En Chantier n°7, janvier 2009

Janvier 2009

En Chantier, Publication du Chantier de Recherche documentaire de l'ICEM Pédagogie Freinet: productions de classes, recherches documentaires, exposés,  témoignages, pratiques...
Pour donner-trouver des idées : pour des élèves acteurs et auteurs de leurs savoirs.
 

En Chantier n°7 : Du hasard dans la recherche documentaire : la sérendipité

 

 

Du hasard dans la recherche documentaire : la sérendipité


Au fil de leurs réflexions et de leurs échanges sur la liste doc2d, les membres des chantiers recherche documentaire second degré ont discuté des chemins inattendus que pouvait prendre la recherche documentaire. Quelle place au musardage et au hasard dans nos pratiques avec les classes ?

Découverte d’une notion
Tout a commencé par cette réflexion d'Hélène Duvialard, documentaliste au collège Philippe de Commynes de Tours en octobre dernier :
« Juste une petite idée sur la recherche documentaire : quand on lance une recherche, on sait d'où on part mais si on est suffisamment à l'écoute de ce qui se passe, on ne sait pas forcément où on arrive ni jusqu'où vont les recherches documentaires. Il faut considérer qu'en cherchant on trouve et pas toujours ce qu'on cherche. Ce qu'on trouve et qui n'était pas attendu est parfois plus intéressant que ce qu'on cherchait. Il faut que les élèves soient éveillés et ne se contentent pas de suivre avec obéissance mais osent s'écarter du sentier balisé. Ce truc qui existait déjà quand on était gamins et qu'on feuilletait les encyclopédies en naviguant de page en page dans le désordre s'appelle la sérendipité... »


L’origine de la sérendipité

Le mot sérendipité provient de l’anglais "serendipity", terme inventé par le philosophe anglais Walpole en 1754. Il désigne la faculté de trouver une information par hasard, un peu sans la chercher.
Le mot provient d'un roman persan Les trois princes de Serendip dans lequel le hasard apportait la solution des situations fâcheuses où tombaient les personnages.
Des découvertes célèbres proviennent ainsi d’effets hasardeux, comme par exemple la découverte en 1928 d’un important antibiotique, la pénicilline : c’est en s’apprêtant à nettoyer des moisissures qui ont contaminé sa table d‘expériences pendant ses vacances, que le docteur Fleming découvre une composante chimique efficace contre les microbes. Le thé, le fromage, le Sauternes auraient été cultivées suite à des découvertes fortuites.
Mais, la sérendipité peut tout autant désigner des découvertes inintéressantes ou des effets nocifs, le hasard n’obéissant ni à la morale, à l’utilité ou l’efficacité
Au-delà, cette notion, qui s’est répandue dans plusieurs domaines scientifiques (chimie, sociologie, pharmacie…) peut s’étendre à la capacité d’être réceptif aux effets inattendus d’expériences menées, voire à les cultiver, comme une forme de créativité.

Pour plus de renseignements, on peut lire les informations rassemblées par Roger Favry

en cliquant ici


Et la sérendipité en classe ?
Voici quelques questions qui pratiquement se posent à nous dans notre travail avec les classes :
1. Pour mener une recherche documentaire papier ou numérique, nous voulons donner aux jeunes des techniques ou des démarches, des habitudes de travail pour leur permettre d'accéder aux informations dont ils ont besoin le plus rapidement possible (recherche de l'efficience). Dans cet état d'esprit quelle place peut-on faire à la sérendipité (l'imprévu, l'inattendu, pour ce qu'on a rencontré au hasard du cheminement dans les documents et qui intéresse plus que ce que l'on cherchait) ?

2. Si on accepte «cet écart» par rapport à la rigueur du chemin préconisé quelle(s) suggestion(s) de méthodes de travail peut-on faire pour que cela ne soit pas perdu ? pour retrouver ce qui a été trouvé fortuitement ? (pour le localiser; ……).

3. Ceci se rapproche peut-être également du zapping paradoxalement honni par les enseignants qui le pratiquent pourtant eux aussi dès qu'ils mettent les pieds dans une librairie : et je lis les dix premières lignes de la quatrième de couverture de ce livre, les trois lignes de tel autre, et là les dernières lignes du sommaire, et là quinze lignes en plein milieu de la page 128, etc etc.

4. Pour nous, enseignant-s, cette notion est intéressante parce qu'elle rend compte d'une situation qui arrive souvent : que font les élèves quand ils trouve quelque chose qu'ils n'avaient pas prévu ? C'est une situation qui les bloque souvent alors qu'elle devrait au contraire être un stimulant pour leur curiosité. Mais nos élèves sont formatés à la question-réponse univoque.


Voici la trame d'un exemple de guide de recherche prenant en compte les trouvailles inattendues
Sujet choisi
1 – Sans document, écris tout ce que tu penses savoir sur ton sujet d'enquête, en mettant des numéros pour chaque information. Tu peux en écrire autant que tu veux.
2 – Essaie de regrouper les numéros qui te paraissent aller ensemble. Mets un titre à chacun de ces regroupements.
3 - Pars à la recherche de documents afin de vérifier ce que tu as écrit. Fais la liste de ces documents et écris la page où se trouve le renseignement que tu cherches
4– Lis chaque information qui t'intéresse et essaie de l'écrire comme tu l'as comprise, sans recopier le document.
5 – Si, au cours de ta recherche, tu as appris d'autres choses intéressantes, tu peux les rajouter.
6 – Maintenant tu peux organiser ton exposé avec toutes les informations que tu as trouvées, avec des dessins, des photos, des schémas,...
Et tu peux le présenter à la classe.
 
 

 

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En Chantier n°7 : Les prénoms venus de la langue grecque

 

 
 

Des prénoms français qui ont leur origine dans la langue de l’Antiquité grecque


De nombreux mots de la langue française ont été formés à partir de mots empruntés à deux langues anciennes : le latin et le grec.

Au collège «Travail», à Bagnolet dans le département de Seine-Saint-Denis, des collégiens, intéressés par le grec ancien, se sont retrouvés dans un club au sein de leur établissement. Avec l’aide d’un professeur, Sandrine Lerou, ils ont dressé une liste de prénoms dans lesquels on retrouve comme racine un mot grec. Et la connaissance de la signification du mot grec qui a servi à la formation du prénom permet de comprendre ce prénom.


Remarque importante :
La langue grecque s’écrit avec un alphabet différent de l’alphabet latin utilisé pour écrire le français. Mais pour faciliter la lecture du texte ci-dessous à ceux qui ne connaissent pas l’alphabet grec, les mots grecs sont transcrits avec l’alphabet latin.


Des prénoms qui évoquent les qualités d’une personne :

Agathe : qui est gentille, bonne, de l’adjectif agathose qui signifie bon
Amélie : ce prénom dérive de l’adjectif ameles qui signifie insouciant
Aristide : de aristeidès, le meilleur ; le mot «aristocrates» a la même racine grecque et signifie «le gouvernement des meilleurs»
Catherine : la pure, de l’adjectif katharos, pur
Grégoire, Grégory : de gregorios, l’éveillé
Mélanie : de l’adjectif melania, la noire
Monique : la solitaire, de l’adjectif monos, seul
Sébastien : de sebastos, le vénérable, celui qui est digne de respect
Sophie : vient de sophia, la sagesse

Des prénoms qui évoquent un savoir-faire ou une action exceptionnelle

Alexandre qui est composé à partir d’alexein (qui a donné Alexis), le secours, la protection et d’andros (qui a donné André), l’homme.
Alexandre et les prénoms dérivés Alexandrine, Alexandra, mais aussi Sandrine et Sandra, signifient «qui porte secours aux hommes»

Eugène, Eugénie : formé à partir de eu, bien et de genos, origine ou naissance : le bien né (ou la bien née)
Eulalie : de eu, bien et hamlein, parler : qui parle bien.

A partir du mot hippos, le cheval, sont formés les prénoms suivants :
Hippolyte : de hippos, le cheval et luein, délier : celui qui délie la lanière du cheval, l’écuyer
Philippe : de philos, l’ami et hippos, le cheval : Philippe est celui qui aime les chevaux.

Georges : de gê, la terre et gèôrgos, le paysan : celui qui travaille la terre

A partir du mot nike, la victoire, sont formés les prénoms suivants :
Nicolas : de nike, la victoire et laos, l’armée : l’armée victorrieuse
Nicéphore : de nike, la victoire et phoros qui porte : celui qui porte la victoire.

Les chaussures Nike
La société qui fabrique les chaussures Nike a choisi pour nom de sa marque un mot grec, nikè qui signifie la victoire, laissant ainsi entendre que ses chaussures apportent la victoire à ceux qui en portent.

Des prénoms qui évoquent un personnage, un animal, la nature, …


Basile : du nom basilius, l’empereur
Céline : vient de seléné, la lune
Chloé : la jeune, de l’adjectif chloé, le bourgeon, l’herbe naissante
Irène : du nom eirènè, la paix. Lorsqu’une princesse étrangère devenait impératrice de l’Empire byzantin par mariage, elle changeait souvent son nom étranger pour prendre le prénom Irène.
Léon : de lèon, le lion
Marguerite : du nom margarites, la perle
Zoé : de zôè, la vie

Des prénoms qui se réfèrent aux religions


prénoms qui se réfèrent à dieu :

Eusèbe : de eu, bien et sebos, la vénération religieuse : celui qui prie bien, le pieux.
Jérôme : de hieros, sacré et onoma, le nom : le nom sacré
Plusieurs prénoms sont formés à partir de théos, dieu :
Théophile : de théos, dieu, et philos, qui aime : aimé de dieu ou qui aime dieu.
Théodore ou Dorothée : de théos, dieu et doros, don : don de dieu
Timothée : de timeo, vénérer et théos, dieu : qui vénère dieu.

prénoms qui se réfèrent à la religion de la Grèce antique :

Ambroise : de ambrosios, de nature divine, immortel


L’ambroisie et le nectar étaient la nourriture et la boisson des dieux grecs de l’Olympe.
 
 
 

Denys, Denyse (ou Denis, Denise) : vient du nom du dieu Dionysos

Dionysos, le dieu né deux fois
D’après la mythologie grecque, Dionysos est le fils du dieu Zeus et de la mortelle Sémélé. Zeus avait promis à Sémélé de faire ce qu’elle désirait. Elle lui demanda d’apparaître dans toute sa splendeur. Zeus s’exécuta mais Sémélé fut foudroyée par tant d’éclat et mourut. Zeus ôta le foetus de Dionysos du ventre de sa mère et le cousut dans sa cuisse. Dionysos naquit donc deux fois, une première fois quand il sortit du ventre de sa mère, la seconde fois quand il sortit de la cuisse de Zeus.
Zeus porte en latin le nom Jupiter. L’expression «sortir de la cuisse de Jupiter» signifie être orgueilleux : en effet Dionysos peut prétendre être deux fois le fils du dieu des dieux.

Deux prénoms sont liés au dieu de l’Antiquité grecque, Apollon :
Daphné : du nom daphné, le laurier ; c’est dans l’Antiquité grecque, le nom d’une nymphe aimée par le dieu Apollon.
Delphine : de Delphes, l’un des sanctuaires d’Apollon, lié au dauphin, l’animal d’Apollon.

Démétrios : de la déesse Déméter, déesse grecque de la terre et de l’abondance

prénoms qui se réfèrent à la religion chrétienne :

Ange, Angèle, Angélique : de aggelos, le messager, d’où vient aussi le mot Evangile, la bonne nouvelle
Christian, Christine, Christiane : le chrétien ou la chrétienne, fidèle de Jésus nommé le Christ, de christos, l’oint, qui a reçu de l’huile sainte.
Christophe : formé de deux mots grecs : christos, le Christ, et phoros, qui porte : celui qui porte le Christ

Une légende raconte que saint Christophe aida l’enfant Jésus à traverser un cours d’eau en le portant sur ses épaules. Les chrétiens catholiques et lorthodoxes considèrent saint Christophe comme le saint protecteur des voyageurs.

Stéphane, Stéphanie, Etienne : de stephanos, mot qui signifie le cercle, la couronne, le couronné
Le premier martyr chrétien a été nommé saint Etienne car il fut le premier à porter la couronne des martyrs.
De Stéphane à Etienne
Le mot a évolué en français au point de donner deux prénoms : Etienne et Stéphane. On est passé de stephanus, stefanu à esstevanu, puis estievene, et estienne.
Ainsi les habitants de la ville de Saint-Etienne se nomment-ils les Stéphanois.

Beaucoup de ces prénoms sont très utilisés en France. D’autres sont actuellement moins fréquents mais ont été portés davantage à l’époque de nos grands-parents ou arrière-grands-parents : Aristide, Arsène, Eusèbe, Nicéphore, Hippolyte.
 

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En Chantier n°7 : Les tornades : un aspirateur géant

 

 
 
Nous avons choisi ce sujet car nous nous posions plein de questions... Ces catastrophes naturelles sont dévastatrices et impressionnantes.
La tornade est un mouvement tournant de l'atmosphère, effet violent de certaines perturbations : bourrasque, cyclone, ouragan...
Comment se forme une tornade ?
tornade        
Où et quand est apparue la dernière tornade?
La plus récente est apparue le 4 août 2008 dans le nord de la France.


Quelles sont les conséquences?
La colonne de gauche indique la force. Dans les tornades la force est le classement. L'intensité est la force des tornades.
Force Intensité Vitesse du vent (km/h) Type de dommage
F0
Faible 65-115 Dommages mineurs aux cheminées, branches cassées...
F1 Modérée 115-180 Mobil-homes abîmés, voitures en mouvement poussées hors des routes...
F2 Significative 180-250 Destruction des mobil-homes, déracinement des grands arbres...
F3 Sévère 250-320 Trains renversés, murs des maisons démolis...
F4 Dévastatrice 320-420 Maisons soulevées, autos projetées...
F5 Incroyable Plus de 420... Désintégration des maisons et voitures projetées à plus de 100 mètres...

 

Source : http://www.ffme.fr/technique/meteorologie/le-temps/tornade/tornade.htm
Armand, Emilien et Enaël

 

 

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En Chantier n°7 : Poètes traducteurs

 

 
 

Poètes traducteurs


Parmi les poètes contemporains il en est d’éminents traducteurs. Je vais parler de ceux que je connais un peu..


Eugène Guillevic
. Je l’ai rencontré plusieurs fois. Le fait que j’habite en Alsace, à 5 km de Ferrette où il a passé son adolescence était un trait d’union entre nous. Il parlait le dialecte alsacien appelé également langue alémanique, et il a appris l’allemand au collège. Très jeune il a rencontré le poète Nathan Katz qui écrivait en alémanique. Ils se sont traduits mutuellement. Il s’est épris de la poésie allemande jusqu’à traduire Hölderlin, Heine, Rilke, Trakl.
«Trakl a été mon livre de chevet pendant toute la fin de mon adolescence, il a été pour moi très important. Vous savez, c’est très difficile de traduire Trakl, de le traduire impunément. Trakl était ce qu’on appelle, je crois, un schizophrène, et vivre Trakl, le traduire, ne se fait pas sans danger, car on ne peut traduire un poète comme lui qu’en le vivant entièrement. »
En dehors de ces traductions-là, Guillevic en a effectué de nombreuses autres, du russe, du roumain, du hongrois, du scandinave, du suédois… seul ou en collaboration.
« Elles [les traductions] constituent une mine de renseignements sur son humour, et c’est le plaisir de retrouver un peu de la manière du poète que l’on aime comme métissée avec un talent étranger. » (Entretien d’Eugène Guillevic avec J.Lardoux).
Est-ce à dire que, même si sa traduction est fidèle » le « style » du traducteur reste néanmoins perceptible ?


Yves Bonnefoy
Yves Bonnefoy a traduit Yeats, Shakespeare, Leopardi.
Il est évident pour lui qu’il faut « être poète pour traduire la poésie, la traduction de la poésie étant elle-même poésie. […] elle est un dialogue qui a commencé à l’époque des premières lectures, celles d’ébauches de traduction même pas écrites, où l’on décidait si on pourrait ou non parler avec ce poète. » Un peu plus loin il dit : « La traduction est certes l’apport d’une œuvre étrangère, mais c’est aussi la mise en évidence de ce rapport d’auteur à auteur qui est, bien plus essentiellement qu’au niveau des influences aveugles, la vie même de la création poétique » A la question pourquoi traduit-on un poème ? Il répond : « Assurément, c’est afin d’en revivre l’expérience à proprement parler poétique. » (Les citations sont extraites de l’ouvrage de Y.B. « La communauté des traducteurs » P. Univ. de Strasbourg )

Philippe Jaccottet
Sa vie durant, il a été poète et traducteur. Pour Jaccottet, traduire c’est mettre son talent au service d’autres dans le but de les faire connaître et apprécier par un plus grand nombre. Il possède les talents que requière ce travail : modestie et humilité. Avançant en âge il a toujours la même envie de « Donner à découvrir quelques vers étrangers. »
Il a traduit, entre autres les poètes allemands Hölderlin, Rilke, Ungaretti, Mandelstam Thomas Mann, Musil…

Ces traducteurs ont tous éprouvé le besoin de « partager » la poésie et vécu la traduction comme une école du respect car il convient de « traduire une pensée pour ce qu’elle fut et non la rêver dans la sienne propre ».


Travail du maître et traduction

Je vais me permettre une petite variation sur le mot traduction…

La réflexion sur les problèmes posés la correction du texte libre m’a conduite à comparer le travail du maître à celui d’un traducteur. C’est peut-être osé. Mais ne s’agit-il pas d’aider l’enfant à « traduire » au plus juste une idée, une impression, un vécu, un souvenir, une émotion qu’il a envie d’exprimer ?
Pour étayer cette idée, je suggère ce petit exercice. Il s’agit de remplacer dans les extraits suivants (de l’ouvrage de Y.Bonnefoy cité plus haut ) le mot traduction par correction et le mot traduire par corriger.

« Le danger d’une traduction est de dénaturer à ce point le dire (ici du poète, mais ce n’est pas restrictif à la poésie) qu’il en paraît dépersonnalisé, anonyme presque, comme un vêtement flottant qui aurait perdu son propriétaire. »

« Traduire est l’école du respect, alors que l’on a besoin de savoir respecter, c’est la clef de toute compréhension de la chose humaine. »

« Traduire une pensée pour ce qu’elle fut et non la rêver dans la sienne propre ? Traduire demande qu’on ne se trompe pas de registre. »

Quelle conclusion en tirer ?

Anne-Marie MISLIN

 

 

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En Chantier n°7 : Petit plaidoyer pour la recherche documentaire

 

 
 

Le texte ci-après résume l’essentiel d’un exposé présenté lors d’une rencontre des Chantiers BT en stage de production et de réflexion, fin octobre 1991. Ces thèses n’ont pas été énoncées en pensant à des collégiens et encore moins à des lycéens mais à des enfants de l’école élémentaire. Si nous les proposons aujourd’hui dans «En chantier» c’est parce qu’il nous semble qu’ils offrent encore matière à la réflexion de praticiens en collège.
Michel Forget était professeur de philosophie à l’Ecole Normale du Haut-Rhin puis Inspecteur. Il a beaucoup travaillé avec le groupe Ecole Moderne départemental.


Petit plaidoyer en 10 thèses pour la recherche documentaire à l’école

L’importance d’une fréquentation assidue de la littérature de jeunesse (récits, romans, contes, poésie, …) pour le développement de l’enfant n’est plus à démontrer. En revanche l’intérêt d’une bonne maîtrise de l’utilisation des sources documentaires paraît moins évident et celle-ci n’est pas toujours considérée comme un savoir-faire à développer en priorité.
C’est pourquoi j’aimerais présenter ici, sous la forme concise d’une dizaine de thèses, un petit plaidoyer pour la recherche documentaire à l’école.

J’entends par recherche documentaire le passage nécessaire, pour l’élève, par l’utilisation d’instruments spécialisés (BT, BTJ, BTSon, encyclopédies diverses, dictionnaires, journaux, revues, Minitel, …) au travers desquels il est amené à rencontrer, trier, comparer, choisir les informations dont il a besoin pour répondre aux questions qu’il se pose, pour construire ses connaissances et enrichir son pouvoir sur les choses.



1- Etre capable d’utiliser de façon rapide et efficace les sources documentaires est un acquis capital pour les enfants
 
Il s’agit, en effet, d’accès au savoir médiatisé par des outils sociaux reconnus comme tels. La quasi-totalité de nos connaissances disponibles, sur tous les sujets, est accessible par le moyen de documents spécifiques, principalement mais non exclusivement, écrits. Pouvoir s’orienter dans le dédale de ces savoirs, choisir entre des articles et des encyclopédies, identifier rapidement la page pertinente d’un gros volume, trouver le texte de synthèse qui apportera des renseignements fiables sont des savoir-faire indispensables à qui espère utiliser son esprit de façon libre et autonome. En ce sens, savoir trouver et utiliser de la documentation augmente l’autonomie de l’enfant, c’est une garantie de liberté. En rendre les enfants, peu à peu, capables me paraît tout à fait capital.

2 - Une autre fonction de la documentation consiste à aider l’enfant à prendre conscience de son insertion dans un processus de culture.
 
Il est important qu’il s’aperçoive que toutes les questions qu’il se pose, d’autres avant lui se les sont posées et que, par conséquent, il est inséré dans une chaîne de préoccupations, de recherches, de réponses et que d’autres ont travaillé avant lui sur les mêmes questions. Autrement dit, le fait d’avoir recours à la documentation publiée insère l’enfant dans un processus général d’interrogations qui nous concerne tous et que j’appelle la culture

3 - Il me semble aussi que nous ne devons pas craindre d’affirmer que la documentation proposée aux élèves est moins importante par les contenus qiu’elle apporte que par les méthodes et les démarches qu’elle permet ainsi que par la curiosité intellectuelle qu’elle contribue à entretenir.
 
Il est, à cet égard, important de faire apparaître le caractère relatif et provisoire de nos savoirs. C’est pourquoi je pense que des encyclopédies démodées ou des B.T. très vieilles sont tout à fait intéressantes parce qu’elles ont leur rôle à jouer dans la prise de conscience que nos savoirs sont essentiellement évolutifs, provisoires et remaniables. Par exemple, il est intéressant qu’un livre qui était consacré à un sujet d’actualité devienne un jour un livre d’histoire. En ce sens, la recherche documentaire intelligente, loin d’être une manifestation de positivisme naïf, porte en elle une démystification potentielle des prétentions scientistes ou de l’auto-suffisance des savoirs clos.

4 - La documentation doit permettre de résoudre parfois, en tout cas de clarifier souvent, les questions que l’on se pose.
Mais ceci suppose évidemment que l’on se pose des questions ou que des questions se posent ou que l’on nous pose des questions. La plupart du temps, l’école est un lieu où l’enfant est sans cesse interrogé, où on lui pose des questions (généralement ponctuelles et fermées) alors qu’il serait souhaitable qu’elle soit un lieu de vie organisé de telle sorte que l’enfant soit amené à s’y poser continuellement des questions. Le rôle du maître est ici tout à fait essentiel. Il consiste à faire de la classe ce milieu de vie où les fausses évidences du sens commun sont transformées en problèmes. Dans cette perspective la documentation devient évidemment un outil de première importance. En effet, appendre c’est partir de questions que l’on se pose (ou que l’on vous pose). Je rappelle ici, pour mémoire, le rôle décisif de ce que l’on a appelé «la démarche d’éveil» qui suppose, sur ce trajet qui va des représentations initiales approximatives au savoir vérifié, le passage obligé par des sources documentaires examinées de façon critique. Je renvoie sur ce point à l’étude de Pierre Guérin : «L’importance des représentations mentales initiales dans un processus d’apprentissage et d’expression libre».

5 - La présence de la documentation en situation éducative a pour fonction d’apprendre à s’en servir.
 
Etre capable d’utiliser de la documentation c’est être capable petit à petit d’en apprécier la pertinence ou l’intérêt. D’où l’importance de ce que j’appellerai la fonction comparative de la documentation. Il faut plaider pour une pluralité de sources d’information, une multiplicité de documents de styles et de formes variés avec évidement le développement corrélatif de l’esprit critique. Pourquoi ce document m’apporte-t-il plus de choses que celui-là ? Pourquoi celui-ci me laisse-t-il insatisfait ? Savoir, peu à peu, expliciter les raisons pour lesquelles on apprécie tel document et les raisons pour lesquelles tel autre vous laisse insatisfait c’est apprendre à dépasser le : «c’est bien», le : «c’est mal» ou le : «c’est nul» auxquels en restent la plupart des adultes dans le commentaire qu’ils font de leurs lectures.

6- L’une des difficultés de la recherche documentaire tient à la multiplicité des sources possibles d’information en même temps qu’à leur inégale valeur.
 
L’enfant est pris entre des sources multiples : la parole des parents est importante mais que se passe-t-il lorsqu’elle entre en contradiction avec celle du maître ? Il y a les livres d’images, les récits de fiction, la télé, les encyclopédies et les dictionnaires, la presse pour enfants et tout ce que l’on peut dire ou entendre autour de soi. Ce qui est en jeu ici c’est la place relative, la valeur épistémologique de ces différentes sources d’information. Le témoignage enregistré de quelqu’un qui parle d’un problème a-t-il la même valeur que ce que je lis dans un livre, dans un manuel ou que ce que j’ai entendu à la télévision ? Ce qui n’est pas maîtrisable immédiatement c’est la valeur relative de ces différents témoignages. Grandir dans le savoir c’est être capable d’attribuer un coefficient de plus ou moins grande certitude aux différentes sources. Or cet apprentissage, si nécessaire, ne va pas de soi. Si l’école ne faisait rien pour y entraîner systématiquement ses élèves cela reviendrait à confier ce soin aux familles qui ont avec les outils culturels le plus grand degré de familiarité ; ce serait donc aussi privilégier le succès scolaire des plus favorisés.

7 - La documentation proposée aux enfants devrait aussi permettre de lutter contre le compartimentage des disciplines.
 
Un document bien fait doit ouvrir et non fermer une recherche. Il doit être un point de départ et non pas un point d’arrivée. Il doit permettre d’établir des passerelles avec d’autres domaines du savoir. Exemple : dans une classe, à propos du tiers-monde, on est arrivé à parler de l’espérance de vie des enfants dans tel ou tel pays. Il est intéressant quand on aborde ce sujet de faire apparaître que ce problème de l’espérance de vie se posait d’une façon analogue au XVIIe siècle en France et qu’un problème spécifique au tiers-monde aujourd’hui est un problème que l’Europe a connu dans le passé. Il est utile qu’une recherche conduise ainsi à montrer la relativité en même temps que l’interdépendance de l’espace et du temps sur des problèmes aussi complexes que celui-là. De même, une séquence sur les pandas, animal en voie de disparition, a conduit à faire apparaître que ce problème crucial aujourd’hui pour les pandas est un problème à la fois très ancien et très actuel et qu’au cours des siècles, jour après jour, année après année, un nombre considérable d’espèces animales ont disparu et continuent de disparaître. C’est ainsi qu’à partir d’un point local et très spécifique il est possible de faire apparaître des chaînes de problèmes ailleurs et d’une portée très générale.

8 - Logiquement la fréquentation de la documentation ou une pédagogie organisée autour de la recherche documentaire devrait aboutir, à mon sens, à donner aux élèves la possibilité et le goût de posséder et d’organiser leur propre documentation.
 
Si une pédagogie de la documentation est réussie elle devrait conduire l’enfant à aimer avoir chez lui sa propre bibliothèque documentaire (avec tous les problèmes que cela suppose de stockage, de tri, de conservation, de classement, de renvois, d’archivage, d’identification,…). Le principe d’une pédagogie de la documentation conduit à prendre conscience qu’il y a tout un ensemble de techniques capables d’augmenter nos ressources et nos savoir-faire. Et je pense très concrètement qu’en classe, au lieu d’avoir des cahiers qu’on ne relit jamais, il serait plus intéressant d’habituer l’enfant à se constituer, sous des formes variées et qui lui conviennent, un archivage des connaissances qu’il a décidé de mettre en mémoire. L’utilisation, qui tend à se généraliser, d’ordinateurs familiaux et les possibilités qu’ils offrent de fichiers informatiques ouvrent, à cet égard, des perspectives prometteuses.

9 - Pour le plus grand nombre d’enfants, le désir d’apprendre et d’augmenter ses connaissances est une démarche naturelle et leur avidité intellectuelle ne connaît pas de limite.
 
Pour d’autres, au contraire, cette curiosité se manifeste plus timidement ou plus tardivement. Il est intéressant de noter que pour certains enfants, moins spontanément attirés par l’aventure intellectuelle, l’amour de la science, de la connaissance, du savoir, de la lecture (y compris de fiction) semble parfois éclore par le biais de l’attrait pour la collection. Peut-on risquer une explication de ce phénomène ? Chez ces enfants le savoir inquiète parce qu’il est divers et multiple, mais la collection rassure parce qu’elle est immuable, parce que chaque volume nouveau ressemble, pour une part, à ceux qui l’ont précédé. C’est la dialectique du Même et de l’Autre. L’aspect formel de la collection rassure parce que c’est du connu alors que le savoir inquiète parce que c’est forcément de l’inconnu. Je ne sais pas si cette raison suffit, à elle seule, à rendre compte de la fascination qu’exercent les collections ou les séries sur les enfants (et quelque fois sur les adultes). Cependant, lorsqu’on se préoccupe de savoir quels documents mettre entre les mains des enfants, on aurait tort de négliger ce levier que peut constituer, pour certains, le prestige de la collection. A condition, bien sûr, de ne pas se laisser enfermer dans la collection. Nous savons tous que les meilleures collections comportent leurs bons et leurs moins bons titres. Ici encore l’esprit critique doit exercer sa fonction de vigilance sur chaque volume particulier.

10 - La documentation devrait enfin ouvrir sur une sorte de vertige car il appartient à la nature de la connaissance d’être inachevée et, probablement, inachevable.
 
Il devrait donc y avoir au coeur de toute pédagogie de la documentation bien faite comme un principe d’insatisfaction. Plutôt que de dire, comme certains titres présomptueux : «Tout sur tout» ou «Tout savoir sur tout», je préférerais que la documentation emprunte sa maxime à Marguerite Duras : «Deux ou trois choses que je sais de quelque chose» et que l’enfant puisse dire : «J’ai appris des choses, mais je sais que je ne sais pas tout ; je peux en savoir plus ; mais je ne peux pas tout savoir.» Par conséquent il est impératif qu’un document proposé à l’enfant permette la prise de conscience qu’il ne s’agit là que d’une approche d’un sujet qui se prolonge ailleurs et qu’il fournisse lui-même des éléments pour aller plus loin. D’où l’importance ici des bibliographies, des notes, des références, de l’indication des sources, des photographies légendées. Car le savoir, par définition, n’est jamais clos et il est important de comprendre le plus tôt possible, que son infinité qui constitue sa faiblesse est aussi au principe de sa séduction.


Conclusion

Au moment de conclure nous devons nous garder de toute illusion. L’illusion serait ici de croire avoir trouvé, avec la recherche documentaire, une nouvelle panacée, infaillible, contre l’échec scolaire.
Je crois au contraire que le succès à l’école se construit par un juste équilibre entre des activités extrêmement diverses qui tirent intérêt de leurs différences. Pour qu’un élève ait des chances de traverser sans encombres sa longue scolarité il faut qu’il sache lire, écrire et calculer et qu’il ait plaisir à le faire. Il faut qu’il sache s’exprimer par la parole, l’écriture, la musique et la poésie ; qu’il ait une imagination capable des plus folles extravagances mais aussi un esprit susceptible de se soumettre à un exercice réglé de la raison. Il faut qu’il soit à l’aise dans son corps, qu’il sache établir avec autrui des relations à peu près détendues, qu’il garde -si possible- un peu d’humour et sans doute bien d’autres choses encore. La recherche documentaire n’est qu’une pièce à ce puzzle, ni plus ni moins utile qu’une autre, mais qui, si elle venait à manquer, risquerait compromettre gravement l’équilibre fragile et toujours à construire de nos petits écoliers.

Michel Forget, 2 août 1991

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En Chantier n°7 : Stage de printemps

 

 
 

☼ Stage de printemps ☼
Chantiers recherche documentaire second degré


Quand ?
Le stage se déroulera à Montbéliard (dans le Doubs) du jeudi 2 au dimanche 5 avril 2009 au soir. Pour celles et ceux qui ne sont pas en vacances le jeudi et le vendredi, il est possible de demander une autorisation d’absence pour ce stage.
Nous travaillerons en compagnie des chantiers Jmag et BTj.

Où ?
Nous travaillerons au CDDP de Montbéliard (Pôle universitaire Portes du Jura ; voir plan joint)
Pour les repas, nous pourrons aller au restaurant universitaire mais il ne sera pas ouvert le soir et le week-end. Nous devrons donc soit pique-niquer au CDDP (il y a une cuisinette), soit trouver des restaurants abordables pas trop loin.
L’hébergement se fera à l’hôtel (Etap Hotel 8, rue Jacques Follet ZAC du Pied des Gouttes) et éventuellement chez des collègues habitant Montbéliard.
D’une manière générale, il nous faudra compter sur une organisation coopérative (courses, déplacements…) car personne n’est sur place pour accueillir et organiser le stage !

Quoi ?
Au programme : la production d’outils pour la recherche documentaire pour le collège et le lycée.
Plus concrètement, nous avons plusieurs projets en cours :
- Finir la brochure sur l’athéisme !
- Préparer le numéro 9 d’En chantier (mai) : amenez des travaux de classe, des témoignages de pratiques de recherche documentaire
- Mettre au point d’articles encyclopédiques et si nous avons le nouveau site de l’Icem est opérationnel, les mettre en ligne
- Réfléchir ensemble à nos pratiques de recherche documentaire : par ex, revenir sur la sérendipité.
- Organiser un fonctionnement sans MàD pour l’année prochaine


Matériel à prévoir :
- les documents nécessaires à l’élaboration des articles pour En chantier, et pour l’encyclopédie et notamment des écrits, dessins, productions de classes.
- Des multiprises
- Un appareil photo numérique
- Des spécialités de chez vous pour l’apéro, les pique-nique…

Qui paie quoi ?
- L’hébergement est pris en charge par l'Icem mais il faut avancer les frais et garder les justificatifs
- Les déplacements sont remboursés seulement pour les adhérents de l’Icem (il est toujours possible d’adhérer… pour 80 euros) sur la base des tarifs de transport en commun ou sur la base de 0, 25 euros du km s’il y a covoiturage ou transport de matériel ; pour les non-adhérents, essayons de privilégier le covoiturage pour minimiser les coûts.
- Les repas sont à notre charge.




 

 

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En Chantier n°7 : A la rencontre d'un traducteur

 

 

Rencontre avec Jean-Marie St Leu traducteur


Le 26 octobre 2007, Jean-Marie Saint-Leu, traducteur, répondait aux questions d’une classe de 1ère, au lycée Elie Faure, à Lormont (Gironde). Il traduit et défend en particulier les romans de Jordi Soler, écrivain catalan, né au Mexique.



Q.- Pourquoi êtes-vous devenu traducteur ?

R.- Un traducteur c’est un écrivain frustré, qui ne sait pas être écrivain. Mais il ne faut pas généraliser : de très grands écrivains ont été de très grands traducteurs : Baudelaire, Nerval, Mallarmé, Giono. Mais d’une façon générale, ce n’est pas forcément parce qu’on aime une langue étrangère, mais parce qu’ on a la passion de la langue française et l’envie de manifester cette passion. Quand on n’a rien à dire – ce qui était mon cas – on vole ce que disent les autres et on le passe dans sa propre langue. Beaucoup de traducteurs se servent de ce que disent les autres pour s’exprimer indirectement. Les écrivains parlent souvent de l’angoisse de la page blanche. Le traducteur, lui, a l’angoisse de la page noire, qui est là devant lui et il faut qu’il la transcrive dans sa propre langue.

Au départ, c’est un métier un peu culpabilisant, frustrant. Je dis ça pour décourager ceux qui voudraient devenir traducteurs. En plus c’est très mal payé. Quand on a du travail, on peut arriver à peu près à vivre. Un traducteur qui travaille régulièrement – sauf s’il traduit un best-seller comme Harry Potter, et ce n’est pas tous les jours - gagne à peu près le salaire d’une femme de ménage, si on le rapporte au temps travaillé. Evidemment il y a quelques joies, quelques plaisirs à pratiquer la traduction, surtout quand on est un traducteur un peu ancien, comme moi : on a le privilège de choisir ce qu’on va traduire et de refuser ce qu’ on ne veut pas traduire. Alors que, quand on commence, on ne peut se permettre le luxe de refuser quoi que ce soit.

A partir de là, c’est faire tout son possible pour faire ressentir au lecteur français ce qu’on a ressenti soi-même en lisant l’auteur dans la langue originale – l’espagnol dans mon cas-. C’est une question de morale, c’est l’éthique du traducteur : ne pas trahir ce qu’il a lu. Vous connaissez la formule « traduttore traditore… » Oui, le traducteur est un traître. Traduire, ce n’est pas simplement plaquer une langue sur une autre, mais c’est réinvestir tout un patrimoine culturel, littéraire, historique, politique dans son propre patrimoine. C’est pour cela que traduire implique beaucoup plus une connaissance du contexte culturel, social, humain etc. qu’une connaissance de la langue. C’est si vrai qu’il y a de très grands traducteurs qui connaissaient très peu, voire pas du tout, la langue de l’auteur qu’ils traduisaient ! Je vous citerai le cas de Giono qui a fait la plus belle traduction de Moby Dick. Il n’avait vraiment pas les connaissances nécessaires en anglais pour traduire correctement. Il s’est débrouillé parce qu’il avait une fille prof d’anglais et il a travaillé avec elle. Sa traduction est superbe. Un autre cas qu’on cite toujours et qui est encore plus touchant, c’est celui du Faust de Goethe qui a été traduit par Gérard de Nerval, alors qu’il était élève de première, comme vous ! Sa traduction de Faust est bourrée de contre-sens, mais on continue à la lire : personne n’a réussi à en faire une meilleure. Il vaut mieux ne pas faire trop de contre-sens ! Mais la connaissance de la langue d’origine si elle est nécessaire, n’est pas fondamentale. Ce qu’il faut absolument connaître, c’est la génétique du pays dont on va traduire un auteur.

Traduire parfaitement est une illusion totale. Toute traduction est forcément une certaine adaptation de l’original au français. La littérature c’est une affaire de nuances. Les dictionnaires de synonymes sont très utiles. Un traducteur c’est quelqu’un qui passe sa vie à avoir sur le bout de la langue le mot qu’il n’arrive pas à trouver, sauf le lendemain en se rasant …Il trouve le mot qu’il cherchait et il est tout content. Traduire c’est un grand plaisir mais c’est aussi très délicat. Le traducteur est quelqu’un qui s’avance masqué, caché derrière le nom de l’auteur. Une chose que je ne fais jamais : relire mes traductions ! Et apercevoir une horreur. Heureusement, personne ne s’en aperçoit. Mais ça vous donne envie de tout jeter à la poubelle.

 

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En Chantier n°7 : D'une traduction à l'autre : autour d'un poème de Walt Whitman

 

 

D’une traduction à l’autre :
Autour d’un poème de Walt Whitman


Voici le texte original du poète anglais Walt Whitman

When I heard the learn'd astronomer,
When the proofs, the figures, were ranged in columns before me,
When I was shown the charts and diagrams, to add, divide, and measure them,
When I sitting heard the astronomer where he lectured with much applause in the lecture-room,
How soon unaccountable I became tired and sick,
Till rising and gliding out I wander'd off by myself,
In the mystical moist night-air, and from time to time,
Look'd up in perfect silence at the stars.
1865

Voici la traduction de Jacques Darras dans le recueil Feuilles d'herbe Gallimard, 2004
Quand j'eus entendu parler le savant astronome,
Quand les preuves, les calculs, furent alignés en colonnes devant moi,
Quand on m'eut montré les graphiques les diagrammes, pour les additions, divisions et autres mesures,
Quand de mon banc j'eus entendu le savant astronome finir sa conférence sous les applaudissements de l'auditoire,
J'éprouvai tout à coup inexplicablement une nausée, une lassitude,
Et m'éclipsant sans bruit m'en allai dehors tout seul,
Dans l' air de la nuit humide et mystérieux, et de temps à autre,
Levai les yeux dans un silence total en direction des étoiles.

Et une autre traduction d'Anne Krief dans l'édition pour enfant de J'ai entendu le savant astronome, Gallimard Jeunesse 2006

J'ai entendu parler le savant astronome
J'ai vu les formules, les calculs, en colonnes devant moi,
J'ai vu les graphiques et les schémas,
Pour additionner, diviser, tout mesurer,
J'ai entendu de mon siège, le savant astronome
Finir sa conférence sous les applaudissements,
Et j'ai soudain ressenti un étrange vertige, une lassitude infinie ;
Alors je me suis éclipsé sans bruit : je suis sorti
Seul dans la nuit fraîche et mystérieuse,
Et de temps à autre,
Dans un silence total, j'ai levé les yeux en direction des étoiles.



Quelques commentaires de Philippe Geneste :
Le poème est extrait de Feuilles d'herbe, composé entre 1855 à 1892- se situe dans la partie intitulée Sur Le Bord de la route. Le poète y évoque son passé pour nous parler de la notion d'apprentissage. On peut, ainsi, formuler l'argument du texte : pour apprendre, l'enfant a besoin de se confronter au monde, au réel. Conférer des savoirs aux enfants dans un geste magistral de transmission donne la nausée, crée le malaise physiologique du petit d'homme. A l'inverse des événements subis par l'enfant du poème, il faut rendre à l'expérience enfantine du monde le pouvoir de permettre à l'enfant de cheminer vers les savoirs. C'est l'expérience qui porte l'enfant à l'âge adulte et non l'adulte du tout puissant qui peut être le père de l'homme.
On connaît la traduction de Jacques Darras (Feuilles d'herbe, Gallimard, collection poésie, 2004, p.373). Par rapport à cette traduction, celle d'Anne Krief vise à rapprocher le texte de l'enfant. Elle va par exemple préférer le passé composé au passé antérieur et ce dès le titre (quand j'ai entendu et non quand j'eus entendu). Cette traduction pose question car elle empêche de comprendre que l'enfant prend une décision et qu'il n'est pas spectateur passif dans le cours de la conférence du savant astronome, mais qu'il en tire, lui-même des conséquences à cause de la nausée qu'elle lui procure. L'idée même de nausée (How soon unaccountable I became tired and sick) est absente dans la traduction de Krief qui le remplace par « Et j'ai soudain ressenti un étrange vertige, une lassitude infinie ». Remarquons que la traductrice choisit de complexifier le texte (I became tired est rendu par une lassitude infinie) alors que peu auparavant, elle avait préférer employer le terme de schémas à la place de diagrammes (When I was shown the charts and diagrams). On ne comprend pas très bien ces choix opposés –simplifier dans un cas (quoique le terme de schéma est-il si simple pour un jeune enfant ? on peut en douter) et complexifier dans l'autre (lassitude infinie est plus complexe que le seul lassitude de la traduction Darras).
On regrettera, aussi, la traduction de « In the mystical moist night-air, and from time to time, / Look'd up in perfect silence at the star » par « et de temps à autres / dans un silence total j'ai levé les yeux en direction des étoiles ». En effet, le texte initial nous semble lier le silence à l'univers, au monde des étoiles alors que Anne Krief choisit de le lier à la nuit. De plus, c'est l'air de la nuit humide et non pas la nuit qui est convoqué par le poète. Le silence s'interpose, en quelque sorte, entre le regard de l'enfant et l'univers des étoiles. Là encore, il ne nous semble pas que la compréhension de l'enfant soit facilitée par le choix de la traduction.
Les mots de Whitman sont simples et libérés de la solennité du langage adulte et c'est pour cela que sa poésie est avant tout une poésie vivante. Et une poésie vivante est une poésie qui ouvre l'imaginaire, qui le laisse aller au gré des sens.
Philippe Geneste
 

 

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En Chantier n°7 : De la traduction comme activité jubilatoire

 

 
 


De la traduction comme activité jubilatoire


Tel était le titre de la soirée du 12 décembre 2008, à la Médiathèque d’Artigues-près-Bordeaux. Jubilatoire, elle le fut aussi, grâce aux multiples questions posées par un public de tous âges, ainsi qu’aux réponses, nourries de nombreux et savoureux exemples, de Stéphanie Benson, auteure de polars et de William Olivier Desmond, traducteur français des livres de Stephen King, qui écrit en anglais.

Stephen King est un écrivain américain, auteur d’histoires fantastiques et d’ho
rreur et ses livres rencontrent un succès important aux Etats-Unis et en Europe.

William Olivier Desmond n'a jamais rencontré Stephen King, qui ne tient pas du tout à des échanges avec ses multiples traducteurs. II a traduit, de Stephen King les romans : Ca, Cellullaire, Tout est
fatal, La Part des ténèbres, Minuit 2 et 4, Rêves et cauchemars, Bazaar, Rose Madder, Dreamcatcher, Insomnie, Ecriture... Il a aussi traduit d’autres auteurs : les romans policiers de Donna Léon, Le fascisme en action, de Robert Paxton avec lequel il a eu des échanges qui ont conduit Paxton à corriger et clarifier certains passages de son étude. Il est lui-même auteur de Voyage à Bangor, L'encombrant, Bouillie bordelaise (polar, 2007). Il aime Dostoievski, Melville. Il aurait aimé traduire Stevenson. Il habite en Gironde.

Desmond a presque le même âge que Stephen King et cela facilite son travail de traduction qui nécessite de bien connaître l'époque et les références culturelles de l'auteur traduit (la presse, la télé... ).



En effet, qu’est-ce qu’un « bon » traducteur ? Celui qui a la capacité de se mettre à la place de l’auteur, qui restitue sa pensée et sa sensibilité, qui fait oublier qu’il s’agit d’une traduction. Les traducteurs actuels sont beaucoup plus respectueux qu’autrefois des textes originaux : ils refusent les coupes, les réécritures, les censures. Il leur faut bien connaître aussi le milieu culturel d’origine : indispensable pour saisir les non-dits, les allusions, les références cachées, les métaphores, l’humour. Si l’on connaît bien le contexte, il est plus facile de traduire un roman de 300 pages qu’une version de 15 lignes, comme dans les examens ! Quant aux niveaux de langage, aux argots, aux insultes, « c ‘est le bonheur du traducteur » : il est obligé d’être créatif, de chercher des équivalents. De toute façon, « on traduit du sens et non des mots ». Ce qui condamne pour l’instant les machines à traduire. Et la poésie ? « C’est l’Himalaya ! » répond W.O.Desmond. Comment traduire la musique propre à chaque langue ? à chaque auteur ? C’est une recréation complète, parfois éloignée du texte d’origine. Les échanges avec l’auteur, quand ils sont possibles, peuvent être précieux, même pour l’auteur : il se rend compte qu’il n’est pas toujours clair, ce qui peut l’amener à reformuler son texte. Un même livre peut être traduit plusieurs fois et sa traduction améliorée, en s’appuyant sur les précédentes. Peu d’écrivains sont aussi traducteurs. Quelques exceptions de qualité : Baudelaire, Valéry Larbaud…

Les quelques collégiens présents au débat ont posé des questions très théoriques : ils ressortaient leur science toute fraîche sur les structures du récit ! L'un d'eux a avoué à la fin du débat qu'il ne lisait pas, mais que ça lui avait donné l'envie de s'y mettre !


Sur le plan pédagogique, au collège, la traduction est interdite : les instructions proscrivent le passage de la langue étrangère au français. En cours de langue, tout doit (ou devrait ?) se passer dans la langue enseignée sans faire de traduction ! Mais on n'arrête pas d'en faire, et cela peut très bien marcher : à condition que le texte concerne les élèves. S'ils ont bien compris le texte et ses intentions (l'humour par exemple), ils sont capables de trouvailles. La traduction peut devenir une activité ludique, collective et non un pensum.


William Olivier Desmond a publié Paroles de traducteur (Peeters édition, Louvain, 2005, 135 pages)
Quelques titres de chapitres : Le métier / Les clichés / La stratégie du lieu commun / Traduction de l'humour / La langue verte / etc. .

Un exemple : il lui est arrivé de traduire "Christ" (c'est un juron en anglais !) par "bordel de Dieu", permis par le contexte.
 

A partir d’un article de Jacques Brunet

 

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En Chantier n°7 : Entretien avec Philippe Bouquet traducteur de l’auteur suédois Josef Kjellgren

 

 

Entretien avec Philippe Bouquet traducteur de l’auteur suédois Josef Kjellgren

Par la classe de troisième G. année 2005/2006 du collège André Lahaye d’Andernos


Choix avait été fait de travailler en classe, par l'enseignant, sur deux ouvrages d'un auteur prolétarien suédois assez peu connu en France, Josef Kjellgren. Il s'agissait d'un roman La Chaîne d'or et d'une anthologie de poèmes Je suis des milliers.
Le roman est constitué d'une succession de récits. Chaque naufragé raconte sa vie ou un moment de sa vie. On plonge, ainsi à travers les mers et à travers l'histoire européenne, le nazisme, l'émigration du début du siècle qu'a connus la Suède; on côtoie les sources de l'heroïc fantasy par des rappels des sagas nordiques et islandaises.
Le recueil de poèmes est d'une grande richesse en ce que par le biais des dédicaces, on traverse l'histoire de la littérature engagée de la première moitié du vingtième siècle. D'autre part, on voit un prolétaire mettre l'accent sur une sensibilité de classe sans qu'aucun didactisme ne vienne alourdir les propos. J'ai eu la surprise de voir que ce recueil passait bien auprès des classes de troisième.
Quant à l'entretien avec le traducteur, c'est assez naturellement, que l'envie de questionner Philippe Bouquet est venue aux élèves car de nombreuses questions étaient posées, notamment en ce qui concerne la prononciation des noms de villes et de personnages. Et de fil en aiguille, des curiosités sur cet être mystérieux et sans qui, finalement, nous n'aurions pas accès à ces livres a pris consistance. Dès lors, on lui a écrit et des échanges personnels ont eu lieu, rassemblés par les élèves sous la forme d’un entretien publié ici.
Philippe Geneste

Thibaud : comment avez-vous connu Josef Kjellgren ?
- J'ai connu Kjellgren en... lisant ses livres. Je ne l'ai jamais rencontré, car il est mort quand j'avais 10 ans.
Thomas : Pourquoi avoir traduit ce livre de Kjellgren ?
- J'ai traduit ce livre parce que je l'ai trouvé beau, vrai, émouvant. J'ai pensé qu'il serait bon que mes compatriotes sachent ce que Kjellgren avait à dire sur la vie, le travail, les hommes...
Romain : Kjellgren est-il mort avant que vous ayez commencé à traduire ses œuvres ? Si oui, cela vous a-t-il procuré une sensation nouvelle ? Si non, quel effet cela vous a-t-il fait d'apprendre sa mort ?
- Oui, Kjellgren était mort bien avant que je commence à le traduire (40 ans environ). Sa mort n'a donc rien changé pour moi. Mais elle ne m'a pas empêché, non plus, de me sentir proche de lui. De même qu'on peut se sentir proche de Cosette, bien que Victor Hugo soit mort depuis plus d'un siècle.
Romain : Où avez-vous appris le suédois ? Est-ce une langue difficile ? Avez-vous dû apporter des changements lors de la traduction ?
- J'ai appris le suédois à l'université, mais aussi et surtout en lisant beaucoup de livres dans cette langue. Non ce n'est pas un langue difficile, au contraire. elle est beaucoup plus simple que le français (heureusement, sans cela je n'aurais jamais pu l'apprendre). Je ne pense pas avoir apporté de changements au livre, autres que ceux qu'on est obligé d'introduire du fait de la différence des langues : on ne dit pas toujours les choses de la même façon dans un langue et dans une autre (dans ce cas il n'y aurait pas de problème), il y en a même qui ne se disent pas (je pense en particulier aux proverbes et dictons, qui ne sont souvent pas les mêmes, ne s'expriment pas de la même façon imagée ou n'existent pas, pour des raisons culturelles). Il y a aussi les jeux de mots qui font intervenir à la fois la forme et le sens des mots et ne peuvent donc pas, le plus souvent, passer d'une langue à l'autre).
Romain : Quand le métier de traducteur vous est-il venu à l'esprit ? Est-ce un métier intéressant ?
- Le métier de traducteur m'est venu à l'esprit en lisant des livres en suédois que j'ai trouvé beaux. J'ai pensé qu'il était dommage que mes compatriotes ne puissent pas les lire. Oui, c'est un métier intéressant, passionnant même, mais il est assez difficile. Il faut avoir beaucoup de patience et d'expérience ainsi que d'humilité. Et puis aimer les langues et la littérature.
Alice : Traduisez-vous mot à mot ou lisez-vous le livre puis, après vous traduisez ?
- On ne traduit jamais mot à mot. Un mot isolé n'a pas de sens (à part les interjections - comme Zut ! - mais cela ne fait pas un livre). Il faut d'abord lire le livre, en effet. Et puis surtout, on ne traduit pas en une seule fois, on revient plusieurs fois sur le texte (comme quand tu relis une rédaction) pour améliorer son travail, trouver des solutions à des difficultés qu'on n'a pas résolues jusque-là.
Sylvain : Pourquoi avoir choisi de devenir traducteur ?
- J'ai choisi de devenir traducteur pour faire connaître de beaux livres suédois à des compatriotes comme toi.
Sylvain : Pourquoi avoir choisi de traduire La Chaîne d'or ?
- J'ai choisi de traduire La Chaîne d'or, parce que c'est un des plus beaux livres que je connaisse et aussi parce que c'est une grande leçon de morale sociale (à savoir que la démocratie, cela consiste à demander à chacun ce qu'il peut donner et lui apporter ce dont il a besoin - si cela te paraît compliqué, demande à ton professeur de t'expliquer un peu.)
Estelle : Comment se passe une traduction ?
- Une traduction, c'est assez long et compliqué. Il faut lire le livre, puis faire un "premier jet", puis un second, puis un troisième etc. Mais il faut aussi réfléchir, entre temps, parfois chercher dans des dictionnaires, des encyclopédies, des livres d'histoire, des manuels...). Il faut beaucoup se corriger. Il faut se mettre dans la tête de l'auteur (pour être sûr de ce qu'il veut dire), mais aussi dans celle du lecteur (pour se demander s'il va comprendre ce qu'on écrit).
Estelle : Je reviens sur la traduction, mot à mot, vous dites qu'on ne procède pas ainsi… qu'on lit tout le livre d'abord… ?
- Non, on ne traduit pas mot à mot (même pas "presque"). Un livre, ce n'est pas (seulement) des mots. C'est un tout, c'est une création, comme un tableau (tu ne peins pas une seule couleur ou un petit coin de la toile). Traduire des mots, cela n'a pas de sens. Un mot isolé n'a pas de sens (à part les interjections).
Ce sont les phrases ou au moins les groupes de mots, qui ont un sens, parce qu'ils articulent une pensée, un sentiment... Et un livre c'est un grand nombre de phrases qui forment un tout. A tel point que je peux dire que je ne traduirai sans doute pas de la même façon une même phrase dans deux livres différents.
Estelle : Est-ce à dire qu'il vaut mieux aimer un livre, pour le traduire ?
-Oui, il vaut mieux aimer un livre pour le traduire, parce que c'est tellement long et difficile qu'on a beaucoup de mal, sans cela, et cela ne donne pas de bons résultats.
Estelle : On ne peut, donc, pas traduire n'importe quel livre ?
- En principe, on peut traduire "n'importe quel" livre - mais il vaut mieux ne pas le faire !!!
Emmanuelle : Quel est le véritable sens du mot allright qu'on retrouve si souvent dans La Chaîne d'or et dans différents contextes?
- Allright veut dire "d'accord, bon, entendu". C'est en italiques parce que c'est dans un langue étrangère. ici en anglais, mais ce serait pareil si c'était de l'anglais ou de l'espagnol.

Emmanuelle : Quel est l'intérêt d'avoir partagé la fin du livre en “sections” qui n'ont plus rien à voir (ou peu) avec le reste de l'histoire ? Et cela alors que le récit principal se trouve au début du livre ?

- Je ne suis pas très sûr de comprendre ta question : dans La chaîne d'or, j'ai regroupé trois livres différents, à la demande de la veuve de l'auteur, parce qu'ils sont liés par le fil (assez mince, c'est vrai) de la survie des naufragés et, en fin de compte, du seul Kalle. Mais la "subdivision" n'est pas de moi. C'est l'auteur qui l'a voulue et qui a fait paraître cela dans trois volumes différents, sans doute parce qu'il avait du mal à écrire un seul gros livre à la fois (il était très malade de la tuberculose) et puis il a tenu à donner un caractère littéraire différent à chaque partie. Il était alors assez normal que ce soit un livre différent. De toute façon, toutes les "subdivisions" de ce volume, de quelque nature qu'elles soient (le terme de "section" ne figure que dans Des hommes, des camarades), sont de l'auteur et non de moi. Le traducteur n'a pas le droit de faire cela. Est-ce que cela répond à ta question ?
Emmanuelle : Oui

Athanaël : Y a-t-il des passages intraduisibles que vous avez dû passer ?
- Non, je n'ai sauté aucun passage, même si certains étaient très difficiles. Cela ne m'est arrivé que dans un livre de Harry Martinson, où il y avait des ritournelles et des jeux de mots sur les rivières suédoises qui étaient en effet intraduisibles mais sans grande importance, heureusement.

Athanaël : Avez-vous été obligé de modifier le sens de certains poèmes pour les traduire plus facilement ?
- Je crois n'avoir modifié le sens d'aucun de ces poèmes, j'ai en tout cas essayé de ne pas le faire. Mais le traducteur n'est jamais sûr de lui. Les poèmes qui me semblaient trop difficiles à rendre en français, je ne les ai pas traduits ou du moins pas fait figurer dans le livre (car j'ai essayé de traduire certains et constaté que j'échouais).
Athanaël : Les jeux de mots ont-ils le même sens dans la version de langue suédoise que dans la version traduite ?
- Bonne question : en principe oui, mais il faudrait que tu me dises lesquels car il m'arrive parfois de "sauter" un jeu de mots intraduisible ou de le remplacer par un autre. Je ne crois pas que ce soit le cas dans ce livre pour la raison que je mentionne dans ma réponse à ta question précédente, mais il faudrait vérifier.
Aurélie : Est-ce que vous qualifieriez votre métier de passion ?
- Tu as très bien compris. Oui, la traduction est pour moi une passion, plutôt qu’un métier (je n’ai pas été formé pour cela et ce n’est pas ce qui m’a fait gagner ma vie). Il ne peut pas en être autrement, quand on essaie de faire connaître des livres qu’on aime et qui ne se vendent pas aussi facilement que… Harry Potter, par exemple.
Aurélie : Combien de livres avez-vous traduits, environ ? Et lequel vous a le plus marqué ?
- Combien de livres ? Il y en a 110 qui ont été publiés (comme je traduis depuis près de trente ans, cela fait quatre en moyenne par an). Mais il y en a des gros et des petits. En plus, il y en a une dizaine qui sont en attente de parution, une demi-douzaine qui ne paraîtront jamais, et une trentaine d’articles, nouvelles, poèmes, chansons etc. qui sont parus dans des revues, des pochettes de disques etc. Au total, cela fait environ 150 « textes » d’une nature ou d’une autre. La très grande majorité du suédois, quelques-uns du danois et un seul du norvégien.
Tu sais qu’on dit qu’on ne choisit pas entre ses enfants. Or, tous ces livres sont un peu mes enfants (intellectuels, au moins), je n’ai donc pas envie de choisir entre eux. Je vais quand même répondre un peu à ta question en te disant que si tu veux savoir lesquels j’ai eu le plus de plaisir à traduire, c’est La Draisine et Long John Silver ; ceux que je suis le plus fier d’avoir traduit, c’est Les Hommes de l’Emeraude et Aniara ; celui qui a été le plus utile, c’est le plus… petit (il ne fait que 20 pages), il s’appelle Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, car il a fait beaucoup pour son auteur (Stig Dagerman) en France. Si c’est celui qui m’en a le plus appris sur la traduction, c’est un poème qui s’intitule Voyez cet enfant. Tu vois qu’il y a plusieurs réponses possibles.
Aurélie : Que préférez-vous traduire ?
- Ce que je préfère traduire, c’est le théâtre, car c’est du dialogue et je trouve cela très agréable et assez facile. C’est aussi extrêmement difficile à faire éditer, hélas. C’est pourquoi je traduis surtout des romans, parfois aussi des essais et un peu de poésie.
Aurélie : Y a-t-il une grande différence entre traduire des poèmes et traduire un roman, ou un récit, comme La Chaîne d'or ?
-Oui, il y a une différence entre la traduction de la prose et celle de la poésie. C’est assez difficile à expliquer en termes simples, mais disons que quand tu traduis de la prose tu dois être assez rigoureux, mais tu as du temps et de l’espace, tu peux « expliquer » un peu, trouver des périphrases pour ce que tu as du mal à formuler. En poésie, tu ne peux pas faire cela, il faut être bref, expressif. Mais tu as d’autres moyens de défense : les sons, les rythmes, les rimes, les licences poétiques (c’est-à-dire des façons de s’exprimer qui ne sont pas très « normales » mais qui sont acceptées parce que c’est de la poésie). Tu peux aussi traduire de façon plus décousue, c’est-à-dire un vers par-ci et un autre par-là. En prose tu es obligé d’être beaucoup plus logique et de prendre les choses à la file. En poésie, tu peux laisser un détail de côté, y revenir, et tu as parfois une inspiration soudaine alors que tu penses à autre chose. La façon de travailler est donc différente, même si les problèmes à résoudre sont bien sûr un peu les mêmes.
Aurélie : Vous pourriez préciser la réponse que vous avez faite à Estelle sur la traduction ?
- Comment se passe une traduction ?
Aurélie : Oui…
-C’est assez long et compliqué. On commence par lire le texte et y réfléchir. Ensuite, on fait (du moins c’est ainsi que je procède) un « premier jet » - un brouillon, si tu veux – dans lequel on laisse parfois des blancs (quand on ne sait pas quoi mettre) ou au contraire plusieurs mots entre lesquels on ne sait pas encore lequel choisir (c’est parfois la suite du livre qui permettra de faire ce choix). Une fois que c’est terminé, on revient au début et on « creuse » un peu (avec les dictionnaires français, en particulier), pour vérifier le sens des mots, trouver des synonymes, des solutions aux difficultés. Puis on revient encore une fois sur tout le texte et on essaie de le lire comme s’il s’agissait d’un livre français, en se demandant si c’est correct et bien formulé. Mais il arrive qu’on revienne ensuite une quatrième ou cinquième fois, sur les passages les plus difficiles ou sur ceux à propos desquels il faut consulter de la documentation ou trouver des gens qui connaissent la solution (surtout pour le vocabulaire technique). Et je ne parle pas du plus difficile : trouver un éditeur (quand on n’a pas obtenu un contrat qui vous passe commande de ce travail). On travaille maintenant sur ordinateur (et non pas par ordinateur – car ce n’est pas lui qui fait le travail), mais c’est long, compliqué, difficile. C’est pour cela que c’est intéressant.
Aurélie : Comment s'est fait le choix des poèmes dans Je suis des milliers ? Ce choix s'est-il fait par rapport à des sujets vous touchant personnellement, qui se rapprochent de votre vie, de vos expériences, ou bien, plutôt, avez-vous voulu prendre des sujets moins personnels, plus généraux ?
- Les poèmes de Je suis des milliers, je les ai choisis surtout en fonction de mes capacités de traducteur : c’est-à-dire que je n’ai gardé que ceux que j’ai eu le sentiment d’être capable de traduire. Car il y en avait beaucoup d’autres. Il y en a aussi eu que j’ai essayé de traduire mais que j’ai abandonnés. Et naturellement, j’ai aussi choisi entre ceux qui me plaisaient le plus et ceux qui me plaisaient moins. C’est un travail très « subjectif » - je veux dire par là que quelqu’un d’autre aurait fait d’autres choix. Mais j’étais libre, alors j’en ai profité. J’ai cependant le sentiment d’avoir traduit la plupart des poèmes les plus importants de l’auteur.
Aurélie : Avez-vous essayé de montrer tous les styles de Kjellgren poète, ou bien cette préoccupation a-t-elle été absente de votre choix ?
- Oui, j’ai essayé de montrer tous les « styles » de l’auteur – ou la plupart, du moins. Mais c’est au lecteur - comme toi - de dire s’il trouve différents « styles » dans ces poèmes.

Cet entretien avec Philippe Bouquet s'est déroulé épistolairement en avril et mai 2006 – Enseignant de la classe Philippe Geneste

 

 

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En Chantier n°7 : Evaluation d'un document trouvé sur Internet

 

 
 

Pour trier l'information trouvée sur internet


Evaluation d’un document trouvé sur Internet

Au minimum, répondre à 3 des questions suivantes :

Le site est-il fiable ?

L'information est-elle intéressante ?
Est-ce bien ce que je cherchais ?


Qui est l'auteur du document ?

L'auteur est-il identifié ? Peut-on le contacter ?
Est-ce un spécialiste du domaine ?
S'exprime-t-il au nom d'une institution ? A titre personnel ?


Quelle est la nature du site ?

S'agit-il s'un site institutionnel ? d'un site associatif ? d'un site commercial ?
Sa compétence sur le sujet et/ou sa fiabilité sont-elles reconnues ?
Pointe-il vers des sites fiables ? Les sites fiables pointent-ils vers lui ?


Quelle est la pertinence des informations ?

Est-ce bien le type d'informations dont j'ai besoin ?
Le niveau des informations est-il adapté ?
Est-il suffisamment simple ou au contraire suffisamment approfondi ?


Quel est l'intérêt du document ?

Le document est-il vraiment intéressant ? Qu'apporte-t-il de nouveau ?


D'où provient l'information ?

S'agit-il d'un site français ?
S'agit-il d'un site francophone ? européen ? autre ?


Quels sont les objectifs ?

Dans quel but le document a-t-il été réalisé ? Quel est le public visé ?
Quels sont les objectifs du site ? Quel est le public visé ?


Comment se présente le document ?

L'information est-elle rédigée clairement ?
Le document est-il bien structuré ?
Les sources sont-elles bien indiquées?

par Sabine Kuenzi Professeure documentaliste CDI du Lycée E. Faure de Morteau (Doubs)

 

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En Chantier n°7 : Fabrication d'affiches : quelques trucs

 

 


Et l’organisation matérielle ?



Nous avons demandé à Max Thiébaud quelques précisions sur la façon dont les panneaux ont été fabriqués.



Les problèmes matériels sont très importants.

- Le support : des feuilles de carton compact de format 80x60 cm. Ce sont des feuilles de carton 80x120 cm que je fais couper en deux directement à la cartonnerie proche de chez moi. C'est très pratique et j'en achète en grandes quantités pour le lycée car cela sert finalement à tout le monde. Conseil : chercher dans sa région la société de cartonnages la plus proche et se faire livrer directement. Passer par un papetier me semble trop coûteux.

- La rédaction et le tirage des éléments des panneaux : chaque élève crée au lycée un dossier informatique dans le dossier de sa classe dans lequel il range ses fichiers. Quels sont ces fichiers ? Il y a au moins trois fichiers image (pas trop petits en taille, supérieurs à 200 ko est bien ), un fichier titre, des fichiers des différentes parties du panneau. Autour de quelques consignes (nombre de parties, nombre d'images, tailles des caractères), l'élève est assez libre.

- La charte graphique est un choix collectif décidé en cours d'arts appliqués par l'enseignant et les élèves : un quart de cercle dans un coin du panneau, des cercles de différentes tailles, trois choix de couleurs, etc.

- L'impression est faite par les enseignants : en un petit mercredi après midi, c'est fait ! Nous réalisons cette impression nous-mêmes car il n'y a qu'un seul poste informatique pédagogique connecté à l'imprimante laser du lycée, sinon tous est envisageable, il y nécessité cruelle de s'adapter au conditions particulières de chaque équipe pédagogique.

- La fabrication : chaque élève arrive et prend possession de ses fichiers imprimés, il découpe son (ou ses) cercle, quart de cercle, etc. dans du Canson de couleurs format raisin - 50X65cm- (ou plus grand !). Pour encoller, l'astuce est d'acheter une fine bâche de protection des sols et de la fixer verticalement sur un mur. Ce sera le lieu commun d'encollage : l'élève tient bras tendu contre la bâche le morceau à encoller. La colle est en bombes (une dizaine et c'est cher) : la marque 3M Repositionnable est très bien car on peut positionner, enlever et remettre pendant un temps assez long. La salle dans laquelle se réalise cette fabrication est ensuite à nettoyer de A à Z (deux heures de travail, un prof et trois élèves !)

Max Thiébaud
Contact : max.thiebaud[arobase]free.fr

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En Chantier n°7 : Galerie d’affiches-portraits de savants

 

 
 

En 2007-2008, une classe de 2de BEP du lycée E. Faure de Morteau (Doubs) a réalisé avec une équipe d’enseignants (de maths, physiques, documentation, français, histoire-géographie) 21 affiches qui font le portrait d’un savant.

Ce travail a été mené tout au long de l’année. Au départ, les élèves tirent au sort le nom d’un savant et doivent suivre une méthodologie et un échéancier précis (voir document sur les étapes de la recherche documentaire en annexe) pour réaliser un panneau présenté ensuite aux professeurs et exposé ensuite à tout le public du lycée.

En voici deux :


Edward Jenner (1749-1823) médecin



Edward Jenner vivait en Angleterre au XVIIIème siècle, siècle que l’on appelle « le siècle des Lumières». Cette période est appelée ainsi à cause des importantes transformations philosophiques et politiques. C’est dans ces années-là que la démocratie fut proclamée dans toute l’Europe.

On ne sait pas vraiment dans quel milieu social Edward Jenner a vécu mais l’on sait qu’il avait une famille assez aisée puisqu’il a fait ses études de chirurgie près de Bristol. Après neuf ans d’études, il part à Londres pour apprendre davantage l’anatomie. Ce sont donc surtout ses études qui lui ont permis d’aboutir à ses recherches.

A Londres, Edward Jenner devient l’élève de John Hunter, un grand chirurgien de l’époque, qui lui enseigne l’anatomie et la chirurgie. A la fin de ses études, il décide de retourner dans sa ville natale pour devenir médecin de campagne.

Plus tard, il va se pencher sur un sujet qui va « révolutionner » le monde de la médecine. Il va s’intéresser à la variole qui est une maladie parfois mortelle et qui est très présente dans le monde entier à cette époque.

Edward se demande alors s’il ne peut pas trouver un moyen de soigner les gens atteints de la variole.

Il entend dire que les villageois vivant à proximité des vaches, attrapaient une maladie quasi semblable à la variole : la vaccine. Ces villageois ne souffraient pas de la maladie de la variole.

Il injecta alors du pus d’une pustule de vaccine à un jeune garçon. Le garçon contracta la maladie mais n’attrapa pas la variole. C’est depuis ce temps-là que cette façon d’immuniser les humains contre la variole s’appelle la vaccination.

Les pouvoirs publics approuvent la vaccination et elle est utilisée dans toute l’Europe. Pasteur prit la relève avec une technique un peu plus moderne, et cette maladie fut totalement éradiquée de notre planète dans les années 70.

 
Francis Crick (1916-2004) et James Watson (1928-) physiciens


Crick et Watson : leur travail passé à l’époque inaperçu, est aujourd’hui reconnu comme « une des plus grandes découvertes scientifiques de tous les temps ». C’est en effet grâce à eux que l’on sait que le patrimoine génétique humain repose sur 23 paires de chromosomes. L’Américain James Watson, dont les déclarations racistes au Sunday Times ont soulevé un tollé*, est le co-découvreur il y a 54 ans avec le Britannique Francis Crick de la structure en double hélice de l’ADN, qui leur a valu le prix Nobel en 1962.

Les deux personnages vivent dans un milieu particulièrement normal mais pendant leur carrière, ils virent une guerre mondiale, un développement économique important et une modernisation extraordinaire au niveau de la science et dans plein de milieux. Ce contexte les a beaucoup aidés dans leurs recherches.

Ces deux savants ont en effet découvert le secret de la vie : la structure de l’ADN, car l’ADN, lui avait été découvert depuis longtemps. C’est grâce à eux que l’on sait la cause de la trisomie (trois paires de chromosomes à la paire 21). L’ADN est en fait une longue hélice formée d’acide désoxyribonucléique (ADN). Il est composé de quatre lettres (ou bases) de l’alphabet génétique dont les séquences forment des mots compréhensibles pour la machine cellulaire. Cet énorme manuel d’instruction comporte 3,5 milliards de lettres qui s’enchaînent le long de la molécule de l’ADN, des gènes, donnent des ordres effectifs. Si l’ensemble de ces lettres était imprimé, il formerait 3500 volumes de 500 pages. Le corps de l’homme compte moins de 30000 gènes, de taille très variable, qui lui permettent de vivre et de se reproduire.

*Watson a en effet déclaré en 2007 : « toutes nos politiques d'aide sont fondées sur le fait que leur intelligence [celles des Africains] est la même que la nôtre [Occidentaux, ndlr] alors que tous les tests disent que ce n'est pas vraiment le cas». Il a tenu des propos similaires sur les femmes. Comme quoi être chimiste nobélisé ne préserve pas de la bêtise…


Voici ce qu’en dit Max Thiébaud un des enseignants qui a initié et accompagné ce travail.

Le travail mené sur les savants est pour notre équipe assez banale. Elle vient après une exposition beaucoup plus ambitieuse sur la neige (à disposition gratuite pour les établissements scolaires au "pavillon des sciences" à Montbéliard). Le pourquoi : les raisons sont assez « freinetistes » : apprentissage de l'autonomie (recherche documentaire, respect des échéances, etc.), liberté relative d'expression, produit final concret motivant, etc. La classe impliquée est une classe d'élèves ayant une mauvaise opinion de leurs capacités : le projet a permis de modifier cette opinion.
Les élèves en général passent par trois stades : le premier est enthousiaste de faire enfin autre chose que des cours, le deuxième est plus difficile car la recherche documentaire, l'écriture, la réécriture, l'outil informatique, la création de la charte graphique peuvent être problématiques. Le troisième, c'est un peu la fête, la réalisation des panneaux dure deux heures et les élèves sont en général fiers de leur travail.
Le travail a été exposé dans le hall de l'établissement durant un trimestre, pour le plus grand plaisir des élèves qui l'ont réalisé. J'ai appris que des collègues de seconde (histoire-géo) ont exploité ce travail avec leurs classes, les élèves préparant des exposés (TPE, ..) s'en inspirent : l'objectif d'utilisation par d'autres est donc atteint.


Quelques outils pour mener à bien ce projet d'affiches :
- des fiches distribuées aux élèves : les étapes de la recherche documentaire, l'évaluation d'un document trouvé sur Internet
- l'organisation matérielle

 

 

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En Chantier n°7 : Les étapes de la recherche documentaire

 

 
 

Voici une fiche de travail remise aux élèves pour accompagner la réalisation d'affiches sur des savants.


Les étapes de la recherche documentaire

1ère étape : Définir le sujet


Pour vous, c’est déjà fait, vous devez rechercher des informations sur un savant et ses principales découvertes.

2ème étape : Définir les termes de la recherche


A l’aide d’un dictionnaire, vous rechercherez les premières informations biographiques sur le savant et vous les recopierez (dates de naissance et de mort, pays, recherches…).
Vous relèverez également les définitions des termes scientifiques que vous avez soulignés.

Exemple :
Claude Lorius
Glaciologue français, il a participé à de nombreuses expéditions dans l’Antarctique. Ses travaux, portant sur l’analyse des bulles d’air emprisonnées dans les glaces polaires, ont fait progresser la paléoclimatologie.

Glaciologue, Antarctique, bulle d’air et paléoclimatologie sont à rechercher.

3ème étape : Rechercher dans des documents validés

Avant d’aller sur Internet, vous tenterez de trouver des informations dans des livres et des revues. Ces sont des informations sûres. Les ressources du CDI vous permettront de recueillir ce que vous souhaitez.

4ème étape : Compléter les recherches sur Internet

Il vous manque des éléments, des images… vous pouvez aller sur Internet. Mais attention, suivez scrupuleusement la fiche « Evaluation d’un document issu d’Internet » (dans le même numéro). En cas de doute sur la fiabilité d’un site, faites appel à un des professeurs.

 

 

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En Chantier n°7 : Un blog en cours de philo

 

 
 

Un blog en cours de philo


En novembre 2008, j’ai ouvert Surlefil un blog de philosophie pour mes classes. J’ai pensé que cela permettrait de travailler et de poursuivre le cours autrement. Le blog offre l’avantage de rendre visible les productions des élèves, il leur permet ainsi d’échanger leurs idées non seulement à l’oral comme ils le font pendant les cours mais aussi à l’écrit car chacun peut aller lire ce que les autres ont écrit et écrire à son tour. Ce blog est par ailleurs en lien avec un site de textes d’auteurs : Philomène réalisé par Jean-Claude Pomès qui travaille pour la partie informatique de l’ICEM (association informaticem). Philomène est une base de données qui regroupe des textes d’écrivains ou de philosophes, on peut y accéder grâce à un classement par mots clés, auteurs et titres.


Dessin de Mélina sur le mythe de la caverne


La finalité du blog
Donner à lire les textes libres des élèves.
La plupart des blogs philo que j’ai pu consulter proposent en ligne les cours du professeur qui peut, par les commentaires, entrer en discussion avec ses élèves ou avec des internautes. Mais ici l’idée est assez différente, il s’agit d’utiliser le blog comme un espace d’expression pour les élèves. Chacun possède, pour le cours de philosophie, son cahier de textes libres dans lequel il écrit ses réflexions sur les sujets de son choix et qu’il me remet quand il le souhaite. Le seul critère étant qu’il pense que son texte est philosophique et qu’il puisse le justifier. A ma grande surprise et alors qu’il n’y a pas d’échéance et que ces textes ne sont pas notés, je reçois régulièrement leurs écrits (il faut dire que cette année j’ai la chance d’avoir des classes particulièrement intéressées et intéressantes). Lorsqu’un texte me semble pouvoir être partagé avec le reste de la classe car il est en relation avec une question que nous avons abordée en cours, il clarifie des distinctions entre des concepts, ou peut être mis en lien avec un texte de philosophe ou d’écrivain que nous étudions, je propose de le mettre en ligne avec l’accord de son auteur. Lors du cours suivant j’annonce que le texte de cet élève sur tel sujet est lisible sur le blog. J’en fais la publicité pendant quelques minutes en veillant à ménager un petit suspens qui pourrait éveiller la curiosité. Certains élèves me demandent aussi parfois expressément de pouvoir déposer des textes sur des questions d’actualité qui leur tiennent à cœur.
Donner à lire des comptes rendus de débats
Et cela tout particulièrement pour les classes qui ont des difficultés à l’oral ou sont plutôt à la marge dans le lycée parce que victimes du système de sélection. Des élèves de lycée professionnel (classes de comptabilité et de secrétariat) ont eu des débats approfondis sur la liberté et sur l’amour. Les élèves de Terminale ES, plus valorisés dans leur parcours scolaire, ont pu aller lire avec profit les comptes rendus de ces débats. Ils y ont ajouté quelques commentaires.





La scolarité et les notes


Un texte libre d'Elodie, élève de TS1

En France comme dans de nombreux autres pays, le système scolaire repose sur un ensemble d'appréciations et de notations du travail écrit de chaque élève, censé permettre à celui-ci d'enrichir encore davantage ses connaissances Cependant quel rapport un élève entretient-il avec ses notes ? Est-il en accord avec ce système qui lui est imposé ?
Il est vrai que l'enfant étant
bercé dès sa plus tendre enfance par ce système, accorde un certain attachement à ses notes. Elles sont pour lui un but à atteindre pour réussir.
L'élève semble encouragé par sa note lorsqu'elle est bonne, il prend confiance en lui et réalise qu'il est doté de certaines capacités qu'il peut exploiter encore davantage. Les notes représentent alors un certain prestige qui lui donne accès à un statut vis-à-vis des autres élèves. L'enfant accède ainsi à une notoriété, et est fier d'exprimer sa réussite scolaire. De plus, lorsqu'un élève réalise que ses notes s'avèrent être plus élevées que ce qu'il pensait, sa personnalité se développe, et une certaine ambition apparaît dans son regard. On constate ainsi qu'une volonté de donner le meilleur de soi-même et d'accéder aux écoles les plus prestigieuses se crée chez l'élève qui exploite au maximum ses capacités.

Cependant chaque élève n'est pas doté des mêmes capacités, certains ont davantage de difficultés par rapport à d'autres. En effet, certains élèves possèdent d'importantes facilités contrairement à d'autres pour qui le travail demandera davantage d'efforts et de sérieux.
Ainsi les élèves n'obtiendront pas tous de bons résultats scolaires et la note accentuera les inégalités. En effet la note divisera les élèves avec d'une part les élèves en difficulté qui seront plus facilement mis à l'écart et oublié dans un système où seules les notes donnent accès à une poursuite de l'enseignement et une certaine réussite. D'autre part, les élèves plutôt doués seront davantage favorisés avec l'accès à d'importantes bourses de manière à les encourager encore davantage En ce sens, la note est créatrice de nouvelles inégalités au sein de l'école.
De plus la note semble s'opposer aux effets souhaités par la création de l'école. En effet le but premier de l'école est d'encourager un enfant à enrichir sa culture et ses connaissances et de l'aider à développer et ouvrir sa vision sur le monde qui l'entoure. Or la note d'un élève s'oppose au
terme d' « encouragement», et d' « aide ». En effet, lorsque celle-ci s'avère mauvaise, la note pousse les élèves dans le désarroi et telle une bombe arrivée par surprise dans leurs mains, explose et détruit la motivation. Cela a pour conséquence une baisse d'attention de leur part durant les cours, un découragement et après l'accumulation de diverses bombes, l'entrée de l'élève dans un cercle vicieux. Ainsi l'élève découragé a davantage de difficultés à s'intéresser aux matières qui lui sont enseignées, il apprend moins ses leçons ses notes plongent et tel un bateau qui part à la dérive, il connaît de grandes difficultés pour revenir à terre, et se laisse entraîner par ce dangereux courant. En ce sens, la note agit sur l'élève et entraîne d'importantes répercussions sur son moral.
Cependant un élève avec de grandes difficultés, doit -il comme l'exigent ses résultats scolaires, être privé d'un accès aux études supérieures ? La scolarité d'un enfant ne devrait pas seulement dépendre de ces notes car celles-ci ne révèlent pas complètement l'élève qui se cache derrière ce travail, et si l'on veut bien en croire les entretiens pour accéder à certains BTS ou DUT, la personnalité d'un élè
ve n'est pas à négliger. En effet de très bonnes notes peuvent révéler une aisance dans la matière enseignée sans que l'élève n'attache une grande importance à l'enseignement qui lui est dispensé alors que de mauvaises notes peuvent au contraire appartenir à un élève sérieux qui redouble d'efforts pour obtenir de meilleurs résultats. Ainsi cet élève aurait davantage le mérite d'accéder à un niveau supérieur contrairement au premier évoqué. Dans ce cas-là, outre le fait d'accroître les inégalités au sein de l'école, la note ne valorise pas davantage le travail supplémentaire de certains élèves pour surmonter leurs difficultés et le sérieux intérêt qu'ils peuvent avoir à l'enseignement qui leur est proposé.
En ce sens, dans ce système, l'importance accordée aux notes et aux résultats scolaires est grande, voire trop grande, car prioritaire face à d'autres élémen
ts tel que la personnalité qui semble être tout aussi importante. Ainsi les établissements dans l'attente de bons résultats scolaires, jugent leurs élèves de la même manière qu'une entreprise se doit de juger ses salariés, c'est-à-dire à sa productivité de bonnes notes, jusqu'à calculer même parfois ses taux de réussite face aux autres écoles concurrentes. Pourtant il semble que cette productivité ne soit pas obligatoire. D'autres pays, comme la Suède ou la Finlande reposent sur un système sans notation, et il s'avère que les résultats sont concluants, voire meilleurs qu'en France. Il semble de ce fait possible pour un élève de recevoir un enseignement sans être constamment contrôlé sur son savoir et ses connaissances.
De plus grâce à cette forme d'enseignement, l'élève acquiert une certaine autonomie, et voit en l'école une chance accessible à tous et non un établissement rempli de différentes embûches à parcourir et d'où ne ressort qu'une minorité.


Le blog sert aussi de complément de cours.
En classe, il n’est pas toujours possible d’approfondir l’histoire des idées. Par exemple un élève parle de l’incapacité de sortir de la logique aliénante du travail, cela me fait penser à un texte de Nietzsche, je l’évoque et j’indique que ce texte sera déposé sur Philomène avec un commentaire sur le blog. Je préfère ajouter des précisions sur un auteur dans le blog, plutôt que de consacrer les heures de cours à faire des exposés magistraux sur la pensée de tel ou tel auteur.
Le blog permet aussi de valoriser les dessins des élèves, ceux qu’ils font pour se concentrer ou se distraire pendant les cours… ceux qu’ils font à propos d’un texte étudié (mythe de la caverne).

Je dépose aussi les bons passages de leurs commentaires ou de leur dissertation.
Pour les corrigés de dissertation j’ai remarqué que lorsque je les rédigeais moi-même les élèves ne les lisaient pas, cela parfois les décourageait. Je préfère donc m’appuyer sur les bons passages de leurs copies (en veillant à ne pas prendre en exemple toujours les mêmes élèves). Nous commentons ensemble ces extraits nous leur apportons éventuellement quelques corrections, puis je les dépose sur le site. J’ai déposé aussi quelques corrigés dont je suis l’auteure et qu’ils peuvent ainsi consulter ou non.
Enfin le blog permet de mettre en lien leurs textes libres avec des textes d’auteurs grâce au site Philomène. Lorsqu’un élève aborde dans un texte libre, une idée qui peut être complétée par celle d’un écrivain ou d’un philosophe, je la mets en lien avec une page que je dépose dans Philomène. Des liens sont ainsi établis entre les deux sites.

Comment faire vivre le blog ?
Pour faire vivre ce blog qui en est à ses balbutiements, j'en parle souvent en cours. Dès que j'ai déposé un texte qu'un élève m'a envoyé, j'y fais référence. Je dis par exemple lorsque nous parlons de la différence entre sincérité et vérité qu’on peut lire le texte d'Elise mais qu'on ne va pas en parler en cours pour l'instant. Quand il y a un sujet de dissertation à préparer, je leur conseille d’aller lire un texte d’élève qui pourra leur donner des idées. J’essaie aussi d’établir des liens entre les élèves des différentes classes.
Parfois avec le vidéo projecteur je montre le blog en classe et les liens avec Philomène car les élèves vont difficilement consulter ces textes d’auteurs.


Compte-rendu d’un débat philo :


Qu’est-ce que l’amour ?

Parmi les nombreux sujets qu'ils avaient choisis, les lycéens de Bac professionnel ont décidé de s'interroger sur l'amour.
Ils ont distingué différentes formes d'amour pour se demander si dans tous les cas on parle bien de la même chose :
- L'amour dans la famille
- L'amour de Dieu
- L'amour des magasins
- L'amour/amitié
- L'amour quand on est amoureux
- L'amour de soi-même
- L'amour de la nature
- L'amour du peuple
Ci-contre un dessin d'Emilie pendant le cours de philo

Parmi ces formes d'amour les élèves se sont accordés pour dire que dans les cas de l'amour des magasins et de l'amour de la nature on ne peut parler d'amour au sens strict car celui-ci suppose la possibilité d'une réciprocité. Quand on aime, on s'attend à ce que celui qu'on aime nous aime en retour même si ce n'est pas toujours le cas.
Puis les élèves ont essayé de distinguer l'amour familial de l'amour qu'on ressent dans la passion amoureuse. Marion qui a un bébé de 8 mois a dit que l'amour pour un enfant se construit : tous les jours on découvre quelque chose de nouveau dans le rapport avec son enfant. Cet amour se construit donc avec le temps. Lorsqu'on est amoureux c'est différent, on peut avoir un coup de foudre et l'on n'a rien besoin de construire pour cela. Avec le temps cette passion née brusquement peut même disparaître. Donc dans un cas et dans l'autre ce n'est pas le même rap

port au temps.
Les élèves se sont ensuite demandé si on peut aimer plusieurs personnes. Plusieurs personnes dans sa vie ou plusieurs personnes à la fois ? Certains ont reconnu qu'on peut aimer plusieurs personnes dans sa vie. Mais d'autres ont dit que même si on n’aime plusieurs personnes, on ne connaît qu'un seul grand amour.
Puis la discussion a conduit les lycéens à se demander si on apprend à aimer.
Leslie : on apprend des connaissances mais pas des sentiments. Les sentimen
ts ça vient tout seul sans qu'on ait besoin de leçon pour cela.
Margaux : on n'apprend pas à aimer mais on apprend à connaître la personne qu'on aime.
Donc il y a bien un lien entre amour et apprentissage.
Mélanie : on apprend non seulement à connaître l'autre dans l'amour mais aussi soi-même.
Elodie : apprendre qui on est, est plus difficile qu'apprendre qui est l'autre. Apprendre sur soi demande de s'accepter, de ne pas se mentir, de se remettre aussi en question.
Margaux : mais apprendre par l'amour qui est l'autre est frustrant aussi car il
ne correspond pas à ce qu'on avait imaginé.
Adem : on découvre que la personne qu'on aime n'est pas comme nous. Elle ne partage pas tous nos goûts, elle n'est pas comme on imaginait. Alors pour la connaître il faut découvrir ce qu'elle aime.
Leslie : oui, et c'est une richesse parce qu'on peut aussi se mettre à aimer ce qu'elle aime, on découvre de nouvelles choses.

Dorothée : mais ce n'est pas seulement une question de goût. On pensait que la personne dont on était amoureux était gentille mais on se rend compte de son caractère.
Marion : on est toujours déçu parce que dans l'amour on cherche la perfection.
Anaïs : pourtant tout le monde sait bien que personne n'est parfait !
Margaux : oui mais c'est ça l'amour, on cherche ce qui est parfait et on idéalise.
Marion : on voit toujours l'autre un peu mieux qu'il n'est.

Il y avait encore beaucoup de choses à dire mais les élèves ont dû s'arrêter....alors, qui que vous soyez, si vous avez des idées à ajouter dans les commentaires... à vos claviers.
Peut-on aimer plusieurs personnes à la fois ?
Peut-on aimer sans idéaliser ?


Idéaliser et rêver d'une personne est-ce la même chose ?
Pourquoi aime-t-on idéaliser ?
Aime-t-on qu'une personne nous idéalise ?

Laurence Bouchet
 

 

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
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