Avec des gommettes

Novembre 1996

Des gommettes aux mathématiques : un travail mené avec des tout-petits

 
Première étape
En septembre et octobre, j'ai mis à la disposition des enfants de ma classe, des petites sections, des feuilles de différents formats et des gommettes de toutes formes, géométriques ou avec des dessins figuratifs. Cette activité était libre, sans consigne particulière, hormis ne pas coller les gommettes sur les tables ou les pulls des copains !
Il s'agissait pour moi de laisser les enfants expérimenter ce matériel sans en faire une exploitation particulière.
 
Durant cette première étape j'ai constaté leur plaisir à :
-décoller la gommette de son support pour l'installer sur un autre support, tester sa tenue sur le nouveau support.
-faire disparaître les gommettes en les superposant les unes sur les autres.
-tester le maintien de la trace du crayon feutre sur le support en passant le doigt dessus (selon le crayon ou la couleur, la trace s'efface plus ou moins.
 
En nommant pour eux les formes qu'ils utilisaient, et en les voyant manipuler les gommettes, j'ai pensé qu'il y avait quelque chose à faire du côté des mathématiques avec ce matériel. Je suis donc passée à une autre étape.
 
 
Deuxième étape
 
En novembre, j'ai introduit les feuilles suivantes (format A4).
 
 
 
D'autre part, je n'ai laissé à leur disposition que les gommettes carrées, triangulaires ou rondes, celles-ci étant classées dans des boîtes selon leur forme..
 
Les enfants pouvaient travailler librement à cet atelier (durée, fréquence à leur choix). Je ne les incitais pas particulièrement à le fréquenter. Certains enfants sont allés très souvent à cet atelier, d'autres occasionnellement.
Je leur ai donné la consigne suivante : "faites ce que vous voulez avec les gommettes et les feuilles de votre choix sans utiliser les crayons". (Si j'ai supprimé les crayons, c'est que je souhaitais qu'ils centrent leur activité sur un seul matériel.)
 
L'attitude des enfants a alors changé. Dans la majorité des cas ils ont élaboré des stratégies en anticipant sur la production finale, celles-ci primant sur les expérimentations décrites ci-dessus.
 
En janvier, j'ai introduit de nouvelles gommettes (carrés et ronds plus grands) et de nouvelles feuilles.
 
 
Des enfants ont alors recommencé, à ma surprise, à tester les nouvelles gommettes comme dans la première étape avant de les utiliser d'une façon plus construite.
 
Les enfants ne commentaient pratiquement jamais spontanément leur travail. Quand je les y incitais, certains verbalisaient, ou tentaient de le faire. Je notais alors ce qu'ils en disaient en essayant de ne pas les trahir.
Cette tentative d'explicitation est assez difficile pour les petits. Je la sollicite mais n'en fais pas une nécessité.
Les enfants présents autour de la table participent à l'observation de la création et éventuellement à l'explicitation.
Toutes les créations sont alors affichées dans la classe. Il nous arrive de les observer toutes collectivement. Le plaisir des enfants est alors de monter aux autres ce qu'ils ont fait ou tout simplement de le retrouver.
 
Quelques créations
 
Les enfants n'ont pas utilisé la feuille quadrillée, les cases étaient peut-être trop petites.
J'ai été étonnée par la diversité de leurs créations. Etonnée aussi par les notions mathématiques que spontanément ils abordent.
 
En voici quelques exemples :
 
 
 
Les enfants ne se laissent pas entrainer à coller de façon intempestive leurs gommettes (à part, Arthur, ici).
Au contraire, ils organisent leurs créations en tenant compte de la forme dessinée sur la feuille : notion d'intérieur, d'extérieur, de contour (Clémence l'exprime clairement.)
Ils trient leurs gommettes selon leurs formes, leurs couleurs :
- même couleur de gommette à l'intérieur d'une forme
- même forme de gommettes à l'intérieur d'une forme.
 
 
La notions de quantité est de nombreuses fois abordée.
 
 
Romain et Clémence reprennent à plusieurs reprises la notion d'équivalence qu'ils expriment clairement. On la retrouve aussi dans les créations de Maëlis, de Nicolas et d'Arthur.
 
N'y a-t-il pas un début de rythme chez Tiphaine ?
 
Maëliss va souvent à l'atelier gommettes. En regardant plusieurs de ses créations on s'aperçoit que d'une séance à l'autre elle continue sa recherche.
 
Conclusion provisoire
Les formes dessinées sur la feuille induisent visiblement toute une série de démarches qui me paraissent contribuer à une construction du sens mathématique.
J'aimerais d'ici la fin de l'année, proposer des feuilles vierges aux enfants, en leur donnant la possibilité d'utiliser des crayons. Poursuivront-ils leurs démarches ? 
 
 
Isabelle Godron
Ecolae maternelle Louis Buton
85 190 Aizenay