forme d'art, pensant qu'il ne s'agit que d'une mode pour les jeunes.


Quant aux rapports que nous avons avec la population et les autorités, ils sont difficiles. Les médias, en associant le Graffiti à la délinquance, lui ont donné une très mauvaise image. Les gens ont peur de nous et nous comparent à des casseurs. De plus, peindre sur des murs, même des ruines, est interdit sans une autorisation du propriétaire. Et pour de nombreuses personnes, si c'est interdit, c'est forcément une souillure et forcément laid.

Les élus se servent bien sûr de cette mauvaise image pour, en arrêtant des graffeurs, rassurer la population. Mais de temps en temps ceux- ci nous proposent, ainsi que des particuliers, des ""plans payés".

* Hip Hop : mouvement né à New York au début des années 70, regroupant le Rap, la "dance", les graffiti.

                   

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    graff

 

Une vraie galerie dans le collège

Juin 2000

Revue en ligne Créations "Artothèques"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°185 - Publication : décembre 2007
article déjà publié dans la Revue CréAtions n°92 "Engagements" en mai-juin 2000 (Ed.PEMF)

Collège de Riscle (Gers) – Coordinatrice : Anto Alquier

 

Une vraie galerie dans le collège
 

« Nous pensons que l’école est le lieu privilégié d’accès à tous les savoirs, que la culture artistique doit faire partie du paysage rural, que favoriser le contact entre les générations devant le questionnement posé par la production artistique contemporaine resserre les liens sociaux et participe de l’éducation à la citoyenneté… »

Pour nous avoir habitués depuis longtemps aux expérimentations de ses élèves, Anto Alquier trouve sa place dans ce numéro car son engagement au service de l’émancipation des enfants a été constant.

On se souvient par exemple des « bastides » (voir Créations n°77, L’enfant et son paysage), dont la proposition tendait à inviter les enfants à exprimer d’une manière individualisée leur rapport à ces unités urbanistiques qui sont familières aux enfants du Gers, mais qui leur sont tellement étrangères en tant que construction et en tant que formes. Les penser dans des degrés de réalité peu habituels, les transmuter pour témoigner de leur appropriation, voilà un engagement émancipateur.

On se souvient du débat qui avait agité le mouvement Freinet sur les musées. Doit-on conduire les enfants au musée ? A partir de quel âge et/ou de quelle manière ?

Nous étions tous d’accord à l’époque pour dire qu’il faut être vigilants, que les enfants ne doivent être «déroutés» dans leur propre expression par le contact avec l’œuvre d’un artiste adulte. Celui-ci pourrait les influencer en leur montrant une voie à suivre : ils pourraient être seulement tentés de copier l’œuvre au lieu de se l’approprier et en tires bénéfice.

Eh bien, Anto Alquier a convaincu les administratifs de son établissement ainsi que les instances décisionnelles qu’une « galerie d’art » serait un atout pour l’établissement et pour les enfants : ainsi existe depuis le 20 février 1998 « La Galerie Bleue », dans l’enceinte du collège de Riscle.

 

Exposition consacrée à Anne Pourny, mars 1999

 

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galerie, artiste

 

Elever un objet au rang d’art

Juin 2000
détournement
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Collège Val d'Adour, Riscle (Gers) - Enseignante: Anto Alquier

 

 

  Elever un objet au rang d’art  


Cette année-là, à partir de photographies ou d’objets réels, on avait abordé le thème de la nature morte en deux dimensions. Pour passer au volume, j’ai alors proposé de choisir des objets du quotidien et la question a été de se demander ce qu’on pourrait faire pour que ces objets deviennent de « l’art ».

Comment intervenir pour qu’ils perdent leur banalité, pour que soudain on leur prête plus d’attention que celle contingentée dans leur utilisation habituelle.

 

Les idées n’ont pas manqué et après une discussion serrée, les élèves de la classe ont trouvé des solutions diverses: changer la couleur ; démonter l’objet et le remonter autrement ; détourner l’objet de sa fonction initiale, etc.

Comme ce travail ne pouvait pas être réalisé en classe faute de matériaux, d’outils et de temps, chacun a travaillé à son rythme à la maison. Avec un peu de temps, les résultats ont été probants. L’objet devait être ramené en classe, prêt à être exposé, et la présentation faisait partie des critères d’évaluation décidés au départ..

                  

                   

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objet, détournement

 

 

Pierre Mirault - Gravures, sculptures et le musée intérieur

Juin 2000
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Pierre Mirault

 

 

  Pierre Mirault
Gravures, sculptures et le musée intérieur

 


Le travail de Pierre Mirault se comprend comme l’institution d’un « musée intérieur »: refusant toute compromission avec le projet de plaire, l’artiste résiste aux idéologies esthétiques, en pratiquant une sorte d’archéologie dans le vivre indéchiffrable de l’enfance...
 
Mirault dessine sur tout ce qu’il trouve. Il faut dire que l’activité de trouver importe autant à Mirault que celle de dessiner... Arpenter les plages, les chemins de campagne, les collines, ramasser des roches, des bouts de tuile, d’os,  des bouts de bois, des oursins, des moules... Confiance au hasard, et aux occasions. Mais dessiner se dit mal sur certains objets, et il fallut retrouver un geste très ancien, un geste de la vie quotidienne: graver. Lentement, avec la modestie de l’apprenti, sur l’œuf , sur l’os, la tuile, le bois, la pierre... Avec même une roulette de dentiste récemment offerte, qui permet désormais une grande précision dans l’incision des matières : les sillons seront ensuite passés à l’encre. L’artiste se fait l’interprète d’impressions anciennes, préservées en soi, comme archaïques, premières, mémoriales.
 
« Par à-coups, il me vient des impressions d’enfance, notamment des couleurs. Ce n’est pas le résultat d’un travail, encore moins d’une formation. C’est ce qui me reste de « trésors » : le terrain vague, des barbelés rouillés, des os, des bouts de bois que tu glissais dans ta poche, de vieux clous que tu ramenais.. et le rouge de ma première bicyclette ! Mais pour le retrouver, ce rouge, maintenant... Cela va être très difficile de le retrouver, il va falloir que je découpe une toile quelque part. Je goûte les premières fois : la lumière irisée vue dans une flaque, et l’ivoire d’une dent trouvée, je suis porteur de ces premières impressions, de ce non-visible qui s’enfonce dans la chair [...] Ces souvenirs, je ne crois pas que l’on puisse, comme par anticipation, les éduquer. Mais ce qui semble évident, c’est que chacun peut entretenir un rapport vivant à son enfance, qui est un réservoir sensible. Je pense qu’on peut avoir vécu son enfance dans un bidonville, et avoir ces impressions premières à exprimer ».
 
En effet,le poète Yves Bonnefoy raconte avoir vu des enfants de Harlem fascinés par le feu de cagettes qu’ils avaient allumé dans un tonneau, preuve que l’émotion sensible, spirituelle, devant l’énigme des événements de la matière, se manifeste là où toute poésie semble absente... Est-ce que cette fascination n’entrera pas dans le musée intérieur des enfants de Harlem?
 

 
« Chez l’adulte, toutes ces lumières et couleurs remontent de l’enfance, si l’on sait rester vacant...

J’habitais dans un immeuble situé près de l’abattoir, à côté d’un terrain où étaient jetés des ossements d’animaux. La première fois que j’ai vu ce tas de carcasses brisées, ces têtes, ces mâchoires, ces dents... Quelle impression ! J’ai pris des dents, je les ai ramenées, c’était bien mon trésor. Aujourd’hui, si je me rends sur le tas de l’équarrisseur pour recueillir des os, je suis fidèle à une ancienne source d’étonnement, d’émerveillement. Et lorsque j’assemble ces os pour en faire des « sculptures », ce qu’on appelle des objets d’art, je transpose des impressions premières dans ma sensibilité et ma pensée de maintenant ».
 
Mirault dessine et grave aussi des peaux de lapin. Ces peaux sont mortes, évidemment, mais ayant été vivantes elles sont un signe de réalité : les lapins ont été élevés par l’artiste, qui les a tués, les a mangés, a nettoyé leur peau, et prolonge un rapport énigmatique avec la bête... Dessiner sur la peau de ces lapins, ce n’est pas comme peindre sur une toile. Mirault ne délaissera pas dans la colline le cadavre du chat ou de la chèvre: la chèvre sera déterrée, et son crâne connaîtra un destin posthume dans le monde des formes... Certains spectateurs de ces œuvres ont pu dire qu’ils ne mettraient jamais un tas d’os dans leur salon et n’accrocheraient jamais une peau morte à leur mur: mais qui dira ce qu’est une œuvre d’art acceptable? Un jour une certaine police, perplexe devant le Guernica demanderait à Picasso: « C’est vous qui avez fait ça? » Et le peintre répondrait: « non c’est vous ».
 
« Qui prétend qu’un bout d’écorce, un bout de plastique, un caillou ne peuvent nous faire rêver, nous faire penser ? Les enfants s’approprient des objets comme s’ils les avaient fabriqués. Souvent même, et spontanément, ils les assemblent, les exposent. Avec chaque objet, il y a un rapport de sens à instaurer. Un jour, j’avais ramené un bout de ciment à ma mère en lui disant: « Tiens, c’est moi qui l’ai fait ! » Elle m’a répondu: « Arrête de dire des mensonges ! » Un enfant voit les choses, et crée du sens dans son rapport aux choses. Moi j’essaie de renverser tout ce que j’ai appris pour devenir vacant et voir les choses comme si c’était la première fois. Ce que je vais faire avec un objet, cela compte, bien sûr. Mais je mets l’accent sur le choix de l’objet et l’impression qu’il produit en moi... »
 

Technique de collage des coquilles d’œufs (Pierre Mirault)

Garder des coquilles d’ œufs. Lorsque l’on en a suffisamment, badigeonner  le support de colle à bois et coller les morceaux de coquilles en pressant avec les pouces. Les coquilles émiettées épousent la forme du support. Laisser bien sécher. Passer éventuellement ensuite une couleur avec des encres ou un peu de peinture à l’huile. On peut jouer avec les tons, les couleurs. Laisser bien sécher, puis passer de la toile émeri fine pour poncer certaines zones. Enfin vernir pour protéger l’installation.

 

Pierre Mirault, tout d’abord instituteur, puis rééducateur en psychomotricité, fut affecté dès sa sortie de l’Ecole Normale à l’école Freinet de Vence où il passa un an en compagnie de Clem et Maurice Berteloot. Ce séjour le marqua véritablement. Aujourd’hui enseignant à mi-temps, il a ainsi le loisir de pratiquer son art.

Il fit ses premières expositions à la Galerie Chave de Vence comme dessinateur à la plume. La finesse et la précision du travail, la rêverie et l’aventure graphique l’emportaient déjà sur la représentation, comme absorbée de l’intérieur, dans le trait. Depuis quelques années, Mirault abandonne toute production qui comporte un indice idéologique de beauté.

                  

                   

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sculpture, artiste

 

 

L’art c’est la vie - Entretien avec Michel Carlin

Juin 2000
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Entretien avec Michel Carlin

 

 

  L’art c’est la vie - Entretien avec Michel Carlin
 

L'évolution vertigineuse de l'outillage technologique dans notre société entraîne la diminution du temps de travail contraint. Ce temps libéré rend matériellement possible aujourd'hui l'accès de tous à la culture : comment cela ne pourrait-il pas être l'enjeu essentiel de notre réflexion et de notre action politiques ?

 

Créations : Quel rapport vois-tu entre la peinture et "l'actualité" politique ou sociale ? Que les artistes s'intéressent et participent à l'histoire comme citoyens, sans doute, mais l'art n'est pas un instrument pour délivrer des "messages"... Le philosophe Kant disait que tout jugement esthétique doit valoir universellement : il n'est pas d'opinion en peinture.

M. Carlin : Il me faudrait quelques heures pour répondre à cette question. Cela fait partie de ma réflexion quotidienne. Donc ta question est essentielle pour moi.
Dans ma génération, tout artiste devait naître révolutionnaire : 1935, c'était le discours d'Hitler sur l'art dégénéré ; 1937, c'était Guernica pour le pavillon espagnol de l'exposition internationale de Paris. Pour Picasso, la peinture est une arme contre l'ennemi. Je garde cette formule pour moi. Faire de l'art, c'est combattre les idées réactionnaires d » l’époque où l’on vit. Aujourd'hui je dis aussi que l'art engagé dans la recherche est une larme de lutte contre l'idéologie du Front National, héritière de l'idéologie nazie.

Créations : L'art est réellement politique, alors ?

M. Carlin - Ce n'est Pas si simple. L'art c'est vraiment la VIE, la vraie vie. Je ne sais pas quel sens on peut donner au mot politique, mais au sens ordinaire, l'art déborde totalement dans son projet et dans sa puissance, la politique. Il faut de nos jours, une politique culturelle beaucoup plus généreuse et audacieuse. L'art devrait faire partie constamment de notre environnement urbain. Il faudrait créer des ateliers de sculpteurs, de peintres, travailler en groupe, socialiser l'art et spiritualiser la société. C'est vraiment intéressant pour nous artistes, de sortir de l'atelier pour aller vers les gens. Pourquoi entretenir le mythe de l'artiste inspiré, inaccessible, génial ou incapable de dialoguer avec ses contemporains. Cela me paraît une posture surfaite et narcissique. Chaque municipalité devrait donc essayer de regrouper ses artistes et de fonder avec eux des lieux de travail où le public, les jeunes pourraient venir.

Il n'y a pas de fatalité au type de choix politique et culturel qui domine aujourd'hui : le choix qui consiste à interdire au plus grand nombre l'accès à toute la palette de trésors artistiques et à enfermer ces gens dans une culture dite de masse, division réfutée par Aragon en 1946 dans un discours prononcé en Sorbonne ; car la division de la culture en culture d'élite et culture de masse, méconnaît la vérité pratique de la grande culture humaine. Si le développement des techniques actuelles de diffusion de l'art et sa pseudo-démocratisation menacent la création artistique de sombrer dans la facilité des stéréotypes culturels et dans le kitsch, si cette fétichisation marchande de l'art l’entraîne vers une déplorable médiocrité autorisant la production, l'exposition, la diffusion d'à peu près tout et n'importe quoi, cette tendance amorcée au XXème siècle comporte son envers : de nombreux artistes de qualité restent peu connus, ne trouvant que peu d'accès, malgré leur inflation, aux circuits qui leur permettraient de présenter leurs travaux. Ces artistes obscurs n'en existent pas moins ; ils mènent à l'écart du bruit des marchés de l'art leur pratique artistique, approfondissant leur travail créatif dans une exigence d'autant plus élevée qu'elle n'est pas sue du grand public, travaillant dans des réseaux, et dans des régions, s'organisant localement en associations, pour des pratiques autogestionnaires, et cherchant le soutien des communes pour leurs initiatives de défense et de développement des activités artistiques.

 

Protesta Chilienne, détail d’une peinture sur toile de sac (130 x 130), 1984. Collection particulière, Paris.

Protesta Chilienne, peinture sur carton (55 x 60), 1984.Collection de l’artiste.

                   

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entretien, peinture

 

 

 

Les arts plastiques contre la barbarie

Juin 2000
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Collège de Belley (Ain) – Enseignant : Gérard Salagnon

 

 

  Les arts plastiques contre la barbarie  

Gérard Salagnon est professeur dans un collège de la région Rhône-Alpes.
Coopérant à BT2 depuis quelques années, il préparait un sujet sur "le portrait" lorsque nous l'avons sollicité pour qu'il envoie aussi des propositions à Créations pour rendre-compte de son enseignement des arts plastiques.
Un avant-projet prenait peu à peu vie mais un jour je recevais une lettre dont voici un extrait :
"Si je vous adresse ce courrier aussi documenté sur un autre sujet que sur "visage", c'est parce que celui-ci est actuellement défiguré par l'actualité politique - Conseiller municipal dans le groupe d'opposition à Belley*, dont le maire est Charles Millon, président de la région Rhône-Alpes qui a fait alliance avec le F.N., je vous laisse imaginer la situation...
Que de temps, d'énergie à consacrer à refuser ce retour des barbares. Dans ce contexte, je doute beaucoup de la portée de la connaissance, de l'histoire, de la culture même. Rien ne semble résister à l'ambition conjuguée à la prétention et à l'intérêt [...] C'est pourquoi "visage" n'a pas avancé d'un mot. Nous sommes entrés en résistance à la collaboration..."

L'engagement politique de Gérard ne se retrouve t-il pas dans son enseignement, contrairement à ce qu'il en dit ?
Voici quelques points forts des sujets que Gérard m'a ensuite envoyés (après avoir insisté auprès de lui) :

Le "bestiaire imaginaire" (classes de 6e-5e)

En s'appuyant sur diverses expositions qui avaient lieu dans la région, Gérard a "désigné" le contenu mis à l'épreuve du travail des enfants : l'animal, entre réalité et imagination.

Il a d'abord incité ses collégiens à produire une "exposition/inventaire" dans la salle de classe : apporter, pour les avoir avec eux, les animaux-objets en peluche qui leur sont familiers ; repérer ceux de leur environnement proche (la nature, les manuels scolaires, les revues, etc.) avec observations et commentaires.

Puis par le dessin les enfants ont dû représenter "celui qu'on a rêvé de bien dessiner".

Escordragochi


Guartulach

  

Ensuite, les enfants ont traduit graphiquement ceux qui sont plus familiers à leur "imagination" : animaux fantastiques issus de l'hybridation d'animaux existants et de la collaboration de l'imagination de deux élèves.

Le "bestiaire imaginaire" des élèves, résultat de cet investissement par paliers, a enfin été exposé dans une galerie à l'extérieur du collège, visible par le public, chaque animal portant un nom composé par ses inventeurs.

Gérard justifie sa démarche de "maître" par des contenus d'apprentissages techniques, un vocabulaire plastique, artistique et de culture, argumentant en disant que "depuis la préhistoire, sur la paroi des grottes, jusqu'à l'écran informatique aujourd'hui en passant par toutes les techniques d'expression artistique, l'être humain a emprunté à l'animal ses formes pour l'évoquer, pour le recréer. Mais aussi pour parler de lui-même."

La démarche ne vise pas un simple accès à la culture mais elle renferme un contenu plus global de rapport à l'être, au métissage avec comme but la fraternité et la mise en valeur de la différence.

 Riposcor-Relator

"Ma boîte à secrets" (classe 6e-5e)

A la suite d'une projection de diapositives sur une exposition intitulée Les Boîtes du MAM à Paris, chacun apportera une boîte à chaussure avec son couvercle.

Pendant l'année scolaire, les boîtes resteront présentes et accessibles dans la salle de cours. Chaque élève pourra y ranger ses secrets (objets, lettres, etc.); ce sera son espace privé, intime, dans un espace partagé (la salle de classe). Pour ceux qui le souhaitent, elles seront ouvertes en fin d'année, sinon elles seront emportées avec tous les secrets qu'elles renferment.

Gérard sollicite l'individu dans ce qui fait sa singularité. Mettant en valeur l'identité de chacun, il veut favoriser le dialogue sans l'imposer, en pariant que chacun décidera en fin d'année d'ouvrir sa boîte et qu'il s'apprivoisera un peu plus au regard de ses camarades. Par l'effort de ne pas aller voir avant ce qu'il y a dans la boite de l'autre, l'intimité de l'autre sera respectée.

*Belley se trouve à une douzaine de kilomètres d'Izieu, d'où en 1944 étaient déportés 44 enfants pour Auschwitz. En 1994, était inauguré le Musée Mémorial d'Izieu dans les bâtiments mêmes de la colonie. Le musée a une forte orientation pédagogique (informations au Musée Mémorial des enfants d’Izieu - 01300 Izieu).

                   

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dessin, bestiaire, boîte à secrets, regard, volume

 

Bibliographie Créations n° 92 - Engagements

Juin 2000
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Bibliographie

 

 

   Bibliographie
 

Tinguely, l'énergétique de l'insolence, Michel Conil Lacoste, Ed. la Différence, 1989, Coll. La Vue, le texte, 2 vol.
Un des derniers entretiens d'un des plus grands sculpteurs du XXè. Pour lui l'engagement résidait dans la capacité à s'approprier tout objet matériel pour l'inclure dans ses œuvres.

 

Brancusi contre Etats-Unis, un procès historique, 1928, Ed. A. Biro, 1995.
Nous suivons ici toute l'argumentation qui a été produite par les uns et les autres dans le cadre du procès que Brancusi a intenté contre les états unis et dont le but était de définir l'oeuvre d'art.

 

Méthode naturelle de dessin, Célestin Freinet, Ed. de l'Ecole moderne française, 1951 (épuisé).
Un engagment pour la Vie "à l'aube d'une nouvelle compréhension de la vie et de la culture de nos enfants".

 

Journal du mouvement Dada, 1915-1923, Marc Dachy, Ed. Skira, 1989. (épuisé)
Le point sur un mouvement artistique dont l'engagement pour l'expression libérée à été et est encore déterminant aujourd'hui.

 

Au commencement était l'image. Du dessin de l'enfant à la communication de l'adulte, Bernard Darras, Ed. ESF, 1996.
Un engagement pour le langage visuel.

 

Eloge de la fuite, Henri Laborit, Ed. Laffont, 1999, Coll « La vie selon ».
L'auteur pose, à la lumière des découvertes biologiques, la question de notre libre arbitre, de notre personnalité même.

 

L'homme du commun à l'ouvrage, Jean Dubuffet, Ed. Gallimard, « Folio Essais ».
"La contrainte imposée par la loi n'est rien auprès de la pression, bien autrement agissante, et qui sévit partout, des idées accréditées dans le milieu où l'on vit, et c'est contre elle que chacun fera bien de se mettre constamment en défence vigilante s'il tient à penser librement."

                   

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