CréAtions N° 114 - ArTissages - nov-déc 2004

Novembre 2004

 


CréAtions N° 114 -   ArTissages

novembre-décembre 2004

Sommaire

Ont participé à l’élaboration de ce numéro : Nicole BIZIEAU ; Simone CIXOUS ; Agnès JOYEUX ; Sarah LOYAL ; Hervé NUNEZ ; Jeannette ROUDIER

Photographies : Jacqueline BENAIS ; Nicole BIZIEAU ; Michelle BONNETAIN ; Daniel CHAZELAS ; Françoise LECHEVALIER ; Maud LECHOPIER ; Danielle MALTRET ; Corinne MARLOT ; Hervé NUNEZ ; Adam RZEPKA ; Dominique TIBERI ; Françoise VASSOR

 

 
Titre et chapeau
Niveau classe
thème
Techniques utilisées
artiste
  Le tissage, image de la complexité  

édito

   
  Les métiers du tissage Maternelle Pour gérer les temps de travail intermédiaires  tissage  

Univers miniatures, paroles, gestes et matériaux tissés Ecole maternelle Tisser ensemble nos univers pour penser le monde autrement
écriture, volumes par assemblage
 
 
 
Odon ou la couleur tressée
 
     tissage Guy Haudouin dit Odon, artiste

 

Et si nous faisions un défilé de mode ? Ecole maternelle

Créations audacieuses en relation avec la tradition du patrimoine textile d’une région de tissage - Mode

graphisme, tissage,
volume

 

 

Bistanclaque-pan ! ou "le bruit du tissage"
élémentaire: CM1-CM2

“ Je suis les liens que je tisse ” Albert Jacquard

 

tissage

 

Une pratique, un outil
“ Levée de blocs ”
Elémentaire
CP/CE
Pour échanger rapidement sur les images dessin, présentation  
 

Marinette Cueco

  Pour une poétique de la matière, végétale ou minérale  tissage Marinette Cueco, artiste
 

Carte blanche   à la classe de CM1-CM2, Ecole Georges Lasserre, Talence    
  Le collège “sens” dessus dessous
collège Les objets et les matières vers la poésie encres,ombres,
installation, paille
stylisme

Nathalie Charmot, artiste

Sur le fil du réel maternelle: MS  La visite d'une exposition  tissage
 
  Carnet de bord 2
élémentaire: CM1-CM2  Carnet de bord enluminure, écriture,
photographie, collage, peinture
 

 

Je tisse ce que je peins, je peins ce que je tisse

primaire Entretien avec Nicole Bizieau
Quatre écoles sur les pas de M. Bonnetain
tissage Michelle Bonnetain, artiste
 

Bibliographie

 

       

 

 

Edito Créations n° 114 - Artissage

Novembre 2004

 

CréAtions, n° 114- ArTissages - novembre/décembre 2004 (Editions PEMF)

 

édito

 

Le tissage, image de la complexité

 

Artissage, le mot déroule à l’envi le fil de métaphores multiples qui, de la toile au texte, nous donnent à décrypter le livre du monde.
Le texte est épaisseur mille-feuille, “ pluralité stéréophonique des signifiants qui le tissent ”. “profondeur moirée des phrases”(1). Sa lecture est convocation de tous les langages qui s’y croisent.

Comme art premier, le tissage fait signe dans la symbolique des mythes dont les fils sont ceux du destin, des vivants, naissance et mort, entre les mains des Parques, du destin de Thésée, aux mains d’Ariane.

Tisser, c’est donner forme, tenir ensemble ce qui se présente comme discontinu, divers, dissemblable… comme le vivant dans sa complexité. Tenir le réel dans le langage, “ fixer des vertiges ” se faire “ voyant ”, écrit Rimbaud : dans ce travail de connaissances peintre et écrivain se rejoignent : la connaissance comme “ drôle de trame ” (2), pour laquelle chacun a à inventer son métier à tisser, mêler, démêler, nouer, entrelacer, tresser, donner sens au monde.

Artisanat et art se retrouvent à l’école du Bauhaus où le tissage a place entière dans la formation de créateurs d’objets nouveaux pour un homme nouveau, origine de l’utopie du design. Le métier à tisser, la technique doit être au service de la création de formes nouvelles, d’assemblages de matériaux, de couleurs inédits. La peinture de Paul Klee, enseignant la couleur au Bauhaus témoigne d’une sensibilité aux étoffes et à leurs motifs : imitation de tissages, de broderies, d’arabesques ; influence des ateliers de tissage de l’école : la toile n’est plus simple support textile pour le peintre mais devient matière de la peinture, le regard déborde le cadre.

Papiers collés cubistes, cadavres exquis surréalistes, assemblages de Schwitters ou de Dubuffet accompagnent ce débordement : la trame y perd ses limites et gagne profondeur, rythme et liberté nouveaux dans la recherche des formes.

Le peintre [est] affronté à sa toile comme l’écrivain à son texte qu’ils mettent éventuellement en pièces pour en faire l’un un tableau et l’autre un livre. ”(3)

Ainsi du travail de François Rouan : deux toiles, tressées conjointement, la toile devient matériau que l’artiste nomme “ masse lexicale ”, obtenue par “ le découpage, la lacération, l’arrachage, à quoi fait suite un patient travail de recomposition, de suturation ” (3) où interviennent tissage et tressage, opérations qui inscrivent dans le même temps épaisseur et profondeur à l’œuvre, un montré/caché qui déroute et interroge le regard.

Le pari de l’école “ républicaine ” était de “ faire tenir ensemble ” la diversité sociale et culturelle française. C’était le temps de la “ communale ”, puis du “ collège unique ” qui devaient inventer les outils nécessaires à la conscience collective pour s’éloigner, si ce n’est de l’élitisme et de la compétition, au moins du communautarisme. Mais la pratique n’a pas suivi l’ambition, en résultent les orientations actuelles qui tendent à nouveau à séparer et à morceler alors que la recherche en sciences de l’éducation comme la communauté scientifique, s’emploient à prôner la coopération et le tâtonnement expérimental dans l’énonciation d’une méthodologie pour appréhender le monde. Ainsi, Edgar Morin peut encore manifester que “ le découpage des disciplines rend incapable de saisir ce qui est tissé ensemble c'est-à-dire […] le complexe ”.

Et CréAtions de regretter plus spécifiquement avec Daniel Lagoutte (4) que les “ arts plastiques ” dont l’objectif était pourtant dès 1973 de “ concrétiser sa pensée en forme ” laissent à présent la place, comme un retour en arrière, à la diversification en “ activités artistiques et culturelles” dont l’idée d’“arts visuels” matérialise la régression.

Le prochain congrès de l’ICEM pédagogie Freinet se déroulera à Sophia-Antipolis près de Nice, du 19 au 22 août 2005. Ce lieu est une “ pépinière ” de la recherche, propédeutique en Europe lorsqu’il a été créé, car son promoteur, le sénateur Laffitte, ancien élève de Célestin Freinet, a voulu l’échange des différentes disciplines scientifiques, artistiques et culturelles, le passage d’une discipline à l’autre, leur “ tissage ” possible

Le thème de ce Congrès “ Appréhender la complexité du monde : cohérences de la Pédagogie Freinet ” confirme une telle orientation et CréAtions, en relation avec les autres secteurs et chantiers de l’ICEM, y prendra elle aussi sa place, ce que les articles de ce numéro s’efforcent déjà d’engager.


CréAtions

(1) Le grain de la voix, Roland Barthes, Ed. Seuil
(2)
Titre d’une expo à laquelle a participé Marinette Cueco
(3) Voyage à Laversine
, Hubert Damish, Ed. Seuil, 2004
(4) L’enseignement des arts plastiques
, revue Les sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle, vol 37, n°3 2004

 

sommaire Créations n° 114 Artissage

 Tissage

 

Les métiers du tissage

Novembre 2004

 

CréAtions n° 114 - ArTissages - novembre/décembre 2004 (Editions PEMF)

Classe de CP-CE1, Ecole maternelle, Hérouville St Clair (Calvados) – Enseignante Danielle Maltret

 

 

Les métiers du tissage

Pour gérer les temps de travail intermédiaires


Si j'ai introduit le tissage dans ma classe, c'est parce que je me suis essayée à cette activité. Je pense qu'elle recèle des apports et des apprentissages intéressants pour les enfants.

Le tissage comprend deux orientations : l'une ancestrale avec la fabrication du drap au point de toile, l'autre permettant de créer un «tableau» par le tissage. Dans ce dernier cas, un cadre succinct en bois, avec des fils de laine tendus en guise de chaîne, suffit pour travailler individuellement. Une baguette transversale permet de soulever un fil sur deux de la chaîne, ce mécanisme n'est applicable que sur une nappe.
Pour l'autre nappe, il faut soulever les fils avec les doigts. Ce tissage est facile à mettre en place, l'enfant peut y travailler en atelier ou le poursuivre au fil des jours, il peut rêver son évolution comme il le ferait dans un atelier de peinture.

 

 

 L'utilisation du métier à tisser requiert une attention suivie dans l'exécution : ordre des gestes, passage du fil en diagonale, régularité du point donné par le jeu des cadres. Le métier à tisser de table à quatre cadres permet un travail à deux : aide dans le geste, mémorisation de l'avancée du travail, discussion argumentée.Le tissage d'un tissu sur un métier à tisser est intéressant parce qu'il utilise les principes de base du tissage : croisement des fils de chaîne par les cadres, rôle du peigne, déroulement de la chaîne, avancée du tissu fabriqué.

 

 

 

Ces métiers à tisser étaient à disposition des enfants en classe, utilisables par ceux-ci, libérés de leur travail de base ou pendant les temps intermédiaires de l'école. L'inconvénient de cette utilisation fut le manque d'unité dans les productions, mais ce fut un lieu permanent d'échanges entre les enfants, un stimulant pour avancer dans son travail scolaire et être libéré. Et aussi, en permanence, une référence historique ou technique.

A l'occasion du « Bonjour du matin » quotidien : « Moi, c'est ma mamie qui a tricoté mon pull », on a pu, par exemple, comparer les matières des vêtements des enfants et comparer les tissus tricotés ou tissés.
C’est comme cela qu’une collection de morceaux de tissus fut commencée : toile, satin, écossais, gaze, pilou, serpillière ou double face…

Le tissage d'un tissu sur un métier à tisser est intéressant parce qu'il utilise les principes de base du tissage : croisement des fils de chaîne par les cadres, rôle du peigne, déroulement de la chaîne, avancée du tissu fabriqué.

                                                                               sommaire Créations n° 114 Artissage           

  tissage

 

Univers miniatures, paroles, gestes et matériaux tissés

Novembre 2004

 

CréAtions, n° 114- ArTissages
novembre/décembre 2004 (Editions PEMF)
Ecole maternelle Pasteur, Draguignan (Var) - Classe : MS/GS - Enseignantes : Maud Febvay et Corinne Marlot - Plasticienne, Stéphanie Ferrat

 


Univers miniatures
paroles, gestes et matériaux tissés

Tisser ensemble nos univers pour penser le monde autrement

 

Genèse du projet
L’enseignante, n’avait, à ce jour, jamais enseigné en classe maternelle… Quand elle a dû imaginer un projet possible pour une classe à PAC, en Arts Plastiques, elle est partie de ce qui pourrait être au carrefour de la rencontre entre l’école et de très jeunes enfants : le jeu qu’on laisse et qu’on reprend et les histoires ; celles qu’on se raconte et celles qu’on nous raconte.
Les jeunes enfants, naturellement, au cours de leurs jeux solitaires ou collectifs, utilisent divers objets, divers matériaux, apportés par le hasard ou délibérément choisis et précieusement collectés, classés, rangés.
Ces «trésors» font souvent l’objet de constructions éphémères qui sont alors autant d’univers et de mini scénarii. Ils sont d’autant plus précieux qu’ils demeurent secrets.
L’idée avait germé : il s’agira, en prenant le temps, tout le temps nécessaire, de faire exister dans la classe ces situations de construction d’univers miniatures en valorisant la parole qui les accompagne et de les mettre en scène en tant qu’installation, dans un lieu public.
   
La démarche
L’enseignante a fait appel à une plasticienne, Stéphanie Ferrat dont elle connaissait bien le travail et son orientation particulière pour "les petits univers étranges" et les choix de matériaux, souvent inattendus.
La création des univers eux-mêmes ne pouvait se produire qu’au terme d’une longue "quête" qui allait durer toute l’année. Comme s’il s’agissait de composer sa palette, celle des formes, des matières, des matériaux, mais aussi celle des images, des histoires et des ressentis.
La réalisation finale, tissée de gestes, de paroles et de matériaux allait être avant tout la trame de tout ce qui se tisse dans une classe bien vivante: l’engagement, le partage, et la coopération pour apprendre tous ensemble sur le monde.

La recherche
Dans un premier temps, de septembre à mars, il fallait mettre en place avec les élèves le milieu qui allait permettre les constructions.
D’abord, il y a eu des simulations: avec des objets de la classe, hétéroclites ou proches, selon leur choix, les enfants ont commencé à réunir des éléments dans une mise en scène sommaire et éphémère qui faisait, ou pas, l’objet d’une présentation au groupe. Les enfants travaillaient seuls ou à plusieurs.
Dans le même temps a commencé la quête d’autres types de matériaux: des éléments naturels récoltés dans la nature, lors de sorties et des matériaux de récupération de toute sorte, glanés ici et là avec la complicité des familles.
Tous ces matériaux ont été triés, classés, rangés, étiquetés pour être "prêts à être utilisés" quand viendrait "le moment".
Afin de nourrir la classe, beaucoup d’histoires ont été lues ou racontées aux enfants, la BCD a été largement et souvent visitée: la notion de lieu et des possibles qui lui étaient liés, la notion d’espace et ses transformations, la notion d’habitat et d’habitants étaient des thèmes récurrents dans les lectures.
En parallèle, les enfants sont sortis de l’école pour aller voir, dans leur environnement proche, différents types de "maisons", de "bâtiments": la tour de l’horloge, le portail de l’église, le fronton du théâtre municipal, le volume de l’office du tourisme et puis, l’agencement des bâtiments entre eux sur la place du marché.

 

      

 

 

  

 

Le temps de l’atelier
L’idée était, après toutes ces récoltes, de transformer la classe en atelier sur un temps court : 3 semaines au mois de mai, où les après-midi étaient réservées à ce travail, la plasticienne était présente le plus souvent. Sa sensibilité d’artiste l’entraînait plus vers la parole « intrinsèque » des objets et des matières, que vers le sens narratif des constructions. Elle a permis à la dimension secrète, intime de la matière, de pouvoir exister parfois, avant l’idée d’une maison, d’un parc, d’une école ou d’un moulin ! Techniquement, elle assurait des collages autant périlleux qu’hypothétiques quant aux lois de la gravité !
C’est à ce moment que la parole des enfants a été recueillie, pendant qu’ils étaient tout à leurs inventions et qu’un enregistrement sonore a pu être fait.
Il était étonnant de voir à quel point le geste libérait la parole, celle de la narration mais aussi celle liée à l’échange entre les enfants : des demandes d’aide, en passant par les essais de formulation de positions spatiales, jusqu’à l’élaboration de petites histoires à plusieurs regroupant plusieurs univers, la palette était large !
C’est à ce moment là qu’une visite à la fondation Maeght, à Vence, a pu se faire. Le contact des enfants avec les sculptures très brutes du jardin a relancé le travail sur la forme, les formes et les histoires qui s’en dégagent (ou pas).
« J’ai fait des petites clochettes et puis là aussi des petites fenêtres et puis là j’ai fait une petite montagne et je peux en refaire encore une. Y’a des animaux, plein de petits animaux : des pt’its chiens, des mouches, des escargots, des petits chats, plein d’animaux qui sont petits. Des toutes petites girafes, et puis des petits éléphants. Ils mangent, ils jouent à cache-cache. Les petits animaux, y restent là et ils se sauvent pas. Et comme ça les mamans quand elles viennent…parce que c’est une école de plein d’animaux et puis leur maman elle vient les chercher. Leur maîtresse, c’est une girafe, elle leur apprend à écrire: Plein de p’tits travail, à dessiner, elle leur apprend à faire tout. Et puis là, j’ai fait une petite noisette, ça représente une montagne de cailloux. Là, j’ai fait plein de neige et les mamans et les papas, ils ont du mal à arriver car il fait très froid pour eux. Aussi y’a une caméra pour voir si les petits animaux ils volent des trucs, qui volent des feutres, qui volent des dessins, qui volent des micros qui volent des p’tits tableaux. » Anissa

« J’ai fait une échelle pour les oiseaux. Avant y’avait une mère et la mère elle avait la mère des oiseaux elle était morte et maintenant on la voit plus. Voilà c’est fini »
Anaïs

« J’ai fait un petit terrier pour les lapins et y’a un fantôme derrière et ils veulent pas sortir parce que il est derrière ici et quand il sera parti le fantôme y’a les p’tits lapins qui feront une fête et qui danseront »
Margot

« Dans ma maison je vais faire une route jusqu’à chez Léa Lebat après je vais faire une route et après une route pour aller jusqu’à chez Talia. Et moi je vais faire une route jusqu’à chez Jérémy »
- Et moi jusqu’à chez Léa Larminac
-Jusqu’à chez toi
-Non Léa Larminac elle est en bas
-Jusqu’à Margot »


L’installation
Au mois de juin, d’abord dans la cour de l’école, puis dans une librairie de la ville, les «univers miniature» ont été réunis par les enfants : ils ont choisi l’idée de la route qui menait d’un lieu à un autre, parfois à plusieurs. Quand le visiteur s’approchait, il pouvait entendre l’enregistrement sonore fait en classe et toutes les petites voix qui disaient…


Et puis
Et puis chacun s’en est allé avec sa boîte à trésors. Nous ne saurons jamais vraiment ce que Anissa, Jérémy, Léa, Talia, Margot, Zineddine et les autres en ont tiré, quel écho en eux de cette aventure, mais l’idée des chemins qui réunissent tous ces univers personnels en dit long sur une autre idée du monde, qui a peut-être pris forme en eux…

 

SOMMAIRE CREATIONS N° 114

 

 

 

 

Odon ou la couleur tressée

Novembre 2004

 

CréAtions, n° 114- ArTissages
novembre/décembre 2004 (Editions PEMF)

Musée de la soierie de Charlieu (Loire). Photographies de Adam Rzepka

 


ODON ou “ la couleur tressée ”
Au Musée de la soierie de Charlieu (Loire).
Photographies de Adam Rzepka

 

Patience de Patak – Ø 250 cm – juin 1991

 

Depuis de nombreuses années, Guy Houdouin, devenu Odon imagine un monde de papier tressé. Il torsade, vrille, tresse sans fin des lanières de papiers issues d’étoiles géantes découpées au cœur de peintures qu’il réalise lui-même ou avec la complicité d’autres peintres. C’est ainsi que Alechinsky, Messagier, Cueco, Soulages, Zao Wou Ki et bien d’autres qui se sont prêtés à ce qui semblait un sacrifice, leurs œuvres devenant simple matière première. Mais sous les doigts de Patak II, chaque bandelette de l’œuvre lacérée devient la mémoire de l’œuvre originelle au cœur de ses “ attrape rêves ” car il sait, avec respect, transfigurer et mêler la création initiale à sa création finale.

 

Construction de Patak – hauteur 100 cm – 1989

 

Une fois dans la salle du musée où les œuvres envahissent totalement l’espace, nous nous sentons immédiatement aspirés dans ses “ spirales célestes ”.
Captifs dans ses filets de papier, nous sommes invités par l’artiste à traverser le miroir. Nous nous frayons un passage d’un vide à l’autre ou parmi la multitude des chemins qui s’ouvrent à nous, qui sont autant de pistes vers une aventure nouvelle. Malgré nous, nous sommes portés par les milliers de lianes qui s’entrecroisent, nouées par ce vannier du papier. Prisonniers, enchaînés dans la trame, nous sommes comme attirés jusqu’au cœur des œuvres, jusqu’au cœur de l’artiste, comme pour démêler avec lui la complexité du monde. Nous sommes invités un instant à tisser avec lui des liens de passage.

Le pari de Patak – Kraft peint et tressé – 1991 (détail)

Entre les entrelacs des fines cordelettes de kraft coloré, nous nous enroulons, nous nous laissons tresser, au fil de cette énergie libérée ou retenue par la torsion des fibres. Dans cet enchevêtrement plaisant, nous nous amusons à nouer et dénouer les liens et traçons notre chemin jusqu’à l’extrémité des torons (plusieurs fils tendus ensemble) pour finir dans le réceptacle des feuilles de ginkgo qui se balancent en liberté au moindre souffle.

 

Patak Apart II – Ø 70 cm –1990

 

Patak 1 Revolutionnaire– Kraft tressé – Ø 120 cm.

 

Nous passons d’une roue à l’autre, rebondissons d’une étoile au soleil, guidés par les doigts d’Odon, qui, en répétant à l’infini un même geste sait créer une magie des lignes, une alchimie des couleurs par des combinaisons multiples, inépuisables, complexes, démultipliées à l’infini vers une fin ou un recommencement.
Quelle impression étrange !
Obsédés à notre tour par l’obsession de l’œuvre n’allons-nous pas devenir prisonniers de ces toiles tendues par l’artiste comme aurait pu le faire une araignée ? A quelle sauce va-t-il nous manger ? Odon semble tresser le temps, de peur qu’il ne se sauve et nous nous sentons attirés dans son infini vertige. Va-t-il nous piéger, par le simple regard que nous portons sur autant de mouvements concentriques et divergents qu’il nous offre ? Ils vont de la dispersion au recentrage comme un jeu. C’est une gravitation dans un désordre ordonné, où des roues et rouages de toutes configurations communiquent dans le vacarme de leurs folies.

Patience de Patak – juin 1991 (détail)

Le pari de Patak – Kraft peint et tressé – 1991 (détail)

Nous comprenons enfin que nous n’avons rien à craindre de ce monde de mandalas, univers de papier, création du roi Patak II, comme se plait à se nommer l’auteur de ces œuvres.
Contrairement à l’araignée tissant sa toile, il règne sur ses spirales et retient ses visiteurs un simple instant avant de les conduire à la croisée des chemins et de leur ouvrir de nouveaux espaces. Souverain aux mille cordelettes, ce vannier du papier, ce tisserand du temps qui passe, vient certainement d’une civilisation future !
Tel Pénélope, il vous attend.
Si vous le rencontrez, dites lui que nous avons aimé croiser son chemin, tourbillonner dans ses volutes cosmiques, sauter à cloche pied sur ses infinis damiers poétiques et plonger dans ses attrapes rêves.
Nicole Bizieau

 

 

SOMMAIRE CREATIONS N° 114

 Tissage

 

Et si nous faisions un défilé de mode ?

Novembre 2004

 

CréAtions, n° 114- ArTissages
Novembre/décembre 2004 (Editions PEMF)
Ecole maternelle de Renaison (Loire) - Classe de GS - Enseignante : Solange Bartholin avec la participation de Nathalie Dadolle, ATSEM et Nicole Bizieau, conseillère pédagogique

 


Et si nous faisions un défilé de mode ?

Créations audacieuses en relation
avec la tradition du patrimoine textile d’une région de tissage

 

Le travail présenté ici est intéressant au niveau des productions obtenues ainsi qu’en ce qui concerne les compétences plastiques et d’habileté psychomotrice. Mais le plus grand intérêt réside dans le fait que ces réalisations ont abouti grâce à la coopération entre tous les enfants.

 

La jupe cerceau
Un cerceau pour le haut
Un cerceau pour le bas
Entre les deux, tendre des bandelettes de tissu découpées avec soin entre lesquelles on tisse, dessus dessous, d’autres bandelettes…
Ca parait simple à dire mais quand on est petit, devant un tel projet à réaliser, les difficultés se succèdent:
- ne pas faire d’erreur entre les passages alternés dessus ou dessous,
- tendre régulièrement les bandelettes de chaîne entre les deux cerceaux,
- éviter de tirer sur la bandelette de trame qui chemine de façon circulaire.
Une fois tout ce travail effectué, il faut encore fixer des bretelles sur le cerceau du haut, avant de pouvoir se vêtir de cette tenue extraordinaire et savourer le plaisir de se trouver beau.

 

Le pantalon bien dans son assiette
Prendre comme support de tissage des assiettes en carton fendues selon les rayons. Le tissage de rubans de toutes les couleurs entre les bandes de carton produit un bel effet que les enfants apprécient avec surprise en avançant dans la réalisation.
Ces éléments ronds fixés bord à bord permettent de confectionner des «pantalons» originaux.

Autres modèles
L’assiette tissée devient élément de base. Plusieurs d’entre elles associées façonnent d’autres jupes, des gilets ou des chapeaux. Il suffit de laisser libre cours à son imagination qui ne demande qu’à s’exprimer et tout devient ludique.
Alors qu’ils travaillaient à leurs tissages les enfants ont bénéficié de l’exposition Odon la couleur tressée (voir article dans ce numéro) présentée au musée de la Soierie de Charlieu. Très réceptifs ils se sont vite enrichis des œuvres découvertes. Ils se sont ainsi appropriés les formes tissées en escargot.
Pour aboutir il faut souvent défaire et recommencer quand une erreur se fait un passage entre chaîne et trame. Mais la motivation est grande et on avance pour que bientôt chacun s’habille des liens qu’il a tissés avec application, curiosité et plaisir en dominant les difficultés rencontrées.
En ce qui concerne les coiffures, tout est possible: le chapeau plat, le chapeau pot, et le chapeau pointu bien entendu !

Tu m’aides, je t’aide…
Et quel plaisir le jour où Charlotte, Julien, Laure, Gaétan et les autres ont enfin revêtu leur chef d’œuvre pour le montrer. En effet cette production a été mise en scène en un défilé de mode lors d’une rencontre d’enfants de la région : « école et patrimoine en Côte Roannaise ».

 

SOMMAIRE CREATIONS N° 114

Mode
Graphisme
Tissage
Volume

 

« Bistanclaque pan ! » ou « le bruit du tissage »

Novembre 2004

 

CréAtions, n° 114- ArTissages novembre/décembre 2004 (Editions PEMF)

Classe de CM1-CM2 de St Barthélemy Lestra (Loire) - Enseignant : Geoffroy Noir

 

 

«Bistanclaque pan !» ou «le bruit du tissage»

« Je suis les liens que je tisse » Albert Jacquard

 

Nous vous entraînons au fil de nos découvertes

Dans notre village
Une usine textile
Bistanclaque-pan !
Trois secteurs d'activité
- Tissus publicitaires
Cravates, pochettes …
Bistanclaque-pan !
- Rideaux, canapés
Tissu d'ameublement
Bistanclaque-pan !
- Habillement
Bis
Tan
Claque
Pan !
Montage de la chaîne :
Une semaine pour 13 000 fils !
Bis !
Quinze métiers Jacquard
Plus de cartes perforées
D'un autre temps
Bistan !
Mais programmés par disquettes
Bistanclette !
Six employés
Les trois huit
Des kilomètres de tissu chaque jour
Contrôler les machines
En cas d'incident
Bistan !
Lumière, clignotant
Bistanclaque-pan !

 

Nous commençons à tisser des liens

Entre l'école et l'usine
Entre les enfants
Et les employés
Entre nos idées
Et les papiers tissés.
Nous tissons des liens
Entre l'école
Et le musée de la soie, à Charlieu
Entre nos connaissances
Et les métiers d'autrefois
Ou les plus récents
Métiers à bras
Métiers Jacquard à cartes perforées
Ratier
Jet d'air

Je tisse
Tu tisses
Nous tissons
La chaîne
La trame
L'armure
Et nos liens s'entrecroisent
D'une visite à l'autre
Jusqu'à la découverte des artistes liciers
Liens de soie
Liens de papier
Liens de curiosité
Liens d'amitié
Liens d'autrefois à aujourd'hui …
Nous nous faisons petit à petit
Les porteurs d'un écho
Le Bistanclaque-pan résonne en nous
Il rythme nos créations
Et c'est la vie textile de notre région
Qui se tisse petit à petit
Entre nos mains.

"La chaîne et la trame
S’inscrivent
dans un mouvement perpétuel,
une continuité
à travers les actes
dans une conscience infinie."

Laurette Marie.

 


 

 

Découvrir par l'expérience

Explorer par la création
Ouvrir un espace original
Par l'interprétation de nos découvertes
Nous tissons, lions, entrecroisons
Par la découverte des gestes ancestraux
Et les plaisirs qu'ils nous procurent
Au fil des productions
Des matériaux en tout genre
En passant par la réalisation expérimentale
Fibres animales, végétales, artificielles
Cageots faits de bois entrecroisés
Pâte à sel
Nous tissons, tissons
Nous tissons
Des perles
Des bracelets brésiliens
Et des scoubidous bidous
Ah !

Puis nous réalisons une colonne tissée de tous nos liens

C'est comme un totem
Le totem du tissage
Autour duquel nous prenons l'envie de danser
Eh bien dansons maintenant !
Autour de cette colonne
A multiples facettes
Nous avons enfin tissé les liens de nos corps
Nous avons travaillé avec une chorégraphe
Elle nous a fait exprimer les sensations
Que nous procuraient les différents tissus, les torsions des fils, la mécanique des métiers, la chaîne, la trame, les navettes, les gestes des tisserands…
Au rythme du Bistanclaque-pan.
Bistanclaque-pan ! Bistanclaque-pan ! Bistanclaque-pan ! Bistanclaque-pan ! …

 

 

Nous avons découvert les possibilités gestuelles de notre corps

En allant jusqu'au bout de nos gestes
En les amplifiant, les rétrécissant …
Tout ceci pour exprimer nos idées
Parler aux regardeurs
Avec notre corps, avec nos cœurs
Faire comprendre ce que l'on veut montrer
Faire partager ce que l'on éprouve
ARTISSIERS,
ARTISSERANDS,
Nous tendons nos fils
Jusqu’à eux, jusqu'à vous
En tissant de nouveaux liens.

Nous avons mené de nombreuses études dans beaucoup de domaines

Une étude historique : Notre région « les Montagnes du Matin », Roanne, St Etienne, Lyon, comptaient au début du siècle des milliers de métiers à tisser. De nombreux ouvrages nous ont permis de découvrir les difficultés de la profession (la révolte des canuts). Ils nous ont apporté le témoignage du travail des enfants à une époque où l'école devenait obligatoire.

Une étude scientifique : le ver à soie, la soie, les différentes fibres qui produisent un fil qui peut être tissé.

Une étude économique : les usines actuelles ont été obligées de se moderniser (métiers à programmation assistée par ordinateurs) et de diversifier les productions (tissu d'ameublement, habillement, secteur publicitaire…)
 
Dans le domaine artistique : créations tissées qui jouent sur les matières, sur les volumes et toutes les possibilités des entrecroisements. Les œuvres réalisées sont très souvent des productions individuelles associées, même si elles ont bénéficié du regard critique, de l'entraide et de la coopération des autres.
La danse, enfin, permet à chacun une expression corporelle à travers les gestes des tisserands, les mécanismes du tissage et de communiquer ce qu'il ressent au contact des tissus et du tissage en général.

 

 
Le texte est de Nicole Bizieau
Les créations sont de : Marjorie, Lola, Léonie, Maëlle, Nicolas, Thibaut, Laura, Anaïs, Julien, Aurélie, Isabelle, Nelly, Adélaïde, Théo, Sylvain, Manon

 

 tissage

 

Une Pratique, un Outil : Levée de blocs

Novembre 2004

CréAtions n° 114 "Artissage"
publié en novembre-décembre 2004

Classe de CP/CE, Ecole élémentaire B. Paris XIII – Enseignante : Françoise Vassort

 

Levée de blocs

Pour échanger rapidement sur les images

Les enfants de ma classe ont tous un bloc sur lequel ils dessinent, pendant le «quoi d’neuf» principalement. Au début de l’année, un enfant a commencé à présenter les dessins de son bloc au «quoi d’neuf», puis d’autres ont continué, j’ai alors proposé un temps spécifique de présentation des dessins le vendredi après-midi. Mais, en quinze minutes, très peu d’enfants pouvaient présenter et ils étaient déçus.

Alors, un vendredi, j’ai proposé : tous les enfants de la table un lèvent leurs blocs puis de la table deux et de la table trois. Peu à peu, les choses se sont organisées.

Notre fonctionnement actuel est le suivant : le responsable du temps programme cinq minutes sur le minuteur pour la table un. Observation silencieuse des dessins puis questions, remarques. Même scénario avec les tables deux et trois.

C’est une organisation qui fonctionne bien et qui satisfait tout le monde pour le moment.

 

Levée de blocs du 16 janvier :


Claire présente un personnage dont la tête est une maison, il a une fleur à la main qui perd ses pétales. On note l’idée de faire un personnage avec un élément inhabituel.
Claire nous explique à la fin que c’est un extraterrestre qui mange une fleur.
Le dessin de Pauline retient beaucoup d’attention : «c’est une petite fille qui est dans un rêve, elle glisse sur un petit arc-en-ciel»
Clara présente un dessin abstrait (rayures obliques de couleurs). Jules dit : «C’est beau !» Ramata : «Tu dois dire pourquoi tu le trouves beau !»
Marie présente exceptionnellement deux dessins de son bloc qui doivent être montrés ensemble dit-elle
«parce que c’est une ville le jour et la nuit»!

Les enfants sont très attentifs et curieux de découvrir leurs productions respectives. Il y a des dessins réalistes, des dessins figuratifs imaginaires, des dessins abstraits, des techniques différentes. Cet échange permet d’enrichir les créations.
Il y a aussi mise en relations avec des peintures que j’ai commencé à apporter : pour cette présentation par exemple, un personnage de Magritte pour Claire, une peinture de Chagall pour Pauline, …
Il ne faut pas oublier l’observation et l’analyse des illustrations d’albums présentés en classe qui ouvrent d’autres pistes pour l’expression.

Je devrais peut-être dire plus explicitement : « présentation de dessins » au lieu de «levée de blocs» pour ne pas décontenancer quelqu’un qui lirait notre emploi du temps et pourrait avoir quelques interrogations sur mes pratiques pédagogiques en pensant que je fais soulever des pierres aux enfants… mais les enfants se sont trop appropriés cette expression.

Créations Artissages n°114 nov/déc 2004 

dessin, images, présentation

 

 

Marinette Cueco

Novembre 2004

 

CréAtions, n° 114- ArTissages
novembre/décembre 2004 (Editions PEMF)


 


Marinette Cueco et “ l’imagination matérielle ”
Pour une poétique de la matière, végétale ou minérale

 

Marinette partage à sa manière la passion des premiers explorateurs de la nature et des plantes, leur désir d’inventaire de la Création: “ Aujourd’hui et depuis quelques décennies déjà, je vais d’errances en arpentages, de cueillettes en découvertes, un flou vacant de l’œil qui voit sans voir comme on regarde un pré, alternant avec une recherche aiguë qui choisit, analyse et trie, en un va-et-vient infiniment répété.
Alors il faut nommer, pour établir l’intimité nécessaire au long compagnonnage, prendre sans posséder ni détruire, et donner forme avec respect. ”


Un travail de poète plus que de botaniste nous est décrit là, proche de celui que recherche Francis Ponge dans le parti pris des choses “ il faut une marée de concret, une nouvelle invasion de l’homme par les choses ” pour que s’inventent, dans “ l’inachèvement perpétuel ” du travail sur la matière verbale, des formes hors conventions qui ouvrent à l’imagination matérielle.
Dans le mythe d’Orphée rappelle Ponge, “ le poète serait celui qui suscite ou ressuscite les choses, les fait bouger, les met en marche. Et comment d’abord le fait-il ? En les considérant dans leur être et en les nommant. ”

Juncus Capitus, fragment
Jonc capité
Entrelacs 1991.

Parti pris des choses de la nature, des herbes et des pierres, non pas exigence volontaire comme chez Ponge, mais connaissance intime des terres d’enfance, champs, bois, jardins, où nourrir son mode d’expression d’être au monde : Marinette parle “d’abandon, d’immersion totale du corps dans le végétal”.
C’est sans doute cette intimité, cette familiarité avec le paysage, matière d’élection, qui font l’originalité, la singularité des créations de Marinette Cueco : sentiment d’appartenance, de complicité à son environnement, génèrent une œuvre délicate, subtile, des travaux que rythment les saisons, et qui s’intègrent au paysage plus qu’ils ne se l’approprient, un art du paysage non agressif.

 


 

Lunaria Biennis
monnaie du pape.

 

Herberie d’automne 1996/1997 Auvers sur Oise.

“ Les herbes décident pour moi ”

Les gestes, les modes d’assemblages qui donnent formes : tisser, tresser, entrelacer, nouer, tricoter, enchevêtrer... sont dictés par la familiarité de chaque plante, sa souplesse ou sa résistance, la couleur, la forme singulière, l’odeur, d’infinies variations que proposent ses inventaires sans cesse enrichis de découvertes nouvelles : “ à chaque plante correspond un geste, à chaque nouvelle plante correspond un autre vocabulaire plastique, un autre graphisme, à la fois des gestes et des plantes ”

 

 

 

 

Nommer avec attention chaque plante

Dans ces inventaires, aucun élément n’est écarté, pas de mauvaise herbe, ni de brindille insignifiante, les terres de Corrèze, aussi, sont accueillies avec leur palette de couleurs. A chaque élément sont associés son nom ordinaire et son nom latin, le lieu de la cueillette et la saison, sa description sommaire. Plaisir verbal de l’inventaire, incitation à la rêverie, mais aussi respect de la plante, chaque élément a sa personnalité propre : “Pas de hiérarchie : nommés, ce sont des êtres - que ce soient des animaux, des pierres, des plantes, des humains… dans les titres de chacune de mes œuvres, il doit y avoir d’abord le nom de la plante.”
Les herberies assemblent dans leurs carrés réguliers (0,41 x 0,41 m) herbes et terres, rapsodies de couleurs et d’odeurs, de graphismes divers.

Cladonia Stellaris ou lichen des rennes
Prélevé en petites touffes sur la lande à serpentine de la porcherie le 06 avril 2000.

Convolvulus Soldanella
Et Juncus Anceps tissés ensemble automne 1983
(0,41 X 0,41 m).

Jardin d’entrelacs fragment
sable de Fontainebleau
galets de marbre
juncus capitus Auvers sur Oise 1997.

 

Lier tous les règnes du vivant: installations et sculptures
Dans les jardins d’entrelacs des pierres recouvertes d’entrelacs végétaux sont disposés dans un pré ras. Ailleurs, ce sont des galets de marbre, dont quelques uns emmaillotés de joncs qui jonchent un lit de sable de Fontainebleau : “j’ai enserré les pierres de vêtements végétaux.”. Lier le végétal et le minéral: “ deux formes et rythmes de vie totalement en opposition ”, c’est tenir ensemble le provisoire et le durable, temps cosmique et temps humain.

Installation Auvers sur Oise 1997.


Les sculptures, sphères ou pelotes tressées, aux formes ovoïdes, cocons ou chrysalides évoquent quelque naissance en gestation : passage encore ici suggéré d’un règne à l’autre, métamorphoses possibles.
L’œuvre de Marinette Cueco nous donne à penser avec Ponge que “ l’on pourrait faire une révolution dans les sentiments de l’homme, rien qu’en s’appliquant aux choses, qui diraient aussitôt beaucoup plus que ce que les hommes ont accoutumé de leur faire signifier. ”.
Les prochains travaux annoncés, Herbailles, petits herbiers de circonstance (le premier : les sempervirens va paraître prochainement), écritures et entrelacs, Style, Glumes et poussières d’herbes, Pétales de consolation, Graines volantes, Les odorantes,… aiguisent notre curiosité, promettent plaisir et découverte, tant ce travail à l’œuvre a le pouvoir d’ouvrir notre regard sur le monde, de nous rendre notre capacité d’étonnement.

Simone Cixous

 

 

 

SOMMAIRE CREATIONS N° 114

 

 

Tissage
Artiste: Marinette Cueco

 

Sur le fil du réel

Novembre 2004

 

CréAtions, n° 114 - ArTissages
novembre/décembre 2004 (Editions PEMF)

Ecole maternelle Anatole France, (Morbihan) – Classe de MS – Enseignante, Jacqueline Benais

 


Sur le fil du réel

“ On a été voir l’exposition cet après-midi.
On a pris le bus. Il allait vite. La maîtresse a donné les tickets aux mamans. Quand on est revenu, on a mis le ticket dans la machine orange : chacun son tour, on a composté.
Dans le lavoir, il y a des pierres et une pierre qui bouge
Il y avait 2 dames.
On a vu plein de carrés avec de la ficelle, du fil, du filet. ”
bilan du mardi 16 mars 2004

 

A la galerie “ l’Atelier d’Estienne ” : deux installations de Régis Failler
Salle du bas :
Un labyrinthe pour certains, “ comme si on était en prison ” pour d’autres, comme des portes : des carrés en bois et des filets
- C’est transparent, on voit à travers
- non, on peut voir à travers des fils parce que “ ils ont pas mis tout partout ” : y’a des trous, des petits, des gros.
Il y a aussi un cube, de la corde, du bois, des toiles, un grand carré avec du fil, des noeuds rouges.

On a vu aussi :
- un tapis comme de la neige : c’est doux, ça pique un peu, on dirait des cheveux ou de la barbe du Père Noël. Ça sent : c’est du sisal défait.
- un nid, en paille, en foin.
Il a fait de la couture, des nœuds, des filets de petits carrés, des nattes.
Il y a de la ficelle blanche, grise, marron et rouge.
Salle du haut :
C’est comme un mât de bateau avec en haut une grosse toile d’araignée et parterre un tapis en “ tissus ”, on dirait un rond-point : c’est de la ficelle en rond, en vagues et en méli-mélo.
On dirait aussi un arbre ou un moulin.
Il y a des rideaux transparents
Il y avait une vitre transparente. On a pris des photos.
Dans les combles de la Mairie de Pont-Scorff : deux installations de Viviane Rabaud
On a monté l’escalier, on a senti :
En arrivant dans le grenier : comme des pièges. On était au milieu des filets en ficelle, en sisal des petits, des moyens, des grands, des très hauts, des très bas – ça s’appelle des tricotins - (certains n’ont pas d’anneaux), on pouvait se promener au milieu, on mettait les mains derrière le dos et on avançait, on pouvait toucher un peu mais c’est fragile : ça pique, ça chatouille. On a senti aussi.
Dans l’autre salle, il y avait un tunnel pour certains, un pont pour d’autres, on était en dessous, il était accroché avec des fils sur le bois, sur la charpente. On voyait la fenêtre à travers, la lumière.
On aurait dit des cheveux : c’est le sisal défait.

 



Compte-rendu de la visite fait par les enfants Andréa, Costa, Glenn, Gwenn, Widad et Jacqueline à partir des commentaires notés par les adultes accompagnateurs lors de la visite.

 

SOMMAIRE CREATIONS N° 114

 Tissage

 

Le carnet de bord de Dominique

 

 Carnet n°2

 
Une semaine “ Création ” dans la classe avait donné aux enfants l’occasion de réaliser sur un grand format un travail qui réunissait un texte, une illustration, une enluminure et du collage. Au carrefour de plusieurs modes d’expression, cette approche pluridisciplinaire avait permis aux enfants de créer du lien entre art, langage, littérature et histoire. Les pratiques qui existaient en classe sous la forme d’ateliers d’écriture, d’ateliers visuels, de recherche documentaire s’étaient réunies autour d’une unité culturelle. Cette unité culturelle, certains enfants vont avoir l'idée de la continuer…
L'occasion était trop belle… Pouvoir reprendre à son compte l'idée de croiser sur une même page du texte, du dessin, du collage, de la photo et de fabriquer son petit carnet personnel, plutôt qu'un collectif qui restera dans la classe germe. Zoé, Camille ou encore Luka présentent rapidement leurs premières pages personnelles, ce qui séduit très vite l'ensemble de la classe. Il suffit alors d'organiser l'espace et le matériel : des feuilles A5 de différentes couleurs et épaisseurs, feutres, encres, craies grasses, revues à découper, appareil photo numérique. Je propose aux enfants de reprendre leurs anciennes productions écrites, de les calligraphier proprement et de les illustrer. Il s'agit de faire le lien entre des techniques déjà éprouvées en classe depuis le début de l'année : ateliers d'écriture, journal de classe, albums de vie, site de classe, photo numérique. Rapidement, les premières pages de leurs “ carnets d'écoliers ” s'entassent dans des pochettes plastiques. Il suffira alors fin juin de les relier pour que chacun quitte l'école avec son carnet d'écolier.
 
 
Effet de mode ?
 
Les carnets sont-ils à la mode ? En effet, Les carnets de voyages rendus célèbres entre autres par le navigateur Titouan Lamazou semblent fleurir sur les étalages des librairies spécialisées ou encore sur Internet. Cependant, leur origine semble antérieure à notre époque contemporaine puisque Léonard de Vinci laissera plus de 13000 pages de carnets de dessins annotés, et que nous connaissons également ceux de Van Gogh, de Matisse, d’Hemingway ou encore du photographe américain Peter Beard. L’existence du carnet, qu’il soit le souvenir d’un globe trotter ou la trace d’un voyage intérieur, serait-elle d’ordre anthropologique ? De là à considérer les fresques rupestres comme les premiers carnets de notes de l’homo sapiens, il n’y a qu’une page !
L’école primaire n’est pas en reste puisque depuis plusieurs années déjà, la Main à la pâte invite les enfants aux carnets d’expériences et que les dernières Instructions Officielles sur l’éducation artistique évoquent le carnet de dessins de l’enfant. Au-delà de l’effet de mode, l’utilisation du carnet à l’école permet le retour en arrière, il est le témoin chronologique de sa propre histoire, l’instantané d’une représentation, la trace de l’évolution d’un apprentissage…
 
Véritable mémoire d’une pensée et d’une expression qui se construisent, pour peu qu’on lui attribue une intention esthétique, le carnet s’érige alors en véritable objet d’art, agréable à regarder, à toucher, à conserver. Si nos doigts d’adultes feuillettent avec nostalgie nos antiques cahiers du jour remplis à l’encre violette, peut-être pouvons nous offrir à nos enfants la possibilité de lire, dans une vie d’adulte, leur histoire d’écolier au travers de pages qui auront été le véritable reflet de notre culture contemporaine.
 

Note orthographique : les erreurs sont volontaires et signifient qu'il s'agit d'un texte encore imparfait d'enfant.

 

sommaire n° 114 début de l'article suite de l'article

 

carnet de bord, enluminure, écriture, photographie, collage, peinture

 

Je tisse ce que je peins, je peins ce que je tisse

Novembre 2004

 

CréAtions, n° 114- ArTissages - novembre/décembre 2004 (Editions PEMF)

Entretien de Michelle Bonnetain avec Nicole Bizieau

Quatre petites écoles rurales du nord de Roanne : Coutouvre, Jarnosse, Maizilly et Mars.

 

Je tisse ce que je peins, je peins ce que je tisse


Après avoir été professeur d’EPS pendant plusieurs années, Michelle Bonnetain se consacre actuellement à la peinture.
Elle relate ici son expérience personnelle et celle qu’elle a vécue comme intervenante dans des classes à PAC (Projet Artistique et Culturel).
 
 
NB - Parle-moi un peu de ton rapport au tissage
 

MB - La première fois que j’ai tissé, c’est quand j’étais petite, comme beaucoup d’enfants ; c’était en grande section de maternelle. Beaucoup plus tard, il y a quelques années, j’ai eu envie de recommencer… J’ai donc repris cette activité seule, en expérimentant beaucoup, de différentes façons ; j’observais les effets, j’essayais autrement ou je recommençais, continuais d’explorer dans le même sens quand ça me convenait. J’ai appris toute seule ce que je fais aujourd’hui : tisser mes peintures.
J’ai découvert un artiste, François Rouan, ami de Balthus, qui a tissé avec des toiles d’autres peintres comme « l’autoportrait » de Miro décliné de plusieurs manières avec des bandes tissées.
Il y a environ six ans que je me suis mise à tisser mes peintures, et, un jour, ma sœur m’a apporté un catalogue de François Rouan : « Il a déjà fait ce que tu fais » !

Je l’ignorais totalement. Ce fut d’abord un choc, me disant que ce que je voyais correspondait tout à fait à mon projet et mon approche actuelle. Et il le faisait tellement bien ! Après un instant de blocage, j’ai décidé que tant pis, ou tant mieux, j’allais continuer, quoi qu’il en soit, à ma façon ce que j’avais envie de réaliser.

 
NB - Si je comprends bien, c’est un besoin profond et forcément différent, puisqu’il s’agit de ton expression et non de la sienne. Il n’est pas question, à ce moment là, d’une technique vide de sens, comme tu le dis.

Mais alors, pourquoi as-tu privilégié le tissage comme moyen d’expression ?
 

MB - J’ai d’abord pratiqué le tissage sur métier pendant une quinzaine d’années. Je réalisais des tapisseries, des vêtements, des objets décoratifs. Je vivais près d’Aubusson, j’étais professeur et je conduisais souvent mes élèves voir les expos.

Vers 1995, une envie, comme une explosion m’est venue, d’explorer, de m’approprier le tissage comme moyen d’expression plastique.

 
 

 

 
 


 


 
NB - Quelles conditions génèrent ta créativité ?
 
MB - Pour créer, j’ai besoin de sérénité, de sécurité, d’espace, de calme et d’un environnement compréhensif.
Il faut des conditions favorables pour pouvoir se dépouiller, savoir se libérer. Rien n’est facile, parce que la création nécessite une grande honnêteté, une grande authenticité et une énergie constante.
Par exemple dans mes productions concernant les croix, j’ai réalisé beaucoup de maquettes avant de savoir ce que j’allais faire. L’an dernier, j’ai fait toute une série pour moi, il y avait toujours une porte noire ! Ca m’a apporté beaucoup sur le plan pictural. Rien n’est gratuit quand on se laisse aller à ses impulsions profondes et libératrices.
 
 
 
 

 

NB - Tu as accompagné plusieurs classes à projets pour découvrir le patrimoine textile. Quelle forme à prise ton implication dans ces classes artistiques ?
 

MB - Mon intervention auprès des enfants n’a été possible que parce que j’ai exploré un maximum de pistes possibles dans ce domaine. J’ai besoin d’être experte pour mieux communiquer aux enfants cet élan créatif. Pendant huit ans j’ai travaillé les polychromes, les monochromes, les fonds… Il y a eu bien sûr, beaucoup de ratés, beaucoup de tâtonnements, beaucoup d’expérimentations, beaucoup de démarches explorées et abandonnées.

Pour moi, la technique du tissage n’est qu’un moyen pour parvenir à des effets plastiques rendus possibles uniquement par ce biais. J’ai voulu partager avec les enfants cette approche plastique.
Lorsque j’ai travaillé avec des instituteurs, ils ont vu que c’était aussi une façon de traiter la surface à l’aide de couleurs et surtout d’inscrire le signe comme élément plastique. Mais la technique n’est qu’un moyen, elle sert à ma représentation du monde, à l’expression de ce que je suis, de ce que je ressens…

Pour certains il est difficile de sortir de la technique comme seul but de la production ; les techniques ne sont pas des effets plastiques au service de rien. Il s’agit d’en maîtriser les effets de couleur, de volume, de relief comme en peinture au service de ce que l’on veut représenter ou de ce que l’on veut exprimer, communiquer.

En général les enseignants et les enfants ont bien perçu le côté aléatoire du travail. Il est indispensable de laisser cette part de hasard dans la production, afin qu’elle puisse perturber le projet. C’est en utilisant ce qui pourrait être une erreur, ou l’imprévu, l’imprévisible que l’on parvient à une certaine originalité et qu’on aborde la création.
Nicolas de Staël disait que ses plus beaux tableaux étaient ceux dans lesquels il avait su intégrer les parts de hasard et d’inconnu qui s’invitaient.
Lorsque je travaille avec des enfants, j’essaie d’attirer leur attention sur l’accidentel qui va faire décoller le travail. Beaucoup de choses naissent de cet accidentel à condition qu’on l’utilise, qu’on s’en empare et se laisse porter par ce qu’il provoque en nous. Il s’agit de changer son regard sur ce que l’on fait malgré soi.

Il y a dans ce que je propose, tout un travail lié à l’imaginaire. Les différents enseignants se sont emparés de mes propositions de manières très diverses.

La sensibilité de l’enseignant lui-même est en jeu lorsqu’il accompagne ses élèves dans une activité artistique. Il est forcément impliqué.

Les enseignants les plus timides, réservés, avaient quelques craintes devant la spontanéité, les risques pris par les enfants à s’investir dans la création. Cependant, ils ont su rendre possible des créations pleines de richesses. D’autres, trop bousculés par leurs tâches institutionnelles n’ont pas accordé la liberté créatrice et les productions d’enfants s’en ressentent.

NB - Et qu’en est-il des productions ?

MB - Les six classes avec lesquelles j’ai travaillé ont abouti à des productions très différentes en fonction de la sensibilité du groupe, selon qu’il est autorisé à s’exprimer ou non. En fonction aussi de la perception que ces classes avaient de mon travail et de l’approche du thème qu’elles s’étaient données. Le thème était parfois limité et a enfermé le « génie créatif », le réduisant à une représentation trop figurative du sujet qui primait sur tout le reste, c’est à dire sur la créativité artistique fruit de la recherche et de l’expérience tâtonnée.

Le premier contact a porté sur l’approche des matériaux (rubans, lacets...) et leur exploration.
Le travail, qui a pris des orientations différentes selon la personnalité des classes, a permis de découvrir différentes approches : du signe à l’écriture ; la couleur ; Le montré/caché ; le cadre et le hors cadre ; le rapport entre fond et forme ; les « sujets », tels que les jardins ; la présentation ; les formats...

Une peinture, c’est une succession de superpositions de couleurs, de signes, de matériaux, mais pas seulement : c’est également, en permanence, un questionnement de l’artiste pour aboutir à des choix. En tissage, je retravaille par-dessus : que garder ? Que recouvrir ? Que mettre en valeur ?

 
A chaque coup de pinceau je me trouve devant un choix à faire, face à des milliers de possibilités. Selon la réponse, la production sera plus ou moins vraie, juste. Ca nécessite de penser, de regarder, de prendre le temps de regarder encore, de façon critique. Avec les enfants il en va de même.
Avec eux, j’ai eu envie de proposer des départs tels que « un citron et après ? » ; vous en faites ce que vous voulez. Là, on est sans cesse dans des choix par rapport à des intentions, à sa propre sensibilité…
Je propose d’autres entrées pour les sortir de la forme descriptive, leur représentation trop unique. Je leur ouvre de nouvelles portes.
Je leur propose par exemple d’entrer dans un thème par une proposition de ce type : « vous cherchez un choix de couleurs pour signifier l’Afrique ». Il s’agit de les amener à utiliser des formes non figuratives pour tenter d’aborder la réalité en sortant des clichés, des idées toute faites.
Un autre exemple : pour réaliser le masque, au départ on dispose de bandes à tisser. En tissant, certaines, trop longues, vont dépasser en bas hors cadre, ça ne fait rien, on laisse, on ajoute seulement des yeux pour permettre la lecture du concept…
Des coups de zoom sur la production en cours, des regards portés et exprimés font prendre de nouveaux chemins.
Pour la série des « jardins », j’ai proposé un travail sur petits formats. Les enfants émettaient des idées qui étaient tout de suite mises en œuvre pour voir l’effet produit. Ainsi on a obtenu une grande quantité de productions « témoins d’idées ». Des formats plus grands, ont été réalisés en réécriture à partir d’un petit.
Je pense que dans ce partenariat, j’ai apporté aux enfants et à leurs maîtres un nouveau regard sur la production artistique. Mais l’échange n’a pas été à sens unique : cela m’a permis, en dehors du travail et des relations sensibles, (hors du convenu) de mettre des mots, de préciser une idée, de clarifier certains aspects de mon travail personnel.
sommaire Créations n° 114 Artissage suite de l'article :
Quatre petites écoles rurales
sur les pas de Michelle Bonnetain

  tissage

 

Bibliographie - Créations n° 114 - Artissage

Novembre 2004

 

CréAtions, n° 114- ArTissages - novembre/décembre 2004 (Editions PEMF)

 

bibliographie

 

Bibliographie

 

 

  • Marinette Cueco, Itzhak Goldberg - Evelyne Artaud, Éd. Cercle d’Art - Le Pré, 1998
    Cette monographie sait rendre compte de l’originalité d’une œuvre qui peut s’inscrire dans le domaine de l’Art du paysage, même si Marinette Cueco parle plutôt, à propos de son travail, des arts dits primitifs ou premiers.

 

 

  • Histoire matérielle et immatérielle de l’Art moderne, Florence de Mèredieu, Éd. Bordas, 1994

La création artistique y est analysée sous l’angle des techniques et des matériaux les plus divers et les plus incongrus (à lire : l’entrelacs p.322, Le textile p.327, La trame p.329).

 

  • Pratiques d’écritures ou l’Inachèvement perpétuel, avec 16 dessins de François Rouan, Francis Ponge, Éd. Hermann, 1984
    Dans sa pratique poétique Ponge est en quête d’une esthétique de la matière verbale : “ Dans un écrit, que la suite des mots présente déjà la perfection ou complexité suffisante de l’être, selon la définition de ce mot comme je pourrais la donner : l’objet conçu par l’homme comme une combinaison de rapports tellement nécessaires qu’il faut le considérer un à part de tout autre, et tellement multiples et complexes qu’il faut lui reconnaître la ressemblance à l’homme : c’est à dire en somme la personnalité et la vie.” Les mots, le texte, comme matière à tisser la trame complexe du langage des choses.

 

  • Voyage à Laversine, Hubert Damisch, Éd. du Seuil, 2004

Sur l’œuvre de François Rouan
“ Entrelacs de deux paroles, dans un mouvement sinueux, élastique, souvent extrêmement direct, suivant en cela la “tresse” qui est comme l’emblème continu de l’œuvre picturale de François Rouan tout au long de sa vie ”.


  • Feuillées, Gérard Titus-Carmel, Yves Bonnefoy, Éd. Le temps qu’il fait, 2004

Yves Bonnefoy analyse cette œuvre comme témoignant de la crise de confiance de notre époque envers le langage, la représentation : "Que voit-on, en effet, dans ces images, vraiment troublantes ? De lourds chiffons serrés par des cordes, des nœuds qui manifestent que leur épaisseur est impénétrable, des tiges, ni ornementales ni fonctionnelles, avec à leurs croisements des sortes de pansements se faisant parfois de plus vastes et tout à fait in compréhensibles morceaux d’étoffes…/ c’est bien plus que quelque transposition d’une activité inconsciente, c’est le constat du non-sens comme il est tapi sous les représentations et les formules dont est tressé le langage.”

 

 

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