CréAtions N° 121 - Récupération / mars 2006

Mars 2006

 


CréAtions N°121 - Récupération

mars avril 2006

 

Ont participé à l’élaboration de ce numéro : Jacqueline BENAIS ; Yolande DUPUY ; Katina IEREMIADIS ; Agnès JOYEUX; Hervé NUNEZ ; Simone CIXOUS ; Eliane TROCOLO.
Photographies : Jacqueline BENAIS, Michèle COUDE, Yolande DUPUY, Michèle GIRAUD-MARTIN, Jean-Louis GONNET, Michel GUICHARD, Katina IEREMIADIS, Véronick ISNARD, Laurent INQUIMBERT, Isabelle LEVRARD, Laurence MAURAND, Hervé NUNEZ, Marc QUENDEZ, Jamal SAID.

  titre de l'article niveau de classe thème techniques utilisées artiste
Edito Récupération        
Les ateliers musicaux de Chapeau Percé
Intervenant dans les écoles et maisons des jeunes Faire de la musique pour les autres, avec les autres ou fabriquer ensemble de vrais instruments pour insuffler l’envie de jouer

chant, machines sonores
enregistrement

Luc Perrin, artiste
La cave

maternelle : cycle 1

De la caverne d’Ali Baba à l’antre de la sorcière
stockage de matériaux,
déclencheur, imaginaire

 
Jouets d’Afrique

Association ALISCIA, Lunéville (Meurthe-et-Moselle) Rencontre des générations et des cultures Fabrication de jouets à l’aide de matériaux de récupération El Yazid Kherbache, plasticien
  Sculptures
à la déchetterie

élémentaire  
production collective, détournement d’objets, matériaux de récupération
Véronick Isnard, scénographe
L’Art-Récupération
particuliers
centres de loisirs, classes, petite enfance, I.M.E
Sésame ouvre-toi !

Education à l’environnement et déclencheur d’imaginaire

objets sonores, créations éphémères, menuiserie, collage
 
  Carte blanche à  maternelle: GS
la classe de GS de l'école Jean Moulin à Pernes-les-Fontaines : La lettre à Monsieur le Maire photographie, dessin,  montage  
  Rencontres
maternelle : GS

Couleurs d’automne, peinture et modelage, monstres de carton. Entr’aide

collage, éléments naturels,
matériaux de récupération, peinture
 
  Une pratique, un outil
Comment va-t-on faire pour cacher les animaux dans la feuille?

maternelle : PS
Jeu de formes et de couleurs  peinture  
 

Sorcière, custom, couture

  Une raconteuse bricoleuse
Sorcière

couture
 
Isabelle Levard, artiste autodidacte

 
Carnet de bord n°4 des élèves de l’atelier de danse
lycée
Bilan de fin de premier trimestre danse, écriture, carnet de bord Christine Quoiraud, chorégraphe
Laurent Inquimbert, transporteur d’émotion
élémentaire : CE2-CM1

- Entretien

Découverte de la fonte de l’aluminium
Technique de la cire perdue
Laurent Inquimbert, sculpteur
Dans l'atelier du sculpteur élémentaire : CE2-CM1 - Dans l’atelier du sculpteur - Quand le déchet devient objet d'art
Découverte de la fonte de l’aluminium
Technique de la cire perdue
Laurent Inquimbert, sculpteur
Comprendre la création - Expérimenter le hasard
lycée L.E.G.T.A. Apprivoiser l’absurde photomontage, écriture  
  Bibliographie        

 Version papier en vente au secrétariat de l'ICEM

 

Edito CréAtions n°121, avril 2006

Mars 2006

                                                   

CréAtions n°123 - Récupération - mars-avril 2006

Edito

 

RECUPERATION

 

Récupérer et valoriser le déchet en vue de l’employer en classe, dans le cadre d’expériences de tous ordres, permet de faire prendre conscience à l’enfant que l’univers de la consommation qu’il découvre, génère, la plupart du temps, une quantité immense de déchets. Certes, cette approche ne constitue qu’un premier pas vers une éducation véritable au problème du traitement des déchets, problème global pour lequel des solutions sont mises en œuvre, sans être toujours satisfaisantes (par exemple lorsque la valorisation de certains déchets entraîne la création de nouveaux déchets ultimes). Il s’agit, pour nous, qui nous occupons d’enfants, de les amener à acquérir des gestes citoyens au quotidien, comme par exemple : refuser les sacs en plastique, diminuer la consommation d’emballages et surtout avoir le « réflexe récupération ».

L’art-récupération devient une pratique de plus en plus courante dans les classes et les centres d’activités. Ce n’est pas seulement par nécessité écologique ou économique. Chez les enfants, l’objet ou le matériau au rebut se définit rarement comme un « produit », de surcroît comme un produit inutile. La plupart du temps, il agit immédiatement comme matière première et point de départ d’autres modes de production, ceux de la sensibilité, de l’imagination et de la création. L’enfant est naturellement « recycleur » ! Et l’art-récupération s’enracine dans cette tradition enfantine du collectage, collectage des petits trésors glanés sur le chemin, dans la boîte de couture de la maison, dans les tiroirs de la grand-mère ou l’établi du grand-père, dans les terrains vagues, les décharges, au cours de ces instants précieux où l’ennui devient propice à la rêverie ; ces petits trésors symboliques et chargés affectivement que l’on amasse dans une boîte pour ne pas les perdre et qui nous suivent même parfois toute la vie. « Les objets de rebut font rêver, peut-être parce qu’ils sont des fragments (des « rébus ») d’ensembles organisés que l’imagination cherche à reconstituer. »* Matériaux et objets au rebut sollicitent nos sens, provoquent des émotions, suscitent des expériences, des comparaisons, des associations parfois insolites, etc.

Les différents articles de ce numéro de la revue CréAtions témoignent de perspectives que le matériau ou l’objet fait jaillir pour inventer. S’il est gratuit, son choix, lui, ne l’est presque jamais. Son véritable prix est celui du désir. Il résonne de cette poétique du quotidien très partagée, qui fabrique les images et les souvenirs à partir des « petits riens ». Il fait rêver en provoquant des émotions sensorielles inhabituelles. En effet, peu de gens ont eu, par exemple, l’occasion de toucher des copeaux d’acier aux reflets cuivrés tout droit tombés du tour ou de sauter sur de la mousse, de jouer avec ces matériaux particuliers, de les découvrir pour ce qu’ils sont, avec tous les sens et hors du contexte d’un produit fini et consommable. Le foisonnement des formes et des lignes, des couleurs, des textures, des résonances, des tailles, permet de répondre à la diversité des attirances des uns et des autres et induit des explorations multiples, des mises en correspondance. Il crée de nouvelles contraintes, nourrit le geste, implique tout le corps, remet en question les opérations plastiques ou technologiques habituelles. Certains enfants, avec le fondeur Laurent Inquimbert, agissent sur la matière elle-même, en créant leurs propres sculptures. Ils découvrent le mystère de techniques qui échappent couramment à leur monde d’enfants. Leur regard se nourrit et réactive leur compréhension du monde des objets.

Des photos de magazines à la sculpture, en passant par le collage et l’exploration sonore, l’objet ou le matériau au rebut se trouve valorisé, re-socialisé, ressuscité, réemployé, métamorphosé, détourné. Il permet alors d’agir doublement sur le monde : fabriquer des images personnelles, collectives et de natures multiples, tout en imitant, en associant et en transformant ce qui, a priori, semblait n’avoir plus rien à dire ni à transmettre.
 

CréAtions

(*) Enseigner les Arts Plastiques, Daniel Lagoutte, Editions Hachette, Paris, 1994.
 

témoignages

sommaire CréAtions 121

 

 

Les ateliers sonores de Chapeau Percé

Mars 2006
machines sonores
 

RECUPERATION - CréAtions N°121 - mars avril 2006

Les ateliers musicaux de la Compagnie Chapeau Percé
Luc Perrin, Auteur-Compositeur-Interprète, Saint-Sébastien (Isère) - Intervenant musical dans les écoles - Co-fondateur de la Compagnie Chapeau Percé

 

Création de chansons et machines sonores 

 

Dans l’espace de Création musicale de Saint-Sébastien (Stage I.C.E.M.-Juillet 2004)

Luc Perrin, Grenoblois d’origine, vit en Isère, dans le village de Cordéac. Il pratique la musique dès son plus jeune âge. A onze ans, il confectionne sa première batterie à l’aide de boîtes à biscuits en fer. Il grandit dans un milieu d’enfants. Il obtient son CAP de menuiserie. Ces multiples facettes l’ont progressivement conduit à travailler au sein de l’Association Chapeau Percé. Parallèlement à son propre parcours artistique, il anime des ateliers musicaux pour des publics d’enfants et d’adultes, où la récupération des matériaux et des énergies occupe une place de choix.

 
Faire de la musique pour les autres, avec les autres ou fabriquer ensemble de vrais instruments pour insuffler l’envie de jouer

 

« Jusqu’en 1982, mes spectacles s’adressaient plutôt au public adulte. C’est la naissance de mon premier enfant qui m’a poussé à m’engager sur de nouvelles voies. J’ai eu envie de chanter aux enfants. En même temps que j’écrivais et que je composais, j’ai commencé à animer des ateliers de chansons dans une école de La Mure. Et là, j’ai constaté un certain manque au niveau du matériel musical utilisé par les enfants et j’ai décidé de développer des ateliers de fabrication d’instruments avec les enfants. Il me paraissait nécessaire que les enfants réalisent de vrais instruments, c’est-à-dire des instruments qui produisent de vrais sons, qui soient solides, accordables, durables et personnalisables. »

I.M.E. Les papillons blancs (Aix-les-Bains, Savoie)


De la facture d’instruments, du jeu de l’enfant aux «ateliers poly-sons»

 

« J’avais l’habitude de dessiner des instruments imaginaires, d’utiliser des pièces de violon ou de guitare pour les greffer sur différentes pièces aux formes esthétiques, servant de résonateur. J’utilisais les matériaux qui m’entouraient et les moyens du bord. J’aimais les instruments un peu insolites.
Plus tard, pour développer les premiers ateliers de fabrication d’instruments avec les enfants, j’ai décidé de m’inspirer des méthodes ancestrales en les réactualisant.
L’important pour moi n’était pas d’innover à tout prix. Pendant des années, j’ai eu l’occasion de jouer avec des musiciens d’origines très diverses : malgache, brésilienne, portugaise, sénégalaise et cambodgienne, etc. Ces contacts m’ont permis de fréquenter de multiples instruments et de me pencher sur leur mode de fabrication. J’ai sélectionné des matériaux à la fois solides et faciles à trouver.

Comité départemental d’action sanitaire et sociale (CODASS) d’Autrans (Isère)

Avec les enfants, lorsque mon intervention est courte, j’apporte moi-même le matériel. Sinon, je tiens à ce qu’ils le récupèrent eux-mêmes chez eux, dans leur garage, leur grenier ou à l’extérieur. Cette opération de récupération des matériaux est essentielle. Elle permet de faire travailler l’imagination. L’enfant rêve son instrument dès le moment où il récupère sa boîte ou son tube. Chaque boîte, chaque matériau résonne différemment et place l’enfant en situation de recherche, d’exploration, d’anticipation. Je fournis, un mois avant mon intervention, une liste détaillée, en insistant sur la nécessité de choisir des calibres, des grosseurs différentes, sources d’enrichissement sonore. Chacun apporte une partie du matériel. Cela permet aussi aux enfants d’être en lien avec leur environnement. Le fils du garagiste apporte des joints de pare-brise, la fille de l’électricien des fils électriques, etc. Les parents, les proches s’impliquent aussi et sont contents, lors du spectacle final, de découvrir ce que sont devenus les objets au rebut qu’ils avaient cédés aux enfants. En fait, la récupération est un moment important. Il ne s’agit pas de transformer la classe en décharge, il faut effectuer une véritable sélection quantitative et qualitative. Cela permet aux enfants d’entrer dans le processus de fabrication. Ils savent que ça va produire des sons et leur recherche se trouve orientée. Ils prennent conscience que la production du son varie selon le type de matériau.
Le choix de recourir à la récupération de déchets s’inscrit aussi dans une démarche écologique et citoyenne. Après la récupération et la sélection du matériel vient l’étape de la fabrication (mise en forme, décoration, accordage). Ensuite, on passe à celle de la connaissance de l’instrument et de son exploration, par le biais de jeux musicaux collectifs où le chant intervient aussi. C’est pour ça que ces ateliers s’appellent ateliers poly-sons. »

 

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Le site de la Compagnie Chapeau Percé Les ateliers cinéson :
Film"Le monde mécanique de Cerise" en maternelle
avec la Compagnie Chapeau Percé
Dossier
"Pratiques sonores et musicales"
témoignages sommaire Créations 121


chant, machines sonores, enregistrement, artiste 

 

Jouets d’Afrique

Mars 2006
 

CréAtions N°121 - RECUPERATION - publié en mars avril 2006

2 classes de l’Ecole maternelle Alsace, 2 classes de l’Ecole élémentaire Hubert Monnaie, 4 maisons de retraite, Lunéville (Meurthe et Moselle) - Coordination : Jamal Saïd de l’Association Aliscia(*) – Intervenant : El Yazid Kherbache

 

Jouets d’Afrique


Rencontre des générations et des cultures

 

Le jouet occupe une place prépondérante dans la vie de l’enfant. Dans les pays d’Afrique, malgré la pauvreté et le peu de moyens dont ils disposent, les enfants font preuve d’une grande imagination pour créer leurs propres jouets.
Comme eux, les enfants et les retraités ont construit leurs jouets sur l’invitation de l’Association ALISCIA, avec le concours du plasticien El Yazid Kherbache.

Origine du projet

 

Cette action, qui s’est déroulée sur huit mois, s’inscrit dans le cadre d’un projet visant à conjuguer art, écologie et lien social.

L’artiste El Yazid Kherbache, diplômé de l’Ecole des beaux-arts de Tétouan (Maroc) et de l’Ecole des Arts décoratifs de Limoges, est intervenu dans ces différents lieux, tout en créant parallèlement sa propre collection, intitulée Jouets d’Afrique.

Ses interventions avaient lieu pendant les vacances scolaires, et pour les écoliers, pendant le temps scolaire. Les enseignants se sont lancés dans l’aventure de l’art de la récup et l’art de l’Afrique.

 


Créer des jouets à partir des objets de récupération

Avant le démarrage des ateliers, les participants ont collecté tout ce qui pouvait être utile à la création (bouchons de liège, briques de lait, boîtes de fromage et de médicaments, etc.). Toute utilisation de matériel pouvant causer des blessures a été évitée. L’artiste n’a pas imposé de modèle particulier. Il a simplement montré aux participants qu’il était possible de se laisser guider par la forme et la matière de l’objet récupéré. Les enfants de maternelle ont surtout créé des bonshommes, tandis que les élèves d’élémentaire semblaient plus attirés par la thématique des animaux. L’artiste a su susciter chez les enfants l’imagination, l’invention et éveiller leur intérêt pour l’art. Il a su créer un climat de confiance et de complicité, respecter le rythme de chacun. Il s’est efforcé de ne rien imposer pour ne pas gêner la créativité enfantine qui diffère de celle de l’adulte. Les ateliers ont conduit les enfants à fournir un effort pour percevoir et comprendre.

 

 témoignages                                   sommaire CréAtions N°121

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jouets, matériaux de récupération, El Yazid Kherbache, plasticien

 

Sculptures à la déchetterie

Mars 2006
détournement
 

 CréAtions N°121- RECUPERATION -  publié en mars-avril 2006

CP et CM2, Ecole élémentaire, Mens (Isère)
Enseignantes: en C.P. avec Michèle Giraud et en C.M.2, avec Marie-Claude Froment
Artiste Scénographe : Véronick Isnard.


Sculptures à la déchetterie

 

Mise en scène d’exposition, création de livres objets, adaptation de jeux du monde à échelle humaine dans les lieux publics, sentiers et livrets pédagogiques et ludiques, décors, mes formations en architecture d’intérieur et en design aux Beaux-Arts de Marseille, ainsi que mes rencontres, m’ont conduite à ce métier d’artiste scénographe.

La solitude est l’espace dans lequel prend naissance la création. Cette solitude dont j’ai besoin, ne me suffit pourtant pas, il me manque l’échange et la rencontre. C’est pour ces deux raisons qu’en parallèle de mon travail de création, je tiens à intervenir dans le domaine des arts plastiques auprès de tous les publics et dans des cadres très divers : écoles, bibliothèques, festivals, centres sociaux, etc. Il s’agit pour moi de faire découvrir ma passion pour le volume et l’espace et surtout de la partager. Mes interventions s’inscrivent très souvent dans le cadre d’un projet d’école. Elles sont un élément dans la globalité du projet auquel je me dois de m’intégrer. Chaque projet est alors unique.
Le projet dont je rends compte ici s’est déroulé en mai 2000, à l’école primaire de Mens, en C.P. avec Michèle Giraud et en C.M.2, avec Marie-Claude Froment. Le projet d’école étant axé sur l’éco-citoyenneté, ma proposition s’est portée sur la réalisation de quatre sculptures dans la déchetterie du village, avec l’idée centrale d’employer au maximum des objets de récupération. Les moyens humains ont été un élément essentiel pour réaliser ce projet. Sans la présence d’adultes à tous les stades (expérimentation en classe, mise en œuvre sur le site de la déchetterie), il n’aurait pas pu se réaliser. Les adultes ont aidé à la manipulation des outils (scie, perceuse, cutter, visseuse, soudure…) ainsi qu’à la concrétisation des idées et des envies des enfants. Une enseignante et un aide éducateur étaient présents pour chaque classe, à chacun des deux ateliers de trois heures réalisés à l’école. Les deux enseignantes, un aide éducateur, deux ou trois parents bricoleurs très motivés, encadraient les quatre groupes d’une dizaine d’enfants des deux classes, pour les trois séances de trois heures sur le site. L’autorisation ayant été enfin accordée par la communauté des communes, gestionnaire de la déchetterie, les quatre sculptures ont été installées pour une durée d’une année au terme de laquelle chaque élément des sculptures est retourné à son point de départ : la benne !
Les objectifs ont été fixés par les deux enseignantes et moi.

 


Complémentarité et communication


Pour la phase d’expérimentation en classe, un travail individuel consistait à réaliser un assemblage d’objets recueillis par tous, enseignantes et enfants : bouteilles, canettes, boîtes, ficelles, gaines électriques provenant d’un papa artisan et idéales pour créer un mouvement ondulatoire et un lien entre et au travers d’autres éléments. La consigne était de choisir des objets ayant un point commun: leur forme longue, cubique, ronde ou une caractéristique identique (transparence, rigidité, aspect lisse), de réfléchir à leur agencement les uns par rapport aux autres, puis d’y intégrer quelques objets ayant une seconde caractéristique.
Il s’en est suivi un travail de groupes, mêlant les deux classes, donc les différents âges, pour la mise en œuvre sur le site. Ce fut pour moi le temps le plus fort et le plus positif avec, bien sûr, la rencontre humaine. Je garde un formidable souvenir de ce travail en décloisonnement, avec répartition des tâches en fonction de l’âge et cette mise en valeur de la complémentarité. Voilà un mot que j’adore car il fait appel à la différence de l’autre et à son respect.

La salle de gym d’en fer



Nous sommes partis de la forme ronde et du mouvement circulaire, comme celle du tambour de la machine à laver ou de la roue arrière du vélo qui est entraînée par les pédales. Nous avons eu l’idée de faire tourner le tambour sur lui-même pour produire du bruit grâce à des boîtes de conserve que nous avons rajoutées à l’intérieur. Avec Gabi et Bruno, nous avons pu fixer, souder, coller, clouer les objets de récupération choisis. Et voilà la salle de gym d’en fer qui fonctionne à merveille ! Mode d’emploi : S’asseoir sur la chaise rouge, pédaler avec énergie et… vous aurez une surprise !

Eugénie, Alicia, Charlyne, Elodie, Céline, Claire, Nicolas


En classe, il y a eu les recherches collectives sur la langue : les adjectifs permettant de définir les matériaux récupérés : gros/petit, long/court, opaque/transparent/translucide, rigide/souple, rugueux/lisse…, les verbes d’actions liés aux différentes étapes de construction : percer, scier, couper, coller, transpercer, souder, etc.
Mais aussi l’expression orale individuelle : chacun, y compris les plus timides, était invité en fin de séance à expliquer le cheminement de son travail, ses choix. Et l’expression écrite collective : chaque groupe a rédigé un texte inspiré par la réalisation de sa sculpture à la fin du projet.

témoignages

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 détournement d’objets, matériaux de récupération, Véronick Isnard, scénographe

 

L'art-récupération

Mars 2006
 

 CréAtions N°121- RECUPERATION - publié en mars avril 2006


Association Et Colégram... Bourgoin Jallieu (Isère)


L'ART-récupération - Sésame ouvre-toi !

 

Local


 

Pourquoi Et Colegram ?


Nichée en Nord Isère, depuis douze ans, notre association Et Colégram... collecte, auprès des entreprises de la région Rhône-Alpes, une grande variété de matériaux de récupération. Ces déchets industriels sont proposés aux adhérents comme source de créativité et outils d'éducation à l'environnement.
Véritable caverne d'Ali Baba, notre local de Bourgoin-Jallieu (entre Lyon et Grenoble), accueille toute personne curieuse et passionnée. Autour du traditionnel café-petits gâteaux, l'ingénieux bidouilleur rencontre l'artiste en pleine ébullition créative, l'enseignant enthousiaste échange avec l'éducateur de quartier, les aînés comme les plus jeunes s'amusent aussi à farfouiller dans ces trésors issus des bennes d'usine. Les matières se côtoient sur les étagères en un joyeux méli-mélo : papier, carton, textile, bois, verre, métaux, plastique, minéraux, et suscitent un autre regard, un autre dialogue sur les déchets et leur devenir.


Et Colégram… est aussi une aventure humaine : une équipe de cinq salariées, un groupe de bénévoles très actifs dont huit administrateurs et des centaines d’adhérents.

Un accueil particulier est réservé aux personnes handicapées de deux I.M.E. proches, qui viennent aider au conditionnement des matériaux. Là encore, la matière est un support de valorisation des capacités de chacun. Nous aimons cet échange, des liens se sont tissés au fil des ans avec ces bénévoles.

Les récupératrices
 

Bénévoles en pleine action

Notre secteur géographique est très industrialisé et nous sollicitons les entreprises pour prélever une petite part de leurs déchets. Leurs matières premières inutilisées, essais, chutes de production, échantillons, etc. sont revalorisés par nos adhérents, enfants et adultes.
A chaque collecte, nous apportons des photos de réalisations faites, les industriels sont étonnés et admiratifs.


La récup’ s’anime

En effet, nous transportons dans nos camions un mini local, c’est-à-dire une quantité impressionnante de matériaux et nous investissons salles de classe, gymnases, salles des fêtes, etc. Les enfants découvrent les matières, les outils : colle, ciseaux mais aussi marteaux, scies, vrilles, etc.
Ils sont, à ce moment-là, face à leur imaginaire. La liberté de créer, sans préjugé, sans technique précise, apporte un épanouissement et une valorisation à la personne qui accepte ce jeu.


Se laisser séduire par la matière, jouer du plaisir de transformer, plisser, froisser, couper, enrouler, que ce soit le bois de placage coloré, les copeaux d’aluminium, les mousses adhésives, tant d’autres trésors encore …

 

 

Nous pensons que la variété et l’abondance des matières proposées stimulent l’expression et la création chez l’enfant et l’adulte. Chacun, selon sa sensibilité, va se diriger vers une matière ou une autre pour commencer sa création, ce premier élément en invite un autre, d’une certaine forme ou couleur et ainsi va le cheminement mental de cette expression créative dans laquelle la matière devient l’outil.

Nous nous reconnaissons pleinement dans les propos d'Ambroise Monod, fondateur du mouvement Récup’Art dans les années 60 : «…Redonner la chance d’une existence nouvelle à un déchet, c’est d’abord un exercice du regard. Ca peut devenir une œuvre d’art. Ce n’est pas la récupération de l’art, mais l’art de la récupération…»

 

CM1-CM2, Création éphémère autour de six matières:
ici, Tours en plastique (jeu du tri)

 

 

Ces matériaux, déchets d’usines, deviennent alors des richesses et tout à coup, le mot déchet devient positif: un déchet, ça peut être beau, propre, intéressant, si on le regarde autrement et c’est là que notre rôle d’éducateur à l’environnement prend son sens.


En classe ou au centre de loisirs, on crée de belles choses avec des matières-déchets industriels. Mais quels sont les déchets qui nous entourent et que deviennent-ils après le passage du camion poubelles ?

 

Recyclage, gaspillage, tri, tous ces sujets sont évoqués pendant nos programmes d’animation et un débat s’installe.
Seul problème après notre passage dans la structure : les parents ne peuvent plus rien jeter car les enfants voient des possibilités créatives dans chaque déchet !!!

Stage de dé-formation professionnelle

 

Le tri sélectif, on le pratique souvent en début d’animation : reconnaître, identifier la matière, ce tri devient vite le support de créations éphémères, libres.


 CM1-CM2, Création éphémère Fleur en tissus,
après le jeu du tri.

 

témoignages

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objets sonores, créations éphémères, menuiserie, collage

 

Carte blanche: La lettre à Monsieur le Maire

Mars 2006
 

CréAtions N°121 - RECUPERATION - publié en mars avril 2006


GS - Ecole maternelle Jean moulin, Pernes les Fontaines (Vaucluse)
- Enseignante: Eliane Trocolo

 

Carte blanche : La lettre à Monsieur le maire

 

 

 

La lettre à Monsieur le maire

- et si on participait au tri sélectif
- c’est quoi un composteur ?

- on porte la lettre où ?
- à la mairie
- ou à l’hôtel de ville
- c’est bien, il peut y dormir aussi !!!

- beurk, des vers !!!
- oh !!! une sauterelle sur une fleur
- l’eau du canal est sale !!!

 

 

   1    Information
  2    Stop !
  3    A l’école
  4    Chez Marine
  5    Coucou, c’est nous.
  6    Ecrire
  7    Dessiner
  8    Le 18 octobre 2005
  9    En ville
10    Le canal
11    Jardin de la mairie
12    Bureau du maire
13    Le 16 décembre 2005
14    Le jardin et son hôtel à insectes
15    Merci Monsieur Gabert


témoignagess

sommaire Créations n° 121

lettre , Maire, photographie, montage

 

Rencontres

Mars 2006
 

RECUPERATION - CréAtions N°121
Publication en mars avril 2006
GS - Ecole Maternelle du Centre, Hennebont (Morbihan) - Enseignante : Michèle Coudé

 

Rencontres

Couleurs d’automne, peinture et modelage, monstres de carton

 

Pour répondre aux objectifs du projet d’école qui s’intitule Culture et citoyenneté, vivre ensemble et s’ouvrir aux autres, je choisis trois axes de travail pour l’année :
- La fréquentation régulière des deux galeries d’exposition de la ville permettra de familiariser les enfants avec ces lieux, les artistes, les œuvres différentes, afin de définir des pistes de travail.
- La réalisation d’un projet commun autour d’ateliers d’arts plastiques favorisera la rencontre avec des adultes en situation de handicap.
- La réutilisation des déchets du tri sélectif sensibilisera les enfants à la nécessité du recyclage.

 

Premier projet:
Couleurs d’automne
Deuxième projet:
Peinture et modelage

Troisième projet:
Les monstres


témoignages

 sommaire Créations n° 121

automne, éléments naturels, matériaux de récupération, modelage, monstres, peinture

 

Une Pratique, un Outil : Comment va-t-on faire pour cacher les animaux dans la feuille?

CréAtions n° 121 "Récupération"
publié en mars-avril 2006

Classe de Petite Section, École maternelle de l’Amirauté, Fort-Mardyck (Nord)

 

Comment va-t-on faire pour cacher les animaux dans la feuille ?

Matériel : silhouettes d’animaux découpés dans du papier à motifs-fourrure, puis plastifiés.

 

 La girafe         Le zèbre


       La panthère        Le tigre

 

 Tristan : La girafe et la panthère ont des points et des taches.

 

Manon : Le tigre et le zèbre ont des traits et des lignes.

 

Louis : Pour qu’ils soient cachés, on doit mettre sur la feuille les mêmes couleurs, comme s’ils avaient une grande fourrure.

 

"Une pratique, un outil"  sommaire Créations n° 121

formes, couleurs, peinture 

 

Sorcière, custom, couture

Mars 2006
 

RECUPERATION - CréAtions N°121
Publication en mars avril 2006
Isabelle Levard, artiste autodidacte, Saint-Hilaire de Riez (Vendée)

 Sorcière, custom, couture

Une raconteuse bricoleuse

 

Les sorcières ne sont pas toujours habillées de noir. Il leur arrive, pour certaines occasions comme le grand défilé des sorcières, de se fabriquer des costumes de fête. Pour cela, il leur faut de la matière première.
Aussi récupèrent-elles toutes sortes de tissus, de boutons, de perles, de bijoux, de dentelles, de laines, de fils et d’aiguilles ; là où l’on jette, là où l’on donne et où l’on achète à prix modique. Elles ont horreur du gaspillage. Ce sont avant tout des recycleuses, qui ont pour dicton :
Ce n’est pas parce que l’on naît carabossé
Que l’on n’a pas le droit à une seconde chance !
Après la récupération, les sorcières doivent trouver l’inspiration qui guidera la réalisation. Comme par magie, les couleurs font le thème.
Leurs mains s’activent : elles repassent, mesurent, tracent, découpent, enfilent, surfilent, bâtissent et piquent à la machine.
Les sorcières s’appliquent et passent beaucoup de temps à réaliser leur ouvrage. Elles veulent un travail impeccable ! Elles y mettent tout leur cœur car il s’agira de faire valoir son savoir-faire pour devenir reine d’une nuit, pour que la fête soit haute en couleurs et débordante de joie de vivre.
Elles deviendront Sorcière de la nuit, Sorcière du printemps, Sorcière du soleil levant ou Fleur de sorcière !
Le choix est limité car l’imagination l’est aussi.
Et c’est dans la plus grande convivialité qu’elles se feront un plaisir de vous rendre visite !
Cerise Bidule, sorcière couturière.

 


témoignages

 sommaire CréAtions n° 121

sorcière, couture

 

Le carnet de bord des élèves de l'atelier danse - carnet n° 4

 

 

 

 Carnet n° 4
 

 

 

 

Retrouvailles -

Après plusieurs années à me dire que j’allais m’y mettre sans jamais rien faire, voilà que pour une fois je me tais et danse.
Besoin de bouger, de renouer le contact avec mon corps, envie de percevoir la musique aussi, de l’intégrer, de la traduire peut-être d’une autre manière.
J’apprends à sentir, ressentir, prendre conscience de mes gestes, de mes muscles, d’une énergie fluide et presque palpable que j’aurais jusqu’alors ignorée.
Je m’aperçois que mon corps n’est pas seulement cet outil fonctionnel, répondant de façon quasi automatique à mes demandes,
mais aussi un moyen d’exprimer un état, un Je, parfois difficilement définissable par les mots.

                                      

…. capables de les faire cohabiter.
Ce jour, nous allons nous centrer sur les formes :
Comment peuvent-elles se poser dans l’espace ?
Comment peuvent-elles se déplacer ?
Chaque séance se bouclera par des mises en espace de nos trouvailles. Aujourd’hui je la propose, les autres séances ce
sera Marion. Pour elle, c’est important de faire ce travail compte tenu de son choix de formation (bac danse).

                                                    

 

 


Produire              Jeudi 17 novembre

 

Nous étions 9

Comme prévu, j’ai dirigé la barre au sol.
Au moins j’ai essayé ! Catherine a pris lerelais quand il le fallait. Nous n’avons pasfait la barre au sol de Merce Cunningham
mais avons ajouté un autre exercice.

                                 


 

Je suis une nouvelle élève au lycée exp et j’ai découvert la danse au sein de cet établissement grâce à un atelier appelé « marcher c’est danser ». Nous faisions de la danse contemporaine. J’en avais aucune connaissance avant mais j’ai trouvé ça très intéressant, j’y ai appris beaucoup de choses.
Je vais aussi à la spécialité Danse où j’y étudie quelque pièce de Dominique Bagouet. Malheureusement je me suis rendu compte un peu tard de l’existence de ces cours (mais comme je peux y participer c’est parfait !)
Il y a aussi l’activité produire (" écrire avec le corps"), c’est une expérience très enrichissante car nous utilisons plein de méthodes très variées et parfois difficiles ;
Je remercie le lycée expérimental ainsi que Catherine pour m’avoir réveillée car j’ai dansé et grâce à eux je m’y suis remise et la danse
détend le corps et la liberté.

Adeline

 

 

Fin de premier trimestre, bilan des activités.
Au lycée expérimental, nous sommes dans l’obligation de nous interroger à différents niveaux sur le regard que nous portons sur les activités que nous avons animées : le temps de dialogue avec les élèves ; le temps de notre propre regard réflexif ; le temps des questionnements dans les réunions d’équipe éducative.
Mon bilan concerne l’objectif de mise en route de l’activité danse : dire avec qui j’ai travaillé, et pour quel type d’engagement.
L’objectif général du Lycée est de permettre aux élèves de construire leur parcours de vie et de formation. Nous avons donc inventé des structures pédagogiques avec des niveaux d’engagement différents : l’atelier est un engagement de groupe pour quinze jours soit 24 heures de formation ; l’activité de niveau répond aux besoins de formation spécifiques des différents baccalauréats et est contingentée à la durée de l’année scolaire ; l’activité inter niveau nous permet d’aborder la formation générale. L’activité en danse fait partie de cette dernière activité. Nous y abordons la Lecture, l’Ecriture au sens large, le Débat/Argumentation et une activité de Production de 6 ou 7 semaines qui aboutit à une réalisation concrète.
Si l’élève peut ne venir qu’une séance pour découvrir, au fur et à mesure des séances, le groupe se stabilise. Cette année, l’atelier concerne régulièrement dix élèves.

Pourquoi je n’ai pas commencé la danse contemporaine tout de suite ?
Si je n’y suis pas allée, ce n’est pas parce que je n’aime pas danser mais plutôt parce que, étant arrivée au Lycée en milieu d’année, j’ai eu peur de rentrer dans un groupe où tout le monde se connaissait depuis déjà deux mois et aussi à cause de l’appréhension de commencer une activité que je ne connaissais pas. En fait, j’avais peur d’être jugée et j’avais peur de l’inconnu.
Léa

 

 

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Laurent Inquimbert, transporteur d’émotion

Mars 2006
 

RECUPERATION - CréAtions N°121
Publication en mars avril 2006
Laurent Inquimbert, artiste sculpteur - Entretien -
Dans l'atelier du sculpteur - Classe de CE2/CM1 – Ecole de Camps-La-Source (Var) – Enseignant : Rémy Gaudron - Conseillère pédagogique départementale en arts plastiques : Corinne Le Gat-Callier

Laurent Inquimbert, transporteur d’émotion

 

Guerrier (détail)

 

Hervé Nunez : Comment vous définissez-vous ?
Laurent Inquimbert : Créateur, sculpteur, inventeur de formes, transformateur de matières, recycleur, détourneur de matériaux, de techniques ou de mises en œuvre, voire constructeur…, j’aurai entendu beaucoup de termes différents pour qualifier mon métier. Il est vrai qu’on ne peut pas parler de métier au sens strict du terme, car, en définitive, j’utilise des connaissances provenant de plusieurs métiers différents : Le moulage et la fonderie, bien sûr, mais aussi la métallerie, l’ébénisterie, la soudure, les patines, le verre, etc., pour finalement synthétiser leurs opérations, ce qui est l’essence de la création artistique. Cela représente ma méthode et mon objectif artistiques.
Au-delà de la technique, qu’il s’agisse de création pure, de fonderie artistique (et donc de relecture) ou de formation, ma recherche est la même, à savoir « une liberté d’expression qu’aucun autre média ne peut permettre : celle de l’émotion et de l’intime ».
Un geste n’appartient qu’à celui qui le met en œuvre, une idée de forme n’appartient qu’à celui qui la conçoit, etc.
Chaque individu est unique, comme chaque geste ou chaque œuvre d’art, et aucun rapport à une œuvre ne peut être expliqué aussi profondément qu’il n’est vécu. Ainsi, l’œuvre d’art permet le transfert émotionnel et donc intime.
HN : Croyez-vous que l’art puisse changer le monde ?
LI : L’art permet d’atteindre le cœur des choses par l’invention de formes, de traits ou de couleurs, par l’assemblage de ces inventions ou par l’utilisation de techniques hors du commun. Le feu en est un exemple flagrant : personne, devant une coulée de bronze, ne se comporte comme dans son quotidien. L’effort de concentration atteint un niveau inhabituel.

Entretien

  

Arbre creux

Guerrier

L’œuvre d’art touche sans dire où ni comment. Elle enseigne sur soi et sur le monde intérieur de chacun.
Au-delà de l’individu, la création artistique permet d’insuffler des idées, des concepts. Elle permet la distorsion des clichés de pensée et l’accommodation en des créations nouvelles… Elle inaugure donc l’avenir.
Une société sans art est une société moribonde.

En ce qui me concerne, l’idée même de créer me suffit pour être certain qu’après l’œuvre vue ou faite, je serais différent et donc que le monde sera différent car plus riche d’une œuvre ou d’une émotion transmissible.

 

HN : Est-ce que les enfants sont réceptifs à votre message ?
LI : Ce « transfert d’émotion » est clairement visible chez les enfants, avec lesquels j’ai eu l’occasion de travailler.
Leurs émotions et leur intimité toutes neuves se transmettent des uns aux autres sans difficulté, sans inhibition. Avec des créations simples et un accompagnement discret, la réalisation de petites sculptures par transformation (cire perdue et coulée aluminium) leur permet de mettre des émotions en rapport avec la découverte de l’inconnu (décochage des moules réfractaires après la fusion du métal et du remplissage des moules)
Finalement, j’aime toucher, par la création et la matière, un des fondements de l’humanité: «découvrir et avancer».

Arbre creux (détail)

 

 

témoignages

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aluminium, Laurent Inquimbert, sculpteur

 

Comprendre la création - Expérimenter le hasard

Mars 2006
 

CréAtions N°121 - RECUPERATION - publié en mars avril 2006

Classes de Terminales Technologiques – LEGTA* François Pétrarque (Lycée d’Enseignement Général et Technologique Agricole), Avignon (Vaucluse) - Enseignante : Yolande Dupuy, (Français)

Comprendre la création - Expérimenter le hasard
Apprivoiser l’absurde

Dans les lycées agricoles, le module M1 implique deux matières : l’E.S.C.** qui s’occupe de la formation à l’image, et le français, qui gère la partie texte. Les élèves ont pour tâche d’explorer au CDI, à raison de deux heures par semaine, en compagnie de leurs deux enseignantes, deux mouvements artistiques : le Surréalisme et le Dadaïsme. A l’issue de six mois de questionnement et de recherche, chacun doit rendre un dossier composé de cinq textes en lien avec cinq œuvres picturales portant sur un thème de son choix : la femme, la révolte, l’humour, la mort, le désir, la nature. Ce dossier sert de support à une évaluation en cours de formation, prise en compte pour le Baccalauréat (c’est un équivalent des Travaux Pratiques Encadrés). Malgré la difficulté réelle de cette épreuve, les élèves sont beaucoup engagés dans leur recherche et prennent leur travail à cœur.

Ces créations ont été réalisées à la demande de l’enseignante de français. Elle présente ici sa démarche :

En début d’année, après avoir abordé quelques textes Dada et surréalistes qui ont laissé les élèves plutôt perplexes, il m’a semblé opportun de les mener à l’écriture poétique, afin qu’ils expérimentent cette notion reine pour les deux mouvements : le hasard. Je les ai tout d’abord engagés dans la création d’un photomontage qui pouvait servir de tremplin à leur imaginaire et insuffler de l’élan à leur création poétique.
Cette expérimentation du hasard a guidé aussi bien le travail sur l’image que le travail portant sur les textes. Ces créations ont utilisé en tout et pour tout une heure sur le temps de cours. Une seule séance a en effet été consacrée à la mise en place de l’opération et à la transmission des consignes.

 

 

 

Ce qui se passe dans les nuages noirs
Je vois un ciel enragé
Je vois une jeune fille aux cheveux noirs
Je vois une bouche à papier, un ourson
Je vois un enfant dans un océan bleu
Je vois encore un ourson

Je vois des pieds qui me rappellent la vérité
Je vois des pieds dessinés

Le ciel est enragé
Les nuages sont noirs.
Une jeune fille tente de percer
Tous les nuages noirs comme ses cheveux noirs.
Le trou noir de la bouche à papier
Laisse apparaître un ourson à délivrer.

Travail sur l’image


Pendant la phase de recherche d’images, les élèves devaient découper dans des magazines des images et des mots qui leur plaisaient, sans se poser la moindre question (sans souci de thème ou de logique).
Puis, lors du photomontage à la maison, ils devaient élaborer une composition en sélectionnant, en organisant les images et en les associant par collage. Pour cela, ils ont privilégié le hasard et la volonté de faire une création esthétique (belle).

 

Sur cette image on ne voit guerre…
Sur cette image on voit une bataille
Taillent leurs armes blanches les militaires
Terre maudite pour laquelle ils se battent
Battent en retraite ceux qui ont peur.

Sur cette image on voit des tués
Tu es effrayé à chaque instant
Temps de dire adieu à tous tes amis
Mis les baïonnettes au bout des armes.

Sur cette image on voit la violence
Lances, épées, canons et armes à feu
A feu et à sang sont les armées
Mais la mort va tous les emporter.

Sur cette image on voit Bob l’éponge
Eponge le sang rouge qui a coulé
Les morts, hélas, sont omniprésents
Présent, passé, futur se confondent.
J.C.

 

 

Travail sur le texte

Une fois leur montage réalisé, les élèves ont pu passer à la phase d’écriture du poème. Pour cela, ils devaient tout d’abord, pour chaque vers, décrire un élément du photomontage dans une phrase simple et qui avait toujours la même structure : J’ai vu…, Je me souviens…, Dans cette image, il y a…, Dans ma tête…, etc.
Puis, dans un deuxième temps, leur poème a basculé dans une "surréalité". Les élèves devaient alors écrire des phrases reprenant ces éléments mais en les mélangeant : ainsi, le sujet du premier vers prenait le verbe du quatrième vers ; le complément d’objet direct du dixième vers devenait le circonstanciel du sixième vers.
Les phrases et les vers se sont alors constitués au gré de leur bon vouloir, de leur fantaisie, de leur fibre poétique et humoristique.

* Lycée d'Enseignement Général et Technologique Agricole.

** Education Socioculturelle e Communication.

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  photomontage, écriture

 

Bibliographie CréAtions n°121, avril 2006

Mars 2006

                                                   
CréAtions n°123 - Récupération - mars-avril 2006

Bibliographie

Bibliographie CréAtions n° 121 – Récupération

 

- Nouvelles Lutheries sauvages, Max Vandervorst, Editions Alternatives-Sedag, 1997.
Créations d’instruments de musique.

- Jouets sonores, Serge Durin, Editions L’Ostal del Libre, Lo Biais-Jeunesse, 1996.
Objets sonores et petits instruments de musique créés avec toutes sortes de matériaux de récupération ou trouvés dans la nature.

- La Fabuloserie, Alain Bourbonnais, Dicy, 2001.
Présentation du musée de la Fabuloserie, consacré à l’Art Brut.
Créations n° 22, Editions ICEM-CEL, mars 1985 (épuisé).
Avec une interview de Alain Bourbonnais par les élèves d’Olivier Penhouët.

- « Un musée de l’insolite : La Fabuloserie », BT n° Editions ICEM-CEL, juin 1985 (épuisé).

- Arts et déchets, Gérard Bertolini, Editions Aprède/Le Polygraphe, 2002.
Livre qui propose une approche transversale et ludique de l’art. Nombreuses reproductions en couleurs.

- De l’Art avec la Nature, Nils Udo, Centre d’Art contemporain de Vassivière en Limousin, Editions Wienand (épuisé).

- Les singuliers de l’art, Revue Dada n° 93, Editions Mango, juin 2003.

- Dubuffet, Revue Dada n° 76, Editions Mango, septembre 2001.

- Art et correspondance, Revue Dada n° 27, Editions Mango, 1196.

- L’explorateur nu, plaisir du jeu et de la découverte du monde, Jean Epstein, Editions Universitaires, 1197.
Un « outil » permettant l’improvisation de nouveaux jeux.

 


Albums pour enfants utilisant des matériaux de récupération :

 

- Les œuvres de Christian Voltz, Editions du Rouergue.

- Magasin Zinzin, aux merveilles d’Alys, Frédéric Clément, Editions Albin Miche Jeunesse, Collection Ipomée, 2000.
Des matériaux de récupération pour un musée personnel.

- Trompe l’œil, Joan Steiner, Editions Circonflexe, 2000. (Deux versions dont l’une pour juniors à partir de trois ans).

- Bestioles, Jephan de Villiers, Editions Grandir (édition enrichie), 2004.
A partir d’éléments récupérés dans l a forêt.

- Des feuilles très très chouettes, Mortéza Esmâli Sohi, Editions Grandir, 1992.
A partir de feuilles et de pétales.

- Livres de cailloux, Isabelle Simon, Editions Thierry Magnier, 2003.
Galerie de portraits à partir de cailloux.

- « Bricopolis », Vincent Kohler, Editions Quiquandquoi, Collection « art-y-es-tu ? », 2003.
Au fil des pages, comme dans un dessin animé, les objets s’échappent d’un carton et s’associent pour devenir robot à écrire, avion à peindre, fusée à explorer le monde, un monde habité par une souris, des araignées, etc.

 


Cinéma d’animation, aux Editions les Films du préau (à partir de 4 ans) :

 

- Franz et le chef d’orchestre, Uzi et Lotta Geffenblad, Suède, 20005. (éléments découpés).

- Le trésor de Mole, Tini Sauvo, Finlande, 2001 (aquarelle, pastel sur papier et éléments découpés).

- Florian et Malena, Anita Killi, Norvège, 2001 (éléments découpés).

- Les contes de la mère poule.

 

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