Laurent Inquimbert, transporteur d’émotion

Mars 2006
 

RECUPERATION - CréAtions N°121
Publication en mars avril 2006
Laurent Inquimbert, artiste sculpteur - Entretien -
Dans l'atelier du sculpteur - Classe de CE2/CM1 – Ecole de Camps-La-Source (Var) – Enseignant : Rémy Gaudron - Conseillère pédagogique départementale en arts plastiques : Corinne Le Gat-Callier

Laurent Inquimbert, transporteur d’émotion

 

Guerrier (détail)

 

Hervé Nunez : Comment vous définissez-vous ?
Laurent Inquimbert : Créateur, sculpteur, inventeur de formes, transformateur de matières, recycleur, détourneur de matériaux, de techniques ou de mises en œuvre, voire constructeur…, j’aurai entendu beaucoup de termes différents pour qualifier mon métier. Il est vrai qu’on ne peut pas parler de métier au sens strict du terme, car, en définitive, j’utilise des connaissances provenant de plusieurs métiers différents : Le moulage et la fonderie, bien sûr, mais aussi la métallerie, l’ébénisterie, la soudure, les patines, le verre, etc., pour finalement synthétiser leurs opérations, ce qui est l’essence de la création artistique. Cela représente ma méthode et mon objectif artistiques.
Au-delà de la technique, qu’il s’agisse de création pure, de fonderie artistique (et donc de relecture) ou de formation, ma recherche est la même, à savoir « une liberté d’expression qu’aucun autre média ne peut permettre : celle de l’émotion et de l’intime ».
Un geste n’appartient qu’à celui qui le met en œuvre, une idée de forme n’appartient qu’à celui qui la conçoit, etc.
Chaque individu est unique, comme chaque geste ou chaque œuvre d’art, et aucun rapport à une œuvre ne peut être expliqué aussi profondément qu’il n’est vécu. Ainsi, l’œuvre d’art permet le transfert émotionnel et donc intime.
HN : Croyez-vous que l’art puisse changer le monde ?
LI : L’art permet d’atteindre le cœur des choses par l’invention de formes, de traits ou de couleurs, par l’assemblage de ces inventions ou par l’utilisation de techniques hors du commun. Le feu en est un exemple flagrant : personne, devant une coulée de bronze, ne se comporte comme dans son quotidien. L’effort de concentration atteint un niveau inhabituel.

Entretien

  

Arbre creux

Guerrier

L’œuvre d’art touche sans dire où ni comment. Elle enseigne sur soi et sur le monde intérieur de chacun.
Au-delà de l’individu, la création artistique permet d’insuffler des idées, des concepts. Elle permet la distorsion des clichés de pensée et l’accommodation en des créations nouvelles… Elle inaugure donc l’avenir.
Une société sans art est une société moribonde.

En ce qui me concerne, l’idée même de créer me suffit pour être certain qu’après l’œuvre vue ou faite, je serais différent et donc que le monde sera différent car plus riche d’une œuvre ou d’une émotion transmissible.

 

HN : Est-ce que les enfants sont réceptifs à votre message ?
LI : Ce « transfert d’émotion » est clairement visible chez les enfants, avec lesquels j’ai eu l’occasion de travailler.
Leurs émotions et leur intimité toutes neuves se transmettent des uns aux autres sans difficulté, sans inhibition. Avec des créations simples et un accompagnement discret, la réalisation de petites sculptures par transformation (cire perdue et coulée aluminium) leur permet de mettre des émotions en rapport avec la découverte de l’inconnu (décochage des moules réfractaires après la fusion du métal et du remplissage des moules)
Finalement, j’aime toucher, par la création et la matière, un des fondements de l’humanité: «découvrir et avancer».

Arbre creux (détail)

 

 

témoignages

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