Comprendre la création - Expérimenter le hasard

Mars 2006
 

CréAtions N°121 - RECUPERATION - publié en mars avril 2006

Classes de Terminales Technologiques – LEGTA* François Pétrarque (Lycée d’Enseignement Général et Technologique Agricole), Avignon (Vaucluse) - Enseignante : Yolande Dupuy, (Français)

Comprendre la création - Expérimenter le hasard
Apprivoiser l’absurde

Dans les lycées agricoles, le module M1 implique deux matières : l’E.S.C.** qui s’occupe de la formation à l’image, et le français, qui gère la partie texte. Les élèves ont pour tâche d’explorer au CDI, à raison de deux heures par semaine, en compagnie de leurs deux enseignantes, deux mouvements artistiques : le Surréalisme et le Dadaïsme. A l’issue de six mois de questionnement et de recherche, chacun doit rendre un dossier composé de cinq textes en lien avec cinq œuvres picturales portant sur un thème de son choix : la femme, la révolte, l’humour, la mort, le désir, la nature. Ce dossier sert de support à une évaluation en cours de formation, prise en compte pour le Baccalauréat (c’est un équivalent des Travaux Pratiques Encadrés). Malgré la difficulté réelle de cette épreuve, les élèves sont beaucoup engagés dans leur recherche et prennent leur travail à cœur.

Ces créations ont été réalisées à la demande de l’enseignante de français. Elle présente ici sa démarche :

En début d’année, après avoir abordé quelques textes Dada et surréalistes qui ont laissé les élèves plutôt perplexes, il m’a semblé opportun de les mener à l’écriture poétique, afin qu’ils expérimentent cette notion reine pour les deux mouvements : le hasard. Je les ai tout d’abord engagés dans la création d’un photomontage qui pouvait servir de tremplin à leur imaginaire et insuffler de l’élan à leur création poétique.
Cette expérimentation du hasard a guidé aussi bien le travail sur l’image que le travail portant sur les textes. Ces créations ont utilisé en tout et pour tout une heure sur le temps de cours. Une seule séance a en effet été consacrée à la mise en place de l’opération et à la transmission des consignes.

 

 

 

Ce qui se passe dans les nuages noirs
Je vois un ciel enragé
Je vois une jeune fille aux cheveux noirs
Je vois une bouche à papier, un ourson
Je vois un enfant dans un océan bleu
Je vois encore un ourson

Je vois des pieds qui me rappellent la vérité
Je vois des pieds dessinés

Le ciel est enragé
Les nuages sont noirs.
Une jeune fille tente de percer
Tous les nuages noirs comme ses cheveux noirs.
Le trou noir de la bouche à papier
Laisse apparaître un ourson à délivrer.

Travail sur l’image


Pendant la phase de recherche d’images, les élèves devaient découper dans des magazines des images et des mots qui leur plaisaient, sans se poser la moindre question (sans souci de thème ou de logique).
Puis, lors du photomontage à la maison, ils devaient élaborer une composition en sélectionnant, en organisant les images et en les associant par collage. Pour cela, ils ont privilégié le hasard et la volonté de faire une création esthétique (belle).

 

Sur cette image on ne voit guerre…
Sur cette image on voit une bataille
Taillent leurs armes blanches les militaires
Terre maudite pour laquelle ils se battent
Battent en retraite ceux qui ont peur.

Sur cette image on voit des tués
Tu es effrayé à chaque instant
Temps de dire adieu à tous tes amis
Mis les baïonnettes au bout des armes.

Sur cette image on voit la violence
Lances, épées, canons et armes à feu
A feu et à sang sont les armées
Mais la mort va tous les emporter.

Sur cette image on voit Bob l’éponge
Eponge le sang rouge qui a coulé
Les morts, hélas, sont omniprésents
Présent, passé, futur se confondent.
J.C.

 

 

Travail sur le texte

Une fois leur montage réalisé, les élèves ont pu passer à la phase d’écriture du poème. Pour cela, ils devaient tout d’abord, pour chaque vers, décrire un élément du photomontage dans une phrase simple et qui avait toujours la même structure : J’ai vu…, Je me souviens…, Dans cette image, il y a…, Dans ma tête…, etc.
Puis, dans un deuxième temps, leur poème a basculé dans une "surréalité". Les élèves devaient alors écrire des phrases reprenant ces éléments mais en les mélangeant : ainsi, le sujet du premier vers prenait le verbe du quatrième vers ; le complément d’objet direct du dixième vers devenait le circonstanciel du sixième vers.
Les phrases et les vers se sont alors constitués au gré de leur bon vouloir, de leur fantaisie, de leur fibre poétique et humoristique.

* Lycée d'Enseignement Général et Technologique Agricole.

** Education Socioculturelle e Communication.

témoignages

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  photomontage, écriture