CréAtions N° 122 - Un et multiple / mai 2006

Mai 2006

 


CréAtions N°122 - UN ET MULTIPLE

mai-juin 2006

 

Ont participé à l’élaboration de ce numéro : Jacqueline BENAIS ; Simone CIXOUS ; Katina IEREMIADIS ; Agnès JOYEUX ; Maud LECHOPIER ; Hervé NUNEZ.
Photographies : Martine ALONSO ; Jacqueline BENAIS ; Frédéric LANOVSKI ; Dominique DEFAYE ; Me HENAFF-DETRAIN ; Katina IEREMIADIS ; Carole JOVER; Sarah MATTERA ; Catherine MUSSEAU ; Hervé NUNEZ. ; Isabelle RABIT ; Thérèse SIRON.

  titre de l'article niveau thème techniques utilisées artiste
Individu et groupe    Edito  
Arrêtez de faire les comptes!


Ecole élémentaire Le boulier à raconter le temps

 

boulier, céramique
engobes, temps
patrimoine, terre
Pascal Lacroix, Artiste céramiste
      P Lacroix, céramiste
Alphanature

primaire L’écrit dans l’art photocopieuse, dessin, collage, photo
 
Les alphabonshommes

élémentaire Créer un abécédaire collectif

techniques mixtes : dessin, collage, encres, écriture

 

Une pratique un outil : éloge et mode d’emploi de l’Inventaire

élémentaire Inventaire: du latin inventus : "trouvé"   Cueco, artiste

Portraits d’objets
- De l’objet à la personne
- Avant, pendant, après l’exposition

foyer occupationnel

collège

Les objets du quotidien nous inspirent

installation, photographie, dessin, écriture,
volumes

Claude Courtecuisse
artiste designer et plasticien
Carte blanche
maternelle Pour le Salon du livre "Voisin, voisine" écriture, jardinage, photos
 
Les couleurs du bonheur
maternelle Participer à la scénographie du Salon du livre de Jeunesse

écriture, peinture,
encres, collage

 
Les sculptures de Frédéric Lanovsky
Artiste

artiste  Entretien   F Lanovsky, artiste sculpteur
De la culture à la sculpture ou les citrouilles revisitées
maternelle les citrouilles revisitées
installation éphémère  

Carnet de bord n°5

lycée des élèves de l’atelier danse geste, écriture, musique
 
Dialogue intime avec une boîte de couture
artiste

Les fantaisies couturières

 gravure, couture Martine Alonso, artiste graveur
  Bibliographie        

 En vente au secrétariat de l'ICEM

 

Edito CréAtions N°122

Mai 2006
 

CréAtions n° 122 - Un et multiple publié en mai-juin 2006

Edito

Edito

Tout ce qui se présente à la vue et, plus généralement, tout ce qui affecte les sens peut être considéré comme unique. Comme notre vision de l'élève que certains enseignants Freinet continuent à vouloir appeler "enfant", même dans la classe.

Et pourtant, inventorier entraîne les actions d'énumérer, de cataloguer, de lister, d'évaluer. Cela consiste à examiner ce que l'on a, à assembler, recueillir, réunir, accumuler. Créer du nombre, des variétés. Un et multiple. L'enfant et le groupe classe.

Dans Le musée imaginaire, André Malraux dit que le Louvre d'aujourd'hui a plus d'art que celui de Baudelaire, car nous n'appelons plus art "la forme particulière qu'il a prise dans quelque temps ou quelques lieux que ce soit: mais à l'avance, il les débord toutes". L'art embrasse un nombre d'oeuvres infini incluant à l'imaginaire les objets du réel. L'avènement de cette nouvelle conception élargie de l'art est nourrie par l'idée que "c'est le regardeur qui fait le tableau". Readymade. Et transformer, multiplier, associer, consiste à créer les décimales, ce qu'on appelle le readymade aidé. Ainsi, François Bon estime que "Marcel Duchamp a retourné l'art tout entier".

Dans l'article "Portraits d'objets", les élèves de collège, à un moment de leur expérimentation, procèdent à la combinaison d'objets à la manière de Claude Courtecuisse. L'enfant prend conscience de l'exitation esthétique des objets entre eux. Le rapport permet de renforcer la visibilité et la qualité de l'objet en même temps qu'il perd de son autonomie dans le groupe.

Tout ce qui peut être vu mérite le regard.

Henri Cueco s'attarde à dessiner d'observation: des pommes de terre, des bouts de crayon ou de ficelle, mais aussi des injures et des caresses. Il parle du passage de l'un au multiple dans le dessin des queues de cerise: "au fur et à mesure qu'on remplit la page, il y a un corps qui se constitue, qui produit un plaisir tout à fait étrange, parce que plus on en met, tout en leur gardant la possibilité d'exister comme composant, plus on constitue une sorte de tramé qui tend vers leur constitution et leur disparition. si on en mettait plus, il n'y aurait plus de queues de cerises. Il y aurait simplement un tissu, une peau. c'est la constitution de ce corps qui est passionnante, c'est-à-dire quelque chose qui est indicible mais vivant, grouillant de vie"*.

Dans "l'alphanature", la photographie est l'outil qui permet "d'être à l'affût des formes". L'oeil photographique permet d'isoler, de repérer l'unique, l'objet du regard. Il devient dans ce sens un atout, comme peut l'être le cadre qui fait "fenêtre"**. Le classement de l'alphabet créer du nombre, de l'ordre, de la variété comme l'Abécédaire dans l'article "Alphasbonhommes".

Et les enfants, "individus" dans 'la classe coopérative", prouvent qu'apporter autant d'attention à l'unique et au multiple n'est un paradoxe ni plastiquement ni idéologiquement (ce qui renvoie dos à dos libéralisme et collectivisme).

Travailler sur le thème de l'objet permet de vivre des expériences socialisantes car les objets sont métaphoriques des individus. En les asssociant à ceux de leurs camarades, les élèves de collège sont amenés à faire perdre de son autonomie/identité à celui qu'ils avaient pourtant "bien choisi" chez eux; au contraire des citrouilles qui, en les regardant de loin, de ressemblent toutes ... en choisir une permet de lui donner une individualité et l'associer à d'autres conduit à inventer des figures de la coopération. Autant de processus cognitifs qui peuvent ensuite être réinvestis dans d'autres domaines des rapports symboliques et sociaux.

Robert Filliou (qui a scolarisé sa fille à l'école Freinet de Vence du temps de Clem et Maurice Bertelot) ne disait-il pas "L'art, c'est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art?"

CréAtions

* Tirée de la Revue de l'enfance et de l'adolescence, N°49, septembre 2002 : Inventions d'enfance.

** Tirée de CréAtions N°120


 témoignages
sommaire Créations n° 122

terre, boulier, céramique, engobe, temps, patrimoine 

 

Arrêtez de faire les comptes - Le boulier à raconter le temps

Mai 2006
  CréAtions n° 122 - Un et multiple -  publié en mai-juin 2006
CE1/CE2, Ecole élémentaire, Saint-Georges (Lot et Garonne) – Enseignante : Virginie Lachet – Intervenant : Pascal Lacroix, Artiste céramiste

Arrêtez de faire les comptes

Le boulier à raconter le temps


La céramique, de l’objet patrimonial à l’objet d’art.

 

En prolongement d’un projet précédent sur les objets familiers, j’ai proposé à mes élèves, à l’automne 2004, d’aborder l’histoire des objets en céramique, du néolithique à nos jours, et de réaliser, en collaboration avec Pascal Lacroix, Artiste, une œuvre d’art en céramique que nous exposerions devant l’école. Cet article met l’accent sur l’histoire de la création du boulier en céramique. Toutefois, il est important de garder en tête que ce travail a aussi été constamment nourri par la fréquentation de différents musées, tout au long de l’année : Musée National de la Préhistoire des Eyzies, Musée Archéologique de Sainte - Bazeille, Musée des Beaux Arts d’Agen et Musée de la céramique de Bernard Palissy. Les enfants y ont puisé des éléments pour comprendre le monde des roches et de la terre, les origines de la céramique, ses usages, ses techniques, ses décorations selon les époques, et ce, à travers des parcours spécifiques et des ateliers de fabrication organisés au sein même des musées. Je retrace ici les différentes étapes de la réalisation de ce boulier géant. 


 Trouver
de la terre
adéquate
 Foulage
dans
la classe
 Explorer, anticiper…  Sur le terrain  Fabrication
des moules
 Chamottage
de la terre
et fabrication
des boules
 Le décor
et
les engobes
 Engobons !  Cuisson
et montage
de l’oeuvre
 Inauguration
  Point de vue
de l'artiste
Pascal Lacroix
Rouge de cuivre
   



 témoignages sommaire Créations n° 122

 terre,boulier, céramique, engobe, temps, patrimoine

 

Pascal Lacroix - Rouge de cuivre

Mai 2006

 

  Pascal Lacroix - Rouge de cuivre

 Voir l'oeuvre
 

C'est dans le milieu des années 80 que mes recherches sur le sang de bœuf ont débuté, c'est également à cette époque que je découvrais la porcelaine.
Sang de boeuf et porcelaine sont aujourd'hui pour moi indissociables. La porcelaine en offrant à l'émail sa blancheur révèle sa transparence et son éclat. Actuellement j'utilise principalement une base dont seuls la silice et l'alumine varient. Cette base peut être appliquée seule ou en superposition avec d'autres glaçures.
Ce qui reste captivant avec cet émail, c'est la palette de couleurs et de textures que l'on peut obtenir selon la qualité de la cuisson. L'apparition d'un rouge vif peut s'apparenter à une fulgurance de l'émail et du feu. En effet, une cuisson trop lente produit une couleur lie de vin, un démarrage trop précoce tirera également le rouge vers les bruns. A l'opposé un démarrage tardif laissera la pièce blanche. C'est dans cette lucarne d'une trentaine de degrés que se jouera le résultat final. Cette glaçure riche en baryum et en bore bouillonne facilement. Une réduction forte mais tardive provoquera ce bouillonnement et veinera la pièce de rouge et de blanc. Ce parcours nécessitera une recuisson des pièces pour obtenir un nappage et un toucher agréable. D'autres pièces seront réémaillées puis recuites et auront une texture peau d'orange allant du rose au rouge noir. Ces variations de couleurs et de textures animent mes pièces aux formes épurées et tendues.
Ce travail repose sur l'observation et la capacité à reproduire des protocoles de cuisson précis, grâce à l’utilisation d'un petit four et à une lecture de la température fiable.
Depuis quelques années j'élabore des décors presque toujours liés à la danse et au mouvement. Réalisés à la louche, ces décors découlent de la gravité et de la forme du vase. Appliqué sur biscuit, l'émail rouge de cuivre sera recouvert d'une autre glaçure, la couleur se révèlera dans la seconde couche. Des contrastes parfois trop durs me conduisent à recuire les pièces. La volatilisation du cuivre laisse par endroits un blanc transparent tressaillé, des roses, des rouges vifs dans un blanc glacé. L'impression de lavis fluidifie le décor et amplifie l'effet de mouvement.

Pascal Lacroix


sommaire Créations n°122  début de l'article 

Pascal Lacroix, artiste céramiste222

 

L’alphanature

Mai 2006
 

CréAtions n° 122 - Un et multiple - publié en mai-juin 2006


Classe unique, Ecole de Tréminis (Isère) - Aide–Educatrice : Carole Jover

L’alphanature

Ce travail a été réalisé par dix élèves de classe unique. Pour coopérer, les élèves sont habitués à prendre la parole, à se respecter, à créer et à s’organiser. Cette année, la classe s’est engagée dans un cycle d’arts plastiques orienté vers la recherche et la création autour du thème de l’écrit dans l’art. Les élèves découvrent des alphabets déguisés, extraits de livres ou de travaux d’enfants des écoles voisines (alphabet diabolique, abécédaires, etc.). Ils observent les œuvres d’art dans l’une des revues Dada (n°53, Janvier – Février, 1999). Ils recherchent des lettres, des écrits originaux, des polices de caractères différentes, des alphabets, et ce, dans les magazines, dans des notices étrangères et sur Internet. Ils recueillent des traces qu’ils agrandissent ou réduisent, grâce à la photocopieuse. Parallèlement, ils réalisent des lettres déguisées à partir de leur prénom et à partir de productions incluant du texte (journal, etc.).

Individuellement, chaque élève organise une composition. Il doit porter son attention sur différents aspects, comme le choix de la technique pour le fond, les gestes, l’organisation de la mise en forme (collage, coloriage et mise en valeur), etc.

Les travaux sont affichés pour être présentés au groupe. Chaque enfant peut, s’il le souhaite, expliquer sa démarche. Pour exprimer son ressenti face aux productions des autres, il est amené à asseoir son propos : en justifiant son avis, en apprenant à s’impliquer et à être capable de dire : «Je trouve ça beau», plutôt que: "C’est beau". Le jugement personnel est encouragé et les enfants prennent peu à peu conscience que leur jugement peut différer de celui de la classe.
D’autre part, la photographie étant un support important dans le projet d’école de cette année, la proposition est faite aux élèves de créer un alphabet en cherchant des lettres à l’extérieur de l’école, dans l’environnement immédiat.

La classe s’approprie ce projet et, munie d’un appareil photographique numérique, se met à déambuler dans le village, à l’affût de formes alphabétiques, inscrites dans le décor des habitations et dans le paysage. Les lettres simples de l’alphabet ne tardent pas à sauter aux yeux : la roue du vélo de Léo pour le "O", l’armature d’un volet pour le "Z", etc. Les enfants, se sentant encouragés, se montrent attentifs et inventifs. Certaines lettres se révèlent difficiles à repérer : par exemple, le "W" ou le "Q". Vincent découvre un "D" dans la forme du bassin, devant l’école, ce qui le conduit à prendre une photo en plongée. Quelques notions de vocabulaire spécifique à la photographie sont ainsi introduites.

Certaines lettres sont des détails d’objet, d’autres peuvent aussi être géantes. Au cours de l’exploration, les regards s’aiguisent, les enfants observent autrement, remarquent des choses qui leur semblaient inintéressantes, anticipent ce que sera la photo. Ils découvrent leur environnement familier et quotidien sous un autre angle. D’autres idées viennent nourrir les discussions de la semaine et les prolongements futurs (alphabet imaginé, alphabet corporel, etc.). Cette expérience se déroulant cette année, nous ignorons encore quelle forme définitive elle prendra.


témoignages sommaire Créations n° 122

l’écrit dans l’art, photocopieuse, dessin, collages, photographie

 

Les alphabonshommes

Mai 2006
  CréAtions n° 122 - Un et multiple - publié en mai-juin 2006
MS/GS et CP, Ecole Henry de Bornier et Ecole Arc-en-ciel, Lunel (Hérault) – Enseignantes : Françoise Scolan – Chantal Renard Henry

Les alphabonshommes

Origine du projet

Les élèves du CP de l’école Henry de Bornier, située en Zone d’Education Prioritaire, ont l’habitude et le plaisir de côtoyer, au cours de l’apprentissage de la lecture, des lettres personnages. Leur maîtresse, Françoise Scolan, avait envie de faire réaliser à ces élèves un petit livre de A à Z, en utilisant les techniques de l’imprimerie et de la sérigraphie, avec l’idée d’un livre individuel pour chaque enfant.

J’étais en maternelle (MS/GS), dans l’école Arc-en-Ciel, non loin de l‘école primaire. Avec Françoise, nous avons sympathisé au cours d’échanges organisés entre la maternelle et le CP. Ces échanges permettent aux enfants de maternelle de connaître la classe de CP, de découvrir les lieux, de retrouver leurs anciens camarades. Très vite, Françoise m‘a proposé de travailler avec elle. L’idée d’utiliser un fil conducteur comme la création d’un abécédaire collectif nous a paru plus riche encore pour resserrer les liens entre les élèves.
Les contraintes financières nous ont très vite amenés à abandonner l’idée d’une classe verte dans un centre spécialisé dans la fabrication de livres et à préférer la technique de la photocopie.

Créer un abécédaire collectif

Nous avons alors défini ensemble les différentes actions de ce projet. L’idée d’allier l’écriture et les arts plastiques nous paraissait propre aux intérêts et à l’âge de nos élèves.
Pour commencer, nous leur avons fait découvrir des abécédaires de types variés. Pour qu’ils prennent conscience de la genèse d’un livre, nous avons demandé à Arno, artiste illustrateur d’albums pour enfants, de venir montrer son travail. Il nous a présenté plusieurs albums :
- Tu t’occuperas de Petit Frère, Ed. Casterman.
- Les nuits du monde, Ed. Casterman.
- Je l’appellerai Baïna, Ed. Sarbacane.
- Le souhait d’Idriss, Ed. Sarbacane.

La découverte des planches originales de ces albums a permis aux enfants de comprendre la démarche de l’artiste. Arno travaille beaucoup avec des tissus qu’il récolte aux 4 coins du monde. Par la suite, comme lui, nous avons utilisé des tissus collés ainsi que de l’encre de Chine. Mais nous avions envie de recourir à une grande variété de techniques d’arts plastiques. Les élèves, lors des ateliers suivants, ont aussi exploré les encres de couleur (avec du gros sel, avec des craies grasses), la gouache avec des outils d’impression comme l’éponge, les papiers découpés, etc. Les élèves ont eu beaucoup de plaisir à manipuler les couleurs. La quantité de fonds obtenus a été si nombreuse que les élèves de maternelle ont même pu partager leurs productions avec l’autre classe.

Les classes se rencontraient en moyenne deux fois par trimestre, pendant deux heures. On alternait les lieux de rencontre. Entre ces moments, chaque classe travaillait, d’une part à la réalisation des fonds, d’autre part à la transformation des lettres de l’alphabet. Chaque classe avait une liste de lettres différente. La consigne principale était de transformer chaque lettre en bonhomme, en employant les fonds préparés à l’avance. Les productions achevées étaient régulièrement transmises à l‘autre classe, qui devait en sélectionner une pour l’impression du livre. Les productions étaient affichées au tableau et portaient un numéro. Le vote s’effectuait à main levée, après un temps d’échange. Les élèves étaient très motivés par la perspective de créer cet abécédaire. Chaque enfant a personnalisé son exemplaire en créant sa propre couverture.

 

Ecriture des textes

Les textes ont été réalisés lors d’ateliers d’écriture communs. Chaque lettre sélectionnée, affichée au tableau, servait de point de départ à une recherche collective de mots. Il fallait trouver le plus grand nombre possible de mots contenant la lettre choisie. Puis le groupe tentait de créer un texte à la fois comique et cohérent à partir de ce vocabulaire partagé. Lors d’une séance ultérieure, les élèves de CP lisaient les textes produits devant les deux classes, sous l’œil admiratif de leurs cadets non lecteurs.
Les élèves du CP ont pu mettre en forme les textes collectifs, grâce aux ordinateurs du pôle multimédia mis à leur disposition par la mairie.

Bilan

Au cours de ce projet, nous avons parfois connu, en tant qu’enseignantes, des moments de découragement (peur ne pas aller jusqu’au bout, élèves en grande difficulté, etc.). Mais à la fin, nous nous sommes réjouies d’avoir réussi à accompagner nos élèves jusqu’à ce résultat. Nous avons également éprouvé un grand plaisir à travailler et à coopérer harmonieusement hors des sentiers que nous suivions d’habitude (correspondance, rencontres sportives, etc.). Cependant, nous avons beaucoup regretté de n’avoir pu organiser un événement particulier pour la remise des livres aux enfants.



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abécédaire, techniques mixtes : dessin, collage, papier, tissu, encres, écriture

 

Une Pratique, un Outil: Eloge et mode d'emploi de l'Inventaire

Mai 2006

CréAtions  n° 122 - Un et multiple - publié en mai-juin 2006

Eloge et mode d'emploi de l'Inventaire

Inventaire : du latin inventus, «trouvé», faire l’inventaire de ses poches, vider son sac pour en faire l’inventaire. En quête de quoi ? rassembler ce qui se ressemble, interroger l’hétéroclite ? D’où vient le goût d l’inventaire, de la collection, sa voisine.

 

Un goût à développer, une pratique à conseiller pour Cueco qui en vante les mérites et en donne la recette dans l’Inventaire des queues de cerises. Tout peut être objet d’inventaire, l’objet importe moins que sa mise en jeu : l’inventaire est exploration, quête obstinée de la réalité des choses, comme la collection qui accumule et classe.

«Voici quelques exemples d’exercices de peinture à partir d’objets que tu te procures chez toi, ou dans la première poubelle venue. Si tu es à court de sujet, tu peux prendre ce que tu trouves sous la main y compris d’ailleurs ta main…» Conseils malicieux pour une pratique décriée dont il note le retour : « Le ressassement est souvent condamné par l’enseignement, seulement, voilà […] tout finit par réapparaître, l’ancien après avoir fait son tour est redevenu le nouveau. La répétition d’un motif est devenue un concept moderne. S’y trouvent pêle-mêle l’idée de série, celle de variation, d’identité des objets ou de sérialité sur le modèle industriel. »


Les objets du quotidien ont la faveur (la saveur...) de Cueco: en témoignent sa collection de pommes de terre, les imagiers (bouts de crayons, ficelles, pelotes, sandows jaune, vert, bleu, sandow du 19.06-1986, imagier des insultes et des caresses…). Ce sont eux qu’il conseille aux futurs collectionneurs : « des cavaliers (sorte de clous sans tête, recourbés et présentant deux pointes), des épingles à cheveux de femme, à linge, des trombones de bureau, des élastiques, etc.»



 

Les amateurs existent déjà, le plaisir jubilatoire de la collection s’affiche sur leurs œuvres – il est contagieux – comme dans la profusion des titres de cette collection de collections proposée ici :

« les collections originales » (classe de CM, école Jean Jaurès, Lot-et-Garonne). 


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Cueco, artiste, inventaire

 

Portraits d’objets

Mai 2006
  CréAtions n° 122 - Un et multiple - publié en mai-juin 2006
Exposition au château Prieural - Monsempron-Libos.
Exposition organisée par la municipalité, en rapport avec «Tournez design», opération réalisée en partenariat avec le Conseil Général du Lot-et-Garonne et le Centre Georges Pompidou.

Portraits d’objets


Les objets du quotidien nous inspirent

 

De l’objet à la personne
Foyer occupationnel, Tournon d’Agenais (Lot et Garonne).

Certaines résidentes du foyer occupationnel de Tournon d’Agenais dans le Lot et Garonne sont allées faire une visite au musée de Monsempron Libos le 17 avril 2005.
Mais, tout d’abord, qu’est-ce-qu’un foyer occupationnel ? C’est un lieu d’accueil réservé à des personnes orientées par la COTOREP (Commission Technique d’Orientation et de Reclassement Professionnel), personnes handicapées, physiques ou mentales, au comportement stabilisé ne pouvant assurer un travail rémunérateur.
A la Maison Saint Paul qui reçoit des personnes handicapées mentales, le matin est consacré à la vie quotidienne et l’après midi à différentes activités ludiques, intellectuelles, sportives ou culturelles.

Les chaises représentent mon lit!

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Régulièrement, le musée de Monsempron expose des œuvres d’art de différents artistes. Pour l’expositon Portraits d’objets, le texte de présentation de l’exposition indiquait : "Claude Courtecuisse (artiste), va permettre au spectateur de redécouvrir les objets qui nous entourent. Il les accumule, les assemble et crée ainsi un nouvel objet, dont chaque élément peut être apprécié séparément ou dans son ensemble".
Bien que ce lieu soit ouvert à tous, certaines résidentes de la Maison Saint Paul n’ont pu s’y rendre (difficulté motrice ou mentale). Celles qui ont pu s’y déplacer ont souhaité apporter leur témoignage à leurs compagnes restées sur place : elles ont présenté les photos qui les mettaient en scène, avec des objets, dans le musée.
Lors d’une journée portes ouvertes et durant toute une semaine, leurs photos exposées ont favorisé une plus large participation autour du thème : "Les objets du quotidien nous inspirent", à l’image du sous titre de l’exposition du Château Prieural.


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installation, photographie, dessin, écriture, volumes, Claude Courtecuisse, artiste designer et plasticien

 

 

Carte blanche à la classe de Moyenne et Grande Sections de l'Ecole Anatole France de Quéven (Morbihan)

Mai 2006
 

CréAtions n° 122 - Un et multiple publié en mai-juin 2006

Carte blanche à la classe de Moyenne et Grande Sections de l'Ecole Anatole France de Quéven (Morbihan) - Enseignante : Jacqueline Benais

Pour le Salon du livre « Voisin, voisine »


On a fait d’abord un petit dessin. Après, on a fait un grand dessin avec notre maison ou notre appartement, en photo ou en dessin, et ce qu’on voulait mettre dans notre jardin.
On a lu plein d’histoires de "Voisin, voisine".

On a repiqué des fraisiers, des poireaux, de la poirée. Pierrick et Maxime


On a semé des graines dans des jardinières.
Maëlys et Manon K


Hugo J. et moi, on a arrosé les jardinières.
Chloé

Et le vendredi 25 novembre, on est parti au salon du livre : il y avait un jardin avec des potirons et …  

           

... Les jardiniers avaient installé nos jardinières. Marion

 

Choix des photos : Manon K. - Mise en page : Marion et Pierrick - Dessin : Hugo J.


 témoignages
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Les couleurs du bonheur

Mai 2006
 

CréAtions n° 122 - Un et multiple - publié en mai-juin 2006

Ecole maternelle Anatole France, Queven (Morbihan) – Enseignantes : Jacqueline Benais, Martine Gaudel, Brigitte Garreau, Soazig Nabec, Isabelle Salmon–Le Pape

Les couleurs du bonheur

Le bonheur est multicolore


C’était le thème du 3ème Salon du livre de jeunesse de Lorient, dont l’éditeur à l’honneur était Actes Sud Junior.
L’an passé, nous étions une équipe, en partie renouvelée, et nous avons donc construit nos projets petit à petit : la participation à "Lire en fête", en Octobre, a conduit à la réalisation d’une malle aux odeurs pour le Salon du livre de Décembre puis à l’organisation, en mars, d’une fête du livre et en Juin, d’une exposition-bilan à l’école.

Forts de cette expérience, le jour de la prérentrée, nous décidons de faire du thème du salon "Les couleurs du bonheur", le fil rouge de notre année. Tout d’abord par un travail en amont de ce salon, au cours du premier trimestre : découverte et lecture de nombreux albums, chants et poésies, participation à la scénographie, en élargissant la thématique pour notre fête du livre et en nous inscrivant au rallye lecture.
Le point de départ de la recherche dans l’une des classes est le choix par Isabelle, notre chef de chœur à la chorale, d'une chanson qui évoque les petits et les grands bonheurs des animaux.

En grand groupe, fin Septembre, nous définissons le bonheur :
Quand on est tout joyeux, on est bien/Quand on est content, quand on est gai/Quand on joue/Faire rigoler Papa et Maman/Quand on est heureux à la folie/Quand on sourit/Pas de bazar.

Au cours du mois d’Octobre, je demande à chacun(e) individuellement ce qu’évoque pour lui (elle) un petit/grand bonheur :
Etre à la maison avec Papa et Maman/Jouer avec ma sœur à la cabane dans le bois/Quand mon papa a fini de travailler et qu’il joue avec moi/Quand Maman me donne des bonbons ou des chewing-gums/Quand Maman est là/Quand je regarde un feu d’artifice/Quand je vais à Mac Do/Jouer à la play-station/Avant de dormir, regarder une histoire ou jouer/Quand c’est mon anniversaire parce-que je grandis et j’ai des cadeaux/Jouer à la maîtresse/Quand je vais au restaurant/Dormir/Surveiller les bébés/Quand je dis à ma Maman : « Je t‘aime très, très fort »/Sourire, rigoler, quand je fais la fête/Apprendre des choses/Quand je joue à la maison/ Quand je m’amuse avec la neige/Quand je joue dans le sable/Quand j’ai des copains.

Puis, je lis aux enfants le cahier des charges proposé à toutes les écoles :

Les couleurs du bonheur : produire des petites phrases, de courts textes autour de cette thématique.
Support : des matériaux transparents ou translucides.
Couleur : une seule couleur ou un dégradé de la même couleur par production d’écrit.
Les textes seront calligraphiés ou tapés en respectant cette couleur (ou en noir) avec la possibilité de jouer sur les polices, les tailles d’écriture, l’orientation du texte.

Ce n’est qu’en Novembre que le travail plastique commence. Je montre aux enfants comment réaliser un dégradé. Quant à la transparence, nous l’avons travaillée l’an passé pour le Mai des Arts (réalisations toujours exposées dans notre B.C.D). C’est l’occasion de réinvestir les expériences et les connaissances acquises et de les partager avec les autres.
Aux papiers calque et transparent, j’ajoute le papier de soie et le papier "mousseline".
Nous faisons plusieurs essais à la peinture et à l’encre pour les fonds, nous utilisons différents outils scripteurs (mine de plomb, feutres indélébiles, encre de chine, crayon noir) pour le texte et le dessin. Ce n’est pas concluant !
Notre tentative pour obtenir de l’encre violette (absente de nos stocks) ayant échoué, Gwenn choisit de découper des petits carrés de papier de soie pour représenter les lits des bébés, ce qui nous entraînera sur une deuxième piste.
Pour écrire, chacun a le choix : main ou ordinateur. A la main, c’est l’occasion d’aborder l’écriture cursive de façon individuelle. A l’ordinateur, encore un choix s’impose, celui du modèle : majuscules – script – ou les deux. Chacun apprend à reconnaître et nommer les lettres, à faire les espaces, les majuscules, à effacer les erreurs, à choisir une police.
Les travaux présentés lors des regroupements nous donnent l’occasion de constituer d’autres listes :
"Les couleurs du bonheur"
"Les mots du bonheur".
"j’aime...", après la lecture de l’album J’aime bien.

Le travail de Gwenn est alors repris par tous. Chaque élève découpe (avec un gabarit) et colle des petits carrés de papier (soie ou transparent), pour y écrire un mot ou une phrase. Cette proposition est faite aux trois autres classes.

Si, au départ, j’ai pensé à une présentation sous forme de bannières pour mettre en valeur la transparence, les différents formats utilisés m’amènent à proposer une mise en forme en colonnes, occasion de réaliser les dégradés par le tri et la disposition des textes illustrés.
Pour nos petits carrés, nous transgressons la consigne parce que pour de nombreux enfants, "le bonheur est multicolore".


L’autre classe de Moyenne et Grande Sections liste également les définitions de chacun(e) : le bonheur, c’est :
Quand je vais au camping avec papa/quand je fais du vélo sans les petites roues/quand je vais au zoo avec papa et maman/quand je vais au parc/quand je vais à la montagne/quand je fais des gâteaux/quand maman est revenue avec le bébé/quand on peut sauter sur le lit/quand je joue avec mes "action man" et mes play-mobils/quand je fais des cabanes avec mon grand-frère/quand je vais chez ma grand-mère et que je l’aide à faire la vaisselle/quand papa me raconte une histoire/quand je vais à la médiathèque/quand je me promène, quand je fais du vélo avec papa et maman/quand je fais du judo et que je gagne une médaille/quand je fais du foot avec papa, mon grand frère et ma grande sœur /quand je suis avec papi, mamie.

Les enfants travaillent surtout sur l’écriture des mots : en majuscules ou en cursive. C’est en collant de grosses pastilles de papier soie prédécoupées sur du rhodoïd qu’ils abordent la notion de dégradé, en jouant sur les juxtapositions et/ou les superpositions. Les mots ou les phrases du bonheur sont ensuite calligraphiés sur l’autre face du rhodoïd-support qui induit une présentation sous forme de bannières.

En parallèle, pour leur classe, certains écrivent aussi ces mots sur des fonds à l’encre afin d’accentuer la différence avec le travail en transparence.
Ces deux classes, pendant cette période, visitent une exposition de calligraphies arabes.

Les Petits, quant à eux, réalisent aussi leurs petits carrés : choix de la couleur (parmi les papiers prédécoupés), motricité fine et concentration (pour coller, en les superposant, deux petits morceaux de papier). Ils découvrent et s’approprient différents albums, notamment J’aime bien et Ce que j’aime de A. Browne. Ils disent ce qu’ils aiment.

Ils regardent leurs maîtresses écrire sous leur dictée leurs mots du bonheur et les assembler en une œuvre collective :

J’aime bien
- me cacher, jouer avec mon petit frère,
- aller travailler à la maison avec Maman,
- faire tout ce que j’ai envie mais c’est pas possible,
- jouer avec mon bébé rose dans sa petite maison,
- aller avec maman à la plage, aller à la piscine,
- j’aime bien faire la cuisine,
- j’aime bien être à la maison avec Maman,
- j’aime bien la mer
- j’aime bien les Barbie,
- j’aime bien les tracteurs
etc. 
 
                                                           
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écriture, peinture, encres, collage 

 

 

Les sculptures de Frédéric Lanovsky Artiste

Mai 2006
 

CréAtions n° 122 - Un et multiple publié en mai-juin 2006

Entretien réalisé par Solange et Jean-Michel Mansillon (Septembre 2005)

Les sculptures de Frédéric Lanovsky

 

Les sculptures de Frédéric LANOVSKY inspirent la joie de vivre. Présence vivante et familière parmi nous, ses personnages de résine, toujours souriants, semblent avoir été toujours là. S’ils pouvaient parler, ils diraient tout le plaisir pris par leur créateur pour les façonner et leur donner vie dès qu’ils prennent corps dans son esprit. En quelque sorte, c’est l’imaginaire qui se concrétise, surgissant au sein du réel. Nous avons rencontré Frédéric Lanovsky, ancien élève de Solange Mansillon en maternelle et de Jean-Michel Mansillon au cours élémentaire, afin d’explorer son parcours atypique. Quel a été votre parcours depuis l’enfance ? Quelles en sont les étapes importantes ?
«
La petite enfance a été rapidement pour moi une étape démontrant que j’étais plus attiré à manier les crayons et tous les outils liés au développement de ma créativité plutôt que d’accepter les contraintes de schémas scolaires établis.
Comme tous les enfants, je préférais faire ce que j’aimais et très vite, j’ai élaboré mon propre système au travers de la créativité uniquement.

Bas-reliefs, fer, 1998

« Etre artiste, c’est être libre, la liberté.
La création, c’est lâcher prise. »

Frédéric Lanovsky.


Sans titre, aquarelle et encre de chine, 29x39 cm. chacune, 2005


 

témoignages

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Lanovsky, artiste sculpteur

 

De la culture à la sculpture ou les citrouilles revisitées

Mai 2006
  CréAtions n° 122 - Un et multiple - publié en mai-juin 2006
PS / MS / GS – Ecole maternelle Jean Madeleine, Montreuil – Juigné (Maine et Loire) – Enseignant : Dominique Defaye

De la culture à la sculpture ou les citrouilles revisitées



Les petits des grands artistes en herbe !…
Nous sommes allés voir où poussaient les citrouilles. Nous avons observé les citrouilles dans le champ. Nous avons choisi et cueilli notre citrouille et nous avons donné un Euro à l’agriculteur. Il ne fallait pas prendre une citrouille trop grosse car elle était trop lourde à porter !
Nous avons rapporté nos citrouilles à l’école.
Avec l’aide de Dominique, nous avons fait du velouté de citrouille.
Nous avons aussi évidé une grosse citrouille pour sculpter une tête à l’intérieur de laquelle nous avons posé une bougie.
Ca faisait peur !
Nous avons posé pour la photo avec nos citrouilles sur la tête, mais aussi en cachant notre visage derrière !

 

Avec nos citrouilles, nous avons investi la cour de l’école. Les lieux, les jeux sont devenus les "supports de nos œuvres d’art" ! Nous avons crée des sculptures géantes ! C’était super !

    


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citrouilles, installation, éphémère

 

Le carnet de bord des élèves de l'atelier danse - carnet 5 -

 

 

 

Carnet n° 5

 

Dernière étape de notre participation à ce carnet de bord proposé par CréAtions. Nous avons choisi qu’au fur et à mesure des carnets j’allais m’effacer et faire place à la prise en charge des quatre pages par les élèves. Ce n’est pas si simple et c’est celui-ci qui portera la marque de Marion, de son cheminement dans le lycée, dans la danse et les carnets de bord que nous constituons depuis trois ans. Ce travail de maquette et d’écriture pour Créations va nourrir son travail de carnet de bord pour ses épreuves pratiques de danse.
 

 

 

Le plaisir de retrouver la danse contemporaine dans
sa plus belle vie,
Le plaisir de retrouver l'improvisation qui révèle tant
de magie, si on l'écoute
Le plaisir de retrouver le corps tel qu'il est
Le plaisir de repousser les limites que l'on croit avoir délimité
Le plaisir de la solitude
Le plaisir de savoir que les autres sont là, dans la
même improvisation que moi
Le plaisir des réponses que chacun inventera
Le plaisir dus marches simples
Le plaisir de regarder la simplicité gestuelle
Le plaisir de l’écoute
Le plaisir des marches collectives
Et de jouissance dans cette nature si puissante

                                                                                        

Manipulation avec Christine Quoiraud

 

 

Travailler sur l’expiration de votre partenaire.
Celui-ci est allongé
-Prendre les poignets du partenaire et
Les tirer vers l’intérieur + pression sur les paumes
-Prendre les coudes. Les tirer vers l’intérieur
-remettre les bras au niveau des épaules.

 

Maintenant je vois la danse plutôt comme la nage
J’aimerais pouvoir danser sans penser au sol au aux
murs qui m’entourent.

 
Ce duo parlait des eaux fortes, violentes
Dont les puissances nos sont rarement révélées
Il glisse sur des eaux qui se mêlent dans
la verticalité des tissus et l’horizontalité du béton
Les sens basculent dans ces arrêts sur image
Suggestion de sens multiples, au-delà des gestes
inventés et composés.

L’occasion de montrer aux nouveaux élèves ce que nous avons réalisé à l’occasion du séjour sur l’île d’Ouessant en compagnie de Christine Quoiraud ou d’un travail réalisé par deux élèves lors de la venue de Dirk Schambacher et Sandrine Bécquet de la Compagnie Christine Bastin et, enfin du travail de production autour du thème de l’eau. Evocation de souvenirs, d’émotions partagées que nous avons maintenant dans nos personnalités, preuve que l’école et la vie sont la même chose, à condition que nous soyons capables d’offrir des activités peu normées (ne faisons pas d’angélisme, la danse contemporaine a élaboré ses codes et ses normes, mais ils sont peu connus, et la pensée qui anime les danseurs et chorégraphes est souvent en opposition aux normes) et, surtout, sans y mettre une norme scolaire par le biais de l’évaluation. Et ce qui est pour moi le plus important, guidé par Carl Rogers et les écrits de John Cage et Merce Cunningham, c’est d’instaurer un lieu apaisé, où « le faire » prime sur le jugement, où comme le dit Suzane Buirge « on fait, on jette, on fait, on jette, on fait, on jette… On jette beaucoup. On fait beaucoup aussi. » (La composition : un long voyage vers l’inconnu in Nouvelles de Danse). Nous sommes les garants de ce lieu et les artisans aussi de ce lieu. C’est je crois tout l’essentiel de mon travail. La danse peut alors s’installer et naître.

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suite du carnet

 

 

Dialogue intime avec une boîte de couture

Mai 2006
 

CréAtions n° 122 - Un et multiple - publié en mai-juin 2006

Martine Alonso, Artiste graveur (Isère)

Dialogue intime avec une boîte de couture


Les Fantaisies couturières



Au départ de ce travail, il y avait le thème de la mode, proposé par Christine Jaillet, dans le cadre de son atelier de gravure auquel je participe. Pour moi, la mode n’est pas un sujet de prédilection, mais j’ai cherché quand même une inspiration.
Celle-ci est apparue, d’abord avec un objet tout simple : le cintre. J’ai commencé à faire des impressions à l’aide de modeling-past et d’encre. J’ai réalisé une matrice avec cette pâte puis j’ai créé des empreintes sur d’anciens patrons. Les patrons sont des supports qui me plaisent : on y trouve des enchevêtrements de lignes qui forment comme des routes et des chemins…
Parallèlement, j’héritai de ma belle-mère d’un tas de boutons, de boucles, d’aiguilles, de fils, de galons et d’autres objets de couture. Toute cette accumulation d’objets, accumulation d’une vie de couturière et de femme, a attiré mon attention. J’ai commencé à associer différentes formes dans mes compositions. Puis je me suis prise au jeu. La diversité des formes, des lignes, des graphismes, contenus aussi bien dans les boutons, les bobines, les attaches que dans les outils eux-mêmes de la couturière, m’ont conduit vers « le mode » plus que vers « la mode » ! Tous ces objets ouvraient la voie à la constitution d’un nouveau vocabulaire de formes qui me permettrait de faire des variations et de développer une « écriture couturière » : assemblage, répartition, etc. J’ai commencé à dessiner, à inscrire mes idées dans un carnet de bord pour en extraire ensuite des images, tout en réalisant qu’il fallait aussi creuser au-delà de la première image.
                               


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couture, gravure, Martine Alonso, artiste graveur

 

Bibliographie CréAtions N°122

Mai 2006
 

CréAtions n° 122 - Un et multiple publié en mai-juin 2006

Edito

Bibliographie

- Catalogue d’objets introuvables, Carelman, Ed. Balland, 1984 (la version pour enfants : Objets introuvables pour enfants, Ed. Balland, 1974).
Un catalogue d’objets de la vie quotidienne, des domaines du travail, de la maison, des loisirs… transformés et détournés de leur fonction de façon ingénieuse et drolatique.

 
- Histoires d’objets, Revue BT2, Ed. PEMF, 1999.
Qu’ils soient quotidiens, scientifiques ou artistiques… les objets envoûtent ou déroutent. Leur banalité n’exclut pas une approche inventive, insolite, personnelle… »
 
- Enseigner les arts plastiques, Daniel Lagoutte, Ed. Hachette, 1994.
 
- Collections, collectionner, collectionneurs, Revue Dada n° 98, Ed. Mango, janvier 2004.
 
- Musée de l’Art Modeste de Sète
Le fonds de ce Musée pas comme les autres est constitué d’œuvres ainsi que de milliers d’objets emblématiques de l’art modeste et venus des périphéries de l’art naïf, de l’art brut ou de l’art populaire.
 
- Annette Messager, par Catherine Grenier, Ed. Flammarion, Paris, 2000.
Dans les années 1970, Annette Messager s’est définie comme « collectionneuse ». Sa série, les « collections », réunit des albums rassemblant des photos, des coupures de journaux, des notes autour de thèmes : « m »s pleurs », « les hommes que j’aime », « mes ouvrages », etc.
 
- Guide de la France insolite, Claude Arz, Guides hachette 1995.
Promenade insolite à la découverte de lieux et de musées receleurs de merveilles, accumulées par des collectionneurs passionnés : Petit musée du Bizarre, Fabuloserie, Art Cru Museum, Aracine ou Zoo de bois, etc.
 
- Pièces, Francis Ponge, Ed. Gallimard, 1962.
Ponge explique ainsi son « parti pris des choses » : « Il faut que les choses nous dérangent. Il s’agit qu’elles nous obligent à sortir du ronron. » ; « N’importe quel objet, il suffit de vouloir le décrire, il s’ouvre à son tour, il devient un abîme. » A savourer dans Pièces : la crevette dans tus ses états, le grenier, l’(édredon, plat de poissons, frits, etc.
 
- Ces objets qui nous habitent. Daniel Crozes, Ed. du Rouergue, 1999.
Ces objets qui, pendant des siècles, ont habité les maisons de nos aïeux, sont souvent remisés aux oubliettes par l’ère de la grande consommation, mais ils habitent toujours notre mémoire.
 
- Le musée de classe, C. Reyt, Ed. Armand Colin, 1988.
Pour « penser, classer » les objets du monde, les objets à soi. (Voir également : Bibliothèque de « choses », un musée à l’école Louis Buton d’Aizenay, Créations ° 117.

 

Livres d’artistes :


Riches en inventaires, collections, ou accumulations, ces livres jouent sur la présentation des objets, dont la fragmentation, la prolifération déploient, saturent ou détournent l’effet de réalité.

- Le collectionneur de collections, Henri Cueco, Ed. du Seuil.
- L’inventaire des queues de cerises, Henri Cueco, Ed. du Seuil, 2000.
- L’imagier des insultes et des caresses, Henri Cueco, Ed. du Seuil.

- Ma collection de proverbes, Annette Messager, 1976.
Dictons tout prêts et images toutes faites de proverbes concernant la femme, illustrationd e la misogynie propre à la « sagesse populaire ».

- Inventaire des objets appartenant à un habitant d’Oxford, Christian Boltanski, 1973.
Le projet, écrit Boltanski, a pour moi un double but : témoigner de l’existence d’une personne par ses objets, isoler et nommer la réalité qui nous entoure. »

Pour les enfants :

- Mon doudou, Laurence Bourgine, photos de Blaise Arnold, Ed. Intervista.
Paradoxalement, cet album est plutôt pour les grands que pour les petits, car ces doudous-là ont déjà une longue histoire à raconter : une oreille raccommodée, un œil amoché, les couleurs émoussées par des lavages longuement négociés, etc.
 
- Mes objets, Collection L’art pas à pas, Ed. Palette, 2005.
Collection d’objets étranges : depuis le piano à queue de Joseph Beuys jusqu’au lapin de Jeff Koons en passant par le globe terrestre de Yves Klein et autres créations insolites.
 
- Ma maison, Delphine Durand, Ed. du Rouergue, 2000.
 

- Chaussette, Lynda Corazza, illustrateur : Olivier Douzou, Ed. du Rouergue, 1996.

 


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