CréAtions N° 88 - Supports multiples / septembre-octobre 1999

Septembre 1999

 

 


CréAtions N° 88 - Supports multiples

septembre/octobre 1999

Ont participé à l’élaboration de ce numéro : Nicole AUNE, Jacqueline BENAIS, Sophie DESCAMPS, Daniel FENOY, Monique GODFROI, Jeannette GO ROUDIER, Agnès JOYEUX, Sylvie LAMANDÉ, Maud LECHOPIER, Hervé NUŇEZ, Éliane SAYOU, Annie SOLAS.

Photographies : Isabelle DESJARDINS, Catherine GARDONNE, Pierre LERON-LESUR, Janine POILLOT, Béatrice RONFAUT, Danièle THOREL.

 

 Sommaire
Titre et chapeau
Niveau classe
thème
Techniques utilisées
artiste
L’école, « lieu de diversités »
   Edito    
  Le regard mis en boîte élémentaire: CE1
Croquis, jeux, photographies pour préparer une classe culturelle croquis, dessin, mise en "boites"  
  Petits volumes en terre élémentaire: CP-CE1 Approche sensorielle des formes, matières, couleurs et volumes argile Dragan Ristic-Dragoslav, plasticien
  Brocéliande élémentaire "Une semaine de lecture" pour motiver à la lecture et favoriser les échanges entre les classes" sanguine, peinture, écriture, exposition  
  La cour de récré élémentaire Alterner séances de  coopératives et séances de création libre pour amener les enfants à une autonomie créatrice en arts plastiques frottages, collages, peinture, "gribouillis"  
De la découverte de Picasso à la création élémentaire: CE1 De l'oeuvre de Picasso à la création personnelle via une banque d'images et le carnet de recherches personnelles croquis, dessin, pastels gras  
  Notre corps maternelle Représentations mentales et créations graphiques  dessin  
Chapeaux de papier Béatrice Ronfaut
 "Le papier est une matière extraordinaire pour ses qualités multiples"  papier, volume
B Ronfaut, professeur d’arts plastiques

96 prénoms pour une fresque collège : de la 6ème à la 3ème  Un projet d'établissement "Mon passé, mon présent, mon futur" pour que les collégiens se découvrent, apprennent à se connaitre. encres, feutres, peinture, crayons couleur  
Les sylvistructures de Pierre Leron-Lesur  artiste    indisponible Pierre Leron-Lesur
Du dessin au poème élémentaire Un atelier du soir, ouvert à ceux qui veulent y participent du CP au CM2. dessin, écriture  
  Bibliographie        


 

Edito - Créations 88

Octobre 1999

 


CréAtions 88 -  Supports multiples  - publié en septembre-octobre 1999

Edito

 

L’école, « lieu de diversités »

L’école s’ouvrira au monde si elle se donne les moyens de faire émerger les différents types de langages, de mettre en évidence les langues qui permettent de les conjuguer (langage=peinture, langues=aquarelle ou pastel ; langage=verbe, langue=français, etc.) d’en connaître leurs différents registres (peinture – à l’huile è à la manière de la Renaissance italienne ; théâtre à la manière de la commedia dell’arte), et de favoriser dans le même temps leur appropriation par les enfants qui feront le monde de demain.

Nous parlons beaucoup en ce moment de « maitrise de la langue », pourtant la pratique de l’oral et de l’écrit, qui est sous tendue, n’est pas la seule voie d’accès pour participer au monde. Les langages sensibles et culturels (communication, techniques, jeux, etc.) véhiculent des langues qui ne sont pas uniquement du texte et qui sont à maitriser elles aussi.

Mais est-ce que cette maitrise doit avoir pour objectif la perfection instrumentale que l’école validerait, comme savoir jouer au volley » ou « connaitre parfaitement le maniement d’un ordinateur » ? On voit trop souvent des parents déplorer que leur enfant ne jure que par les jeux vidéo, comme si cette attirance était une fatalité.

Nous réclamant de Freinet, nous voulons favoriser la globalité de l’apprentissage. Plus question pour nous de faire du français, des maths, de l’histoire de manière isolée, séparée des autres enseignements. Les problématiques posées par les enfants, par leur questionnement et les outils de tâtonnements expérimentaux (scientifique, artistique, philosophique, historique, etc.) permettent de définir les notions des concepts qui sont mis en évidence. C’est dans cette optique que l’éducation doit être abordée.

Dans la pédagogie Freinet, l’expression libérée est un des vecteurs pour atteindre la pluralité des langages et ce que nous appelons « créations » se situe dans la maîtrise « réactive » qu’implique la libération. Préférable au « contrôle » du langage avec son imprégnation de morale, la prise en compte du « désir de dire » et la possibilité de faire « œuvre » sont, pour l’enfant, les meilleurs palliatifs aux « réactions » non maitrisées qu’il peut être amené à produire : les violences verbales ou physiques, mais aussi les dégradations, les graffiti ou le tag sauvages sur le rideau métallique du magasin, ou encore les désirs d’uniformisation de l’enfant, son goût pour le Mac Do ou pour la marque untel.

Dans ce numéro se côtoient des articles qui mettent en valeurs des approches différentes du monde et les enseignants soulignent souvent ces trajectoires d’apprentissages dans lesquelles ces productions se situent (connaissance du corps, de la nature, du regard, etc.).

Entendre les élèves et leurs questionnements, s’assurer que les enfants s’écoutent et sont attentifs à l’expression de l’autre, partir de ce qui émerge et mettre en valeur ce qui est encore caché, impliquent que les enseignants accueillent dans leurs classes toutes formes d’expressions, ce qui doit être encouragé partout et tout le temps.

L’école doit être un « lieu de diversités » pour permettre l’émergence de la complexité du monde.

Hervé Nuňez
 

                               sommaire n° 88 - Supports multiples 

 

 

Le regard mis en boite

Octobre 1999

 


CréAtions 88 -  Supports multiples  - publié en septembre-octobre 1999

Classe de CE1, Ecole Gaston Monmousseau, La Bonneville à Méry-sur-Oise (Val d’Oise) – Enseignantes : Isabelle Desjardins et Maud Léchopier

 

Le regard mis en boîte

 

Pour préparer la classe culturelle d’un CE1, quelques séances d’arts plastiques sont mises en place afin de développer l’observation et l’expérimentation. L’émotion suscitée par les informations sensorielles recueillies par la vue mais aussi par le toucher, l’ouïe et l’odorat donne lieu à des jeux sur la description, puis à l’appropriation des photos par leur « mise en boite ».

 

 

Jeux sur la description
 
A partir de ce qui a été récolté…
 

Au retour, les éléments sont exposés. Un enfant choisit un élément et doit le décrire aux autres le plus précisément possible pour qu’ils puissent le reconnaitre. Les termes employés sont notés sur une affiche : vert, rond, doux…
Ce jeu, repris chaque jour dans la classe, a permis de lister puis de classer le vocabulaire grâce à des mots clés : couleur, texture, consistance ou plasticité…
Un travail similaire est mené parallèlement à partir de différents papiers pour décrire les sensations du toucher. Une affiche est fabriquée qui servira de support au jeu des matières : il s’agit de retrouver grâce à nos sensations tactiles un papier caché dans une boite.

Nous nous promenons sur les bords de l’Oise à la recherche de traces et de signes sur les éléments naturels. Nous sommes équipés de carnets de croquis, crayons à papier, sacs plastiques pour les récoltes et appareils photos pour les trouvailles intransportables.

 

 

 

A partir des photos réalisées…  

 

 

En listant les ressemblances et les différences. Pour chaque photo, on rédige une fiche de cinq mots qui la caractérisent.

Nous mettons en commun nos observations grâce au jeu des paires : il s’agit de retrouver, à partir de la fiche, la photo ainsi décrite.

 

                                   


Parmi les photos prises lors de la promenade, une observation fine permet aux enfants de relever certains détails qui vont réveiller leur imaginaire. Par petits groupes, ils écrivent en une seule séance de courts textes.


Les deux jeux seront mis à disposition dans la classe et auront beaucoup de succès.

« C’est un crocodile qui se promène dans la rivière en cherchant à manger. Il trouve un poisson et va s’installer pour le déguster, mais il rencontre un requin qui veut se battre pour lui prendre le poisson. Les serpents qui sont au-dessus d’eux ont peur et s’agitent. Ils essaient de faire peur aux deux adversaires qui du coup se chamaillent pour dévorer aussi les serpents. »

 

 

 

 


« C’est un serpent qui s’est enroulé. On l’a attaché dans une toile d’araignée. L’araignée va manger le serpent. »

 

 

 

 


« C’est un monsieur qui s’est enfoncé dans la terre. Il a un œil crevé. Il est emprisonné, il est coincé. Quelqu’un lui a jeté un sort. Le serpent à côté de lui essaie de l’aider. Il y a une dame qui se cache. Elle a un collier de perles. C’est la sorcière. »

    sommaire n° 88 - Supports multiples 

début de l'article

page suivante

 

regard, photographie, dessin, mise en espace

 

 

Petits volumes en terre

Octobre 1999

 


CréAtions 88 -  Supports multiples  - publié en septembre-octobre 1999

Classe de CP-CE1, Ecole Gaston Monmousseau, Méry-sur-Oise (Val d’Oise) – Enseignante : Isabelle Desjardins - Intervenant: Dragan Ristic Dragoslav, artiste plasticien.

 

 

Petits volumes en terre

 

 

 

Ce travail sur les petits volumes a eu lieu pendant une classe d’initiation artistique. Le projet de classe culturelle, dont le titre était « Matières à vivre… du nuage au rêve », a fait suite à un travail entamé l’année précédente avec la même classe, qui avait abouti à la création de volumes avec des matériaux de récupération (cf. « Objets d’imagination », Créations n°79).

 

Pour prolonger cette expérience qui avait passionné les enfants de CP, de nouvelles dimensions ont été introduites lors de l’élaboration du projet : un travail avec et sur les matériaux naturels, une approche plus sensorielle des formes, des matières, des couleurs, de la relation ombre/lumière des volumes, et bien sûr la richesse de la rencontre avec un artiste, ses œuvres, sa personnalité.



 « En partant pour la forêt, on a ramassé de l’herbe sèche sur les talus.
En forêt, on a cherché et ramassé la terre mouillée. On a bien mélangé la gadoue, l’herbe et l’eau.
Pendant que Dragan formait les boules et les installait sur le tronc, on a cherché des idées de formes autour de nous, en observant tout.
Après on a essayé de modeler ces formes.
Le jeudi matin (deux jours après, on est retournés voir nos sculptures, elles n’étaient pas démolies. »

 

Première étape :
L’approche du matériau « terre » et premiers volumes éphémères

Dès le premier jour, une découverte de l’environnement de la ferme s’imposait. Nous avions donc prévu un repérage « guidé » des divers matériaux naturels dont nous pouvions disposer. Le modelage n’ayant jamais été pratiqué par les enfants, les sensations associées au toucher de la terre n’avaient pas été développées et n’avaient pas donné lieu à des échanges. Nous avons donc choisi de mettre dès le lendemain cette technique en pratique en milieu naturel. Les enfants ont écrit pour accompagner les photos de cette expérience lors de l’exposition qui a suivi.

 


Deuxième étape :
Le travail sur le dessin de formes aléatoires pour créer des volumes
     

Pour éviter de reprendre des techniques de modelage d’objets (colombins, plaques…) et amener chaque enfant à créer une sculpture « originale », nous sommes partis d’une discussion sur les formes que nous avions observées les jours précédents : les formes douces, celles qui font peur, qui ressemblent à … qui font penser à …
Dragan a demandé aux enfants de laisser leur crayon tracer une forme imaginaire. Sur chaque feuille, les tracés se sont entrecroisés, soit de manière très dense, soit au contraire de manière épurée. Il a fallu ensuite en définir le contenu, beaucoup ont choisi un tracé fermé plus marqué que les autres ou les lignes extérieures du dessin.
L’artiste a alors mis son savoir-faire au profit de chaque enfant, en l’aidant à déterminer l’emplacement des arêtes et des creux, en plaçant les ombres, donc en aidant à matérialiser le volume.

Troisième étape :
La réalisation des petites sculptures

Chaque enfant a ensuite pris son dessin et a essayé de modeler sa forme avec de l’argile marron, noire ou blanche, (ou en essayant des mélanges bien sûr).
Les enfants ont été très actifs et se sont bien approprié le matériau. Le plaisir de manipuler l’argile et de réaliser une sculpture individuelle était évident. 

 

Les adultes ont simplement eu à donner des conseils techniques (essentiellement sur l’ajout ou le retrait de terre pour obtenir un creux ou une bosse et pour l’humidification constante des parties les plus travaillées).
Le prolongement de ce travail a bien sûr été la réalisation du côté « caché » du dessin, ou du « dos » de la sculpture comme l’ont appelé certains. Des choix ont été faits entre garder le même « style » ou au contraire en changer.
Pour certains, le travail aura duré près de deux et demie… sans le moindre signe de lassitude, malgré les « ratés » mais ils pouvaient être exprimés et repris.
La réalisation de ces volumes a permis aux enfants de conserver une des seules traces individuelles durables (heureusement, il y a les photos) de cette semaine artistique. En effet la plupart des autres réalisations ont été collectives ou éphémères. Les enfants auront pu aussi considérer l’erreur comme formatrice car la souplesse de la gestion du temps, de l’espace et le choix du matériau employé leur permettaient les échanges et les reprises.

 

                               sommaire n° 88 - Supports multiples 

 

 

 argile

 

La cour de récré

Octobre 1999

 


CréAtions 88 -  Supports multiples  - publié en septembre-octobre 1999

Ecole Salengro, Courcelles-lès-Lens (Pas-de-Calais) – Enseignante : Danièle Thorel

 

La cour de récré

Cette activité s’inscrit dans la démarche pédagogique que nous mettons en place à l’école Salengro de Courcelles-lès-Lens. En alternant les séances coopératives de ce type et les séances de création libre, nous espérons amener les enfants à une autonomie créatrice en arts plastiques. L’enfant choisir alors son sujet et sa technique.

Lors d’une réunion dans la classe, nous avons parlé des papiers et des détritus qui jonchaient la cour de récréation… Des affiches avaient été déjà réalisées par les enfants pour les sensibiliser au problème de leur environnement, mais ce ne fut pas efficace.
En atelier d’arts plastiques, hors temps scolaire, avec des enfants de 6 à 11 ans, une recherche de solution s’est mise en place. Cet atelier, fonctionnant le mercredi, le samedi et le soir, a rassemblé une majorité d’enfants de la classe déjà sensibilisée.

Nous avons observé notre cour de récréation. Nous avons appris à regarder notre environnement. D’abord la brique noircie par le temps. Puis l’impression d’enfermement : les murs sont très hauts. Ensuite, les matériaux : les fenêtres en alu, beaucoup de briques, le revêtement gris de la cour, les feuilles mortes, les arbres dénudés, les mauvaises herbes, les poubelles en fer grillagé, les papiers, les plastiques, les morceaux d’alu, les chewing-gums.

On a beaucoup parlé. D’autres mots sont survenus : joie, défoulement, violence, liberté, énergie, cris.
 

Je leur ai alors proposé de faire une œuvre qui évoquerait la récréation en utilisant les matériaux et détritus ramassés dans la cour. Les enfants disposaient aussi de photos. En outre, au cours de séances précédentes, nous avions travaillés sur les frottages. Certains enfants ont eu l’idée de faire des frottages dans la cour avec des craies grasses (poubelles, plaques d’égout, ciment, briques).

Je leur ai donné à chacun une grande feuille blanche. Ils ont commencé à coller les matériaux découpés, les photos et des morceaux de leurs frottages.
Je suis intervenue pour leur demander comment on pouvait représenter les mots trouvés au cours de l’entretien. Ils ont trouvé, surtout les plus grands, que l’on pouvait exprimer la violence par des taches rouges ou du papier déchiré, la joie par des sourires découpés, la liberté par des gribouillis, l’énergie par des traits de couleurs vives. Les plus petits ont eu d’autres idées telles que coller des morceaux de plastique transparent pour représenter les flaques d’eau. Ils ont expérimenté les taches à la gouache sur le papier et sur le plastique.

Les échanges ont été riches.
Je suis également intervenue pour une occupation harmonieuse de la feuille blanche.

 


Au moment des présentations, chacun a expliqué ce qu’il avait voulu exprimer et avec quels matériaux. La verbalisation a permis de s’assurer que la forme faisait sens. J’ai précisé les notions mat/brillant et naturel/artificiel.

Nous n’avons pas eu le temps de présenter des œuvres d’artistes. Mais cela me semble très important de donner aux enfants des référents culturels. Je pense aux premiers collages avec introduction d’objets de Braque ou de Picasso, ou peut-être des œuvres de Tapiès.

Lors des séances de coopérative, nous avons regardé les créations de cet atelier et nous sous sommes demandé comment améliorer notre environnement.
Les premières solutions ont été de nommer des responsables des papiers dans la cour et d’apprendre des jeux que l’
on peut organiser pendant la récréation.


 

Résumé de la démarche

• Autre regard sur l’environnement  - Prise de conscience

• Expression orale. Echanges - Mettre des mots sur des matériaux - Les impressions

• Définir un projet plastique personnel - Expérimentation des matériaux - Coopération

• Présentation au groupe - Part du maître : mettre en évidence des notions d’arts plastiques

• Présentation d’œuvres d’artistes ayant un rapport avec les œuvres créées

 

 

                               sommaire n° 88 - Supports multiples 

 

 

peinture

 

De la découverte de Picasso à la création

Octobre 1999

 


 

CréAtions 88-  Supports multiples  - publié en septembre-octobre 1999

CE1 – Ecole Pablo Picasso, Villeneuve d’Ascq (Nord) – Enseignante : Eveline Genée

 


De la découverte de Picasso à la création

 

Une découverte de l’homme Picasso, de sa vie, de son œuvre (inscrite dans la durée : trois mois) est la source et le point de départ d’une banque d’images sur le corps et ses représentations, travail réalisé dans le cadre d’un projet d’école : fêter les dix ans du groupe scolaire Pablo Picasso.
Le thème retenu par l’adulte : le corps humain, le mouvement, sa représentation, correspond à des pistes de recherche inscrites dans le programme de CE1.

 

 

L’observation d’images (photocopies, reproductions, livres d’art, cartes postales) est suivie d’une sélection de celles se rapportant au corps en mouvement.
Une recherche en biologie conduit à l’étude du corps, au repos, en mouvement, amenant à une prise de conscience des points d’articulation. Cette étude permet également de mettre en lumière la différence fille/garçon illustrée par une séquence d’éducation sexuelle.
Enfin, des séances d’expression corporelle et de danse inscrivent le corps dans l’espace : en mouvement (poses, équilibres) et par rapport à celui de l’autre.
Pour accompagner ces découvertes, il fut important de donner à tous les moyens de faire des essais de représentation, de chercher, de se tromper, de tâtonner, d’inventer dans son cahier.


  

    sommaire n° 88 - Supports multiples 
page suivante

 


 

Notre corps

Octobre 1999

 


 

CréAtions 88-  Supports multiples  - publié en septembre-octobre 1999

Ecole maternelle La Mareschale, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Enseignante : Annie Bard

 

Notre corps

 

Représentations mentales

et

créations graphiques

David (5ans) a emprunté un livre sur le corps humain à la BCD, riche en ouvrages documentaires. Il l’a apporté en classe dans le petit sac vert qui sert au transport Ecole/maison et me le montre.

Je demande donc d’exprimer oralement ce qu’ils connaissent de « l’intérieur de leur corps ». Ils sont assis sur le tapis, lèvent le doigt et parlent à tour de rôle en veillant, suivant la consigne, à ne pas redire ce qui l’a déjà été. Les réponses fusent et je note.

Il me semble important de leur faire exprimer leurs représentations, de les oraliser afin de faire émerger l’image mentale. Celle-ci est sans doute en cours d’élaboration. Ils savent beaucoup de choses, ils ont des certitudes… dont il faudra bien sûr discuter et qu’il sera nécessaire de vérifier, corriger, préciser. Ces moments me paraissent importants pour qu’ils prennent conscience du "connu".

Nous passons ensuite à l’étape dessin et les enfants tentent de représenter ce dont ils ont parlé. Et ces dessins (croquis) sont toujours étonnants, tant par leur richesse iconographique que par l’audace et la maladresse qui s’en dégagent à la fois : accumulations,, plans mélangés, perspectives tordues, grandeurs relevant de l’affectif et du fantasme.

Les enfants, sans doute parce que nous pratiquons régulièrement ce genre d’exercice, veulent mettre tout ce qu’ils savent ou ont entendu. Ils peuvent déjà représenter un os, des tuyaux, le cœur, etc. et personne n’a mis le cerveau dans les talons ! Même si le cœur est parfois placé bien trop bas. Certains m’ont dit : « Je n’ai pas eu la place pour dessiner ça… et ça… » pourtant, cela ne les a pas freinés dans leur expression parce qu’ils n’étaient pas dans la perspective d’un schéma scientifique mais en situation d’expression libre.


Dans nos classes, les enfants sont souvent sollicités, en parallèle à l’expression libre, à représenter « d’après nature » :
- les objets trouvés dans les promenades, ceux de notre mini-musée,
- les arbres, plantes, animaux selon les thèmes abordés,
- lors de visite comme celle du moulin à huile où ils emportent planche à dessiner, papier, crayons, craies, etc.

Si les enfants ont pu réaliser ces dessins sur le corps où les éléments ne semblent pas être placés au hasard, c’est sans doute parce qu’ils sont déjà porteurs d’un savoir inconscient, d’une intuition ayant pris ses sources dans des lectures, des discussions à l’école ou les parents, des remarques et observations faites en expression corporelle. Ce qui a émergé n’est donc pas totalement une terra incognita.

Pour nous qui attachons une grande importance à ces moments d’expression, ces activités nous paraissent relever de la créativité.

 

  

    sommaire n° 88 - Supports multiples 


 


 

Chapeaux de papier

Octobre 1999

 

CréAtions 88 -  Supports multiples  - publié en septembre-octobre 1999

Béatrice Ronfaut, professeur d’arts plastiques en Touraine

 

Chapeaux de papier

 

Le papier est une matière extraordinaire pour ses qualités multiples : légèreté, malléabilité, souplesse et rigidité. Le travail du papier est varié, utilisé en bandes, en pâte, en pulpe, que l’on peut coller, façonner, froisser, déchirer, accumuler, gratter, broyer…

 

Au départ simple support, il est devenu au fil de mes recherches un médium de création à part entière. D’abord recouvert, caché, il s’est peu à peu montré, laissant apparaître des morceaux d’écritures, des traces, des structures graphiques chaotiques que la couleur en lavis ou en pâte légère a fait vibrer.

Intéressée depuis plusieurs années par la technique du papier mâché et étant attirée par le travail en volume, le chapeau est devenu le prétexte à mes créations.

 


Ayant toujours joué un rôle important dans l’histoire sociale et politique, accessoire de mode unique souvent révélateur d’une personnalité, le chapeau permet de laisser libre cours à l’imagination.

Volume particulier, forme se déployant dans l’espace jeux de transparences, d’ouvertures, matières lisses, rugueuse, mates, brillantes, jeux de lignes tressées, roulées, emmêlées, matériaux inclus, fondus, toutes les extravagances, les clins d’œil, les traits d’humour sont permis.

 

Ce travail de recherche sur (et avec) le papier et le volume a donc abouti à la création d’une collection d’une trentaine d’œuvres, chacune d’elle malicieusement nommée… Chatouille, Chalade, Charabia, Chahut, Chamaille, etc.

 

Je me propose de présenter une dizaine de ces pièces choisies pour leur qualité propre (forme, couleur, matière, etc.) et pour leur représentativité dans l’évolution de mon travail plastique.
 


Chaque pièce est présentée posée sur un support comprenant une colonne blanche dans laquelle est fixée un deuxième support en plâtre et fer à deux ou trois branches. Ainsi le chapeau peut être vu à hauteur des yeux, peut être contourné et appréhendé dans sa globalité de structure en volume.

 

                               sommaire n° 88 - Supports multiples 

 

 

papier, volume

 

96 prénoms pour une fresque

Octobre 1999

 

CréAtions 88 -  Supports multiples  - publié en septembre-octobre 1999

Collège Le Chapitre, Chenôve (Côte d’Or) – Enseignant : Janine Poillot.

 


96 prénoms pour une fresque



C’est dans le cadre du projet d’établissement « Mon passé, mon présent, mon futur » que les collégiens de la banlieue dijonnaise ont eu l’occasion de se découvrir, d’apprendre de se connaître.


En janvier 1996, en concertation avec un groupe de jeunes, Janine Poillot, enseignante d’arts plastiques, propose à toutes ses classes, la réalisation d’une fresque composée de 96 prénoms d’élèves présents eau collège en année 1996, et destinée à s’intégrer dans un lieu de vie des collégiens : le restaurant scolaire.
Chaque élève intéressé de la 6ème à la 3ème a pu réaliser un travail sur son propre prénom.

Pour la réalisation, chaque élève disposait d’une fiche-guide de travail destinée à :
- informer sur les formats souhaités, sur l’échéancier, sur les contraintes communes (lisibilité…) ;
- organiser, prévoir son matériel.
Les élèves pouvaient travailler seuls ou en groupe et utiliser des techniques différentes.

Une centaine d’élèves s’est engagée dans ce projet.
Un jury composé de huit élèves de classes de 6ème, 5ème, 4ème et 3ème et de huit adultes (représentants de divers personnels et parents) a sélectionné, parmi toutes les réalisations, les 96 prénoms pour l’année 1996 ; ceci lors d’une exposition organisée au Centre de documentation et d’information.

Fin juin, un groupe de 3ème organisait l’installation définitive de la fresque.
Cette œuvre de 3,60 m sur 1,60 m entièrement conçue par les jeunes est suspendue dans le restaurant scolaire de l’établissement.



Quelques élèves ont quitté le collège mais beaucoup d’autres sont toujours présents et se réèrent à cette œuvre collective : c’est un peu la mémoire du collège.
Les élèves ont laissé une marque, une marque de reconnaissance.
Cette empreinte laissée par les anciens élèves stimule le désir et l’envie chez les plus jeunes de laisser à leur tour une trace de leur passage au collège
.

La fresque aux 96 prénoms est devenue un véritable déclencheur, dans la mesure où, d’eux-mêmes, les élèves envisagent la possibilité de concevoir et mettre en œuvre de nouveaux projets.


 

                               sommaire n° 88 - Supports multiples 

 

 

 encres, feutres, peinture

 

Du dessin au poème

Octobre 1999

 

 

CréAtions 88 -  Supports multiples  - publié en septembre-octobre 1999

Ecole Primaire La Mareschale, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) – Enseignante : Monique Godfroi

 

Du dessin au poème 

J’aime bien voir se mêler petits et grands. C’est bien pour l’écoute, pour l’acceptation des différences. L’ambiance est autre. Les grands découvrent les petits qu’ils n’ont pas toujours envie de regarder, tant ils sont fiers d’être les grands. Et puis, il y a les petits qui apprennent à prendre leur place au milieu des grands.
Avec plumes et bambous, trempés dans l’encre de Chine noire, les enfants ont dessiné librement. Je n’ai donné aucune consigne. J’ai seulement dit : « Laissez aller votre main. » Quelques mots, une phrase simple, suffisent souvent pour débloquer, pour faire aller ailleurs. On ne sait plus si c’est la main qui entraîne la plume ou la plume qui entraîne la main.

Des enfants ont dessiné, puis écrit, noir sur blanc. C’était un atelier du soir (à l’heure de l’étude) ouvert à ceux qui voulaient y participer, du CP au CM2.

 

 

Des lignes. Des points. Des taches. Des signes. Sur le papier blanc. Beaucoup d’abstrait. Parfois une fleur, un visage. Le phénomène d’imitation a-t-il joué ?

 

 

Ensuite, j’ai dit : « Maintenant, écrivez ce qui vous vient à l’esprit à partir de votre dessin. » Pour les deux enfants de CP, j’ai écrit au crayon ce qu’ils me disaient.

Les enfants n’ont pas cherché à décrire. Ils ont mis dans leurs textes des images, des sentiments, des peurs, des désirs. Regard sur ce qu’on a créé. Voir et dire autrement. Avec ce qui est en soi à ce moment-là.

 

 

Importance d’établir des ponts entre les divers langages : écrit, plastique, gestuel, sonore.
Ne pas faire un système, mais une ouverture pour faire émerger le vécu.
Dessiner et écrire
Créer et réagir
Voir et dire
Sentir et dire
Peindre et écrire
Ecouter, voir, entendre, toucher
et mettre des mots…

 

                               sommaire n° 88 - Supports multiples 

 

 

dessin, écriture

 

Bibliographie - Créations 88

Octobre 1999

 


CréAtions 88 -  Supports multiples  - publié en septembre-octobre 1999

Bibliographie

 

Bibliographie

 

L’enfant dans l’art – une leçon de liberté, un chemin d’exigence. Série Mutations, revue Autrement n° 139, octobre 1993.
Un voyage dans le monde de l’éducation artistique qui pose le problème des rapports entre démocratie et culture.

 

Devant la parole, Valère Novarina, Éd. POL, 1999.
Sur le rapport des mots et du corps, des mots et du geste : « Parler est une expérience fondamentale du corps et un voyage dans la matière […] Écriture et peinture : ici, en Occident, on les sépare trop. Les acteurs sont des peintres. Et les peintres entre en scène […] devant un Dubuffet, un Julien Schnabel, un Soutter, un Kandinsky, je suis devant quelqu’un, devant les traces d’un danseur passé par là […] »

No sex last night, Sophie Calle,. Vidéo de 75 mn avec Sophie Calle et Greg Shephard, Alco, 1995.
Une écriture originale du récit autobiographique, une structure narrative « révélatrice d’illusions, travail de déniaisement », par le jeu, le « tissage » des points de vue des images et des voix.

L’Atelier des merveilles, Jacques Lecoq, vidéo. Une émission diffusée par Arte, mars 1999.
Un enseignement des langages du corps et du regard.

Déserts, musique de Varèse et images de Bill Viola. Vidéo de 35 mn diffusée par Arte, octobre 1996.
Poème pàour orchestre et bande magnétique.

Joseph Cornell, Edouard Jaguer, Éd. Filipacchi, 1989.
Sur les « boîtes » et autres « théâtres » de Cornell, surréaliste avant la lettre.

 

 

                               sommaire n° 88 - Supports multiples