Le théâtre, c’est le regardant et le regardé : c’est l’enfant qui danse ou qui joue une fable de La Fontaine devant sa mère. Ce n’est rien d’autre que ce contact.
Maurice Béjart
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La distinction introduite, dans l’art de l’expression corporelle, entre danse et théâtre est le fait de certaines conventions européennes assez récentes. Auparavant la frontière n’existait pas. On ne la trouve ni dans le théâtre antique grec ou latin, ni dans celui du Moyen-Age, ni dans le théâtre élisabéthain ou la commedia dell’arte. On ne la trouve pas non plus dans les théâtres classiques d’Asie.
J. Copeau, l’un des principaux rénovateurs de l’art dramatique de ce siècle, affirmait que le drame, par essence, est danse.
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Quand j’observe un acteur ou une actrice qui sait puiser aux sources de la vie, je cherche la danse cachée qui donne intensité à sa présence. Je cherche à découvrir les ondes d’un rythme, d’une action forte qui l’habite dans les profondeurs du corps, car son action n’est réelle que lorsqu’elle engage le corps tout entier.
E. Barba, Le Rythme caché
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Dans leur pratique scénique, ils savent tous danser, même si la danse se cache dans une interprétation théâtrale qui ne correspond pas au genre appelé danse.
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La danse est un langage universel, un moyen d’union universelle. Dans les danses du peuple, partout, le premier geste est de se donner la main. La danse est un moyen de communication sociale, politique, religieuse. Et le peuple participe de cette magie, de cette empathie. Son cœur bondit, son âme s’élargit, son corps voudrait se déployer. Il ne s’agit plus de transmettre un message codé hypersymbolique, mais un élan intérieur. La danse est désormais une cérémonie de partage, de participation.
Maurice Béjart
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L’homme d’aujourd’hui subit son corps, son poids, et tasse sa colonne vertébrale. Submergé d’images et de sons consommés passivement, il s’agite, mais il n’est pas en mouvement […]
Loin de la passivité de l’homme de tous les jours, ainsi que de la tension de l’exploit sportif, le danseur est « l’homme corporel normal ». Lieu d’échange entre l’intérieur et l’extérieur, il communie. Il n’entre en compétition ni avec lui-même ni avec les autres. On ne peut danser collectivement qu’en harmonie. Le danseur découvre l’espace dans n transport qui n’est pas loin du « transport de l’âme […]
La danse atteste l’appartenance de l’homme à l’univers et à ses composantes les plus profondes : la gravité, le silence, le sacré […]
Le travail du danseur pour atteindre à la danse retentit sur lui-même et le transforme. Le danseur résume et concentre en lui tous les mouvements des règnes végétal et animal. Mais le mouvement profond de la danse émerge du silence, du vide. Sa résonance interne est tirée du souffle.
Le danseur est transporté comme il transporte qui le regarde.
D. Dupuy
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