L'an 2000

Janvier 2000

Lorsque vous lirez ces lignes, les festivités du nouvel an seront terminées. C’en sera fini des stupidités qui se sont déversées depuis de longs mois pour nous faire croire que passer de 1999 à 2000 c’était très différent des autres changements d’années.
Comment ne pas s’interroger sur l’état du monde ?
Si la croissance est bien là, elle bénéficie peu aux millions de personnes – et leurs familles – qui sont sans emploi ou avec un emploi précaire et dont beaucoup vivent encore avec un revenu en dessous du seuil de pauvreté.
Dans notre pays chaque jour, nombreuses sont les personnes qui, ne pouvant se nourrir et se vêtir correctement,sont obligées de solliciter les associations caritatives.Nombreuses sont les personnes qui ne peuvent pas régler leur loyer, leurs factures d’eau, d’électricité, de téléphone, leur taxe d’habitation, qui ne peuvent pas payer la cantine, le voyage scolaire, les vacances de leurs enfants, qui ne
peuvent accéder au minimum de culture et de loisirs.
De plus, parmi elles, beaucoup doivent subir les retards de paiement, les tracasseries administratives, la honte d’avoir trop souvent à demander, l’humiliation causée par des remarques et attitudes culpabilisantes.
Peut-on dire alors, vive l’an 2000 ? Certainement pas !
Pourtant, quelque chose a changé.
La conférence de Seattle a échoué en décembre 99. La libéralisation a buté sur la mondialisation.
Une réalité est née derrière la chute de ce mal nommé Round du Millénaire. La démocratie, les sociétés entières, nous-mêmes sommes entrés dans le XXIe siècle.
Oui, l’espoir qu’un autre monde est possible semble moins utopique. Un monde dans lequel les priorités seraient la question sociale, la qualité de la vie, la démocratie.
Cet événement met en lumière l’émergence de mouvements qui agissent en commun et se coordonnent sur la scène internationale. Il démultiplie le poids que pourront avoir les associations, syndicats, ONG dans le débat public qui va suivre l’arrêt du Millennium.
Pour nous, militants de l’ICEM-Pédagogie Freinet qui cherchons à bâtir un monde d’où seront proscrits la guerre, le racisme et toutes les formes de discrimination et d’exploitation de l’homme, des convergences nouvelles se font jour.
Pour nous, militants de l’ICEM-Pédagogie Freinet dont le congrès a pour thème : « une école populaire pour les années 2000 », l’enjeu est d’importance. A nous de montrer, au-delà des déclarations de principe, comment, chaque jour, les pratiques de nos classes, intégrées au milieu social et culturel où elles se trouvent, tracent la voie d’une transformation de l’école en opposition à la logique du profit, du rendement et de la compétitivité. A nous de montrer comment nous permettons à chacun d’être connu, reconnu, d’avoir la possibilité de s’exprimer, de mener ses apprentissages par des démarches originales, en prise directe avec l’environnement, les autres. C’est le pari que nous avons fait pour ce congrès.
S’il n’y a qu’un voeu à formuler en cette période, le voilà : que tous nos groupes de travail fassent, à cette occasion, la démonstration que l’école populaire est une perspective toujours aussi actuelle, fédératrice et féconde !
Jean-Marie Fouquer
Président de l’ICEM