Le Nouvel Educateur n° 103
Sos ! Sans-papier en danger
Semira Adamu, demandeuse d’asile nigériane, est décédée suite aux brutalités policières qu’elle a subies. Sa mort,à l’âge de vingt ans,a suscité une intense émotion et une immense indignation en Belgique et ailleurs.Le ministre de l’Intérieur s’est ainsi vu contraint de donner sa démission.
Il n’en avait pas été de même, il y a sept ans, lorsque des policiers français furent impliqués dans la mort de Arumum Sivasampu Esan, demandeur d’asile sri-lankais.
Dans des circonstances semblables,leurs violences entraînèrent la mort de ce tamoule dont on avait rejeté immédiatement la demande d’asile. L’affaire fut pratiquement passée sous silence. Quant à l’instruction, qui ne fut ouverte que sur plainte de sa veuve et d’associations de défense des droits de l’homme, elle n’est toujours pas terminée à ce jour !
A sept ans d’intervalle, ces deux décès illustrent de façon dramatique l’inhumanité des méthodes policières qui, en France, n’ont toujours pas été sanctionnées.
Ils illustrent aussi l’aveuglement des autorités face aux demandes d’étrangers décidés à tout tenter pour ne pas retourner dans leur pays.
Ces morts inutiles et scandaleuses sont la conséquence honteuse de la politique anti-immigrés des gouvernements européens mise en place dans les années 90.
Ils illustrent enfin la dérive idéologique de gouvernements qui, voulant donner des gages à la droite voire à l’extrême droite (ou du moins à leur électorat),abandonnent les principes humanitaires, voire internationalistes qui furent les leurs à l’origine.
France des droits de l’homme ! France, terre d’asile !
Nous en sommes bien loin et pourtant on fête bientôt le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Aujourd’hui, un gouvernement de même sensibilité politique qu’à l’époque (Edith Cresson en 1991 et Lionel Jospin 1998) semble sourd aux demandes des sans-papiers dont les dossiers ont été rejetés.
Poussés au désespoir,nombre d’entre eux se sont lancés de nouveau,depuis quelques mois,dans des occupations de locaux. Certains, prêts à tout pour faire entendre leurs demandes, ont entamé des grèves de la faim mettant ainsi en jeu leur santé, voire leur vie.L’un d’entre eux,au Havre,vient même d’être hospitalisé d’urgence au bout d’un mois de grève de la faim.
Attendra-t-on qu’il y ait des morts parmi eux pour entendre leurs cris ?
Espère-t-on que le silence des médias aidera la chape de l’indifférence à étouffer leur voix ?
A nous, de ne pas laisser leurs appels sans échos ! Nous pouvons leur apporter notre soutien de multiples façons (parrainage,aide matérielle et morale,communiqués, manifestations)
N’attendons pas que d’autres reconduites brutales à la frontière se terminent de si abominable façon. N’attendons pas qu’une grève de la faim se termine par un drame.
Exigeons la régularisation de tous les sans-papiers qui ont déposé des dossiers de demande.
Jean-Marie Fouquer
Président de l’ICEM
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